Saint-Just (10 octobre 1793)

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Saint-Just : L'art militaire de la Nation et la bureaucratie (10 octobre 1793)

Louis Antoine Léon de Saint-Just, député de l’Aisne, contribua à rendre le Comité de Salut public encore plus influent en décrétant que toutes les administrations lui obéiraient et seraient placées sous sa surveillance. Il fit aussi ordonner le séquestre des biens des étrangers dont les pays étaient en guerre avec la France, et l'arrestation immédiate du tous ceux qui se trouvaient sur le sol de la République.
Envoyé avec Le Bas en mission aux armées, il y déploya une impitoyable énergie. La situation était des plus graves ; les lignes de Wissembourg venaient d'être forcées, et les Autrichiens menaçaient Strasbourg. Saint-Just prit les mesures les plus rigoureuses contre les ennemis de la République.

 

   

Il nous a manqué jusqu'aujourd'hui des institutions et des lois militaires conformes au système de la République qu'il s'agit de fonder. Tout ce qui n'est point nouveau dans un temps d'innovation est pernicieux. L'art militaire de la monarchie ne nous convient plus, ce sont d'autres hommes et d'autres ennemis : la puissance des peuples, leurs conquêtes, leur splendeur politique et militaire dépendent d'un point unique, d'une seule institution forte. Notre Nation a déjà un caractère : son système militaire doit être autre que celui de ses ennemis ; or, si la Nation française est terrible par sa fougue, son adresse et si ses ennemis sont lourds, froids et tardifs, son système militaire doit être impérieux.

Si la Nation française est pressée dans cette guerre par toutes les passions fortes et généreuses, l'amour de la liberté, la haine des tyrans et de l'oppression ; si, au contraire, les ennemis sont des esclaves mercenaires, automates sans passions, le système de guerre des armes françaises doit être l'ordre du choc.

(Saint-Just critique ensuite les malversations dans l'administration et la bureaucratie.)

Vous devez diminuer partout le nombre des agents, afin que les chefs travaillent et pensent. Le ministère est un monde de papier ; je ne sais point comment Rome et l'Égypte se gouvernaient sans cette ressource ; on pensait beaucoup, on écrivait peu. La prolixité de la correspondance et des ordres du gouvernement est une marque de son intérêt ; il est impossible que l'on gouverne sans laconisme. Les représentants du peuple, les généraux, les administrateurs, sont environnés de bureaux, comme les anciens hommes de palais ; il ne se fait rien, et la dépense est pourtant énorme. Les bureaux ont remplacé le monarchisme, le démon d'écrire nous fait la guerre, et l'on ne gouverne point.