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De l'influence de la Révolution sur les femmes
- Une presse diffusant les idées nouvelles : Révolutions de Paris. Troisième année n° 83 (février 1791).
«... Les femmes jouissant du droit de cité comme les hommes, doivent avoir leurs entrées dans toutes les assemblées de la commune, et même dans celles de la nation constituante ou législatrice. Ils ont prétendu que les femmes avaient tout autant que les hommes le don de la parole... »
© Assemblée nationale
- Condorcet, le précurseur
« Sur l'admission des femmes au droit de cité » par Condorcet
Journal de la Société de 1789 - n° V, 3 juillet 1790.
Dans le Journal de la société de 1789, Condorcet aborde la question de « l'admission des femmes au droit de cité ». Il affirme qu' « il faudrait prouver que les droits naturels des femmes ne sont pas absolument les mêmes que ceux des hommes ou montrer qu'elles ne sont pas capables de les exercer, ce qui est insoutenable. »
- Olympe de Gouges, le symbole des femmes sous la Révolution
Affiche (juillet 1790), © Assemblée nationale
Olympe de Gouges (1755-1793), femme de lettres et publiciste, réclama l'émancipation des femmes dans une Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne (1792) qui contient la formule célèbre : « La femme a le droit de monter à l'échafaud, elle doit avoir également celui de monter à la tribune ».
Elle inspire plusieurs écrits réclamant des droits politiques pour les femmes : l'Assemblée nationale reçoit le 13 février 1792 une lettre de citoyens et de citoyennes demandant qu'on « avertisse les pères et les maris de respecter les droits de l'égalité et les droits de la nature » ; le 1er avril 1792 une délégation réclame aux députés « pour les filles une éducation égale à celle à celle de l'homme, qu'elles soient déclarées majeures à vingt et un ans, que la liberté politique et l'égalité des droits soient communs aux deux sexes, que le divorce soit décrété ».
Elle prit la défense de Louis XVI lors de son procès en proposant aux Français le libre choix de leur gouvernement dans une affiche qui lui valut la peine de mort.
Son dernier écrit, dont l'unique exemplaire est conservé à l'Assemblée nationale, est un émouvant plaidoyer - Une patriote persécutée -, écrit en prison peu avant son exécution.
- Les premiers projets, constitutionnel ou législatif
Jacques-Marie Rouzet (1743-1820), conventionnel, arrêté avec les Girondins en 1793, rentré à la Convention le 17 frimaire an III et élu au Conseil des Cinq Cents en l'an IV, dépose un projet de Constitution le 18 avril 1793, qui dispose, dans son article consacré à "l'état des personnes", que "Les mères de familles pouvaient jouir des droits de citoyen".
Représentant modéré, il n'approuva pas les mesures les plus radicales de la Convention et quitta, sans congé, le Conseil des Cinq Cents.
Il devint alors, et jusqu'à sa mort, le conseiller de la duchesse d'Orléans, mère du futur roi Louis-Philippe, qu'il avait connue lors de son incarcération.
Assemblée nationale, collection Portiez de l'Oise (volume 29).
© Bibliothèque de l'Assemblée nationale
Peu après, le 29 avril 1793 Pierre Guyomar, député des Côtes-du-Nord présente à la Convention un ouvrage « le partisan de l'égalité politique entre les individus » : « Apôtres de l'égalité, traitons les femmes égales et marchons de front dans la carrière politique. »
- Les intellectuelles libérales du XIXème siècle
En 1848, Eugénie Niboyet, qui préside le club des femmes et crée « La voix des femmes » déclare : « Quand le moins intelligent des citoyens a droit de vote, la plus intelligente des citoyennes est encore privée de ce droit. » Elle ajoute : « A son tour et pour être apte à comprendre ses devoirs, la femme réclame par de nouvelles lois, la prise de possession de ses droits politiques, l'élection et le vote, en fait. »
La même année, Sophie Saint-Amand -publie un ouvrage intitulé "De l'avenir des femmes dans la République" :
« Jeune République qui avez signalé votre avènement par une abolition de la peine de mort, faites que par vous les femmes trouvent enfin une place dans les remaniements des grands intérêts de l'humanité, et toutes faibles que nous sommes, croyez-le, votre plus ferme appui sera dans nos cœurs, ces cœurs qui ont battu d'espoir et d'effroi quand vous avez été proclamée ».
La conclusion témoigne de l'inusable patience des femmes : « Loin de nous l'égoïste pensée de réclamer des améliorations soudaines ; dévouées aux intérêts de tous, nous saurons attendre, et déplorons comme funeste, comme contraire au retour du calme et de la confiance, cet empressement fiévreux et irréfléchi à vouloir jouir des chauds rayons du soleil quand l'aurore se lève à peine ».
Toujours en 1848, le numéro 12 des Bulletins de la République, une publication du ministère de l'intérieur, est consacré en grande partie au sort que doit réserver aux femmes la nouvelle République. Très fortement inspiré, voire rédigé par George Sand, il ne réclame pas immédiatement le suffrage des femmes ; le plus urgent est dans l'éducation des femmes : « En admettant que la société eût beaucoup gagné à l'admission de quelques capacités du sexe dans l'administration des affaires publiques, la masse des femmes pauvres et privées d'éducation n'y eût rien gagné ».
- Des hommes en faveur du suffrage des femmes
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Victor Considérant, député à l'Assemblée constituante, il déclare le 13 juin 1848 : « Une constitution où l'on admet le droit de vote pour les mendiants, les domestiques, il est inconséquent et injuste de ne pas l'admettre pour les femmes. » |
Pierre Leroux propose à l'Assemblée nationale le 21 novembre 1851 que les « électeurs communaux » soient non seulement les « Français majeurs », comme dans le texte en discussion, mais aussi les « Françaises majeures ». |
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Alexandre Dumas fils, agressivement antiféministe, déclare néanmoins « Avant dix ans, les femmes seront électeurs comme les hommes. Quant à être éligibles, nous verrons après si elles sont bien sages ».