Biographies

Biographie extraite du dictionnaire des parlementaires français de 1889 à 1940 (Jean Jolly)

Né le 9 mars 1896 à Port-sur-Saône (Haute-Saône).

Député de la Haute-Saône de 1932 à 1942.

Sous-secrétaire d'Etat à l'Agriculture du 4 juin 1936 au 10 avril 1938.

Docteur en droit, il fut, après la première guerre mondiale, arbitre au tribunal de commerce de la Seine. Ses nombreuses activités l'amenèrent également à être président de la confédération générale des contribuables, vice-président du mouvement national d'épargne, secrétaire du syndicat national des bouilleurs de cru, président de l'union démocratique des Français indépendants, président de l'union nationale des anciens mobilisés, membre de la section permanente du conseil supérieur des pupilles de la Nation, puis de leur office unique, président de la conférence internationale des associations de mutilés et d'anciens combattants et professeur à l'Ecole des hautes études sociales.

Il était maire de Port-sur-Saône et membre, puis président du Conseil général de la Haute-Saône quand il se présenta aux élections législatives du 8 mai 1932. Dans son programme on peut, en particulier, retenir -sur le plan parlementaire, la nécessité de deux votes successifs, à un jour d'intervalle, pour renverser un gouvernement, la réduction du nombre des députés, tout en respectant l'équilibre nécessaire entre les villes et les campagnes et l'interdiction du cumul du mandat parlementaire avec la profession d'avocat ou de collaborateur d'une société financière. Sur le plan agricole- auquel son programme faisait la plus large place, la Haute-Saône étant un département de polyculture et de petite propriété - Liautey demandait non seulement la liberté totale des bouilleurs de cru, mais aussi la réduction des importations agricoles excessives, un prix minimum pour l'achat du blé, le développement de l'enseignement et du crédit agricoles, enfin l'interdiction absolue de l'importation de tous produits végétaux ou animaux pouvant être fournis par la France et ses colonies.

Sur le plan des intérêts généraux, Liautey se prononçait pour le contrôle par la nation des monopoles de fait, la fusion des réseaux de chemins de fer en un seul, enfin l'établissement d'un grand programme de travaux publics et d'équipement national pour lutter contre le chômage.

Il avait été désigné à l'unanimité comme candidat du parti radical et radical-socialiste par le Congrès d'union des républicains, alors présidé par M. Jeanneney, sénateur et futur président de la Haute Assemblée. Il fut élu au second tour par 10.328 suffrages contre 8.729 à About, député sortant, sur 21.958 électeurs inscrits et 19.260 votants. Au premier tour Liautey avait obtenu 9.130 suffrages et Chavanne 8.705.

Il devait également être réélu au second tour, le 3 mai 1936, par 10.232 suffrages contre 8.178 à son adversaire Chavanne, sur 21.944 votants et 18.794 suffrages exprimés. Au premier tour, Liautey avait obtenu 7.818 voix et Chavanne 7.085.

Durant sa première législature, Liautey fit partie des commissions d'Alsace-Lorraine, du commerce et de l'industrie, de l'enseignement et des pensions On lui doit, durant cette période, un certain nombre de propositions de loi concernant la réforme de la législation des concordats, la possibilité de règlements transactionnels en faveur des commerçants ayant des difficultés de trésorerie, la priorité de vente par les agriculteurs de leur blé jusqu'à concurrence de cent quintaux avec un prix minimum assuré. Il intervint aussi dans la discussion de propositions de loi et de résolution relatives à un programme d'outillage national, à l'institution d'une carte de mobilisé et à l'organisation des marchés de la viande et du lait.

Durant la législature suivante, Liautey fut membre des commissions de l'administration générale, du commerce et de l'industrie, des mines et force motrice.

Il fut nommé sous-secrétaire d'Etat à l'Agriculture du 4 juin 1936 au 22 juin 1937 dans le cabinet Léon Blum, puis dans le premier et le second cabinet Chautemps de juin 1937 à mars 1938, et de nouveau dans le cabinet Léon Blum du 13 mars 1938 au 10 avril de la même année.

Le 10 juillet 1940 à Vichy il vota la délégation de pouvoirs demandés par le maréchal Pétain.

Il était titulaire de la Croix de guerre au titre de la première guerre mondiale.


Biographie extraite du dictionnaire des parlementaires français de 1940 à 1958 (La documentation française)



Né le 9 mars 1896 à Port-sur-Saône (Haute-Saône)
Décédé le 6 octobre 1972 à Port-sur-Saône

Député de la Haute-Saône de 1951 à 1955

(Voir la première partie de la biographie dans le Dictionnaire des parlementaires français 1889-1940, Tome VI, p. 2280-2281)

Dans les années qui suivent la Libération, André Liautey retrouve la plupart de ses responsabilités antérieures. Sur le plan associatif et syndical, il reprend la présidence nationale de l'Union démocratique des Français indépendants, et surtout le secrétariat général du syndicat national des bouilleurs de crus ; il assume en outre la présidence de la Confédération générale des contribuables de France et d'outre-mer. Sur le plan politique, André Liautey reprend rapidement possession de ses mandats de maire et de conseiller général de Port-sur-Saône, mais attend les élections du 17 juin 1951 pour présenter de nouveau sa candidature à la députation. La liste du « rassemblement des groupes républicains et indépendants français » qu'il conduit dans la Haute-Saône recueille alors 10 210 voix sur 102 187 suffrages exprimés, et emporte l'un des trois sièges à pourvoir grâce à un apparentement conclu notamment avec la liste du RPF conduite par Maurice Georges ; celle-ci enlève d'ailleurs les deux autres sièges.

André Liautey choisit de siéger au sein du groupe des Français Indépendants. Il est nommé successivement membre de la Commission des pensions (1951, 1953, 1954), membre de la Commission des affaires économiques (1952), membre de la Commission des finances (1953, 1954, 1955), membre de la Commission du travail et de la sécurité sociale (1953) et membre de la Commission de la défense nationale ( 1955) ; il est par ailleurs désigné par la Commission des finances pour représenter l'Assemblée nationale au sein de la Commission consultative de viticulture.

Son activité parlementaire, particulièrement intense, se concentre surtout sur deux dossiers : le problème des pensions militaires d'invalidité et l'évolution de la législation applicable à la corporation des bouilleurs de crus. Le 27 mars 1953, André Liautey est au centre d'un petit incident : au député communiste Auguste Tourtaud, qui l'accuse de n'avoir « jamais défendu la cause des petits contribuables », André Liautey rétorque vertement qu'« étant président de la confédération générale des contribuables, (il s'est) appliqué à ne jamais voter d'impôts nouveaux, mais aussi à ne jamais voter de dépenses nouvelles, sauf lorsqu'il s'agissait de la défense nationale ou des anciens combattants ». Le député de la Haute-Saône poursuit en mettant en cause l'attitude du groupe communiste : celui-ci « a une singulière façon de défendre les contribuables. Sans doute ne vote-t-il les impôts nouveaux, mais il propose des milliers de milliards de dépenses nouvelles. Si les communistes veulent vraiment avoir droit à la reconnaissance des contribuables, qu'ils nous aident donc à diminuer les dépenses militaires en obtenant de leurs amis de l'Union soviétique qu'ils cessent la course aux armements dans laquelle ils nous ont entraînés ».

Au cours de la législature, André Liautey s'oppose à la création de la CECA (13 décembre) mais vote la confiance au cabinet Pinay (6 mars 1952), au cabinet Laniel (26 juin 1953) et au cabinet Mendès France (17 juin 1954). Il vote en faveur de la question préalable opposée à la discussion du projet de ratification du traité de Paris (30 août, vote équivalent au rejet de la CED) et contre la ratification des accords de Paris (29 décembre 1954) ; il soutient enfin l'investiture d'Edgar Faure à la Présidence du Conseil (23 février 1955).

André Liautey sollicite en vain le renouvellement de son mandat aux élections législatives du 2 janvier 1956, sous l'étiquette cette fois du Parti républicain paysan ; il cesse par la suite de présenter sa candidature aux élections législatives. Il reste pourtant familier du milieu parlementaire, en particulier en tant que chef de file du puissant lobby des bouilleurs de cru : dans les premières années de la Ve République, on l'aperçoit encore dans la galerie réservée au public de l'Assemblée, prodiguant avec une discrétion variable ses conseils avisés à certains de ses anciens collègues.

Il décède le 6 octobre 1972, dans sa ville natale de Port-sur-Saône, dont il était longtemps demeuré le premier magistrat.