Antoine, Joseph, Marie, Pierre Barnave

1761 - 1793

Informations générales
  • Né le 22 octobre 1761 à Grenoble ( - Généralité de Grenoble - France)
  • Décédé le 29 novembre 1793 à Paris (Département de Paris - France)

Mandats à l'Assemblée nationale ou à la Chambre des députés

Présidence(s)

Présidence de l'Assemblée nationale
du 25 octobre 1790 au 8 novembre 1790

Mandat(s)

Régime politique
Révolution
Législature
Assemblée nationale constituante
Mandat
Du 2 janvier 1789 au 30 septembre 1791
Baillage
Dauphiné (Type : Province)
Groupe
Tiers-Etat

Biographies

Biographie extraite du dictionnaire des parlementaires français de 1789 à 1889 (Adolphe Robert et Gaston Cougny)

Député à la Constituante de 1789, né à Grenoble (Généralité de Grenoble), le 22 octobre 1761, exécuté à Paris, le 29 novembre 1793, fils d'un avocat consultant de Grenoble, il était lui-même, à 21 ans, avocat au Parlement de cette ville.

Epris de la constitution anglaise, il prononça, en 1783, un Discours sur la nécessité de la division des pouvoirs dans le corps politique, discours qui le mit en évidence, et publia, en 1788, une brochure contre les idées de la féodalité, qui lui valut d'être élu député aux états généraux, le 2 janvier 1789, par l'Assemblée des trois ordres du Dauphiné. Mais l'enthousiasme des idées nouvelles entraîna vite au-delà de son but le jeune avocat de talent qui devait rester toujours plus théoricien que politique habile ; ainsi il fut des premiers à soutenir les revendications populaires, avec Mouiller, quand on substitua le nom de Commune à celui de tiers état, avec Sieyès, quand l'Assemblée se déclara nationale, avec Bailly au Serment du Jeu de paume, avec les vainqueurs de la Bastille, quand il laissa échapper ces paroles qu'il regretta si amèrement plus tard, et qui lui furent si cruellement reprochées le jour où il marcha à l'échafaud : « Le sang qui coule est-il donc si pur ! » Il appuya la déclaration des droits (1er août), demanda l'institution de la garde nationale, s'éleva contre le veto absolu (2 septembre), et fit déclarer les biens du clergé propriétés nationales (13 octobre). Lié avec les Lameth, il dirigeait le groupe hostile à Mirabeau, et que celui-ci essayait vainement de faire taire en criant : « Silence aux trente voix ! » Le 10 décembre, il visa directement son terrible adversaire en parlant contre l'éligibilité des membres de l'Assemblée aux fonctions salariées par l'Etat ; en janvier, il demanda d'exclure du serment civique les mots de « fidélité au roi », fit accorder aux Juifs les droits civils, et vota la suppression des ordres religieux. Comme membre du comité des colonies, il fut l'éloquent défenseur de la liberté humaine, et s'il ne prononça peut-être pas le mot célèbre : « Périssent les colonies plutôt qu'un principe », il conseilla une politique dont ce mot était du moins la formule. La discussion de l'exercice du droit de paix et de guerre (22 mai), le mit encore une fois en face de Mirabeau : celui-ci accordait ce droit au roi et à l'Assemblée, Barnave le refusait au roi. Mirabeau l'accabla d'invectives : « Pour un homme, dit-il, à qui tant d'applaudissements étaient préparés au dedans et au dehors de cette salle, M. Barnave n'a point du tout abordé la question, et, s'il a fait voir du talent de parleur, il n'a jamais montré la moindre connaissance d'un homme d'Etat. »

Cette rivalité de deux grands talents et de deux grandes influences excitait Barnave à précipiter une révolution que Mirabeau, acquis à la Cour, s'efforçait maintenant d'enrayer ; par exemple, en janvier 1791, Barnave défendit énergiquement le club Jacobin, dit la Société des amis de la Constitution, contre le club monarchique qu'il traita de « ramas de factieux » ; mais dès que la mort de Mirabeau (2 avril 1791) eut en quelque sorte rendu à Barnave sa liberté d'action, on le vit avec étonnement revenir sur ses pas, même sur la question des colonies (11 mai 1791). Ses ennemis, et notamment Robespierre, en profitèrent pour lui reprocher sa trahison envers les noirs ; ce fut pis encore lorsque Barnave, chargé avec Latour-Maubourg et Pétion de ramener de Varennes la famille royale, témoigna au roi les plus grands égards, et, séduit par le malheur, défendit Louis XVI à l'Assemblée, attaqua les républicains, et réussit à faire proclamer l'inviolabilité royale, « principe conservateur de toute monarchie constitutionnelle. » Dévoué désormais à la cause monarchique, il conseilla souvent le roi, défendit les prêtres réfractaires, attaqua les libellistes, ennemis de tout gouvernement régulier, et perdit vite à ce jeu sa popularité, sans gagner la confiance de la couronne.

A la fin de la législature, découragé, il rentra à Grenoble, comptant y vivre dans la retraite, lorsque la découverte des papiers de l'armoire de fer, après la journée du 10 août 1792, précisèrent ses relations avec la Cour. Décrété d'accusation, comme Alexandre Lameth et Duport-Dutertre, il fut arrêté et détenu à Grenoble pendant quinze mois. De sa prison, en décembre 1792, il écrivait à Mme Roland : « Il n'est que trop vrai que nous avons une Constitution faite pour un peuple jeune et pur, et que nous avons une nation vieillie et corrompue. Il faut donc que la Constitution change le peuple, ou que le peuple change la Constitution, ou que 1'un et l'autre fassent quelques pas pour se rapprocher. » Traduit à Paris devant le tribunal révolutionnaire, il se défendit avec autant de talent que de dignité ; mais l'arrêt fatal était prononcé d'avance, et il monta sur l'échafaud à 32 ans, en saluant une dernière fois la noble et décevante abstraction à laquelle il donnait sa vie : « Voilà donc le prix de ce que j'ai fait pour la liberté ! »

Sa statue, placée dans le palais du Luxembourg, par ordre du premier consul, en fut enlevée à la Restauration et brisée par les Prussiens en 1815.

Ses œuvres ont été publiées en 1843.

Date de mise à jour: juin 2018