Charles, Henri, Marie Barbaroux

1767 - 1794

Informations générales
  • Né le 6 mars 1767 à Marseille ( - Généralité de Provence - France)
  • Décédé le 25 juin 1794 à Bordeaux (Gironde - France)

Mandats à l'Assemblée nationale ou à la Chambre des députés

Régime politique
Révolution
Législature
Convention nationale
Mandat
Du 5 septembre 1792 au 25 juin 1794
Département
Bouches-du-Rhône
Groupe
Girondins

Biographies

Biographie extraite du dictionnaire des parlementaires français de 1789 à 1889 (Adolphe Robert et Gaston Cougny)

Membre de la Convention, né à Marseille (Généralité de Provence, France), le 6 mars 1767, exécuté à Bordeaux, le 25 juin 1794, fit ses études au collège de l'Oratoire et s'adonna un moment aux études scientifiques. Ses débuts au barreau de Marseille furent marqués par la défense d'une colonie de pêcheurs catalans établis prés de la ville et qu'on voulait expulser ; il réussit à les y maintenir.

La Révolution l'entraîna alors dans la politique : il fut secrétaire de la commune de Marseille, et, en qualité d'envoyé extraordinaire de cette ville, vint déposer, le 27 juillet 1792, sur le bureau de l'Assemblée législative, les procès-verbaux des 23 sections de Marseille demandant la déchéance du roi et le renouvellement du pouvoir exécutif par le peuple. Ce fut dans ce voyage qu'il s'affilia au club des Jacobins et devint l'ami des Girondins qui y dominaient alors, surtout du ministre Roland.

Barbaroux prit, avec les Marseillais, une grande part à la journée du 10 août ; à son retour à Marseille, il fut nommé président de l'Assemblée électorale du département, et, le 5 septembre, élu membre de la Convention par les Bouches-du-Rhône à la quasi-unanimité de 775 voix sur 776 votants. Dans cette Assemblée, il ne manqua pas une occasion de dénoncer l'ambition de Robespierre et d'attaquer Marat, demanda qu'on poursuivît les massacreurs de septembre, exigea des règlements de comptes de la Commune de Paris, et proposa la dissolution des sections ; il fit rendre des décrets établissant la responsabilité pécuniaire des fonctionnaires publics, la répartition des grains dans les départements du Midi ; il vota contre l'emprunt forcé d'un milliard, contre la taxe des grains, et proposa des mesures économiques pour les travaux publics, les dépenses des armées, etc.

Dans le procès de Louis XVI, il répondit, au 2e appel nominal :

« Le serment que j'ai prêté dans l'Assemblée électorale des Bouches-du-Rhône de juger Louis Capet n'exclut pas la sanction du peuple. Je vote donc pour cette sanction, parce qu'il est temps que le peuple des quatre-vingt-quatre départements exerce sa souveraineté, et qu'il écrase, par la manifestation de sa volonté suprême, une faction au milieu de laquelle je vois Philippe d'Orléans, et que je dénonce à la République, en me vouant avec tranquillité aux poignards de ses assassins (On murmure). J'ajoute que, comme dans des temps orageux, l'homme n'est pas sûr de voir le lendemain, je dois à moi-même de déclarer que le tyran m'est odieux, que j'ai fortement coopéré à le renverser au trône, et que je prononcerai contre lui la peine la plus sévère. Je dis oui. »

Au 3e appel nominal, il dit :

« Je déclare que je vote librement, car jamais les assassins n'ont eu d'influence sur mes opinions. Louis est convaincu d'avoir conspiré contre la liberté. Les lois de toute société prononcent contre les conspirateurs la peine de mort. Je vote donc pour la mort de Louis ; dans quelques heures je voterai pour l'expulsion de toute la race des Bourbons. »

Il avait demandé pour l'accusé la plus grande liberté de défense, et avait protesté contre la proposition de Robespierre de faire fusiller les défenseurs du roi. Robespierre ne lui pardonna pas son opposition constante, et, même avant le 31 mai, l'Assemblée recevait des pétitions réclamant la mise en accusation de Barbaroux ; successivement secrétaire de l'Assemblée, membre du Comité de constitution, membre du Comité de salut public, dont il avait en vain demandé la dissolution et où il avait combattu la création du tribunal révolutionnaire, il s'était attiré la haine de la Montagne.

Après la proscription du 31 mai, il gagna la Normandie et chercha à soulever les départements contre la Convention. Thuriot demanda contre lui un décret d'arrestation, et Saint-Just le fit déclarer traître à la patrie. La mort de Marat le fit accuser aussi sans preuves, de complicité avec Charlotte Corday, qu'il n'avait vue que deux fois à Caen, et qui lui gardait reconnaissance d'un service rendu à une de ses amies ; la beauté remarquable de Barbaroux, qui avait déjà compromis Mme Roland, ne paraît point avoir touché le coeur de Charlotte. Poursuivi dans le Calvados, Barbaroux gagna Bordeaux par mer, et se cacha à Saint-Émilion avec Buzot et Pétion, chez un perruquier nommé Troquart.

Après l'arrestation de Guadet et de Salles, la crainte de perdre leur hôte les fit partir de nuit pour Castillon. Entendant des cris de soldats, et se croyant poursuivis, Buzot et Pétion s'enfuirent dans les bois, et Barbaroux se brisa la mâchoire d'un coup de pistolet. Les soldats, qui n'étaient que des volontaires, accoururent au bruit, le transportèrent à Bordeaux, où, sur la constatation de son identité, la commission révolutionnaire le fit porter à l'échafaud, et exécuter. Il avait 27 ans.