François, Alexandre, Frédéric de La Rochefoucauld-Liancourt

1747 - 1827

Informations générales
  • Né le 11 janvier 1747 à La Roche-Guyon ( - Généralité de Rouen - France)
  • Décédé le 27 mars 1827 à Paris (Seine - France)

Mandats à l'Assemblée nationale ou à la Chambre des députés

Présidence(s)

Présidence de l'Assemblée nationale
du 18 juillet 1789 au 3 août 1789

Mandat(s)

Régime politique
Révolution
Législature
Assemblée nationale constituante
Mandat
Du 13 mars 1789 au 30 septembre 1791
Baillage
Clermont-en-Beauvaisis (Type : Bailliage)
Groupe
Noblesse
Régime politique
Cent-Jours
Législature
Chambre des représentants
Mandat
Du 9 mai 1815 au 13 juillet 1815
Département
Oise
Groupe
Modéré

Biographies

Biographie extraite du dictionnaire des parlementaires français de 1789 à 1889 (Adolphe Robert et Gaston Cougny)

Député à l'Assemblée constituante de 1789, pair en 1814, représentant à la Chambre des Cent-Jours, né à la Roche-Guyon (Généralité de Rouen, France) le 11 janvier 1747, mort à Paris (Seine) le 27 mars 1827, fils de François-Armand de la Rochefoucauld de Roye, duc d'Estissac, grand-maître de la garde-robe, et de Marie, seconde fille du duc Louis-Alexandre de La Rochefoucauld, il prit d'abord du service dans les carabiniers et se maria fort jeune en 1764.

Connu dans sa jeunesse sous le titre de comte de La Rochefoucauld, il obtint les honneurs du Louvre le 13 mars 1765 et prit le nom de duc de Liancourt. Il devint colonel d'un régiment de cavalerie de son nom le 3 janvier 1770, brigadier de dragons le 5 décembre 1781, puis grand-maître de la garde-robe du roi et duc héréditaire d'Estissac, par succession paternelle, le 28 mai 1763. Comme survivancier de son père en la charge de grand-maître de la garde-robe, il en remplit les fonctions dans les dernières années de Louis XV, et les continua pendant le règne de Louis XVI. Mais il ne fit à Versailles que de courtes apparitions, visita l'Angleterre en 1769, et vint mettre en pratique, dans sa terre de Liancourt, les améliorations industrielles et agricoles qu'il avait observées dans ses voyages.

Il fonda d'abord une ferme modèle dans laquelle il chercha à propager la culture des prairies artificielles, à supprimer le système des jachères, et à élever des bestiaux venus de Suisse et d'Angleterre. Il fonda en même temps à Liancourt une école d'arts et métiers en faveur des enfants des militaires pauvres : cette institution, à laquelle l'Ecole des Arts et Métiers de Châlons doit son origine, prit bientôt une grande extension et compta en 1788 jusqu'à 130 élèves.

Le duc de Liancourt visita ensuite la Suisse, et, en 1786, fit à Louis XVI les honneurs des établissements agricoles et industriels de cette contrée.

Lorsque les Etats généraux furent convoqués, il fut élu, le 13 mars 1789, député de la noblesse aux Etats généraux par le bailliage de Clermont-en-Beauvoisis. Défenseur, dans l'Assemblée, de la monarchie constitutionnelle, il essaya de concilier les idées nouvelles avec l'ancien régime.

Son mot au roi, le 12 juillet 1789, est bien connu :

« Mais c'est donc une révolte ? » s'écriait Louis XVI effrayé de l'agitation du peuple.

« Non, sire, fit gravement le duc ; c'est une révolution ! »

Après la prise de la Bastille, il fut investi de la présidence de l'Assemblée, qui accueillit avec faveur ses rapports sur la mendicité, sur l'état des hôpitaux du royaume, sur la formation d'ateliers de secours pour les indigents, etc. Adversaire de la loi contre les émigrés, il se prononça, d'autre part, pour la liberté de conscience et pour la liberté individuelle, et s'honora, en proposant, le premier, l'abolition du supplice de la corde.

En même temps, il continuait de s'occuper avec ardeur de la fondation à Liancourt d'une filature de coton, où de nouveaux procédés furent mis en œuvre.

Chargé, après la session, du commandement d'une division militaire en Normandie, il s'efforça d'y pacifier les esprits.

Après avoir aidé Louis XVI de ses conseils et même de sa fortune, il émigra, au lendemain du 10 août, et gagna l'Angleterre, où il se lia avec le célèbre Arthur Young. De l'exil, il écrivit, lors du jugement du roi, à Barère, président de la Convention, pour lui demander à témoigner en faveur de Louis ; mais cette démarche ne fut pas accueillie.

Le duc de La Rochefoucauld (il avait repris ce titre depuis la mort de son cousin germain tué à Gisors en 1792) quitta alors l'Europe, et parcourut en observateur et en philosophe les Etats-Unis.

« Vers cette époque, écrit un biographe, Louis XVIII, du fond de sa retraite, lui fit demander, comme s'il avait été déjà sur son trône, de renoncer à la charge de grand-maître de la garde-robe, que son père avait payée 400 000 livres. Le duc répondit aussitôt par un respectueux refus, et telle fut sans doute l'origine de la disgrâce dans laquelle il tomba plus tard sous la Restauration. »

En l'an VI, étant à Hambourg, il fit des démarches et rédigea un Mémoire pour rentrer en France : « Cette démarche, écrivait-il, me coûte horriblement; elle semble un acquiescement à ce que je croirais devoir appeler une injustice. Mais je suis rongé de chagrins, accablé de malheurs, et je sens qu'il me faut promptement ou sortir ou y succomber. »

En 1799, il se hasarda à rentrer ; il vécut dans la retraite, s'occupant seulement d'œuvres de bienfaisance, jusqu'au jour où sa radiation de la liste des émigrés fut prononcée. Alors il reprit à Liancourt la direction des institutions qu'il avait fondées et que la Révolution avait respectées, et attendit ainsi le retour des Bourbons.

Louis XVIII ne lui rendit pas sa charge et se contenta de l'appeler à la Chambre des pairs le 4 juin 1814.

Pendant les Cent-Jours, fidèle au parti des « libertés constitutionnelles », il consentit à siéger dans la Chambre des représentants, où l'envoya l'arrondissement de Clermont, le 9 mai 1815, par 64 voix sur 88 votants.

Mais, au second retour de Louis XVIII, il reprit sa place parmi les pairs, s'abstint dans le procès du maréchal Ney, et resta l'ami de la royauté tout en repoussant les opinions des ultras.

Nommé, en 1816, membre du conseil général des hôpitaux, il s'occupa activement de la Société de la morale chrétienne, qu'il présida, et qui poursuivait l'abolition de la traite des noirs et la suppression des loteries et des jeux. Inspecteur général de l'Ecole des arts et métiers transférée à Châlons sous les auspices du gouvernement, membre du conseil général des manufactures, du conseil d'agriculture, du conseil général des prisons, du comité de vaccine, il se vit privé en 1823 par le ministère Villèle, qu'il combattait à la Chambre des pairs, de huit fonctions publiques et gratuites. En revanche, l'Académie des sciences l'admit au nombre de ses membres.

Le duc de La Rochefoucauld-Liancourt, qui venait de faire les premiers essais de l'enseignement mutuel et de fonder la première caisse d'épargne de France, jouissait d'une extrême popularité, lorsqu'il fut atteint brusquement, le 23 mars 1827, de la maladie qui l'emporta quatre jours après.

Ses funérailles furent marquées par de pénibles incidents. Les élèves de l'Ecole des arts et métiers s'étant rendus en foule à l'église et ayant voulu porter son cercueil sur leurs épaules, furent chargés dans la rue Saint-Honoré par la gendarmerie ; le cercueil tomba dans la boue, et les insignes de la pairie qui le décoraient furent foulés aux pieds. On réclama vainement une enquête: l'affaire fut étouffée par le ministère. Suivant ses dernières volontés, le duc de La Rochefoucauld fut enterré à Liancourt.

Il était chevalier des ordres du Saint-Esprit, de Saint-Louis et de la Légion d'honneur.

On a de lui un très grand nombre d'écrits sur des matières économiques :
- Finances, Crédit (1789) ;
- Notice sur l'impôt territorial foncier en Anglelerre (1790) ;
- Des Prisons de Philadelphie (1796) ;
- Etat des pauvres ou histoire des classes travaillantes de la société en Angleterre, depuis la conquête jusqu'à l'époque actuelle (1800) ;
- Notes sur la Législation anglaise des chemins (1801) ;
- Le Bonheur du peuple, almanach à l'usage de tout le monde (1819) ;
- Dialogue d'Alexandre et Benoît sur la Caisse d'épargne (1818) ;
- ses Opinions prononcées à l'Assemblée nationale en 1789, 1790 et 1791, puis à la Chambre des pairs, et divers Discours, Rapports et Comptes rendus.