Raoul Briquet

1875 - 1917

Mort pour la France

Informations générales
  • Né le 4 novembre 1875 à Douai (Pas-de-Calais - France)
  • Décédé le 25 mars 1917 à Bapaume (Pas-de-Calais - France)

Mandats à l'Assemblée nationale ou à la Chambre des députés

Régime politique
Troisième République - Chambre des députés
Législature
Xe législature
Mandat
Du 8 mai 1910 au 31 mai 1914
Département
Pas-de-Calais
Groupe
Parti socialiste
Régime politique
Troisième République - Chambre des députés
Législature
XIe législature
Mandat
Du 10 mai 1914 au 25 mars 1917
Département
Pas-de-Calais
Groupe
Parti socialiste

Biographies

Biographie extraite du dictionnaire des parlementaires français de 1889 à 1940 (Jean Jolly)

Né le 4 novembre 1875 à Douai (Nord), mort le 25 mars 1917, à Bapaume (Pas-de-Calais). Député du Pas-de-Calais de 1910 à 1917.

Avocat, docteur en droit, juriste distingué, Raoul Briquet, inscrit très jeune au parti socialiste S.F.I.O., fut choisi comme conseiller par le syndicat des mineurs du Pas-de-Calais.

Spécialiste du droit ouvrier, il fut présenté par M. Raoul Jay, professeur à la Faculté de droit de Paris, qui avait pour lui la plus profonde estime, au Collège libre des sciences sociales ou il fut admis comme professeur. Pendant l'année scolaire 1902-1903, il traita « La formation du droit ouvrier ». En 1911-1912, il développa « La crise et les tendances du droit ouvrier »: le code du travail; sources et conflits du droit ouvrier; la lutte contre le paternalisme; le syndicalisme et l'ordre public; la protection et l'organisation du travail; l'assurance sociale ; l'actionnariat ouvrier et le pacifisme social ; producteurs et consommateurs, la coopération ; conceptions juridiques nouvelles; l'avenir du droit ouvrier et le socialisme.

Pendant l'année scolaire 1916-1917, et en raison des circonstances, il avait choisi comme sujet :« La guerre et l'évolution du droit ouvrier ». Mais, comme on le verra plus loin, la conjoncture ne lui permit pas de développer ce thème.

Il était conseiller général du Pas-de-Calais, lorsqu'il se présenta aux élections générales législatives des 24 avril et 8 mai 1910, dans la première circonscription d'Arras. Il fut élu député au deuxième tour de scrutin, par 9.624 voix contre 9.387 à M. Théodore Rose, député sortant.

Inscrit au groupe socialiste, il entra à la Commission des douanes et à celle de la réforme judiciaire.

Il se fit entendre à différentes reprises à la tribune, sur les sujets qui étaient de sa compétence ou qui étaient intimement liés à ses convictions. Dès le début de la législature, il interpella le Gouvernement sur les atteintes portées à la liberté syndicale des employés et ouvriers des chemins de fer (1910); au cours de la discussion du budget des exercices 1911 et 1912, il s'intéressa aux retraites des mineurs et aux confections d'équipements militaires à domicile (1911) ; lors du débat sur la loi de finances de l'exercice 1913, il demande la communication d'office de leurs notes à tous les fonctionnaires civils et militaires (1913); il parla en outre de la durée du travail dans les mines, et fut un des rares députés socialistes à voter en faveur de la loi portant à trois ans la durée du service militaire.

Dans le même temps, il déposait des propositions de loi concernant: la réparation des dommages causés aux récoltes par le gibier (1911 et 1914); le droit à la retraite des cheminots révoqués à la suite de la grève d'octobre 1910 (1911); la défense des inculpés aux audiences de flagrants délits des tribunaux correctionnels (1911), dont il fut nommé rapporteur (1914) ; la suspension de la prescription de l'action en reconnaissance judiciaire de la paternité, pendant le temps de service militaire du père prétendu (1913).

Réélu au renouvellement général des 26 avril et 10 mai 1914, au deuxième tour de scrutin, par 11.795 voix, contre 11.365 à M. Paris, il appartint à la Commission de la réforme judiciaire et de la législation civile et criminelle, à celle de l'armée, et à celle de la révision des lois constitutionnelles. Il se fit entendre au cours de la discussion : de la proposition de résolution concernant l'organisation du contrôle aux armées (1916), du projet et des propositions de loi ou de résolution sur la réparation des dommages causés par les faits de guerre (1916), et de l'interpellation sur le logement des réfugiés des régions envahies (1917), tandis qu'il déposait des propositions de loi sur la constitution des cadres et des effectifs de l'armée active et de l'armée territoriale pendant la durée de la guerre (1916) ; sur le mode d'élection et le fonctionnement des Commissions de l'armée, de la marine et de l'hygiène publique en temps de guerre ; sur la retraite sans solde et l'honorariat du grade au profit des officiers de complément (1915), qu'il fut chargé de rapporter (1916). Il présenta en outre un rapport sur la réparation des dégats commis aux propriétés par les troupes logées ou cantonnées chez l'habitant (1916).

Au mois de mars 1917, il se rendit en compagnie de son collègue Albert Tailliandier, dans le Pas-de-Calais pour visiter leurs circonscriptions respectives qui venaient d'être libérées, et distribua des secours aux populations. Cette mission avait été confiée symboliquement à deux députés d'opinions politiques opposées. Ils s'étaient réfugiés, pour y passer la nuit du 25, à la mairie de Bapaume, restée seule debout parmi les ruines de la ville. Mais les Allemands, avant de se retirer, avaient placé dans le sous-sol de l'édifice une bombe à retardement, qui explosa cette même nuit, les ensevelissant sous les décombres.

A la séance du 30 mars 1917, le Président Paul Deschanel, prononça un éloge funèbre des deux victimes, rempli d'émotion. Dans sa péroraison il déclara : « Sur les ruines fumantes de Bapaume, où brille la mémoire toujours présente de Gambetta, le nom de nos jeunes amis, notables victimes du devoir civique, resplendira éternellement. »

M. Alexandre Ribot, Président du Conseil, associa le Gouvernement à cet hommage.

La ville de Bapaume a élevé un monument Briquet-Tailliandier, à la mémoire des deux martyrs.