Jean-Baptiste Nompère de Champagny de Cadore

1756 - 1834

Informations générales
  • Né le 4 août 1756 à Roanne ( - Généralité de Lyon - France)
  • Décédé le 3 juillet 1834 à Paris (Seine - France)

Mandats à l'Assemblée nationale ou à la Chambre des députés

Régime politique
Révolution
Législature
Assemblée nationale constituante
Mandat
Du 23 mars 1789 au 30 septembre 1791
Baillage
Forez - Montbrison (Type : Bailliage)
Groupe
Noblesse

Biographies

Biographie extraite du dictionnaire des parlementaires français de 1789 à 1889 (Adolphe Robert et Gaston Cougny)

Député aux Etats généraux de 1789, ministre, membre du Sénat conservateur, pair de France en 1814, pair des Cents-Jours, et pair de France en 1819, né à Roanne (Généralité de Lyon,n France), le 4 août 1756, mort à Paris (Seine), le 3 juillet 1834, neveu, par sa mère, de l'abbé Terray, il obtint, par la protection de son oncle, une bourse au collège de la Flèche, entra dans la marine où il devint enseigne en 1775, lieutenant de vaisseau en 1780, et major en 1786, après avoir pris part à neuf campagnes, assisté à cinq combats, avoir été blessé grièvement à l'un d'eux, et décoré à cette occasion de la croix de St-Louis (12 avril 1782).

Le 23 mars 1789, il fut élu député de la noblesse aux Etats généraux par le bailliage du Forez, et fut un des premiers de son ordre à se réunir au tiers état. Secrétaire de l'Assemblée (février 1790), et membre du comité de la marine, il proposa quelques réformes au code maritime, et demanda l'assimilation de la marine marchande à la marine royale.

Arrêté comme suspect en 1793, il fut remis en liberté à la chute de Robespierre.

Après le 18 brumaire, le Premier consul le fit entrer au nouveau conseil d'Etat (3 nivôse an VIII), et le nomma (juillet 1801) à l'ambassade de Vienne.

Chevalier de la Légion d'honneur, au 9 vendémiaire an XII, il quitta Vienne, où l'empereur François II accepta d'être le parrain de son fils, pour prendre à Paris le portefeuille de l'Intérieur (8 août 1804) en remplacement de Chaptal. Le 11 décembre, le nouveau ministre présenta au Corps législatif un exposé de la situation de l'Empire : « On a reconnu enfin, disait-il, qu'il n'y avait de salut pour les grandes nations que dans le pouvoir héréditaire... Le Sénat a été, comme il devait l'être, l'organe de l'inquiétude commune ; bientôt a éclaté ce vœu d'hérédité qui était dans tous les cœurs vraiment français... » Il accompagna l'empereur à Milan en 1805, au couronnement comme roi d'Italie, fut promu grand-aigle de la Légion d'honneur, rédigea en février 1806 le décret qui rendrait au culte le Panthéon et St-Denis, vanta (5 mars), dans un nouvel exposé, la prospérité due au régime impérial, et fut chargé (1807), comme ayant également dans son ministère l'instruction publique et les beaux-arts, de présenter à l'empereur un rapport « sur la décadence des arts et de la littérature et sur les moyens d'y remédier ». M. de Champagny proposa sur ce point six décrets dont la plupart, d'une remarquable étroitesse de vues, furent rejetés par l'empereur, mais dont un du moins fut l'origine de l'Ecole des Chartes.
La disgrâce de M. de Talleyrand fit passer M. de Champagny du ministère de l'Intérieur à celui des Relations extérieures, le 8 août 1807. Il présenta des rapports (21 octobre 1807, 2 janvier 1808) sur l'occupation du Portugal, appuya, sur les griefs créés par l'intervention de l'Espagne dans les troubles de la Ligue et de la Fronde, les rêves de conquête de l'empereur sur ce pays, et fut créé comte de l'Empire le 24 avril 1808, et duc de Cadore le 15 août 1809 ; c'est sur le rapport qu'il adressa au Sénat concernant les menées de l'Autriche que fut ordonnée une levée de 40 000 hommes en vue d'une nouvelle campagne contre cet empire. Dans un autre rapport (8 décembre 1810) relatif à la réunion du Valais à la France, M. de Champagny flattait sans ménagement la soif de guerre de l'empereur :

« Il est de mon devoir de le dire à V. M., disait-il, elle ne peut espérer désormais ramener ses ennemis à des idées plus modérées que par la persévérance dans le système qu’elle a adopté. »

Son zèle ne lui laissa pourtant pas soupçonner les intentions de Napoléon vis-à-vis de la Russie, et il perdit le portefeuille des Relations extérieures pour ne pas les avoir pressenties (16 avril 1811). On le nomma, en compensation, ministre d'Etat (21 avril 1811), intendant des domaines de la Couronne (1812), grand-maître de l'ordre de la Réunion, puis sénateur (5 avril 1813).

En 1814, lors de l'invasion, il commandait en chef une légion de la garde nationale de Paris. Le 14 avril de la même année, il n'hésita pas à adhérer à la déchéance de l'empereur, se rallia des premiers aux Bourbons, qui le firent entrer, le 4 juin suivant, à la Chambre des pairs.

Le retour de l'île d'Elbe réveilla son dévouement pour l'empereur qui lui rendit l'intendance des domaines de la Couronne, et le nomma pair de l'Empire. La seconde Restauration le rendit, à son grand regret, à la vie privée.

Dès le 27 juillet 1815, il présenta à Louis XVIII un mémoire justificatif de sa conduite pendant les Cent-Jours, dans lequel il suppliait le roi de le rétablir dans la dignité de pair de France :

« Je ne suis point avide d'honneurs, écrivait-il, mais je ne puis vivre dans la disgrâce d'un souverain que j'aime, je supplie le roi de me rétablir dans ma dignité, qui, par ce second choix, me deviendra doublement honorable. »

La Restauration le fit attendre jusqu'en 1819 ; M. Decaze le comprit à cette date dans la fournée des soixante nouveaux pairs destinée à rendre la majorité au ministère. À la Chambre haute, M. de Champagny vota avec la droite.

Il vécut encore assez pour prêter serment au gouvernement de Juillet, et continua de siéger dans la Chambre des pairs, au centre droit, jusqu'à sa mort.