Ferdinand, Edouard Buisson

1841 - 1932

Informations générales
  • Né le 20 décembre 1841 à Paris (Seine - France)
  • Décédé le 16 février 1932 à Thieuloy-saint-antoine (Oise - France)

Mandats à l'Assemblée nationale ou à la Chambre des députés

Régime politique
Troisième République - Chambre des députés
Législature
VIIIe législature
Mandat
Du 11 mai 1902 au 31 mai 1906
Département
Seine
Groupe
Radical-socialiste
Régime politique
Troisième République - Chambre des députés
Législature
IXe législature
Mandat
Du 20 mai 1906 au 31 mai 1910
Département
Seine
Groupe
Gauche radicale-socialiste
Régime politique
Troisième République - Chambre des députés
Législature
Xe législature
Mandat
Du 8 mai 1910 au 31 mai 1914
Département
Seine
Groupe
Républicains radicaux-socialistes
Régime politique
Troisième République - Chambre des députés
Législature
XIIe législature
Mandat
Du 16 novembre 1919 au 31 mai 1924
Département
Seine
Groupe
Parti radical et radical socialiste

Biographies

Biographie extraite du dictionnaire des parlementaires français de 1889 à 1940 (Jean Jolly)

Né le 20 décembre 1841 à Paris, mort le 16 février 1932 à Thieuloy - Saint - Antoine (Oise).

Député de la Seine de 1902 à 1914 et de 1919 à 1924.

Issu d'une famille protestante de mœurs austères, fils d'un juge au tribunal de Saint-Etienne, Ferdinand Buisson commence ses études secondaires au Collège d'Argentan et les poursuit au Lycée de Saint-Etienne qu'il doit quitter à 16 ans, accablé par la mort de son père. Il se rend à Paris, où il donne des leçons pour subvenir aux besoins de sa mère et de ses frères, tout en continuant ses études par ses propres moyens. Admis sible à l'Ecole normale supérieure, il ne peut y entrer à cause de sa santé fragile. Il n'abandonne pas pour autant la partie, passe la licence ès lettres, et l'agrégation de philosophie en 1868.

Il vivait en Suisse depuis 1866, ayant préféré s'exiler plutôt que de prêter serment à l'Empire. Ayant obtenu une chaire de philosophie à l'Académie de Neufchatel, il se lie à d'autres français proscrits par l'Empire, férus comme lui-même de démocratie et hantés par l'idée de paix. C'est dans cette ambiance que s'éveille sa vocation politique.

Il publie :
- L'orthodoxie et l'évangile dans l'Eglise réformée (1864) ;
- Le Christianisme libéral (1864) ;
- De l'enseignement de l'histoire Sainte dans les écoles primaires (1868), où il expose sa conception d'une Eglise libérale, ramenant en quelque sorte la religion à une morale indépendante.

En 1867, s'ouvre à Genève le premier congrès de la paix. Il est au premier rang des participants, et dans le journal qui s'y fonde Les Etats-Unis d'Europe, lance un article retentissant et de principe, dont le titre est un programme : « L'abolition de la guerre par l'instruction ».

Deux ans plus tard, il est présent au deuxième congrès de la paix qui a lieu à Lausanne. Dans un langage enflammé il développe ses vues en les analysant, et en matière de péroraison lance ce manifeste : « À bas le dieu des armées, le dieu des Césars et des Napoléons ! Je voudrais un Voltaire occupé pendant cinquante ans à tourner en ridicule les rois, les guerres, les armées ! ».

La guerre de 1870 vient quelques mois après infliger un cinglant démenti à ce pacifisme généreux. Il s'en montre surpris, mais rien dans son attitude ne trahit une incertitude même légère.

Il ne rentre en France qu'après Sedan, pour s'enrôler à Paris dans la garde nationale et participer à l'organisation dans le 17e arrondissement d'un orphelinat laïque destiné aux enfants des tués, qui sera plus tard transféré à Cempuis, dans l'Oise.

La paix revenue, il est nommé par le Ministre de l'Instruction publique Jules Simon, inspecteur primaire à Paris. Mais, pris à parti à l'Assemblée Nationale, par Monseigneur Dupanloup qui l'accuse d'avoir parlé irrespectueusement de la Bible, il est relevé de ses fonctions l'année suivante, et nommé secrétaire de la Commission de statistique de l'enseignement primaire. Il est envoyé en 1873 à l'exposition universelle de Vienne, en 1876 à celle de Philadelphie, et remplit une mission analogue à celle de Paris en 1878. Il a étudié et consigné dans des rapports, les méthodes pédagogiques utilisées dans ces pays. C'est le moment où débute la publication de son Dictionnaire de Pédagogie.

Nommé le 31 août 1878 inspecteur général de l'instruction publique, et directeur de l'enseignement primaire le 10 février 1879, il collabore avec Jules Ferry à la préparation des textes qui constitueront le statut de l'école laïque.

Il s'efforce d'orienter Cet enseignement vers les principes démocratiques et la neutralité religieuse. En qualité de commissaire du Gouvernement, il défend, devant le Parlement, la laïcité et l'obligation de l'instruction primaire, et, la loi promulguée il est chargé d'organiser cet enseignement. En 1891, il soutient, à la Sorbonne, sa thèse de doctorat ès lettres.

Trois ans plus tard, de graves désordres sont signalés dans l'administration de l'orphelinat de Cempuis. Des protestations s'élèvent, les journaux s'en emparent. Ferdinand Buisson est l'exécuteur testamentaire de M. Prévost, fondateur de l'œuvre, et il est membre de son comité de surveillance. Il est en outre responsable de la nomination du directeur en exercice, M. Robin. Il est reproché à ce dernier la manière dont il applique le système de l'éducation en commun des enfants des deux sexes. La Libre parole l'attaque personnellement. Il défend énergiquement son protégé, M. Robin, et l'institution elle-même. Mais malgré ses efforts, la direction est retirée à M. Robin et l'œuvre réorganisée.

En 1896, il se voit confier la chaire de pédagogie à la Sorbonne.

Lorsque surgit la question de la révision du procès Dreyfus, grave sujet de discorde, il est un des premiers à approuver cette mesure, et mène dans ce sens, une ardente campagne par la plume et par la parole. Son discours aux obsèques de Félix Pécaut, et son ouvrage sur Le colonel Picquart en prison viennent illustrer les principes qui le poussent à agir et son ardent désir de convaincre.

C'est l'époque où il devient un des fondateurs de la « Ligue des droits de l'Homme » dont il sera le président, après la mort de F. de Pressensé.

Aux élections générales législatives des 27 avril et 11 mai 1902, il se présente comme candidat radical-socialiste dans la 2e circonscription du 13e arrondissement de Paris, et est élu au deuxième tour de scrutin, par 8.468 voix contre 7.747 à M. Paulin-Méry, député sortant, nationaliste.

Il retrouve son siège aux élections générales des 6 et 20 mai 1906, au deuxième tour de scrutin, par 8.887 voix contre 7.764 à son ancien adversaire Paulin-Méry.

À celles des 24 avril et 8 mai 1910, il l'emporte encore sur Paulin-Méry, au deuxième tour, par 8.204 voix contre 7.378.

Mais il subit un échec à celles des 26 avril et 10 mai 1914, où il n'obtient, au deuxième tour de scrutin, après s'être retiré de la compétition, que 15 voix contre 9.997 au docteur Auguste Navarre qui lui succède.

Aux élections générales du 16 novembre 1919, il occupe la deuxième place sur la liste de concentration républicaine menée par Paul Painlevé. Elle emporte deux sièges et il se trouve lui-même élu par 37.970 voix, sur 189.797 votants.

Durant cette longue carrière parlementaire, il resta fidèle au groupe radical socialiste. Il soutint en 1902 la politique du Ministère Combes, et par la suite toute politique d' « action républicaine ». Membre de la Commission de l'enseignement, il continua à s'occuper des problèmes scolaires et s'attacha à la question de l'enseignement professionnel obligatoire. Membre de la Commission des associations et congrégations, et président de la Commission relative à la séparation de l'Eglise et de l'Etat, il rapporta la loi qui supprimait l'enseignement congréganiste. Vice-président de la Commission du suffrage universel, il s'efforça de faire adopter le système de la représentation proportionnelle aux élections législatives, et se déclara partisan du vote féminin. Il appartint en outre à la Commission d'assurance et de prévoyance sociales, dont il devint vice-président, et à la Commission de l'hygiène publique. Président de la Ligue des Droits de l'Homme, il plaida la cause des Polonais, des révolutionnaires russes, des Slaves et des Italiens d'Autriche, et, après 1914, celle des Arméniens et des Juifs persécutés.

Il reçut, après la guerre, la présidence de la ligue de l'enseignement.

Aux élections générales du 11 mai 1924, la représentation proportionnelle qu'il avait contribué à faire adopter, ne lui fut pas favorable. Inscrit quatrième sur la liste du cartel républicain et socialiste qui n'eut que trois élus, il perdit son siège de député, n'ayant obtenu personnellement que 58.725 voix sur 201.612 votants. Il accepta cet échec avec sénérité et s'intalla dans l'Oise au petit village de Thieuloy-Saint-Antoine, dont il était resté conseiller municipal. Il tenta de se faire élire sénateur de ce département, lors d'une élection partielle, mais le congrès radical et radical-socialiste dont il sollicitait l'investiture, lui préféra un autre candidat. Il fut néanmoins nommé président d'honneur de la fédération socialiste de l'Oise.

Mais d'autres compensations l'attendaient : il reçut du Ministère Herriot, en 1924, la plaque de Grand Officier de la Légion d'honneur, et deux ans plus tard, le prix Nobel de la paix venait récompenser l'apôtre qui 40 ans plus tôt avait prêché, en Suisse, l'abolition de la guerre. Il versa à des œuvres pacifistes, le montant de cette récompense.

Il mourut à Thieuloy-Saint-Antoine, le 16 février 1932 âgé de 91 ans.

Outre les ouvrages cités plus haut, il faut encore mentionner :
- Sébastien Casteillon, sa vie, son œuvre (théologien et humaniste du XVIe siècle) ;
- La religion, la morale et la science, leur conflit dans l'éducation contemporaine ;
- Libre pensée et protestantisme libéral ;
- Le vote des femmes ;
- Jules Ferry et l'école laïque ;
- La foi laïque ;
- Le fond religieux de la morale laïque.

Il collabora également à l'Aurore, au Siècle et à diverses publications éducatives.