René, Paul Camphin

1913 - 1954

Informations générales
  • Né le 21 février 1913 à Saint-nicolas-lès-arras (Pas-de-Calais - France)
  • Décédé le 6 mars 1954 à Paris (Seine - France)

Mandats à l'Assemblée nationale ou à la Chambre des députés

Régime politique
Gouvernement provisoire de la République française
Législature
Ire Assemblée nationale constituante
Mandat
Du 21 octobre 1945 au 10 juin 1946
Département
Pas-de-Calais
Groupe
Communiste
Régime politique
Gouvernement provisoire de la République française
Législature
2e Assemblée nationale constituante
Mandat
Du 2 juin 1946 au 27 novembre 1946
Département
Pas-de-Calais
Groupe
Communiste
Régime politique
Quatrième République - Assemblée nationale
Législature
Ire législature
Mandat
Du 10 novembre 1946 au 4 juillet 1951
Département
Pas-de-Calais
Groupe
Communiste
Régime politique
Quatrième République - Assemblée nationale
Législature
IIe législature
Mandat
Du 17 juin 1951 au 6 mars 1954
Département
Pas-de-Calais
Groupe
Communiste

Biographies

Biographie extraite du dictionnaire des parlementaires français de 1940 à 1958 (La documentation française)



Né le 21 février 1913 à Saint-Nicolas-les-Arras (Pas-de-Calais)
Décédé le 6 mars 1954 à Paris

Membre de la première et de la seconde Assemblée nationale Constituante (Pas-de-Calais)

Député du Pas-de-Calais de 1946 à 1954

Issu d'une famille ouvrière, René Camphin, lui-même ouvrier typographe à Arras, adhère très tôt aux Jeunesses communistes. Lors de la campagne électorale du printemps 1936, âgé de 23 ans, il porte la contradiction à Maurice Tailliandier, député sortant de la 2e circonscription d'Arras et contribue à l'élection, difficile, du candidat radical-socialiste soutenu par le Front populaire. Il participe ensuite au mouvement de mai-juin 1936. Remarqué par Auguste Lecœur, il franchit rapidement les échelons d'une carrière dans le Parti communiste : secrétaire de la cellule d'Arrras-ville, puis de la section d'Arras et de ses environs en 1938, nommé rédacteur de l'« Enchaîné », il accède la même année au secrétariat de la région du Pas-de-Calais.

Signataire, avec les trois autres secrétaires régionaux d'un tract saluant le pacte germano-soviétique du 23 août 1939, René Camphin entre immédiatement dans la clandestinité. Toutefois, mobilisé en 1939, il est fait prisonnier à Belfort en juin 1940 et parvient à s'évader d'Allemagne. Ayant regagné le Pas-de-Calais, il figure, au sein du Parti communiste clandestin, parmi les premiers partisans de la lutte armée. Il entre au comité exécutif des F.T.P. dès la naissance de cette organisation. Sous le nom de colonel Baudoin, bras droit et ami de Charles Tillon, René Camphin, commissaire aux effectifs, organise le recrutement et l'encadrement des Francs-tireurs et partisans. S'il parvient à échapper à la police de Vichy et à la Gestapo, il a la douleur d'apprendre l'arrestation de toute sa famille et l'exécution de ses deux frères. Il poursuit néanmoins la lutte et joue un rôle important pour la libération de Paris en constituant près de cent compagnies F.F.I.F.T.P. dans la région parisienne. Son comportement lui vaudra le grade de Chevalier de la Légion d'honneur, la Croix de guerre, la Rosette de la Résistance et la Médaille des évadés.

A la Libération, âgé de 31 ans, René Camphin devient membre suppléant du Comité central du Parti communiste et secrétaire fédéral du Pas-de-Calais. Il conservera ses deux fonctions jusqu'à sa mort. Il est par ailleurs élu Conseiller municipal d'Arras et son mandat lui sera renouvelé en 1947. Aux élections du 21 octobre 1945, à la première Assemblée nationale Constituante, son parti le présente dans la seconde circonscription du Pas-de-Calais (Arras) en deuxième position sur la liste conduite par Auguste Lecœur. Avec 33 % des suffrages exprimés, la liste communiste compte trois élus dont René Camphin, soit autant que la liste S.F.I.O. dirigée par Guy Mollet. Il en ira de même aux trois consultations ultérieures auxquelles participe René Camphin, toujours second d'Auguste Lecœur. Toutefois, la liste de Guy Mollet, arrivée en tête le 21 octobre avec 38 % des suffrages est légèrement distancée par celle du Parti communiste le 2 juin 1946 pour les élections à la seconde Assemblée nationale Constituante (122 122 contre 120 571 voix). Puis l'écart s'accroît et, nettement en tête, la liste communiste obtient 35,5 % des suffrages aux élections du 10 novembre 1946 (28,5 % à la liste socialiste) et 36,4 % à celle du 17 juin 1951 (contre 25,5 %).

Membre de la Commission de l'agriculture et juré à la Haute Cour de justice dans les deux Assemblées nationales Constituantes, par ailleurs membre de la Commission de la défense nationale à la seconde Assemblée nationale Constituante, René Camphin ne dépose aucune proposition de loi mais rédige le rapport relatif aux opérations électorales du 2 juin 1946 dans le Haut-Rhin. Il ne prononce que deux interventions, toutes deux durant la première Assemblée nationale Constituante : l'une sur le budget de la justice, l'autre sur le statut du fermage.

En revanche, après les élections du 10 novembre 1946, à nouveau juré à la Haute Cour de justice, le député du Pas-de-Calais déploie une importante activité parlementaire. Désigné pour faire partie de la Commission chargée d'enquêter sur les événements survenus en France de 1933 à 1945, siégeant à la Commission de la défense nationale (1946), à celle de la famille, de la santé publique et de la population (1947), puis à la Commission des pensions (1948), il devient à partir de 1949 un membre actif de la Commission de la production industrielle. Il rédige de nombreux textes, propositions et rapports. Le 3 juin 1947, il dépose un rapport sur l'intégration dans l'armée active des officiers résistants et le 12 décembre 1950, une proposition de loi tendant à la bonification de la retraite des ouvriers mineurs au titre des années d'internement ou de captivité. C'est précisément cette catégorie socio-professionnelle qui fait l'objet de l'essentiel de son travail parlementaire : propositions de loi relatives à l'amnistie des condamnations prononcées pour faits de grève (27 décembre 1948 et 14 juin 1949), à l'ouverture du droit à retraite après trente ans de service minier (20 décembre 1950), à la majoration des pensions servies aux mineurs (5 janvier 1951) et aux pensions de réversion (8 février 1951) ; propositions de résolution tendant à indemniser les victimes de catastrophes minières (25 mai 1949 et 9 février 1951). René Camphin intervient fréquemment en séance dans ces domaines, que ce soit à propos de l'examen de propositions de loi ou de résolution ou encore dans le cadre de la discussion budgétaire. Il élargit alors son propos à la politique charbonnière et énergétique du gouvernement. Il ne néglige pas pour autant la mémoire des événements de 1940-1944 : le 17 mai 1949, il dépose une demande d'interpellation, qu'il développe le 31 mai, sur les campagnes d'amnistie menées en faveur des « Vichystes » et du maréchal Pétain. Le 7 juin, il prend part au débat sur la suppression des cours de justice.

Au cours de la deuxième législature de la IVe République, René Camphin siège à la Commission du travail et de la Sécurité sociale (1951 à 1953), à la Commission de l'intérieur (1953) puis à celle du suffrage universel (1954). S'il défend toujours les ouvriers mineurs et qu'à ce titre il dépose des propositions de loi et intervient à l'Assemblée, il se consacre aussi à la Sécurité sociale, aux salaires et à des questions plus juridiques comme l'amnistie. Le 29 août 1951, il intervient sur le redressement financier de la Sécurité sociale, le 13 novembre sur les crédits du travail et de la Sécurité sociale, les 29 et 30 octobre 1952 sur la Sécurité sociale dans les mines et le 29 octobre 1953 à nouveau sur le budget du travail et de la Sécurité sociale. Il prend part au débat sur l'échelle mobile des salaires (19 septembre 1951), sur le S.M.I.G. (25 février et 9 avril 1952) et la variation de celui-ci (29 et 30 mai 1952). Enfin, le député du Pas-de-Calais participe à deux longs débats sur l'amnistie en 1952 (juillet et novembre) et en 1953 (février et juillet).

Parallèlement à son activité parlementaire, René Camphin poursuit sa carrière au sein du Parti communiste. En 1952, il manifeste quelques réticences lors de l'éviction de son ami Charles Tillon. Peu après, il lui est demandé de présenter un réquisitoire contre Auguste Lecœur au Comité central du 5 mars 1954. Prétextant un malaise, il quitte la séance sans avoir lu son texte. Le lendemain matin, Roger Roucaute, délégué par le secrétariat du parti, le retrouve mort asphyxié. Le 9 mars, le président André le Troquer annonce son décès à l'Assemblée.