Paul, Adolphe, Marie, Prosper Granier de Cassagnac

1842 - 1904

Informations générales
  • Né le 2 décembre 1842 à Paris (Seine - France)
  • Décédé le 4 novembre 1904 à Saint-viâtre (Loir-et-Cher - France)

Mandats à l'Assemblée nationale ou à la Chambre des députés

Régime politique
Troisième République - Chambre des députés
Législature
Ire législature
Mandat
Du 20 février 1876 au 25 juin 1877
Département
Gers
Groupe
Appel au peuple
Régime politique
Troisième République - Chambre des députés
Législature
IIe législature
Mandat
Du 14 octobre 1877 au 7 novembre 1878
Département
Gers
Groupe
Appel au peuple
Régime politique
Troisième République - Chambre des députés
Législature
IIe législature
Mandat
Du 2 février 1879 au 14 octobre 1881
Département
Gers
Groupe
Appel au peuple
Régime politique
Troisième République - Chambre des députés
Législature
IIIe législature
Mandat
Du 21 août 1881 au 14 octobre 1885
Département
Gers
Groupe
Appel au peuple
Régime politique
Troisième République - Chambre des députés
Législature
IVe législature
Mandat
Du 4 octobre 1885 au 14 octobre 1889
Département
Gers
Groupe
Appel au peuple
Régime politique
Troisième République - Chambre des députés
Législature
Ve législature
Mandat
Du 22 septembre 1889 au 14 octobre 1893
Département
Gers
Groupe
Extrême-droite
Régime politique
Troisième République - Chambre des députés
Législature
VIIe législature
Mandat
Du 22 mai 1898 au 31 mai 1902
Département
Gers
Groupe
Extrême-droite

Biographies

Député de 1876 à 1889, né à Paris le 2 décembre 1842, fils de Bernard-Adolphe Granier de Cassagnac (1806-1880), député au Corps législatif de 1852 à 1870 et de 1876 à 1880, Paul-Adolphe Granier de Cassagnac commença ses études à Paris, les acheva en province, fit une première année de droit à Toulouse et fut reçu licencié à Paris. Mais il préféra le journalisme au barreau, et conquit rapidement dans la presse littéraire d'abord, politique ensuite, une bruyante notoriété entretenue par de nombreux duels et de fréquentes affaires judiciaires.

Sous le nom simplifié de Paul de Cassagnac, il collabora successivement à l'Indépendance parisienne (1862), à la Nation (1863), et entra en 1864 au Diogène, petite feuille satirique avec les rédacteurs de laquelle il avait failli avoir une affaire. Sa verve incisive et frondeuse devait lui en attirer un bon nombre : il se battit notamment avec M. Aurélien Scholl, rédacteur du Nain Jaune, à propos de l'affaire du marquis de Harlay-Coëtquen, et le blessa grièvement. M. Granier de Cassagnac père essaya en vain d'attacher le jeune polémiste à de plus calmes occupations ; celui-ci ne fit que passer au ministère de l'Intérieur, où le gouvernement lui avait donné un emploi, et ce fut sous les auspices de son père, désormais résigné, que M. Paul de Cassagnac fit ses débuts au journal le Pays (1866), comme chroniqueur quotidien. L'année suivante, éclata à la Chambre la dénonciation de M. de Kervéguen contre MM. Havin, Guéroult, Bertin, Buloz et autres ; même après que le jury d'honneur, convoqué de l'assentiment des parties, eut déclaré l'accusation dénuée de preuves, M. Paul de Cassagnac ne laissa pas que de continuer ses attaques ; cité en police correctionnelle par M. Guéroult, il se vit condamner à quatre mois de prison, dont l'empereur, au reste, lui fit remise. Son père ayant été chargé, comme délégué de la Chambre, d'une enquête agricole dans le Midi, M. Paul de Cassagnac l'accompagna comme secrétaire dans cette tournée. Devenu rédacteur en chef du Pays, il fut l'objet d'une condamnation nouvelle, restée également sans effet, pour diffamation envers M. Malespine, de l'Opinion nationale. Cette même année, il entreprit la défense de son père, très vivement attaqué par le Courrier Français, que dirigeait alors Vermorel : il chercha surtout à appeler ses adversaires sur le terrain, et recourut contre eux à des violences de parole et d'action qui n'eurent d'autre résultat que de le conduire encore devant la police correctionnelle. Son duel avec M. Henri Rochefort, à propos de Jeanne d'Arc, sa querelle avec le lieutenant de vaisseau Lullier, dont il subit à son tour les voies de fait, eurent du retentissement. Plus tard, il se battit encore avec M. Henri Rochefort, avec Gustave Flourens, avec son cousin germain, M. Lissagaray, qui reçut un coup d'épée en pleine poitrine, etc. Au 15 août 1868, M. Paul de Cassagnac reçut la décoration de la Légion d'honneur, et l'un des chambellans de l'impératrice, M. de Cossé-Brissac, fut chargé de féliciter de la part de la souveraine le nouveau légionnaire. Toutefois, les éclats de cette polémique émurent parfois le gouvernement, qui n'osa pas toujours les approuver tout haut : le Pays ayant publié en 1869, à propos d'un discours prononcé au Sénat par le prince Napoléon, un article violemment injurieux, une note parut au Journal officiel pour dire que l'empereur « avait vu avec un profond regret » les attaques violentes dirigées par le journal de MM. de Cassagnac « contre un prince de la famille impériale ». Lors de l'affaire Victor Noir (janvier 1870), M. Paul de Cassagnac prit ouvertement parti pour le prince Pierre. Puis il mena campagne, ainsi que son père, contre le ministère Ollivier.

La guerre déclarée, il s'engagea (août) dans les zouaves de la garde, assista à la bataille de Sedan, et, fait prisonnier, fut interné à Kosel (Silésie).

Aux élections législatives du 8 février 1871, il réunit, quoique absent, 8 000 voix environ dans le Gers, revint en France dans le courant de la même année, se reposa quelque temps à Venise pour rétablir sa santé ébranlée, et se fit élire, le 8 octobre, conseiller général du Gers pour le canton de Plaisance. Devenu également conseiller municipal et maire de Coulommée, il rentra dans la lutte, arbora de nouveau le drapeau impérialiste, rédigea dans le Gers le journal l'Appel au peuple, et revint à Paris prendre (mars 1872) la direction du Pays. Sa violence ne s'était pas adoucie : chaque jour le parti républicain, l'Assemblée nationale trop lente à renverser la République, étaient vivement malmenés par lui ; il s'attira encore un duel avec M. Ed. Lockroy, fut provoqué par M. A. Ranc dans la République Française, et se rencontra avec lui (1873) en Belgique ; puis, ses preuves faites, il renonça à se battre, ne répondit pas (1875) à une demande de réparation de M. Henri Rochefort, et, dans une circonstance analogue, fit savoir à M. Clemenceau (1876) qu'il avait passé la période « de la fougue » ; l'incident en resta là. Les articles publiés par M. Paul de Cassagnac à la suite du vote de l'Assemblée qui invitait le gouvernement à surveiller les menées du parti bonapartiste, obligèrent M. de Fourtou, ministre de l'Intérieur, à déférer aux tribunaux leur auteur, qui fut acquitté (1874). Il obtint également un acquittement, lorsqu'il fut poursuivi en diffamation par le général de Wimpffen, à la suite d'une polémique relative à la capitulation de Sedan. Enfin un discours de M. Paul de Cassagnac à Belleville, dans une réunion privée, où il fit (novembre 1875) une ardente apologie de l'Empire et du coup d'Etat, fut poursuivi sur la plainte de M. Buffet, mais aucune condamnation ne fut prononcée.

Plus en vue que jamais, M. Paul de Cassagnac posa sa candidature impérialiste à la Chambre des députés, le 20 février 1876, dans l'arrondissement de Condom, et y fut élu par 9 818 voix (17 778 votants, 20 969 inscrits), contre 6 917 voix à M. Lacroix, républicain, et 1 007 à M. de Cugnac, légitimiste ; la lutte électorale avait été des plus ardentes. Il siégea à droite, dans le groupe de l'Appel au peuple, et s'empressa, dès son entrée à la Chambre, d'interrompre sans relâche et de provoquer incessamment les orateurs républicains : ce système lui valut une longue série de rappels à l'ordre, sur lesquels il ne manquait jamais de demander à s'expliquer, ce qui lui permettait, en insistant, d'aggraver encore ses paroles. Il monta à la tribune pour appuyer la demande en autorisation de poursuites contre M. Rouvier (11 mai 1876), et pour présenter, à propos de la loi nouvelle sur la collation des grades, une énergique défense du catholicisme.

Les écrits de M. de Cassagnac, qui ne le cédaient en rien à ses discours, appelèrent encore sur lui, le 26 février 1877, les sévérités du gouvernement, qui, après avoir obtenu de la Chambre, contre lui, une autorisation de poursuites, le fit condamner le 3 avril, en police correctionnelle, à deux mois de prison et 300 francs d'amende; la condamnation fut confirmée en cour d'appel, mais l'acte du Seize-Mai sauva une fois de plus M. de Cassagnac : il s'était distingué, dans les séances qui précédèrent la prorogation et dans celle où la dissolution fut signifiée, par la véhémence de ses interruptions à l'adresse de la gauche, et par l'obstination de sa résistance aux injonctions du président de la Chambre.

Désigné par M. de Fourtou comme candidat officiel dans l'arrondissement de Condom, il fut réélu, le 14 octobre 1877, par 10 896 voix (17 837 votants, 21 804 inscrits), contre 6 759 à M. Lacroix, républicain, sur une profession de foi où il déclarait une guerre à mort à la République :
« Elle me tuera, disait-il, ou je la tuerai ! »

Le succès des 363 ne rendit pas le calme au bouillant député-journaliste; tandis qu'il soutenait quotidiennement dans le Pays la nécessité et l'urgence d'un coup d'Etat, il se faisait, à la tribune de la Chambre, le défenseur passionné des candidatures officielles (8 novembre 1877), et combattait, comme autant de mesures dirigées personnellement contre lui, les nouvelles dispositions réglementaires proposées afin d'affermir l'autorité du président (14 novembre). Il sembla, d'ailleurs, s'appliquer lui-même à les justifier par le caractère exceptionnellement agressif du langage qu'il tint dans la discussion des élections de Vaucluse : son intervention en faveur de M. de Billiotti, député monarchiste d'Orange, lui fut une nouvelle occasion d'attaquer les républicains, les ministres, et aussi le maréchal de Mac-Mahon ; elle eut pour épilogue un nouveau duel avec M. Thomson, malgré la résolution prise par M. de Cassagnac de ne plus se battre.

Lorsque la propre élection du député du Gers fut soumise aux délibérations de la Chambre, après avoir été ajournée jusqu'à l'enquête, M. de Cassagnac employa deux séances (5 et 7 novembre 1878) à sa défense personnelle, qu'il prononça comme d'habitude sous la forme d'une longue série d'attaques contre ses adversaires politiques et contre le gouvernement existant. M. Crozet-Fourneyron, rapporteur, proposait la validation, mais la commission d'enquête maintenait la conclusion contraire : l'élection fut annulée par assis et levé. M. Paul de Cassagnac se représenta alors devant ses électeurs, qui lui confirmèrent son mandat, le 2 février 1879, par 9 563 voix (18 337 votants, 21 710 inscrits), contre 8 628 voix à M. Lannelongue, républicain, ami particulier de Gambetta. Il reprit sa place à la Chambre, où il s'imposa pendant quelque temps une modération relative, réservant pour son journal ses plus ardentes attaques. Gravement injurié par le Pays, le ministre de l'Intérieur répondit en déposant sur le bureau de la Chambre une nouvelle demande en autorisation de poursuites : elle fut accordée après de vifs débats.

Au cours de la discussion des projets de loi de M. Jules Ferry sur l'enseignement, M. Paul de Cassagnac, à la faveur d'un incident de tribune, accusa le ministre de l'Instruction publique d'avoir « falsifié » un document pour les besoins de sa cause. Un tumulte s'ensuivit, et le président dut requérir contre le député du Gers la peine de la censure avec exclusion temporaire pendant trois jours. Dans la séance du Congrès où fut décidé le retour du Parlement à Paris, M. de Cassagnac déclara qu'il le voterait « parce que c'était la mort de la République ». Le procès intenté par le gouvernement à M. de Cassagnac vint, le 3 juillet 1879, devant la 6e chambre : le rédacteur en chef du Pays bénéficia encore d'un acquittement. La mort de l'ex-prince impérial fut entre ce journal et plusieurs membres du parti bonapartiste le signal de nouvelles polémiques, des plus aigres : M. de Cassagnac accepta alors comme chef le prince Napoléon, qu'il avait précédemment poursuivi et qu'il devait poursuivre à nouveau, dans la suite, de ses plus dures invectives. Il ne cessa de voter jusqu'à la fin de la législature en ennemi implacable des institutions républicaines, notamment contre l'amnistie, etc., et parla (février 1881) sur les affaires de Grèce.

Aux élections du 21 août 1881, il reporta sa candidature dans l'arrondissement de Mirande en remplacement de son frère Georges (1854-1897), député de 1880 à 1881, qui ne se représentait pas, et fut élu par 11 016 voix (19 335 votants, 23 975 inscrits), contre 8 793 voix à M. Adrien Lannes de Montebello, candidat républicain modéré ; dans sa profession de foi il avait déclaré qu'il n'était que « le candidat de la haine contre la République ». Il combattit les divers ministères qui se succédèrent au pouvoir durant la nouvelle législature, provoqua une scène bruyante (février 1883) à propos des mesures réclamées contre les prétendants, revint sur ce sujet peu de temps après, lors de l'interpellation du prince de Léon relativement à la situation des princes officiers, interpella lui-même, en mars, le gouvernement sur les attroupements des ouvriers sans travail, et déposa une nouvelle interpellation le 14 juin, au sujet des caisses d'épargne : l'ordre du jour pur et simple fut prononcé. Il vota contre les crédits de l'expédition du Tonkin, contre l'attitude de M. Jules Ferry, qu'il appela « le dernier des misérables et le dernier des lâches », et de M. Challemel-Lacour dans cette affaire, et encourut (juillet 1883) la censure avec exclusion temporaire pour avoir accusé le ministère de tripotages honteux. En septembre, il prit une part active et originale aux débats de la presse monarchiste, touchant les conséquences politiques de la mort du comte de Chambord. Le Soleil, organe orléaniste, ayant tracé un programme de restauration par voie de révision constitutionnelle, à la rigueur même plébiscitaire, le Pays pensa un instant se rallier au comte de Paris, mécontent qu'il était de l'apathie du prince Napoléon ; mais il n'alla point jusque-là, et se borna à observer une attitude intermédiaire entre l'impérialisme et l'orléanisme, réservant son appui à la « solution » qui prévaudrait. En 1884, une rupture définitive s'étant produite entre le prince Napoléon et son fils aîné le prince Victor, M. Paul de Cassagnac amena ce dernier à se poser contre son père en prétendant éventuel. À la Chambre, il refusa (juillet 1885) de voter les crédits pour une action à Madagascar, « parce que la politique du gouvernement manquait de grandeur et de franchise. »

Réélu, le 4 octobre 1885, le 1er sur la liste monarchiste du Gers, par 45 813 voix (73 309 votants, 90 673 inscrits), il obtint aussi des voix dans l'Aude, dans l'Indre et dans la Seine. Il reprit avec une nouvelle ardeur ses luttes précédentes, et se déclara l'adversaire irréconciliable de la République, « ne voulant pas, disait-il, réparer l'horrible et fétide baraque sous laquelle est accroupie la France, mais la mettre par terre. » Il parla, en 1886, contre la proposition tendant à accorder des pensions nationales aux victimes des journées de février 1848, et, dans son nouveau journal l'Autorité, critiqua à plusieurs reprises, non sans amertume, les conceptions politiques du comte de Paris, dont les manifestes lui parurent mesquins. Il se montra le défenseur infatigable de l'union conservatrice, soutint avec entrain le programme révisionniste du général Boulanger, interpella (mars 1888) le gouvernement sur la mise en retrait d'emploi du général, et, lors de l'élection de ce dernier (août suivant) dans le Nord, dans la Charente-Inférieure et dans la Somme, écrivit dans l'Autorité :
« Ce n'est pas le général Boulanger qui passe, c'est le général Opposition ; ce n'est pas un avertissement, c'est une condamnation irrévocable, sans appel, c'est un glas. »

Dans la dernière session, M. Paul de Cassagnac a voté contre le rétablissement du scrutin d'arrondissement (4 février 1889), pour l'ajournement indéfini de la révision de la Constitution, contre les poursuites contre trois députés membres de la Ligue des patriotes, contre le projet de loi Lisbonne restrictif de la liberté de la presse, contre les poursuites contre le général Boulanger.

On a de lui :
- Empire et royauté (1873) ;
- Histoire de la troisième République (1875), etc.

Date de mise à jour: novembre 2017

Né à Paris le 2 décembre 1842, mort à Saint-Viâtre (Loir-et-Cher) le 4 novembre 1904.

Député du Gers de 1876 à 1893 et de 1898 à 1902. (Voir première partie de la biographie dans ROBERT ET COUGNY, Dictionnaire des parlementaires à GRANIER DE CASSAGNAC, t. Il, p. 242 et suivantes.)

Nota. - Pour les origines de la famille, prière de bien vouloir se reporter plus loin à la notice de M. Paul Julien de Cassagnac, le « Robert et Cougny » contenant à ce sujet certaines inexactitudes.

Aux élections générales du 22 septembre 1889, Paul-Adolphe de Granier de Cassagnac est réélu, sans concurrent dans l'arrondissement de Mirande avec 11.529 voix sur 12.957 votants.

Tout au long de la législature, mais peut-être avec moins de violence que par le passé, il s'en prend, tant à la tribune que dans son journal l'Autorité, au Gouvernement républicain : il avait inventé la théorie du «n'importequisme», voulant dire que n'importe qui ou n'importe quoi étaient préférables à la République. Catholique ardent, hostile à la politique de ralliement préconisée par Léon XIII, il dénonce le 18 septembre 1890, la situation faite aux hôpitaux de Paris par le renvoi des sœurs hospitalières.

Le 11 décembre 1891, au cours de la discussion d'une interpellation sur les manifestations ultra-montaines de certains évêques de France, un incident très vif l'oppose au Président Charles Floquet, à propos de Pie IX. La même année, il intervient sur la dénonciation du traité de commerce, et sur l'arrangement conclu avec le roi du Dahomey. Le 18 février 1892, M. Le Hérissé ayant interpellé le Gouvernement sur l'inaction dont avait fait preuve le Parquet de la Seine à la suite des voies de fait auxquelles M. Constans, Ministre de l'Intérieur s'était livré sur la personne de M. François Laur, M. de Granier de Cassagnac soutient l'opinion que le Président a non seulement le droit, mais le devoir de déférer devant le Procureur de la République l'auteur de tout délit commis dans l'enceinte de l'Assemblée.

Au cours de la même séance, il s'oppose à l'urgence demandée en faveur d'un projet de loi relatif à la liberté d'association, « le projet le plus odieux, le plus cynique qui ait pu être perpétré par une politique de haine religieuse ». Intervenant, le 23 juin 1892, au sujet des incidents survenus entre la Cour d'assises et les jurés de la Seine, lors du procès intenté par M. Burdeau à la Libre Parole, il reproche au Garde des Sceaux de n'avoir pas voulu faire la lumière sur le comportement du Président Mariage.

Enfin il intervient, le 10 novembre 1892, sur l'inscription à l'ordre du jour d'un projet de loi modifiant la loi sur la presse, déposé au lendemain d'attentats à la dynamite, et le 31 janvier 1893, dans la discussion du projet de loi tendant à réprimer plus efficacement les campagnes dirigées contre les caisses d'épargne et le crédit public.

Aux élections générales du 20 août 1893, après une lutte des plus vives, M. de Granier de Cassagnac n'obtient que 9.301 suffrages contre 9.940 à son adversaire républicain, M. Bascou qui lui succède. Mais à celles des 8 et 22 mai 1898, il prend sa revanche. Il est élu au second tour de scrutin avec 9.801 voix contre 8.602 à M. Bascou, sur 18.727 votants.

Le 11 juin 1898, il participe à la discussion d'interpellations sur la politique générale du Gouvernement. Il intervient également sur les poursuites dirigées contre M. Urbain Gohier, sur le renvoi du lieutenant-colonel Picquart devant un conseil de guerre, sur la démission du président de chambre à la Cour de Cassation, M. Quesnay de Beaurepaire.

La discussion du budget de 1899 lui donne l'occasion d'intervenir en faveur de la liberté de l'enseignement et de dénoncer le caractère, à son avis théorique, de l'enseignement donné par les professeurs départementaux et spéciaux d'agriculture.

Le 25 mars 1899, il est entendu sur l'urgence d'une proposition de M. Coutant, relative aux incompatibilités parlementaires. Les 5 et 12 juin, il intervient dans la discussion d'interpellations « sur les incidents, survenus le 4 juin au Champ de courses d'Auteuil, et dirigés contre le Président Loubet, et sur les violences exercées par la police contre les républicains, à l'occasion de la manifestation de Longchamp du 11 juin ».

Lors de la discussion d'interpellations sur la politique générale du Gouvernement, le 14 novembre 1899, il reproche à Waldeck-Rousseau et à son Ministre de la Guerre, le général de Galliffet, d'avoir en cassant le verdict du Conseil de guerre de Rennes « donné un soufflet à l'armée nationale », et, à la fin du débat, reprenant - sans succès - une motion de M. Michel il demande l'affichage du discours du Président du Conseil, mais, « avec toutes les interruptions et les mouvements d'indignation et de révolte qu'il a soulevés ».

A l'occasion de la discussion du budget des cultes, le 7 décembre 1899, il s'élève contre les « divagations » du rapporteur M. Tourgnol et échange des propos très vifs avec M. Berteaux qui le traite d'insulteur public. «  Mieux vaut, lui réplique-t-il, être traité par vous d'insulteur public que d'être un millionnaire déguisé en démocrate et mentant et à ses programmes et à ses principes ! »

Le 12 février 1900, il demande à interpeller sur les mesures que le Gouvernement compte prendre à l'occasion de la protestation des évêques. Le 22 mai, il se félicite que la politique générale du Cabinet Waldeck-Rousseau ait « provoqué dans le pays une désaffection croissante pour le régime républicain ». L'année suivante, il intervient dans la discussion d'une interpellation de Marcel Sembat sur l'ingérence du Vatican dans les affaires intérieures de la France, ainsi que sur le drame de Margueritte et l'insécurité générale régnant en Algérie. Le 17 janvier 1902, il se joint à M. Cunéo d'Ornano pour reprocher au Ministre de la guerre, le général André, de n'avoir « été toute sa vie qu'un officier politicien » et de n'avoir dû « sa carrière qu'à la politique, rien qu'à la politique ».

Battu aux élections générales du 27 avril 1902, avec 8.665 voix contre 9.619 à M. Noulens, Paul-Adolphe de Granier de Cassagnac continua son combat dans son journal, sans plus se faire beaucoup d'illusions, toutefois, sur les destinées du parti bonapartiste.

Il mourut brusquement le 4 novembre 1904, après une partie de chasse, en Sologne, dans sa propriété des « Etangs », commune de Saint-Viâtre (Loir-et-Cher). Il n'avait que 62 ans.