Bernard Chochoy

1908 - 1981

Informations générales
  • Né le 14 août 1908 à Nielles-lès-bléquin (Pas-de-Calais - France)
  • Décédé le 23 avril 1981 à Versailles (Yvelines - France)

Mandats à l'Assemblée nationale ou à la Chambre des députés

Régime politique
Cinquième République - Assemblée nationale
Législature
IIIe législature
Mandat
Du 12 mars 1967 au 30 mai 1968
Département
Pas-de-Calais
Groupe
Fédération de la gauche démocrate et socialiste

Mandats au Sénat ou à la Chambre des pairs

Sénateur
du 1er janvier 1946 au 1er janvier 1958
Sénateur
du 28 avril 1959 au 1er octobre 1965
Sénateur
du 2 octobre 1965 au 3 avril 1967
Sénateur
du 2 octobre 1974 au 23 avril 1981

Biographies



Né le 14 août 1908 à Nielles-lès-Bléquin (Pas-de-Calais)
Décédé le 23 avril 1981 à Versailles (Yvelines)

Conseiller de la République, puis Sénateur du Pas-de-Calais de 1946 à 1958
Secrétaire d'Etat à la reconstruction et au logement du 1er février 1956 au 13 juin 1957, et du 17 juin au 6 novembre 1957.

Fils d'un ouvrier papetier, Bernard Chochoy devient instituteur dans son département natal. Il s'engage très tôt dans les rangs de la SFIO et accède au secrétariat de la Fédération des jeunesses socialistes du Pas-de-Calais. En 1934, il est élu secrétaire général des jeunesses socialistes et occupe ce poste jusqu'en 1938.

Membre du cabinet de Paul Faure, ministre d'Etat de 1936 à 1938, il obtient son premier mandat électif en 1937, en devenant conseiller général du canton de Lumbres.

Lorsque survient la guerre, il est mobilisé dès septembre 1939, comme sous-lieutenant au 80è régiment d'infanterie alpine ; fait prisonnier en juin 1940, il s'évade quelques mois plus tard, et s'installe à Paris, où il reprend son métier d'instituteur.

A la Libération, il retrouve son mandat dans le canton de Lumbres, en septembre 1945, puis se présente aux élections sénatoriales du 8 décembre 1946, en deuxième position de la liste SFIO dans le Pas-de-Calais ; avec 653 voix sur 2 258 suffrages exprimés, cette liste remporte deux des cinq sièges à pourvoir. Bernard Chochoy est alors élu au titre de la répartition interdépartementale.

Au Palais du Luxembourg, il siège à la commission de l'agriculture, et à la commission de la reconstruction, qu'il préside de 1951 à 1956.

Devenu maire de Lumbres lors des municipales d'octobre 1947, il occupe cette fonction jusqu'à son décès : tout au long de son mandat, il s'attache au bien-être de ses administrés, pour la plupart de condition fort modeste. Ainsi développe-t-il la construction de logements locatifs, d'équipements scolaires et sportifs, de structures d'accueil des personnes âgées, avec une telle ardeur que son premier adjoint qualifia un jour Lumbres de « Chochoy ville ».

Aux sénatoriales du 7 novembre 1948, il conduit la liste d'Union républicaine et socialiste pour la défense de la démocratie, qui, avec 1 192 voix sur 2 949 suffrages exprimés, remporte trois des six sièges à pourvoir. Dans le même temps, Bernard Chochoy devient administrateur de la Caisse autonome de la reconstruction et du Conseil supérieur des HLM, puis président de l'Office d'HLM du Pas-de-Calais.

Ces fonctions font de lui un praticien averti de l'ensemble des questions touchant au logement et à la reconstruction, et c'est sur ces sujets que porte l'essentiel de son intense activité parlementaire, que ce soit par le dépôt de propositions de loi ou de résolution, de questions orales, ou d'interventions dans les débats législatifs ou budgétaires.

Il est d'ailleurs élu président de la Commission de la reconstruction, en janvier 1951, et occupe cette fonction jusqu'à sa nomination, comme secrétaire d'Etat à la reconstruction et au logement, dans le gouvernement Mollet constitué le 1er février 1956.

Parmi ses principales interventions, citons celles sur les dommages de guerre (1947), les sociétés coopératives de reconstruction, les mesures exceptionnelles pour remédier à la crise du logement (1948), la nullité des actes de spoliation, les loyers et allocations de logement, la caisse autonome de la reconstruction (1949), la législation sur les habitations à bon marché, l'aide à la reconstruction (1950), la politique du logement, la modification de la loi sur les dommages de guerre (1951).

Il conduit la liste d'Union républicaine et socialiste pour la défense de la démocratie, lors des élections sénatoriales du 18 mai 1952 : cette liste arrive en tête, avec 1 302 voix sur 2 930 suffrages exprimés, et remporte trois des six sièges à pourvoir, permettant ainsi aux trois sortants socialistes d'être réélus.

Avec l'autorité que lui confère sa fonction durable de président de la Commission de la reconstruction, il prend part aux principaux débats touchant à l'urbanisme : projet de loi tendant à faciliter certaines opérations de reconstruction, construction de logements économiques, krach du Crédit mutuel du bâtiment (1953), sociétés de construction à crédit différé, construction de logements de première nécessité, indemnisation des biens français ayant subi des dommages en Indochine (1954). En 1955, outre ses domaines traditionnels d'intervention, il prend part aux débats sur l'envoi en Afrique du Nord de militaires soutiens de famille, et sur le projet de loi tendant à accorder au Gouvernement des pouvoirs spéciaux.

Candidat en quatrième position sur la liste présentée par la SFIO dans la première circonscription du Pas-de-Calais lors des législatives du 2 janvier 1956, il n'est pas élu à l'Assemblée Nationale.

Mais Guy Mollet le nomme secrétaire d'Etat à la reconstruction dans son cabinet du 1er février 1956, et il est reconduit à ce poste dans le cabinet Bourgès-Maunoury.

A ce titre, il participe à plusieurs débats parlementaires importants, notamment celui sur le projet de loi tendant à favoriser la construction de logements et les équipements collectifs en 1957.

A son retour au Conseil de la République, en novembre 1957, il siège à nouveau à la Commission de la reconstruction, et intervient notamment sur le régime des retraites des ouvriers mineurs.

Le 2 juin 1958, ce proche de Guy Mollet se prononce, comme le secrétaire général de la SFIO, en faveur des pleins pouvoirs et, le lendemain, pour la révision constitutionnelle.

Il est réélu aux sénatoriales d'avril 1959.


CHOCHOY (Bernard, Jules, Robert)
Né le 14 août 1908 à Nielles-les-Blequins (Pas-de-Calais)
Décédé le 23 avril 1981 à Versailles (Yvelines)

Conseiller de la République, puis Sénateur du Pas-de-Calais de 1946 à 195 et de 1974 à 1981
Député du Pas-de-Calais de 1967 à 1968
Secrétaire d'Etat à la reconstruction et au logement du 1er février 1956 au 13 juin 1957 et du 17 juin au 6 novembre 1957

Bernard Chochoy est né en 1908 dans le Pas-de-Calais dans une famille de paysans et d’ouvriers papetiers de l’arrondissement de Saint-Omer. Il obtient le diplôme du brevet supérieur après avoir fréquenté l’Ecole primaire supérieure de Lillers (Pas-de-Calais). Exemple d’ascension sociale par l’école, comme bien d’autres socialistes, il devient instituteur en 1919 à Sallaumines dans le bassin minier après avoir été ouvrier agricole et facteur rural. Il adhère aux Jeunesses socialistes de son département, et en devient le secrétaire fédéral pour le Pas-de-Calais en 1933, alors que la fédération compte alors environ 1000 membres. Continuant son ascension au sein de la SFIO, il est élu secrétaire national des Jeunesses socialistes en 1934 et le reste jusqu’à 1937. A ce titre il est secrétaire responsable du journal Jeunesse. Bernard Chochoy est un cas exemplaire de la nouvelle génération militante qui émerge dans les années 1930 au sein de la fédération socialiste du Pas-de-Calais, à laquelle appartiennent Guy Mollet et André Pantigny, tous deux enseignants, génération qui s’empare de la direction de la fédération à cette époque, aux dépens des députés mineurs. Bernard Chochoy représente les Jeunesses socialistes françaises à l’Internationale Socialiste de 1933 à 1937. En 1936-1937, il est chef-adjoint au cabinet du ministre d’Etat Paul Faure et en octobre 1937 il est élu conseiller général du canton de Lumbres, une petite ville industrielle du Pas-de-Calais, fonction qu’il exerce jusqu’en 1979 à l’exception de la période de Vichy. Capitaine de réserve en 1939, il est fait prisonnier lors de la campagne de 1940 et parvient à s’évader. Il reçoit le titre de chevalier de la Légion d’honneur pour motif militaire.
Néanmoins, son attentisme sous l’Occupation lui vaut d’être exclu de la SFIO à la Libération. Mais le parti ne pouvant véritablement se passer d’un notable jouissant d’une si grande popularité, il est rapidement réintégré. Il retrouve son mandat de conseiller général et est élu maire de Lumbres en 1947. Il siège à partir de décembre 1946 au Conseil de la République puis au Sénat et il y est constamment réélu en 1948, 1952, 1958, 1959 et 1965. Il y préside la Commission de la reconstruction et des dommages de guerre en 1955 et 1956. Au niveau ministériel, Bernard Chochoy est, dans le gouvernement Guy Mollet, secrétaire d’Etat à la reconstruction et au logement, l’industrie et au commerce (1er février-21 février 1956) puis secrétaire d’Etat à la reconstruction et au logement (2 février 1956-11 juin 1957) ; sous le gouvernement Bourgès-Maunoury (1957), il occupe aussi la fonction de secrétaire d’Etat à la reconstruction et au logement (17 juin-6 novembre 1957). Bernard Chochoy est président du conseil général du Pas-de-Calais du 13 juin 1966 au 31 décembre 1978.
Le sénateur du Pas-de-Calais se présente en mars 1967 aux élections législatives dans la 8ème circonscription du Pas-de-Calais. En 1962, la circonscription avait été conquise par le député gaulliste et maire d’Arques Benjamin Catry. Cette circonscription est centrée sur le bassin de Saint-Omer, mais comprend aussi des zones minières. Maire de la commune de Lumbres, Bernard Chochoy, candidat FGDS, se présente sur un programme fidèle aux idéaux socialistes : aide aux personnes âgées, sauvegarde de la sécurité sociale, et construction de logements HLM. Le candidat socialiste recueille au premier tour 38% des suffrages exprimés, le communiste Raymond Dufay 15 % et le candidat UD-Vème sortant, Catry, 39% des suffrages. Bernard Chochoy est élu au second tour avec 53,5% des suffrages exprimés grâce au désistement communiste. A l’Assemblée, il s’inscrit au groupe parlementaire de la Fédération de la gauche démocrate et socialiste.
Bernard Chochoy ne siège qu’un an, dans la courte législature qui va d’avril 1967 à mai 1968. Son activité parlementaire s’avère néanmoins très dense pendant cette période, à l’image de son action sénatoriale pendant la Quatrième et la Cinquième République. Dans la lignée de son action gouvernementale, parlementaire et locale, il s’intéresse essentiellement à la question du logement populaire.
Le 19 avril 1967, il prend part au débat sur la politique du logement des gouvernements de la Cinquième République, comparée à celle de la Quatrième République. Ayant lui-même contribué à cette politique sous la IVème, Bernard Chochoy s’insurge contre le procès fait à cette République et rappelle que ses gouvernements ont relevé la France de ses ruines. Il dénonce la politique du logement des gouvernements de la Cinquième République, qui, selon lui, ne remplit pas ses objectifs. Il conclut son intervention, particulièrement sévère, par cette phrase, « je considère que votre politique, en particulier dans le domaine de la construction est le plus cinglant échec que vous ayez connu au cours de la Vème République ».
Le 20 juin 1967, il prend part à la discussion du projet de loi d’orientation foncière et urbaine et intervient au nom du groupe FGDS ; il développe à nouveau ses critiques envers la politique du logement. Rappelant une fois de plus l’œuvre de la République précédente, il dénonce les insuffisances des politiques du logement de la Vème, affirmant même que le gouvernement « nous a montré ce qu’il ne fallait pas faire ». L’insuffisance est double selon le député socialiste : elle est quantitative (l’Etat ne construit pas assez de logements) et qualitative (il construit des logements trop chers). Bernard Chochoy critique notamment l’insuffisance du nombre de construction annuelle de logements par rapport au taux de natalité en France. Il s’oppose aussi à la tentative de prise de contrôle des offices HLM par l’Etat (il a lui-même dirigé l’office départemental HLM du Pas-de-Calais de 1951 à 1971) sous prétexte de réforme du financement. Ces organismes construisent, selon lui, depuis cette réforme des logements inaccessibles par leurs loyers aux classes populaires, faute de financement suffisant. Filant une métaphore automobile, il affirme qu’en matière de logement, l’Etat construit, des DS alors que les Français veulent des « quatre chevaux ». Le manque d’investissement public dans la construction de logement s’est répercuté dans les prix des loyers pratiqués dans les HLM. Au nom du groupe FGDS, Bernard Chochoy propose un plan comportant deux axes à mener conjointement : la rénovation des centres-villes et l’urbanisation des banlieues. Ce plan serait financé par la création d’un impôt sur la valeur vénale des terrains urbains. Il conclut pour le groupe en affirmant que tous les Français ont droit à un logement décent.
Le 9 novembre 1967, le député du Pas-de-Calais dénonce le désengagement progressif du gouvernement de la construction du logement et donc l’abandon de toute politique d’élimination des taudis qui persistent en France. Il prend notamment l’exemple du Pas-de-Calais, département dans lequel subsistent encore plus de 8000 logements provisoires que les faibles politiques de relogement ne parviennent pas à éliminer. Il s’ensuit des conséquences sanitaires que les maires du Pas-de-Calais ne connaissent que trop bien : la prolifération de la tuberculose.
Le 30 novembre 1967, le député du Pas-de-Calais intervient à nouveau sur la question du logement, à l’occasion de la discussion du projet de loi sur l’orientation urbaine et foncière. Au nom du groupe FGDS dont il présente un rapport, il estime à 600 000 le nombre de logements à construire annuellement. Pour ce faire, des réformes fondamentales sont nécessaires : la création d’une caisse nationale du logement pour centraliser les financements et les répartir entre les offices constructeurs à vocation sociale, une défiscalisation de l’épargne vouée au logement, enfin, la signature de contrats de progrès dans le bâtiment pour construire mieux. Il développe trois idées socialistes nécessaires, selon lui, à la politique du logement : la prééminence de l’initiative publique, la maîtrise des sols dans l’urbanisation, la création d’une taxe foncière annuelle sur la valeur en capital des terrains, à reverser aux collectivités locales. Il critique par la suite les mesures prises par le gouvernement : des objectifs et des crédits insuffisants. Il considère que l’initiative privée ne suffit pas à garantir les constructions de logements nécessaires à la population française. Bernard Chochoy fait en conclusion de son intervention une proposition de loi tendant à reconnaître le droit au logement.
Son deuxième thème de prédilection concerne la poste et les employés des PTT. Il dénonce le 20 octobre 1967 l’excessive rigueur d’un budget qui ne donne aucune prime à ses agents des PTT, liée normalement au résultat d’exploitation. Il revient sur cette question de prime le 9 mai 1968.
A l’unisson du groupe FGDS, Bernard Chochoy vote le 9 juin 1967 en faveur de la motion de censure contre le gouvernement Pompidou et le projet de loi autorisant le gouvernement à prendre des mesures pour faire face à la crise économique et financière.
Le député socialiste du Pas-de-Calais se représente aux élections de 1968, mais est battu par Benjamin Catry qui retrouve son siège. En 1973 cependant, Roland Huguet qui avait été suppléant de Bernard Chochoy en 1967 est élu député socialiste dans la circonscription. Bernard Chochoy retrouve le Sénat en 1974 jusqu’à sa mort en 1981. Il devient aussi en janvier 1974 le premier vice-président du Conseil régional du Nord-Pas-de-Calais jusqu’en 1978.