Charles, Maurice dit Maurice Couyba

1866 - 1931

Informations générales
  • Né le 1er janvier 1866 à Dampierre-sur-salon (Haute-Saône - France)
  • Décédé le 18 novembre 1931 à Paris (Seine - France)

Mandats à l'Assemblée nationale ou à la Chambre des députés

Régime politique
Troisième République - Chambre des députés
Législature
VIe législature
Mandat
Du 28 février 1897 au 31 mai 1898
Département
Haute-Saône
Groupe
Républicain radical
Régime politique
Troisième République - Chambre des députés
Législature
VIIe législature
Mandat
Du 22 mai 1898 au 31 mai 1902
Département
Haute-Saône
Groupe
Républicain radical
Régime politique
Troisième République - Chambre des députés
Législature
VIIIe législature
Mandat
Du 27 avril 1902 au 31 mai 1906
Département
Haute-Saône
Groupe
Républicain radical
Régime politique
Troisième République - Chambre des députés
Législature
IXe législature
Mandat
Du 6 mai 1906 au 11 juillet 1907
Département
Haute-Saône
Groupe
Gauche radicale-socialiste

Mandats au Sénat ou à la Chambre des pairs

Sénateur
du 1er janvier 1907 au 1er janvier 1920

Biographies

Biographie extraite du dictionnaire des parlementaires français de 1889 à 1940 (Jean Jolly)

Né le 1er janvier 1866 à Dampierre-sur-Salon (Haute-Saône), mort le 18 novembre 1931 à Paris.

Député de la Haute-Saône de 1897 à 1907.
Sénateur de la Haute-Saône de 1907 à 1920.
Ministre du Commerce et de l'Industrie du 27 juin 1911 au 11 janvier 1912.
Ministre du Travail et de la Prévoyance sociale du 13 juin au 26 août 1914.

Fils d'un hôtelier de Dampierre-sur-Salon (Hôtel du Soleil d'Or), Maurice Couyba a fait ses études au Collège de Gray, puis au lycée Louis-le-Grand, à Paris. Licencié en lettres et en droit, deux fois admissible à l'Ecole normale supérieure, il passa avec succès l'agrégation, et, après avoir été répétiteur de lycée, devint professeur à l'école Arago à Paris. Poète et chansonnier, il publia sous le pseudonyme-anagramme de Maurice Boukay, un nombre considérable de poésies de qualité, dont certaines furent mises en musique par Paul Delmet, telles les fameuses Stances à Manon qui connurent le plus grand succès. Il voulait débarrasser la chanson des inepties et des grossièretés qui triomphaient trop facilement au café-concert d'alors (et qui, hélas ! se sont perpétuées). C'est ainsi que parurent successivement les Chansons d'amour préfacées par Verlaine (1893), les Nouvelles chansons (1895), les Chansons rouges (1897), les Chansons du peuple (1906). Mais il était aussi journaliste. Il collabora au Gil-Blas, à l'Evènement, à la Revue bleue et, lorsqu'il devint ministre, demanda et obtint la création de la « Bourse nationale de voyage littéraire ». Il fit paraître lui-même, en collaboration avec A. de La Rochefoucault et Jules Bois, une revue idéaliste : Le Cœur.

Il aborda la politique en 1895, en se faisant élire conseiller général de Dampierre-sur-Salon, battant le duc de Marmier. Ayant subi un échec en 1901, il entra à nouveau à l'Assemblée départementale en 1904 pour y représenter le canton de Gray.

Il entra à la Chambre des Députés à la faveur d'une élection partielle qui eut lieu le 28 février 1897, pour pourvoir au remplacement de M. Maurice Signard, élu sénateur le 3 janvier 1897, et démissionnaire de son mandat de député le 18 janvier. Maurice Couyba emporta le siège de la circonscription de Gray, au premier tour de scrutin, par 8.749 voix contre 6.164 à M. Philippe-Charles, sur 15.151 votants. Inscrit au groupe républicain radical et radical-socialiste, il appartint à diverses commissions spéciales. Il déposa deux propositions de loi concernant : le Conseil supérieur de l'instruction publique et les conseils académiques (1897) et la création d'une commission libre de défense des ouvrages dramatiques (1897). Il développa une interpellation sur l'état des tarifs de transport des vins par les chemins de fer (1898).

Réélu aux élections générales des 8 et 22 mai 1898, au deuxième tour de scrutin, par 9.710 voix contre 1.696 à M. Parenty, sur 13.285 votants, il entra à la Commission du suffrage universel, à celle de l'enseignement, à celle des économies administratives, et à celle du budget pour l'exercice 1902. Auteur de propositions de loi sur : la nomination des instituteurs et institutrices par les inspecteurs et recteurs d'académie (1898), le déplacement des instituteurs par l'autorité académique (1898), le canal des Deux-mers (1900), il fut chargé de rapporter le projet de loi portant approbation d'une convention signée entre la France et l'Equateur pour la garantie réciproque de la propriété artistique et littéraire (1898), ainsi que l'enquête sur l'enseignement secondaire (1900). Il se fit entendre à la tribune sur : le régime des boissons (1900), et la création et l'amélioration des voies navigables et des ports (1902).

II retrouva son siège aux élections générales du 27 avril 1902, au premier tour de scrutin, par 8.693 voix contre 7.964 à M. Philippe, sur 16.842 votants. Membre de la Commission des crédits, de celle de l'agriculture, de celle de l'enseignement et des beaux-arts, il déposa une proposition de loi ayant pour objet le transfert au Panthéon des restes de Renan, d'Edgar Quinet, de Michelet et de Balzac (1902), et reprit celle relative au déplacement des instituteurs et institutrices (1905). Il intervint au cours de la discussion d'interpellations concernant la création de théâtres populaires et parla des bouilleurs de cru à l'occasion de la discussion d'un cahier de crédits provisoires (1906). Durant cette législature, il fut Secrétaire de la Chambre de 1903 à 1905.

Ses électeurs lui restèrent fidèles aux élections générales du 6 mai 1906. Il reconquit son siège au premier tour de scrutin par 9.551 voix contre 6.642 à M. Jouart, sur 16.346 votants. Toujours membre de la Commission de l'enseignement, il déposa une proposition de loi relative à la protection du droit des auteurs en matière de reproduction des œuvres d'art (1907), et rapporta : le projet de loi modifiant le mode de réalisation des traités d'avances pour canalisation passés par le service des eaux de Versailles (1906), le projet de loi portant ouverture d'un crédit pour travaux de réfection de l'Elysée (1906), le projet de loi ouvrant un crédit pour l'aménagement, au Louvre, de la collection Moreau-Nelaton (1906).

Il fut élu sénateur de la Haute-Saône le 7 juillet 1907, à l'occasion d'une élection partielle, en remplacement de M. Outhenin-Chalandre, décédé le 14 mai précédent. Il enleva le siège au premier tour de scrutin par 595 voix sur 852 votants. Il se démit de son mandat de député le 11 juillet suivant. Membre de diverses commissions, il se fit entendre au cours de la discussion : des budgets des affaires étrangères, de l'instruction publique et des beaux-arts de l'exercice 1908 (1907), d'une interpellation relative à la crise des transports (1908), du budget de l'instruction publique de l'exercice 1909 (1908).

Il retrouva son siège de sénateur au renouvellement du 3 janvier 1909, au premier tour de scrutin, par 628 voix sur 849 votants. Il présenta plusieurs propositions de loi ou de résolution concernant : la protection du droit des auteurs en matière de reproduction des œuvres d'art (1909), qu'il fut chargé de rapporter (1910), l'exposition internationale des arts décoratifs et industriels, devant s'ouvrir à Paris en 1914 (1911), une motion à voter aux armées de la République et aux armées alliées (1918), la célébration en France le 4 juillet de la fête nationale américaine (1918), les crimes et dévastations commis par l'ennemi en pays envahis (1918), l'institution d'une Croix du Mérite civique destinée à récompenser les dévouements aux œuvres de défense nationale (1918), la nomination d'une commission chargée de l'examen du Traité de paix (1919). Il fut chargé de rapporter : les projets de loi portant approbation : du règlement et des tarifs arrêtés par la conférence télégraphique internationale de Lisbonne le 11 juin 1908 (1909), et de la convention radiotélégraphique internationale de Berlin, du 3 novembre 1906 (1910), le projet de loi portant fixation du budget général des exercices 1910 et 1913 (Instruction publique et beaux-arts) (1910 et 1913), les projets de loi portant approbation des arrangements postaux conclus entre la France, le Grand Duché du Luxembourg, l'Espagne, l'Allemagne et la Russie (1910), le projet de loi portant approbation d'une convention sur la protection des œuvres littéraires et artistiques (1910), le projet de loi portant retrait des monnaies de billon (1913), le projet de loi relatif à la participation de l'administration des beaux-arts, à l'exposition quadriennale et internationale des beaux-arts de Munich, en 1913 (1913), le projet de loi relatif aux travaux de construction et de réfection à effectuer au Muséum d'histoire naturelle (1913), le projet de loi ayant pour objet d'autoriser la vente, au profit de l'Etat, des copies de tableaux exécutées dans les musées, nationaux et abandonnées par leurs auteurs (1913), le projet de loi tendant à rattacher aux beaux-arts le Musée Guimet (1913), l'étude sur l'organisation économique du pays pendant et après la guerre (1918). Il prit part en outre aux discussions, sur l'approbation de conventions entre la France et la Suisse pour la construction de voies ferrées donnant accès au Simplon (1909).

Nommé Ministre du Commerce et de l'Industrie dans le Cabinet Joseph Caillaux du 27 juin 1911, il donna sa démission de Secrétaire du Sénat et se fit entendre dans la discussion du projet de loi sur le régime des ports de commerce (1911). Mais il abandonna son portefeuille le 11 janvier 1912, à la chute du Ministère, non sans avoir expédié les affaires courantes jusqu'au 14 janvier, date de la formation du premier Cabinet Raymond Poincaré. Revenu à son banc de sénateur, on l'entendit parler : de la loi de finances de l'exercice 1912 (1912), des budgets des beaux-arts et des postes et télégraphes de l'exercice 1913 (1913), des nominations et révocations des instituteurs et institutrices titulaires (1914).

Le 13 juin 1914, René Viviani lui confia le portefeuille du travail et de la prévoyance sociale dans son premier Ministère. En cette qualité, il soutint la discussion du budget de son département ministériel. Mais ce Cabinet fut dissous par Viviani lui-même le 26 août suivant, en raison de la guerre franco-allemande, et Maurice Couyba reprit sa place à son banc de député. On l'entendit parler de l'institution des pupilles de la Nation (1916) et des crédits provisoires applicables au premier trimestre de 1917 (1917). Elu, en 1918, membre de la Commission chargée de procéder à une enquête économique sur les moyens d'accroître et de coordonner les forces de production des colonies françaises, il fut en outre membre de la Commission chargée d'étudier les questions intéressant spécialement les départements libérés de l'invasion (1918), de celle d'Alsace - Lorraine (1918), de celle de trafic des billets de théâtre (1918) et de celle de codification des lois ouvrières (1918). Il se fit encore entendre dans la discussion : de la proposition de loi créant des chambres d'agriculture (1918), de l'interpellation sur la politique financière du Gouvernement (1919) et de la proposition de loi modifiant les lois organiques sur l'élection des députés (1919). Cette même année, il entra à la Commission de la journée de huit heures, à celle de l'élection des députés, et à celle d'examen des traités de paix.

Il subit un échec au renouvellement du 11 janvier 1920 et à celui du 9 janvier 1927 et se désintéressa désormais de la politique. Mais d'autres fonctions l'occupaient : il était directeur de l'Ecole nationale des arts décoratifs ; président d'honneur de la Société des auteurs et compositeurs de musique ; président de « l'Art à l'Ecole », de la Société d'encouragement au bien, de la Société de la poésie.

Ecrivain, il publiait des ouvrages tels que : Classiques et Modernes, Arts et Démocratie, L'art et l'Ecole, Le Parlement français, Le Droit de l'Enfant, Le Théâtre social, Les Beaux-arts et la Nation...

Il avait été au temps de ses succès politiques, membre du Comité exécutif, et, plus tard, vice-président du parti républicain radical et radical-socialiste. Il mourut à Paris, le 18 novembre 1931, à l'âge de 65 ans.

Il avait pensé à la mort, et l'avait évoquée dans une de ses chansons :
Tu t'en iras les pieds devant
Ainsi que tous ceux de ta race,
Grand homme qu'un souffle terrasse
Ainsi qu'un pauvre fou qui passe
Et sous la lune va rêvant
De beauté, de gloire éternelle,
De ciel cherché dans les prunelles
Au rythme pur des villanelles,
Tu t'en iras les pieds devant !

Tu t'en iras les pieds devant
O toi qui mens quand tu te signes,
Maîtresse qui lira ces lignes
En buvant le vin de mes vignes
A la santé d'un autre amant !
Riche ou pauvre, être dont la grâce
Sourit comme un masque grimace,
Voici la « Camarde » qui passe !
Tu t'en iras les pieds devant !