Jean-Marie Grenier

1906 - 1964

Informations générales
  • Né le 4 mars 1906 à Verrières-de-joux (Doubs - France)
  • Décédé le 11 octobre 1964 à Remiremont (Vosges - France)

Mandats à l'Assemblée nationale ou à la Chambre des députés

Régime politique
Cinquième République - Assemblée nationale
Législature
Ire législature
Mandat
Du 30 novembre 1958 au 9 octobre 1962
Département
Vosges
Groupe
Union pour la nouvelle République

Mandats au Sénat ou à la Chambre des pairs

Sénateur
du 1er janvier 1946 au 1er janvier 1952

Biographies


Né le 4 mars 1906 à Verrières de Joux (Doubs)

Décédé le 11 octobre 1964 à Remiremont (Vosges)

Conseiller de la République, puis Sénateur des Vosges de 1946 à 1952

Bachelier ès lettres et capacitaire en droit, Jean-Marie Grenier passe brillamment le concours de la Banque de France - il aimait à rappeler qu'il avait été reçu douzième sur huit cents -, puis rejoint la Banque Nationale du Crédit Industriel.

Il fonde ensuite une banque privée, et travaille à Lyon, à Marseille, puis s'établit à Remiremont.

Très engagé dans les organisations bancaires, il est membre du syndicat des banquiers de la région Est et du groupement professionnel des banques de France.

Mobilisé dès que la guerre éclate, il œuvre pour la Résistance, à son retour du front, en facilitant le passage en zone libre de nombreux prisonniers évadés.

Après une brève incarcération par la Gestapo, il entre dans la clandestinité, et siège, à ce titre, au Comité départemental de Libération, et à la municipalité provisoire de Remiremont.

Il accède à la mairie dès les élections d'avril 1945, puis se présente, sous les couleurs du MRP, au scrutin du 8 décembre 1946 au Conseil de la République dans les Vosques.

Il remporte facilement le siège à pourvoir dans le cadre départemental, avec 286 voix sur 780 suffrages exprimés.

Ses affinités politiques le conduisent alors à rejoindre le groupe des Républicains Indépendants, et c'est en tête de la Liste des Républicains Indépendants pour le Rassemblement du Peuple Français qu'il se présente au scrutin du 7 novembre 1946 au Conseil de la République.

Cette liste remporte alors au second tour les deux sièges à pourvoir, lui-même recueillant alors 731 voix sur 1 147 suffrages exprimés.

Dans cette assemblée, il siège à la Commission des finances, et à celle de la comptabilité.

L'essentiel de ses interventions publiques portent sur les problèmes économiques et financiers : budgets de l'économie et de la reconstruction, sociétés coopératives de reconstruction, utilisation des fonds d'emprunt des groupements de sinistrés, nullité des actes de spoliation, dommages de guerre.

La Commission des finances le charge de nombreux rapports sur la fabrication des monnaies, les fonds à mettre à la disposition de l'industrie, la caisse autonome de la reconstruction, la revalorisation de l'allocation aux sinistrés, les dépenses de l'Assemblée nationale et de l'Assemblée de l'Union française.

Lors du renouvellement partiel du Conseil dans les Vosges, le 18 mai 1952, il conduit la Liste d'Union Nationale, qui regroupe les deux sénateurs sortants ; cette liste est battue par celle des Indépendants et Paysans, conduite par Louis Courroy.

Jean-Marie Grenier se consacre alors à sa mairie de Remiremont, où il est reconduit en 1953.

Il retrouve un mandat national, cette fois de député, sous la Ve République.



GRENIER (Jean-Marie)
Né le 4 mars 1906 à Verrières-de-Joux (Doubs)
Décédé le 11 octobre 1964 à Remiremont (Vosges)

Conseiller de la République, puis Sénateur des Vosges de 1946 à 1952
Député des Vosges de 1958 à 1962

(Voir première partie de la biographie dans le Dictionnaire des parlementaires français, (1940-1958) tome 4, p. 243)

Vice-président de l’association des maires vosgiens depuis 1952, maire de Remiremont sans discontinuer de 1945 à 1963, Jean-Marie Grenier est réélu conseiller général du canton éponyme au premier tour, le 20 avril 1958. Après le retour au pouvoir du général de Gaulle, cet ancien conseiller de la République, qui porta l’étiquette MRP en 1946, puis RPF en 1948, choisit de se présenter aux élections législatives des 23 et 30 novembre 1958 dans la 3ème circonscription des Vosges. Elle comprend les zones les plus montagneuses du département, avec Remiremont et Gérardmer comme villes principales. Beaucoup d’ouvriers qui possèdent des terres agricoles et les cultivent eux-mêmes habitent alors dans ce secteur : cette sociologie électorale est favorable aux conservateurs. La circonscription compte cinq cantons, tous tenus par des candidats appartenant à la droite modérée en novembre 1958, et ressemble à celle qui avait élu le PSF Marcel Deschaseaux à l’occasion d’une élection partielle en 1939.
Dix-neuf ans plus tard, Jean-Marie Grenier reçoit l’investiture de l’Union pour la nouvelle république (UNR) et se réclame à la fois du général de Gaulle et de Michel Debré. Le maire de Remiremont en appelle dans sa profession de foi à une « révolution dans la loi ». L’UNR, qui a été créée le 1er octobre 1958 et a pour premier secrétaire général Roger Frey, demande à ses candidats de ne pas prendre d’engagements précis sur la question algérienne auprès des électeurs, afin de ne pas gêner l’homme du 18 juin dans sa tâche de redressement national et d’apaisement. Jean-Marie Grenier respecte sans barguigner ces indications, s’en remettant à l’homme du 18 juin pour que cesse la guerre d’Algérie.
Ses vues en matière économique et financière sont d’essence libérales. Président de l’Association des sinistrés et du groupement financier de reconstruction des Vosges, il se propose de lutter contre le dirigisme en réduisant les attributions de l’Etat, pour laisser « le champ libre aux initiatives privées ». L’ancien conseiller de la République promet également aux agriculteurs la « suppression des barrières économiques » et « le retour au marché libre ». Dans ces zones de la montagne vosgienne, où vit également une paysannerie indépendante, plutôt pauvre et pratiquant l’agriculture extensive et l’élevage, ce discours est assez bien reçu. En matière familiale, après la féminisation du travail occasionnée par les deux conflits mondiaux, Jean-Marie Grenier préconise « le retour de la mère au foyer ».
La campagne électorale met au prise neuf candidats : deux d’entre eux se réclament des modérés de droite, cinq de la gauche, et un des anciens poujadistes. L’avocat Roger Paux, qui a été investi par les Républicains indépendants, est l’adversaire le plus sérieux de Jean-Marie Grenier. L’architecte Henri Gaillemin, candidat « d’Union républicaine rurale, sociale et familiale », bénéficie pour sa part de l’implantation de sa famille dans le canton de Saulxures-sur-Moselotte. Soumis à rude concurrence, Jean-Marie Grenier s’est choisi un suppléant parmi ses administrés de Remiremont en la personne de Marcel Gunslay, chirurgien-dentiste, ce qui ne lui permet pas d’élargir au premier tour son « assise » locale. Dans une circonscription où la liste des Républicains sociaux conduite par Maurice Lemaire avait recueilli 19,4% des voix le 2 janvier 1956, Jean-Marie Grenier arrive cependant en tête du premier tour le 23 novembre 1958 avec 29,7% des voix, mais est devancé dans le canton de Gérardmer par le candidat des Républicains indépendants, Roger Paux. Ce dernier, second à l’issue du premier tour avec 6 620 voix et 17% des suffrages exprimés, choisit de se retirer. Jean-Marie Grenier est élu député le 30 novembre 1958 avec 19 661 voix, soit 51,2% des suffrages exprimés, contre un communiste (11,4%) et un candidat de centre-gauche (37,4%).
A l’Assemblée nationale, Jean-Marie Grenier s’inscrit au groupe de l’Union pour la nouvelle république (UNR). Au sein du Conseil de la République, le maire de Remiremont avait déjà appartenu à des commissions correspondant à ses compétences entre 1946 et 1952, puisque son groupe l’avait choisi pour appartenir à celle des finances. Banquier de profession, il est désigné par les députés gaullistes pour siéger à la Commission des finances, de l’économie générale et du Plan de janvier 1959 à décembre 1961. Jean Marie Grenier, président de la commission des finances au Conseil général des Vosges, appartient également au Palais-Bourbon à la Commission de contrôle de la circulation monétaire à compter du 16 octobre 1959.
Alors que la politique algérienne du gouvernement Debré suscite des divisions au sein de la majorité, Jean-Marie Grenier respecte strictement la discipline de groupe jusqu’en 1962. Il approuve le programme du gouvernement de Michel Debré (16 janvier 1959), la déclaration de politique générale du Premier ministre (15 octobre 1959) et vote le projet de règlement de l’Assemblée nationale, qui rompt avec les pratiques de la IVème République (3 juin 1959). Le projet de loi sur l’enseignement privé recueille son adhésion (23 décembre 1959). Il accorde les pouvoirs spéciaux au gouvernement Debré pour ramener l’ordre en Algérie après la semaine des barricades (2 février 1960) et se prononce pour la levée de l’immunité parlementaire de l’ancien président du Conseil Georges Bidault, compromis avec l’OAS (5 juillet 1962). Contrairement à son collègue vosgien Charles Guthmüller, il approuve le programme de gouvernement du Premier ministre Georges Pompidou (27 avril 1962) et ne vote pas la motion de censure du 4 octobre 1962.
En dehors de ces scrutins d’importance nationale, Jean-Marie Grenier ne se distingue pas par une activité parlementaire particulière entre 1958 et 1962. Il ne prend pas la parole dans l’hémicycle. Comme conseiller de la République, quelques années auparavant, il s’était pourtant vu confier de nombreux rapports, notamment sur les questions de reconstruction. Cette discrétion au Palais Bourbon lui est en partie imposée par la maladie. Il est réélu premier magistrat de Remiremont aux élections municipales de mars 1959.
Renonçant à solliciter le renouvellement de son mandat parlementaire en novembre 1962, Jean-Marie Grenier accepte d’épauler Christian Poncelet, le jeune candidat investi par l’UNR dans la 3ème circonscription des Vosges. Il lui accorde son entier soutien, malgré la présence d’un de ses adjoints à la mairie de Remiremont comme suppléant du candidat des Indépendants Camille Méline. C’est le maire de Fresse-sur-Moselle André Boileau, mutilé de guerre, que l’Ardennais Christian Poncelet s’est choisi comme remplaçant éventuel dans l’hémicycle. Le tandem Poncelet-Boileau l’emporte avec 66,7% des suffrages exprimés au 2ème tour de scrutin dans un duel entre gaullistes et Indépendants.
Très affaibli, Jean-Marie Grenier se défait de tous ses mandats en 1963. Il avait succédé à Edouard Georges à la mairie de Remiremont en avril 1945, et passe le flambeau édilitaire à l’industriel Georges Antuszewicz, ancien du RPF sous la IVème République. Le 12 août 1964, Jean-Marie Grenier est décoré de l’ordre national du Mérite, dont il est le premier titulaire dans le département des Vosges. Deux mois plus tard, l’ancien parlementaire décède à Remiremont à l’âge de 58 ans.