Marcel Barbu

1907 - 1984

Informations générales
  • Né le 17 octobre 1907 à Nanterre ( - France)
  • Décédé le 7 novembre 1984 à Paris (Paris - France)

Mandats à l'Assemblée nationale ou à la Chambre des députés

Régime politique
Gouvernement provisoire de la République française
Législature
Ire Assemblée nationale constituante
Mandat
Du 12 mars 1946 au 10 juin 1946
Département
Drôme

Biographies

Biographie extraite du dictionnaire des parlementaires français de 1940 à 1958 (La documentation française)



Né le 17 octobre 1907 à Nanterre (Seine, aujourd'hui Hauts-de-Seine)

Décédé le 7 novembre 1984 à Paris (7e)

Membre de la première Assemblée nationale Constituante (Drôme)

Marcel Barbu était le fils de François Barbu, employé et d'Alphonsine Maugendre. Ayant perdu ses parents, il est élevé à l'orphelinat d'Elancourt puis au petit séminaire de Versailles. D'abord apprenti, il s'établit comme artisan puis industriel et fabrique, à partir de 1930, des boîtiers de montre qu'il fournit notamment à la société LIP. Marié en 1928, il devient le père de douze enfants. En 1941, Marcel Barbu fonde à Valence la communauté Boismondeau, la première communauté de travail française. Parallèlement, il s'engage dans la Résistance, ce qui lui vaut d'être déporté à Buchenwald. Aussi figure-t-il, à son retour, en seconde position dans la Drôme, sur la liste « indépendante d'action et de réalisations républicaines », derrière Paul Deval qui est élu avec 26 623 suffrages à la première Assemblée nationale Constituante. Paul Deval ayant démissionné, Marcel Barbu siège à sa place à l'Assemblée, de mars à juin 1946.

Au cours de ce bref mandat, Marcel Barbu dépose quatre propositions de lois. Trois sont consacrées à un nouveau type de société dénommé « communautés de travail », en faveur desquelles Marcel Barbu milite depuis longtemps. Il la définit en ces termes : « ce nouveau type de société tient à la fois de la société commerciale et de l'association culturelle... Elle confond les attributions des comités d'entreprise et de l'entreprise elle-même (..). Tous les moyens de production meubles et immeubles devront appartenir à la communauté de travail (..). Les richesses produites par le travail commun devront être réparties entre tous les membres de la communauté (hommes, femmes, enfants) en fonction de leur valeur humaine (..). Les responsables devront être librement élus par les membres majeurs de la « Communauté de travail » ». Ces projets détaillés se doublent de la proposition de création d'un conseil national communautaire et de la possibilité de transformer les anciennes sociétés existantes (entreprises agricoles, industrielles ou commerciales) en communautés de ce type. Il s'agit pour Marcel Barbu, non d'une utopie, mais d'un mode de transformation radical de la société française, dans le droit fil du programme du Conseil national de la Résistance : on vise ainsi à supprimer la lutte des classes ou les conflits d'intérêts qui divisent la société française. Dans le prolongement de ces thèses, le 3 avril 1946, Marcel Barbu dépose enfin une proposition de résolution invitant le gouvernement à réaliser la socialisation de la gestion des entreprises nationalisées.

Marcel Barbu intervient également à trois reprises dans les débats. Il s'inquiète de la lenteur de la reconstruction, qui entrave la reprise de la production et entraîne le chômage dans son département fortement éprouvé par les destructions de la Libération. Il demande instamment au ministre que les mémoires et factures remis par les entreprises artisanales soient réglés rapidement. Les indemnisations, même totales, seraient selon lui illusoires si, entre temps, la dévaluation monétaire en réduisait la valeur réelle.

Le 15 mars 1946, il parle longuement à propos de la discussion de la déclaration des droits figurant en tête de la Constitution. S'affirmant hautement catholique, Marcel Barbu critique cependant les amendements du M.R.P. visant à garantir la liberté du choix de l'école par des subventions aux écoles libres. Selon lui, la véritable éducation chrétienne passe par l'exemple des parents et l'école libre n'est pas forcément le meilleur moyen d'y parvenir, aussi appuie-t-il les propositions communistes en faveur de l'école laïque.

Son indépendance et son non-conformisme apparaissent également dans sa dernière intervention publique, à propos du projet de loi relatif au monopole et à la nationalisation du gaz. Il l'appuie mais souhaite que l'Assemblée aille plus loin en associant les travailleurs à la gestion de l'entreprise.

Marcel Barbu vote pour les grandes réformes de structure décidées par l'Assemblée Constituante (nationalisations, projet de constitution) mais, peu à l'aise dans la vie parlementaire et à l'écart des grands partis, il ne se représente pas aux élections pour la seconde Assemblée nationale Constituante. Il préfère l'action concrète sur le terrain. En 1945-47, il fonde et anime le Rassemblement communautaire français, crée et dirige les journaux Communauté (1946) et La Commune (1955), ainsi que l'Association pour la construction et la gestion immobilière de Sannois, association sans but lucratif visant à construire et à gérer des logements sociaux.