Mohamed Agha-Mir

1904 - 1970

Informations générales
  • Né le 5 avril 1904 à Mecheria (Algérie)
  • Décédé le 24 octobre 1970 à Sidi-bel-abbes (Algérie)

Mandats à l'Assemblée nationale ou à la Chambre des députés

Régime politique
Cinquième République - Assemblée nationale
Législature
Ire législature
Mandat
Du 30 novembre 1958 au 3 juillet 1962
Département
Anciens départements d'Algérie
Groupe
Unité de la République

Biographies

Biographie de la Ve République

AGHA-MIR (Mohamed)
Né le 5 avril 1904 à Méchaia (Algérie)
Décédé le 24 octobre 1970 à Sidi-Bel-Abbès (Algérie)

Député d’Orléansville (Algérie) de 1958 à 1962

Mohamed Agha-Mir naît dans le village de Rezaïna Gheraba, dans la commune mixte de Méchaia, dans le Sud oranais, au début du siècle. Il est, comme ses parents, un Français musulman d’Algérie : s’il jouit de la nationalité française, il ne bénéficie pas de la citoyenneté complète. L’une des voies de la promotion sociale pour cette population est la carrière des armes, c’est celle qu’il embrasse en intégrant le deuxième régiment de spahis algériens, basé dans le département d’Oran. En 1936, il est sous-lieutenant et réside à Sidi-Bel-Abbès. Il prend pour épouse une jeune Française musulmane d’Algérie de treize ans sa cadette devant le cadi, le juge musulman, de la ville. Quatre enfants naissent de cette union. Mohamed Agha-Mir appartient par deux fois au cabinet militaire du gouvernement général d’Algérie : de 1944 à 1948, il exerce des responsabilités auprès du gouverneur Yves Chataigneau à Alger, puis de 1948 à 1951 aux côtés d’Edmond Naegelen. Il achève sa carrière militaire avec le grade de commandant. De nombreux honneurs lui sont rendus pour son engagement sous le drapeau tricolore : officier de la Légion d’honneur, il reçoit la croix de guerre avec palmes, la croix de guerre des Théâtres d’opérations extérieurs (TOE) et la croix du Combattant.

Lorsque les attentats simultanés de la Toussaint 1954 font basculer le pays dans la guerre d’indépendance, et marquent le début des « opérations de maintien de l’ordre » de l’armée française en Algérie, l’on ne sait pas si Mohamed Agha-Mir est encore un militaire en exercice. En 1958, il est à la retraite et réside à Miliana, à l’ouest d’Alger. L’arrivée au pouvoir du général de Gaulle, après les manifestations du printemps de cette année, constitue un tournant majeur dans la situation politique du pays. Pour la première fois depuis plus de deux ans, des élections législatives sont prévues dans les départements algériens, pour la fin du mois de novembre 1958. Cette décision, qui vise à normaliser la situation algérienne, n’est pas sans poser de problème dans un cadre de tensions extrêmes. L’intervention des hommes de l’administration française, conjuguée à celle de l’armée, ne permet pas aux élections de se dérouler selon les règles habituelles. La constitution des listes électorales, la campagne, le scrutin se caractérisent par un fort degré de pression de la part des militaires, qui bien souvent soutiennent les candidats proches des Comités de salut public, créés au printemps 1958.

À l’instar de Mohamed Agha-Mir, de nombreux militaires font à cette occasion leur entrée en politique. L’ordonnance du 16 octobre 1958 relative à l’élection des députés des départements d’Algérie à l’Assemblée nationale introduit, en outre, des changements majeurs dans le scrutin. Le principe du collège unique pour tous les électeurs, musulmans et européens, est instauré. Le mode de scrutin de ces élections est propre aux circonscriptions algériennes : scrutin de liste majoritaire à un tour, il permet d’élire en une fois l’intégralité de la liste arrivée en tête des suffrages. Chaque liste de candidats doit enfin « respecter une certaine proportion entre les citoyens de statut civil de droit commun et les citoyens de statut civil local, afin de permettre une juste représentation des diverses communautés ». Dans la cinquième circonscription d’Algérie, celle d’Orléansville, cette répartition est établie par l’ordonnance à un candidat de statut civil de droit commun et trois candidats de statut civil local ou Français musulmans d’Algérie.

Le commandant en retraite Agha-Mir se présente aux suffrages des habitants du département d’Orléansville en troisième position sur la « Liste d’union nationale pour l’intégration et le renouveau (UNIR) », menée par le bachaga Saïd Boualam, officier de l’armée française, homme clé de l’administration musulmane en Algérie. Dans cette circonscription de l’Algérois, cette liste soutenue par le Comité de salut public ne connaît pas de concurrents. Elle présente ses candidats, dans sa profession de foi, comme des « hommes nouveaux » en politique. Elle revendique le soutien des mouvements d’anciens combattants de la ville et des Comités de salut public de l’Algérois ; elle inscrit sa candidature dans la perspective de « la défense de la civilisation occidentale », de « l’Eurafrique, gage d’une Europe forte », enfin d’une Algérie qui doit rester française. Les candidats se prononcent résolument en faveur de l’intégration pleine des départements algériens à la France, sans distinctions administratives, politiques ou économiques. Ils appellent enfin au renouveau en ce pays, « par la restauration de l’autorité de l’Etat » et « la renaissance du sens civique des Français ». La profession de foi conclut : « Voter UNIR, c’est bâtir l’Algérie de l’avenir ! »

La liste du bachaga Boualam et de Mohamed Agha-Mir est élue le 30 novembre 1958, avec 92 % des suffrages exprimés. Elle emporte les quatre sièges de députés au Palais-Bourbon. Le représentant de la cinquième circonscription algérienne s’inscrit au groupe de la Formation administrative des élus d’Algérie et du Sahara (EAS), qui prend à partir du mois de juillet 1959 le nom de groupe de l’Unité de la république (UR). Il cesse d’appartenir à ce groupe au mois d’octobre 1959 et s’inscrit brièvement au groupe de l’Union pour la nouvelle République (UNR). Il rejoint très vite le groupe des députés de l’Algérie et du Sahara. En 1961, il quitte cette formation et se déclare indépendant. Le commandant algérien est nommé membre de la Commission de la défense nationale et des forces armées, qu’il quitte à deux reprises.

L’activité parlementaire du député de l’Algérois est infime : il n’intervient pas à la tribune pendant les quatre années de son mandat. Ses votes témoignent de la rapide déception que lui inspire le pouvoir gaulliste. S’il se prononce en faveur du programme du gouvernement Debré après la déclaration de politique générale du 16 janvier 1959, il ne prend pas part au vote sur la même question le 15 octobre 1959, ni sur le projet de loi concernant l’enseignement privé (23 décembre 1959). Le 2 février 1960, il ne prend pas non plus part au vote sur les pouvoirs spéciaux du gouvernement. Le 27 avril 1962 enfin, il est absent et ne s’exprime pas sur le programme du gouvernement Pompidou. Le 3 juillet 1962, le mandat de député français de Mohamed Agha-Mir prend fin, avec l’indépendance de l’Algérie. En ce jour, l’ordonnance relative au mandat des députés et sénateurs élus dans les départements algériens et sahariens y met un terme. Il passe les dernières années de sa vie à Sidi-Bel-Abbès ; l’ensemble de sa famille réside alors en Algérie, l’un de ses fils devient fonctionnaire de la nouvelle République indépendante. Lui-même, en 1965, demande la reconnaissance de sa nationalité française, qui lui est accordée l’année suivante par le juge d’instance de Montpellier.

Il s’éteint le 24 octobre 1970 sur le sol algérien.