Jacques Malleville

1929 - 1987

Informations générales
  • Né le 27 juillet 1929 à Bordeaux (Gironde - France)
  • Décédé le 7 mars 1987 à Paris (Paris - France)

Mandats à l'Assemblée nationale ou à la Chambre des députés

Régime politique
Cinquième République - Assemblée nationale
Législature
Ire législature
Mandat
Du 30 novembre 1958 au 9 octobre 1962
Département
Seine
Groupe
Union pour la nouvelle République
Régime politique
Cinquième République - Assemblée nationale
Législature
IIe législature
Mandat
Du 25 novembre 1962 au 2 avril 1967
Département
Paris
Groupe
Union pour la nouvelle République-UDT

Biographies

Biographie de la Ve République

MALLEVILLE (Jacques, André, Pierre)
Né le 27 juillet 1929 à Bordeaux (Gironde)
Décédé le 7 mars 1987 à Paris-10ème

Député de la Seine de 1958 à 1967

Jacques Malleville naît à Bordeaux, où son père est directeur commercial, à la fin des années 1920. Il suit les cours du lycée Michel-de-Montaigne puis de la Faculté de droit de Bordeaux, avant de gagner Paris. Il achève ses études avec le diplôme de l’Institut d’études politiques de Paris, un diplôme d’études supérieures (DES) de science politique et un doctorat de droit. Jacques Malleville commence sa carrière administrative comme secrétaire d’administration au ministère des Finances, en 1949. Il milite à cette époque au Rassemblement du peuple français (RPF), qu’a fondé le général de Gaulle en avril 1947. Quand ce mouvement est progressivement mis en sommeil en 1953-1955, il rejoint le Centre national des Républicains sociaux, que dirigent Jacques Chaban-Delmas et Roger Frey. En mars 1955, Jacques Malleville entre au cabinet de Gaston Palewski, ministre délégué auprès du président du Conseil Edgar Faure. L’ancien directeur de cabinet du général de Gaulle est chargé des questions nucléaires au sein du Gouvernement. Jacques Malleville travaille d’abord auprès de lui à titre officieux, comme chef du secrétariat particulier, puis comme chargé de mission, à titre officiel. Dans l’entourage de Gaston Palewski, il fréquente notamment le futur député Roland Carter ou des hauts fonctionnaires comme Jean-Marc Boegner, diplomate, et Jean-François Henry, maître des requêtes au Conseil d’Etat. Le 6 octobre 1955, les ministres républicains sociaux –à l’exception du général Corniglion-Molinier- remettent leur démission à Edgar Faure pour protester contre sa gestion du dossier marocain. Jacques Malleville intègre alors les services de la Grande chancellerie de la Légion d’honneur en qualité d’attaché. Quand Jacques Chaban-Delmas est chargé par le président du conseil Félix Gaillard du portefeuille de la Défense nationale et des forces armées, à l’automne 1957, l’ancien collaborateur de Gaston Palewski retrouve le chemin des cabinets ministériels. Chargé de mission auprès du seul ministre gaulliste du gouvernement Gaillard, il vit de près les événements du printemps 1958. Après le retour au pouvoir du général de Gaulle, il devient attaché puis chef-adjoint du cabinet d’Edmond Michelet, ministre des Anciens combattants et victimes de guerre.
Le jeune collaborateur ministériel souhaite néanmoins envisager la politique autrement que depuis les coulisses du pouvoir exécutif. Il obtient l’investiture de l’UNR pour se présenter aux législatives des 23 et 30 novembre 1958 dans la dixième circonscription de la Seine, qui comprend une partie du 11ème arrondissement de Paris. Il y a notamment pour adversaires trois députés sortants : le communiste Florimond Bonte, ancien rédacteur en chef de L’Humanité, le journaliste Louis Gautier-Chaumet, membre du Rassemblement des gauches républicaines (RGR) et Francine Lefebvre, élue du Mouvement républicain populaire (MRP). Jacques Malleville se refuse à présenter un « programme » ou une « plateforme » dans sa profession de foi électorale et rejette les « promesses usées » comme les « slogans affaiblis ». Il souhaite pour sa part « installer le nouveau régime qu’a voulu le peuple de France » en allant « au Parlement faire honnêtement son travail, c’est-à-dire des lois et si possible de(..) bonnes lois ». Il évoque le « destin français » de l’Algérie mais ne formule pas de projet plus précis à cet égard. Ancien collaborateur ministériel, il présente cette expérience comme un gage de compétence et précise également qu’il est « marié à une Parisienne du XIème » arrondissement. C’est Florimond Bonte qui arrive en tête du premier tour le 23 novembre 1958 avec 29,3% des suffrages exprimés, devant Jacques Malleville (18,5%) et le candidat des Indépendants François Peretti (17,2%). Une semaine plus tard, la triangulaire qui met aux prises le radical-socialiste François Delmas (8,1% au premier tour), le communiste Florimond Bonte et le gaulliste Jacques Malleville profite à ce dernier, qui est facilement élu député de la Seine (62,3%).
Il s’inscrit au groupe de l’Union pour la nouvelle République (UNR) et siège à la Commission de la Défense nationale et des forces armées sous la première législature de la Vème République. Jacques Maleville fait partie des plus jeunes élus en novembre 1958 : seuls 6 des nouveaux députés ont en effet moins de 30 ans à cette date. Il est nommé secrétaire d’âge de la Chambre basse en octobre 1959, puis en octobre 1960. Il prend la parole à trois reprises dans l’hémicycle. Le 22 novembre 1959, il attire l’attention du Gouvernement sur le projet de construction d’un lycée sur l’emplacement de la prison de la Petite-Roquette, dans le 11ème arrondissement de Paris. Observant que « les crédits prévus en autorisation de programme » pour cette opération le sont également en crédits de paiement, il rappelle « qu’ils devront être dépensés avant le 31 décembre 1960 », alors même que la destruction de la prison elle-même n’a pas encore commencée. Il défend donc avec son collègue André Fanton, également élu du 11ème arrondissement, un amendement au projet de loi de finances pour 1960, afin de réduire la ligne de crédit en question de trois millions de francs. Après une intervention défavorable du Premier ministre Michel Debré, cet amendement est rejeté. Un an plus tard, Jacques Malleville intervient au Palais-Bourbon en qualité de rapporteur pour avis du budget des essences et des poudres. Il salue les efforts de réorganisation administrative engagés au service des essences (séance publique du 7 novembre 1960).
Jacques Malleville soutient avec constance l’exécutif entre 1958 et 1962. Il approuve le programme du gouvernement de Michel Debré (16 janvier 1959) comme la déclaration de politique générale du même Premier ministre, quelques mois plus tard (15 octobre 1959). Il soutient la loi réformant le financement de l’enseignement privé (23 décembre 1959), accorde les pouvoirs spéciaux au Gouvernement pour rétablir l’ordre en Algérie après la semaine des barricades (2 février 1960) et consent à la levée de l’immunité parlementaire du député de la Loire et ancien président du Conseil Georges Bidault (5 juillet 1962). Il ne s’associe pas à la motion de censure qui renverse le Gouvernement de Georges Pompidou le 4 octobre 1962.
Il retrouve Florimond Bonte au premier tour des élections législatives de novembre 1962. Au référendum du 28 octobre précédent, seuls 53,5% des électeurs de la dixième circonscription de la Seine ont approuvé l’élection du chef de l’Etat au suffrage universel, contre 61,8% en moyenne dans l’ensemble de la métropole. Les quartiers de la Roquette et de Sainte-Marguerite, dont Jacques Malleville est l’élu, sont considérés comme plutôt « de gauche » par les experts de la carte politique parisienne. Investi par l’UNR, le député sortant y devance cependant ses adversaires, le 18 novembre 1962. La concurrence offerte par le conseiller municipal Paul Pernin, ancien UNR passé au CNIP pour cause de désaccord avec la politique algérienne de De Gaulle, n’empêche pas en effet Jacques Malleville de rassembler 38,3% des suffrages exprimés. Le candidat gaulliste mène ensuite une campagne très anticommuniste pour l’emporter lors du scrutin décisif sur Florimond Bonte. Celui qui se propose de « débarrasser » le quartier de La Roquette-Sainte-Margueritte « du cancer communiste » est en effet réélu le 25 novembre 1962 grâce au soutien de 52,6% des électeurs.
Membre du groupe de l’UNR-UDT et de la Commission de la production et des échanges, Jacques Malleville est secrétaire d’âge de l’Assemblée nationale en 1962-1963, puis de 1965 à 1967. Il est en outre élu représentant titulaire de la France à l’Assemblée consultative du Conseil de l’Europe, le 20 décembre 1962. Deux ans après cette désignation, le député de la Seine participe à la discussion de la loi de finances rectificative pour 1964 : il interroge à cette occasion le garde des Sceaux Jean Foyer sur l’affectation des terrains de la prison de femmes de la Petite-Roquette, dans le 11ème arrondissement de Paris. Le ministre de la Justice confirme que l’administration pénitentiaire n’entend pas conserver ces terrains et qu’elle souhaite au contraire les affecter à la construction de logements sociaux et d’un établissement d’enseignement du second degré (séance du 8 décembre 1964). Le 1er décembre 1966, Jacques Malleville fait à nouveau entendre sa voix au Palais-Bourbon. Ayant déposé avec d’autres députés des sous-amendements au projet de loi de finances rectificative pour 1966, il les retire toutefois après avoir constaté que le gaulliste Michel de Grailly, élu du XIVème arrondissement de Paris, a déjà préparé des amendements similaires. Il s’agit en particulier de réglementer les conditions d’installation des commerçants dans l’enceinte d’un marché d’intérêt national.
Le député parisien respecte la discipline de vote du groupe gaulliste au Palais-Bourbon entre 1962 et 1967. Il approuve le traité de l’Elysée qui consacre la réconciliation franco-allemande (juin 1963) comme l’encadrement de l’exercice du droit de grève dans les services publics (juillet 1963), la réforme du mode d’élection des conseillers municipaux (juin 1964) ou celle du service national (mai 1965).
Le redécoupage administratif et électoral du mitan des années 60 n’a pas eu de conséquences pour la circonscription dont Jacques Malleville est l’élu depuis 1958 : la dixième circonscription de la Seine devient seulement la dixième circonscription de Paris. Le sortant s’y est choisi un nouveau suppléant à l’approche des élections législatives de mars 1967. Il est désormais secondé par Gaston Alif, concessionnaire automobile et membre du Comité de direction de l’Union privée pour l’aide à l’action nationale du général de Gaulle (UPANG) sous la IVème République. Fondée en 1949, cette association avait alors pour objectif de récolter des fonds destinés à servir l’action du général de Gaulle ; elle finança officieusement le RPF jusqu’au milieu des années 1950. Au tandem Malleville-Alif, le Parti communiste oppose un nouveau candidat, Jacques Chambaz. Ce dernier réalise un résultat décevant au premier tour avec 31,7% des suffrages exprimés, soit 1,8% de moins que Florimond Bonte le 18 novembre 1962. Le total des voix de gauche est même en léger recul, de 50,02% en 1962 à 49,7%. La « performance » de Jacques Malleville reste en revanche comparable à celle de 1962 : 38,9% contre 38,3% quatre ans et demi plus tôt. Au second tour, c’est pourtant le communiste Jacques Chambaz qui est élu député de Paris à une courte majorité (51,3%). Le mauvais report des électeurs du centriste Philippe Mabille, dont une partie s’est réfugiée dans l’abstention (-3,6% de participation entre les deux tours) explique cette défaite de Jacques Malleville.
L’ancien parlementaire, qui n’a jamais détenu de mandat local, semble avoir quitté la vie publique après cet échec. Il n’est pas candidat dans dixième circonscription de Paris en juin 1968. Jacques Malleville travaille auprès de la Grande Chancellerie de la Légion d’honneur, dont il dirige les services d’administration générale à partir de 1968. Il décède subitement en mars 1987, à l’âge de 57 ans. Il était officier de l’ordre national du Mérite.