Jean-Paul Palewski

1898 - 1976

Informations générales
  • Né le 19 juillet 1898 à Paris (Seine - France)
  • Décédé le 10 décembre 1976 à Paris (Paris - France)

Mandats à l'Assemblée nationale ou à la Chambre des députés

Régime politique
Gouvernement provisoire de la République française
Législature
Ire Assemblée nationale constituante
Mandat
Du 21 octobre 1945 au 10 juin 1946
Département
Seine-et-Oise
Groupe
Mouvement républicain populaire
Régime politique
Gouvernement provisoire de la République française
Législature
2e Assemblée nationale constituante
Mandat
Du 2 juin 1946 au 27 novembre 1946
Département
Seine-et-Oise
Groupe
Mouvement républicain populaire
Régime politique
Quatrième République - Assemblée nationale
Législature
Ire législature
Mandat
Du 10 novembre 1946 au 4 juillet 1951
Département
Seine-et-Oise
Groupe
Mouvement républicain populaire
Régime politique
Quatrième République - Assemblée nationale
Législature
IIe législature
Mandat
Du 17 juin 1951 au 1er décembre 1955
Département
Seine-et-Oise
Groupe
Rassemblement du peuple français
Régime politique
Cinquième République - Assemblée nationale
Législature
Ire législature
Mandat
Du 30 novembre 1958 au 9 octobre 1962
Département
Seine-et-Oise
Groupe
Union pour la nouvelle République
Régime politique
Cinquième République - Assemblée nationale
Législature
IIe législature
Mandat
Du 25 novembre 1962 au 2 avril 1967
Département
Yvelines
Groupe
Union pour la nouvelle République-UDT
Régime politique
Cinquième République - Assemblée nationale
Législature
IIIe législature
Mandat
Du 12 mars 1967 au 30 mai 1968
Département
Yvelines
Groupe
Union démocratique pour la V° République
Régime politique
Cinquième République - Assemblée nationale
Législature
IVe législature
Mandat
Du 30 juin 1968 au 1er avril 1973
Département
Yvelines
Groupe
Union des démocrates pour la République
Régime politique
Cinquième République - Assemblée nationale
Législature
Ve législature
Mandat
Du 2 avril 1973 au 10 décembre 1976
Département
Yvelines
Groupe
Union des démocrates pour la République

Biographies

PALEWSKI (Jean-Paul, Albert)
Né le 19 juillet 1898 à Paris (5ème)
Décédé le 10 décembre 1976 à Paris

Membre de la première et de seconde Assemblée nationale constituante (Seine-et-Oise)
Député de la Seine-et-Oise de 1946 à 1955

Jean-Paul Palewski est le fils d’un immigré polonais, brillant étudiant à l’école centrale devenu ingénieur des arts et manufactures dans l’industrie aéronautique. Sa mère, fort impliquée dans diverses œuvres de charité, reçut à ce titre plusieurs décorations d’assistance sociale et la Médaille de la reconnaissance française, pour son dévouement à la cause nationale durant la première guerre mondiale. Frère aîné de Gaston Palewski, Jean-Paul Palewski étudie au collège Sainte-Barbe, puis au lycée Rollin à Paris. Reçu à l’Ecole spéciale militaire de Saint-Cyr en 1916, il s’engage comme volontaire dans l’infanterie. Il quitte son école en 1917 et rejoint à Verdun le 70ème RI. Par la suite, il est détaché auprès du 2ème régiment de chasseurs de l’armée polonaise constitué en France, régiment qu’il accompagne jusqu’en Pologne. Il est promu lieutenant, puis capitaine à titre temporaire. Il reçoit la Légion d’honneur, la Croix de guerre des territoires d’opérations extérieures avec trois citations, la Médaille de l’indépendance polonaise et la Croix de guerre polonaise.
En 1919, une fois rentré en France, il quitte l’armée et commence des études en droit à la Sorbonne qui le conduisent au doctorat. Epris d’histoire des idées politiques et de sociologie, il choisit comme sujet de thèse « Le rôle du chef d’entreprise dans la grande industrie ». Cette préoccupation, déjà perceptible chez le jeune étudiant, sera récurrente chez l’avocat comme chez l’homme politique. Il publiera, du reste, une Histoire des chefs d’entreprise chez Gallimard en 1928. Il étudie également à l’Institut des hautes études internationales puis, à partir de 1923, à l’Académie de droit international de La Haye. Il effectue, à cette époque, une rencontre décisive pour sa vie spirituelle et intellectuelle, celle de l’abbé et académicien Henri Brémond, auteur d’une monumentale Histoire littéraire du sentiment religieux en France. Ce dernier le convainc de quitter la religion juive pour se rallier au catholicisme. Cette conversion a marqué durablement le parcours de Palewski, ce dont l’œuvre littéraire et historique témoigne largement : Ce qu’il faut savoir de l’âme polonaise (1929), Vies polonaises (1932) ou Pensées d’un otage (1945).
Il s’inscrit au barreau de Paris en 1923 et se spécialise dans les questions financières, internationales et de propriété industrielle. Il est également avocat de la Chambre de commerce internationale, du Trésor public et de l’ambassade de Pologne durant l’entre-deux-guerres. Il épouse en 1931 la sœur de Christian Fouchet, dont il a six enfants.
Durant les années Trente, il milite dans les rangs du Centre de propagande des républicains nationaux (CPRN) aux côtés de Jacques Legendre. Il remplit également les fonctions de conseiller juridique de la Fédération des périodiques républicains nationaux, une organisation satellite du CPRN dirigé par Henri de Kerillis. Jean-Paul Palewski peut être rattaché à la « galaxie Reynaud », par ses liens avec ce dernier et le rôle qu’il joue auprès du futur président du Conseil.
Mobilisé en août 1939, Jean-Paul Palewski rejoint le 117ème RI et combat à Forbach avant d’être détaché auprès de la 2ème division polonaise de France. Il lutte alors sur le plateau de Mache, dans le Jura. Il est fait prisonnier, avant d’être interné en Suisse. Libéré en 1941, il entre en résistance. Arrêté en avril 1944, il est interné politique d’abord aux camps des Tourelles puis du Mont-Dore, d’où il s’évade pour rejoindre le maquis de Saint-Genest, dans le Cantal. Revenu clandestinement à Paris en juin 1944, il rallie les FFI. Il a été blessé lors des combats de la libération de Paris. Son engagement résistant lui vaut le grade d’officier de la Légion d’honneur ; il termine sa vie commandeur. Il a également reçu la Croix de guerre 1939-1945 avec trois citations et la Médaille de la Résistance.
La carrière politique de Jean-Paul Palewski ne commence pas à proprement parler à la Libération. Cependant, des jalons sont posés dans ces années-là. Elu, pour la première fois (1935), conseiller municipal de Louveciennes (Seine-et-Oise), il en est maire entre 1944 et 1947.
Lors des élections à la première Assemblée nationale constituante, le 21 octobre 1945, il conduit la liste MRP dans la Seine-et-Oise. Avec 100 142 des 359 798 suffrages exprimés, sa liste arrive en seconde position, derrière celle du Parti communiste, et recueille 27,8% des voix. Elle obtient trois des huit sièges à pourvoir, autant que les communistes, les deux derniers incombant à la liste SFIO. Jean-Paul Palewski est élu député.
Il est alors nommé juré à la Haute Cour de justice et membre de la commission des affaires économiques, des douanes et des conventions commerciales. Il s’impose d’emblée comme un parlementaire très actif. Ainsi rend-il un certain nombre d’avis au nom de sa commission sur l’établissement d’une convention entre le gouvernement français et l’Import-Export Bank ou à propos de la création du FMI et de la BIRD, le 22 décembre 1945. Il dépose une proposition de loi tendant à dissoudre les comités d’organisation. Il intervient également au sujet de la composition et la compétence du Conseil économique ou sur la nationalisation de certaines sociétés d’assurances. Il vote en faveur des nationalisations mais contre le premier projet de Constitution.
Il dirige à nouveau la liste MRP aux élections du 2 juin 1946. Avec 28,6 % des voix, soit 104 335 des 364 617 suffrages exprimés, Palewski est réélu député mais sa liste, arrivée en deuxième position, perd un de ses trois sièges.
Il retrouve la commission des affaires économiques, des douanes et des conventions collectives et rejoint celle de la justice et de la législation générale. La teneur de ses interventions et de ses dépôts est encore à dominante économique. Au nom de sa commission, il rend un avis favorable aux accords entre la France et les Etats-Unis sur le règlement du prêt-bail (30 juillet 1946). Il vote en faveur du second projet constitutionnel le 28 septembre 1946.
Il prend la tête de la liste républicaine populaire dans la deuxième circonscription de la Seine-et-Oise, lors des élections de novembre 1946. Alors que le Parti communiste progresse sensiblement, passant de 32,3 % à 34,8 % des voix et de trois à quatre sièges, le MRP ne recueille que 83 715 des 358 267 suffrages exprimés, soit 23,3 % des voix. Il conserve néanmoins ses deux élus sur les neuf sièges à pourvoir.
Palewski est donc réélu sous les couleurs du MRP, mais sa trajectoire politique se sépare rapidement de celle des démocrates chrétiens. La fondation et les succès électoraux subséquents du RPF, en avril 1947, ne sont pas sans effets sur la cohésion des républicains populaires. C’est le cas notamment chez ceux qui, à droite, voyaient en 1945 essentiellement un havre dans le MRP Jean-Paul Palewski, dont la proximité du frère avec le général de Gaulle est ancienne et notoire. À l’heure où se pose la question d’un intergroupe MRP-RPF en faveur duquel il milite, une crise éclate au sein du MRP autour du vote de la confiance au gouvernement Ramadier remanié, lors de la séance du 30 octobre 1947. Alors que les républicains populaires avaient décidé de le soutenir, Palewski, avec onze autres parlementaires, s’abstient. Il est convoqué avec Michelet et Terrenoire devant la commission de discipline du parti dont il refuse l’avertissement. Il est alors exclu du MRP et s’inscrit au groupe de l’Union démocratique des indépendants.
S’agissant de son activité strictement parlementaire, Palewski est nommé entre-temps à la commission des affaires économiques dont il devient vice-président (1946). Il est membre, également, de la commission chargée d’enquêter sur les événements survenus en France de 1933 à 1945. Il siège aussi au sein des commissions de la réforme administrative, des finances (1947), des immunités parlementaires de la justice, et de la législation (1949). Il est également désigné à diverses sous-commissions. Il est membre de la commission de la justice et de la législation, de 1949 à 1951. Il est enfin nommé juré à la Haute cour de Justice.
Son activité demeure aussi assidue que diversifiée. Il dépose près d’une centaine d’avis (7), de rapports (24), de propositions de loi (38) ou de résolution (21) et prend tout aussi régulièrement la parole. Ses interventions s’orientent avant tout vers les questions économiques et fiscales. Il rend l’avis de la commission des affaires économiques au sujet du budget de reconstruction (4 mars 1947), de la lutte contre l’inflation (27 janvier 1948), des échanges commerciaux avec les autres pays européens. Nommé vice-président du Conseil supérieur de la propriété industrielle, il manifeste son intérêt pour les brevets d’invention, notamment militaires. En outre, il dépose de nombreuses propositions relatives à la rationalisation des services publics. Il suggère ainsi la réforme des méthodes de travail de diverses administrations, le 16 juin 1948, la création d’un ministère des affaires économiques ou encore la réforme de l’administration économique, le 21 juin suivant. Palewski dépose enfin diverses propositions de résolution pour défendre le patrimoine de son département, notamment le château de Versailles et son parc.
Ses interventions, nourries d’un certain lyrisme, sont pour la plupart liées à son activité parlementaire. Il participe en outre aux discussions budgétaires et interpelle régulièrement les gouvernements successifs sur leur politique économique. S’il ne s’oppose guère aux nationalisations et soutient même le nouveau projet de loi instituant Air France (29 juin 1948), il fustige volontiers le caractère trop souvent rigide de leur mise en œuvre (12 juin 1948). Il intervient enfin sur la titularisation de divers personnels intérimaires ou l’octroi d’aides financières aux jeunes.
Il soutient la plupart des gouvernements successifs, vote la confiance au gouvernement Ramadier - c’est-à-dire entérine le départ des ministres communistes - (4 mai 1947), se prononce en faveur du statut de l’Algérie (27 août 1947), approuve le plan Marshall (7 juillet 1948) ou le pacte atlantique (26 juillet 1949). Il s’abstient lors du remaniement du cabinet Ramadier (30 octobre 1947), sur le projet de loi relatif aux conventions collectives (4 janvier 1950) et vote contre la loi sur les apparentements (7 mai 1951).
Après avoir adhéré au RPF, Palewski en conduit la liste aux élections de juin 1951. Il est remplacé par Gilbert Cartier à la tête de la liste MRP. Secondé par le maire de Versailles, André Mignot, Palewski gagne son pari puisque, avec 102 577 des 363 970 suffrages exprimés, soit 28,2 % des voix, sa liste remporte deux des neuf sièges en jeu, laissant le MRP en cinquième position qui, avec 7,9 % des voix, ne sauve qu’un siège.
Il est élu vice-président de la commission des finances et reste à ce poste de 1951 à 1955. Il siège comme membre de la commission de la justice et de la législation (1953-1955) et de diverses sous-commissions, dont celle des Etats associés d’Indochine en 1955. Il est membre du comité directeur du FIDES à partir de 1951 et rapporteur du budget de la défense de 1953 à 1955.
Son intense activité parlementaire ne fléchit pas. Il dépose vingt-quatre propositions de loi et seize propositions de résolution relatives aux pensions civiles, aux retraites, à divers statuts professionnels. Il est l’auteur de vingt-cinq rapports. Il propose la création d’un Conseil de coopération douanière au sein de l’Union française, lors de la séance du 24 mars 1953. Au nom de la commission de la justice et de la législation, il rend enfin un avis peu favorable au traité instituant la CED, le 20 juillet 1954.
Ses nombreuses interventions restent d’une teneur essentiellement économique, sociale, budgétaire et relèvent, pour la plupart, d’aspects extrêmement techniques. Il continue de plaider en faveur de la création d’un ministère autonome des affaires économiques et d’un budget quinquennal plutôt qu’annuel (séance du 7 juillet 1953). Ses interventions en matière militaire portent sur les questions de soldes ou sur le rétablissement de l’École spéciale militaire de Saint-Cyr dans la ville éponyme (séance du 19 mars 1954). Il continue en outre de défendre les intérêts culturels de son département.
Palewski intervient également sur des questions plus politiques, notamment sur le conflit indochinois dont il juge sévèrement la gestion française. Ainsi, le 8 avril 1954, interpelle-t-il le gouvernement sur la situation en Indochine. De même s’interroge-t-il sur la situation au Vietnam, le 18 décembre 1954. Inquiet du triomphe du Vietminh, il plaide pour le maintien de la présence française dans le Sud-Est asiatique. Le 23 novembre 1955, il critique l’immobilisme de la politique française au Vietnam et s’ouvre publiquement de ses inquiétudes sur la situation française en Afrique du Nord où il dénonce le manque de coordination et de moyens militaires.
Il se fait également le pourfendeur de la CED lors de la discussion du projet à l’Assemblée nationale, le 28 août 1954. Il met notamment en garde le gouvernement contre les conséquences juridiques du traité de Paris pour la France, étaye sa démonstration par le refus de la Belgique de les accepter et dénonce les risques d’affaiblissement de la souveraineté nationale.
Après s’être abstenu lors des investitures d’Edgar Faure et d’Antoine Pinay, Palewski accorde sa confiance à Laniel, mais la lui refuse le 12 juin 1954, à Mendès France et à Faure (dont il se désolidarise le 29 novembre 1955). Il approuve la loi Marie-Barangé, s’oppose à la CECA, au cessez-le-feu en Indochine et à la CED. Il vote la ratification des accords de Genève, de Londres et de Paris. Il se prononce enfin en faveur de l’instauration de la loi sur l’état d’urgence en Algérie, le 31 mars 1955.
Candidat à sa propre succession aux élections législatives du 2 janvier 1956, Jean-Paul Palewski conduit la liste des républicains sociaux mais subit un échec cuisant. Avec seulement 18 510 des 448 365 suffrages exprimés, il ne recueille que 4,1 % des voix et ne retrouve pas son siège de député.
Il est alors nommé juge à la Haute cour de justice et reprend son cabinet d’avocat. Il rejoint également en qualité de conseiller technique le Comité d’aménagement de la région parisienne. Il reste politiquement dans le sillage du général du Gaulle et opère son retour politique à l’occasion des élections législatives des 23 et 30 novembre 1958 sous les couleurs de l’U.N.R. dans la 3ème circonscription (Saint-Germain, Rueil) de la Seine-et-Oise. Avec 17 321 des 59 419 suffrages exprimés, soit 29,15 % des voix, il arrive en tête au premier tour et l’emporte au second avec 37 094 des 59 419 suffrages exprimés, soit 64,7 % des voix.
Palewski retrouve ainsi son siège de député. Il est réélu jusqu’en 1973, dans la 2ème circonscription de la Seine-et-Oise (Chatou, Saint-Germain), puis des Yvelines. Inscrit au groupe UNR puis UD-Vème République, il préside de 1962 à 1967 la commission des finances, de l’économie générale et du plan. Il entre, le 19 mars 1961, au comité central de l’UNR, puis de l’UDR (1967-1971) dont il rejoint le bureau politique en 1970.
Il préside de 1958 à 1963 la délégation parlementaire française auprès de l’OTAN, les groupes d’amitié France-Pologne et France-Amérique latine. Il est vice-président du groupe d’amitié France-Etats-Unis et de l’Association internationale des parlementaires de langue française.
En 1967, il est élu conseiller général du canton de Saint-Germain-en-Laye et porté à la présidence du conseil général des Yvelines
Il a aussi appartenu au conseil supérieur de la propriété industrielle qu’il présida un temps, à la commission nationale des secteurs sauvegardés, au conseil d’administration du Conservatoire national des arts et métiers ou au conseil des Bibliothèques de France.
Parlementaire chevronné et éloquent, gaulliste convaincu et figure importante de la vie politique en Île-de-France, Jean-Paul Palewski, député et président du conseil général des Yvelines, est mort le 10 décembre 1976 à l’hôpital de La Salpetrière.

PALEWSKI (Jean-Paul)
Né le 19 juillet 1898 à Paris-5e.
Décédé le 10 décembre 1976 à Paris-13e.

Député de la Seine-et-Oise puis des Yvelines de 1958 à 1976

Sévèrement battu à la proportionnelle le 2 janvier 1956, Jean-Paul Palewski espère bénéficier du retour au scrutin d’arrondissement pour les élections législatives de novembre 1958. La commune de Louveciennes, où se trouve la Ferme des Deux Portes, propriété familiale des Palewski, se trouve comprise dans la nouvelle deuxième circonscription de la Seine-et-Oise : c’est tout naturellement que l’ancien député RPF choisit de s’y porter candidat sous l’étiquette de l’Union pour la Nouvelle République (UNR). Il revendique dans sa profession de foi le soutien de Jacques Soustelle, Léon Delbecque, Michel Debré et Edmond Michelet, et propose aux électeurs de « barrer la route au communisme » en soutenant « la politique libérale » proposée par de Gaulle en Algérie. Au premier tour, l’ancien résistant rassemble 29,2% des suffrages exprimés, contre 21,7% pour son principal concurrent, le Républicain indépendant Marcel Pourtout, maire de Rueil-Malmaison et Président du Conseil général de la Seine-et-Oise. Le 30 novembre 1958, 37.092 électeurs choisissent d’envoyer Jean-Paul Palewski les représenter au Palais-Bourbon, soit 66,4% des suffrages exprimés –et non 64,7%, comme il est indiqué à tort dans le Dictionnaire des parlementaires de la IVe République-.
Le frère de Gaston Palewski reste fidèle jusqu’à sa disparition aux différents groupes gaullistes de l’Assemblée nationale (UNR, UD-Ve République, UDR). Comme sous la IVe République, le député de la Seine et Oise est choisi par ses collègues pour siéger à la Commission des finances, de l’économie générale et du Plan. Il y demeure pendant quinze années consécutives et en exerce la Vice-présidence sous la première législature (1958-1962). Parlementaire chevronné et très actif, Jean-Paul Palewski dépose cinq propositions de lois en 1959-1960. Il est désigné comme Rapporteur des crédits de l’Armée de Terre pour 1960, 1961 et 1962. Le député de Seine-et-Oise ne pose pas moins de cinq questions orales à des membres du Gouvernement pour les seuls mois de mai et juin 1959. Les débuts de la Ve République laissent en effet espérer à nombre d’élus expérimentés, jusqu’aux gaullistes, que les questions orales constitueront un instrument du dialogue nécessaire entre pouvoirs législatif et exécutif. Cette perspective s’estompant, Jean-Paul Palewski ne rédigera qu’une seule question orale sous la deuxième législature de la Ve République (1962-1967).
Entre 1958 et 1962, les questions soulevées par le député de Seine-et-Oise dans ses interventions se caractérisent par leur variété. Quelques lignes de force s’en dégagent cependant. Jean-Paul Palewski, dont le frère avait été chargé des questions atomiques dans le gouvernement Edgar Faure, s’affirme ainsi comme un spécialiste de l’équipement militaire et des questions de défense. Il défend la nécessité pour la France de disposer de la force de frappe en insistant sur son caractère dissuasif (19 octobre 1960), mais ne rejette pas par principe l’idée du commandement intégré. Il préconise que le matériel des troupes envoyées en Algérie soit mieux adapté au caractère subversif du conflit (18 novembre 1959) et insiste sur le nécessaire développement d’une aviation légère destinée à appuyer les opérations des troupes au sol (7 novembre 1960). Le député de Seine-et-Oise ne se borne pas cependant à considérer l’affaire algérienne sous l’angle combattant : le 27 juin 1961, il exprime le souhait que des Français musulmans puissent être rapidement promus au grade de général et d’officiers supérieurs. Membre du Conseil supérieur de la propriété industrielle depuis plusieurs années, Jean-Paul Palewski montre une attention particulière aux questions de brevets et regrette que trop de peu d’inventions françaises soient exploitées (4 mai 1961).
Alors que l’agglomération parisienne ne cesse de s’étendre géographiquement, l’ancien maire de Louveciennes (1945-1947) lie dans ses interventions au Palais-Bourbon le nécessaire redécoupage administratif des départements de la Seine et de la Seine-et-Oise à la définition dans ce secteur d’une politique de l’Urbanisme plus respectueuse des espaces verts (4 décembre 1959). Il s’affirme généralement comme un partisan d’une politique culturelle ambitieuse, aussi bien en faveur des grands monuments historiques que du petit patrimoine (14 décembre 1961). L’entretien des biens classées monuments historiques justifie en outre, pour Jean-Paul Palewski, que leurs propriétaires soient dégagés de la réglementation en matière de niveau des loyers : il dépose une proposition de loi en ce sens le 27 juillet 1959.
Le député de la Seine-et-Oise soutient fidèlement la politique des gouvernements Debré et Pompidou sous la première législature, jusqu’à approuver la levée de l’immunité parlementaire de Georges Bidault, ancien Président du Conseil national de la Résistance (5 juillet 1962).
Jean-Paul Palewski propose à Pierre Régis, maire du Pecq et ancien candidat de « Renouveau et fidélité » en 1958 de devenir son suppléant pour les élections législatives des 18 et 25 novembre 1962. Sans concurrent à droite, le député sortant manque de 763 voix seulement l’élection au premier tour de scrutin. Le mauvais report des voix à gauche lui autorise une victoire très confortable au second tour face au seul candidat communiste, avec 36778 sur 56272 suffrages exprimés, soit 65,4%.
La seconde législature permet au député de Seine-et-Oise d’accéder à la prestigieuse présidence de la Commission des Finances, qu’il exerce jusqu’en 1967. Cette responsabilité exige une pédagogie toute particulière à l’époque du plan de stabilisation de septembre 1963, que beaucoup de députés trouvent hasardeux sur le terrain électoral. Jean-Paul Palewski prend très au sérieux ses fonctions de « Grand Argentier » de l’Assemblée nationale. Il est conduit à déplorer que le Gouvernement dépose tardivement des amendements au projet de loi de finances (8 janvier 1963) et envisage que les budgets de l’Etat puissent devenir quinquennaux, soit la création de véritables « budgets de législature » (14 octobre 1964).
Le député de la Seine-et-Oise fait preuve de constance en déposant à l’identique quatre des cinq propositions de loi rédigées sous la législature précédente. Président de la délégation parlementaire française auprès de l’OTAN (1958-1963) et président du groupe d’amitié France-Pologne, Jean-Paul Palewski est chargé d’un rapport d’information après une mission effectuée en septembre 1964 dans ce pays du Bloc de l’Est : il rappelle à cette occasion l’intangibilité de la ligne Oder-Neisse comme frontière occidentale de la Pologne. La deuxième législature confirme l’étendue des préoccupations de l’aîné des frères Palewski : il intervient en séance publique pour souligner la compatibilité de la force de frappe avec les engagements contractés à l’égard de l’OTAN (2 décembre 1964), défend une possible autorisation des sociétés civiles professionnelles (24 mai 1966) et souhaite une meilleure coordination entre l’Etat et le secteur privé en matière de recherche et d’innovation (30 novembre 1966).
La croissance démographique de la région parisienne imposant sa réorganisation, le gouvernement Pompidou envisage en juin 1964 de découper le département de la Seine-et-Oise en plusieurs collectivités territoriales. Premier orateur inscrit pour la discussion du projet de loi portant réorganisation de la région parisienne, Jean-Paul Palewski appelle ses collègues à préférer le nom d’« Yvelines » à ceux de « Val de Seine » ou de « Versailles » pour le plus grand département issu de la Seine-et-Oise. Cette idée lui a été suggérée par le poète Jehan Despert : le choix des « Yvelines » rappelle un massif forestier dont la forêt de Rambouillet est un des derniers vestiges. Les compétences reconnues de l’orateur, Conseiller technique au Comité d’aménagement de la région parisienne dès la fin de la IVe République, lui valent de voir sa proposition retenue, contre la dénomination envisagée initialement par l’exécutif (12 juin 1964).
Jean-Paul Palewski se distingue dès la deuxième législature par son souci d’une meilleure protection de la nature et soutient l’adoption de contraintes plus strictes en matière de construction et d’urbanisme. Membre de la Commission nationale des secteurs sauvegardés dès sa création, il attire l’attention de ses collègues sur le caractère alarmant de la pollution atmosphérique (24 octobre 1966) et des nappes phréatiques (10 novembre 1966). Au milieu des années soixante, le frère aîné de Gaston Palewski publie plusieurs articles de presse pour attirer l’attention des Français sur ces thématiques. Il propose ainsi dans Le Figaro du 26 juin 1965 de revoir les règles d’urbanisme pour « bâtir des villes répondant aux aspirations des hommes » et multiplier les espaces verts en milieu urbain.
A la suite du découpage administratif de la Seine-et-Oise, la commune de Rueil-Malmaison se trouve détachée du département des Yvelines à partir de 1964. La nouvelle 2e circonscription des Yvelines, où se présente Jean-Paul Palewski aux élections législatives de mars 1967, correspond pour le reste à l’ancienne troisième circonscription de Seine-et-Oise. Le sortant gaulliste y fait face à une sévère concurrence en 1967. Michel Chastang, conseiller général et maire de Saint-Germain-en-Laye se porte en effet candidat sous l’étiquette du Centre démocrate. Son suppléant est Jean-François Henry, membre du Conseil d’Etat et proche du RPF sous la IVe République, devenu conseiller général et maire de Chatou. Jean-Paul Palewski, qui ne détient plus de mandat local, devance nettement ses adversaires et obtient 42,9% des suffrages dès le premier tour. Comme en 1962, il est aisément réélu (61,3% des suffrages exprimés) face au seul candidat communiste le 12 mars 1967.
S’il retrouve la Commission des finances, de l’économie générale et du Plan, Jean-Paul Palewski est contraint d’en abandonner la présidence sous la troisième législature à Valéry Giscard d’Estaing, évincé de la rue de Rivoli le 8 janvier 1966. La troisième législature (1967-1968) permet au député des Yvelines de prendre la parole sur certains de ses sujets de prédilection, comme la protection du patrimoine (6 décembre 1967) et le régime des brevets d’invention (14 décembre 1967).
Elu conseiller général du nouveau canton de Saint-Germain-en-Laye-Nord après les législatives de 1967, Jean-Paul Palewski est porté à la Présidence du Conseil général des Yvelines. Après la dissolution de l’Assemblée nationale, il aborde sereinement les élections de juin 1968. Malgré la présence au premier tour de six autres candidats, le député sortant rassemble 22434 voix sur son nom, soit plus de 43,5% des suffrages exprimés. Il est réélu député des Yvelines dans une triangulaire face aux candidats centriste et communiste le 30 juin 1968, par un peu moins de 54% des suffrages exprimés.
Rapporteur spécial des dépenses militaires pour 1969, 1970, 1971, 1972 et 1973, Jean-Paul Palewski confirme sa compétence en matière d’équipement militaire et de questions atomiques. Mais il ne réduit pas les problèmes de Défense à ces seules dimensions et intervient dans l’hémicycle pour réclamer un lien plus étroit entre les élites intellectuelles de la France et l’armée, au moyen de l’armée de réserve (séance du 27 octobre 1970). En 1969, l’ancien président de la Commission des Finances propose en outre de réduire à neuf mois le service militaire des appelés affectés à la défense opérationnelle du territoire.
Son intérêt pour la politique culturelle conduit Jean-Paul Palewski à préconiser une augmentation des crédits consacrés aux monuments historiques (8 novembre 1972). Le député des Yvelines souligne dans l’hémicycle la nécessité d’un meilleur encadrement des dérogations aux permis de construire (séance du 17 décembre 1968). En sa qualité d’ancien Président de la Commission des Finances, Jean-Paul Palewski intervient fréquemment dans les débats économiques sous la quatrième législature. Il souhaite par exemple une meilleure coordination des politiques économiques et monétaires au sein de l’Europe des Six, afin d’équilibrer le dollar (24 octobre 1972).
Le 6 décembre 1972, le président du Conseil général des Yvelines fait figure de précurseur en déposant une proposition de loi sur le droit d’ester en justice des associations de protection de la nature et de défense de l’environnement. Il part du constat qu’un très grand nombre de textes relatifs à la protection des eaux, de l’air, à la lutte contre le bruit ou à la protection de la faune et de la flore sont peu appliqués à cette époque. L’ancien maire de Louveciennes remarque que les particuliers ou associations qui souhaiteraient faire respecter les prescriptions légales et réglementaires se heurtent, en 1972, à des obstacles de fait et de droit. Il propose en conséquence à ses collègues et au Gouvernement de charger certaines associations de protection de la nature ou de défense de l’environnement de veiller au respect des dispositions légales en la matière : la proposition de loi envisage de leur permettre de se porter parties civiles.
Son attachement à la personne même du général de Gaulle n’empêche pas Jean-Paul Palewski de soutenir l’action de son successeur Georges Pompidou. Il vote le projet de loi tendant à réprimer certaines formes nouvelles de délinquance (4 juin 1970), approuve la création des régions (27 avril 1972) ainsi que la déclaration de politique générale de Jacques Chaban-Delmas, Premier ministre « en sursis » (24 mai 1972).
La profession de foi de Jean-Paul Palewski pour les élections législatives de mars 1973 se distingue par un anticommunisme très affirmé. Le président du Conseil général des Yvelines oppose le progrès et la poursuite « de l’œuvre accomplie dans l’ordre » à « l’aventure » et à la « contrainte totalitaire que tous les économistes sérieux redoutent comme la conséquence de dépenses excessives ». Outre trois concurrents se réclamant de la gauche et un du Mouvement réformateur, Jean-Paul Palewski affronte deux candidatures « atypiques » le 4 mars 1973. Un certain Pierre Sevenet se réclame en effet du « Front progressiste », c’est-à-dire des gaullistes de gauche, et obtient 1,6% des suffrages. Quant au Front national, qui vient d’être créé et présente un chef d’entreprise dans cette deuxième circonscription des Yvelines, il y voit ses mots d’ordres approuvés par 1990 voix, soir 3,4% des électeurs au premier tour de scrutin. Au second tour, Jean-Paul Palewski subit pour sa part la poussée de la gauche, et ne s’impose que par 46,6% des suffrages exprimés, dans le cadre d’une triangulaire imposée par le candidat réformateur. Le président du Conseil général des Yvelines est alors âgé de 74 ans.
Jean-Paul Palewski témoigne de son opiniâtreté en déposant sous la cinquième législature (1973-1978) une proposition de loi qu’il avait envisagée dès 1958. Ce texte tend à réserver aux travaux de décoration un pourcentage de 1% des crédits de construction ouverts aux administrations de l’Etat, aux départements et aux communes. Son intérêt pour la francophonie –il représente la France au Comité international de l’Association des parlementaires francophones à partir de 1974- et de défense désigne Jean-Paul Palewski pour la Commission des affaires étrangères en 1973. Il abandonne donc la Commission des finances sous la cinquième législature. Le député des Yvelines intervient à nombreuses reprises sur les dossiers culturels et urbanistiques. Lors de la discussion du projet de loi portant création du Centre national d’art et de culture « Georges Pompidou » sur le site de Beaubourg à Paris, il souligne par exemple les risques d’un art officiel (3 décembre 1974).
Sous la cinquième législature, Jean-Paul Palewski s’écarte de certaines des options défendues par le pouvoir. A l’image de Maurice Couve de Murville, il juge la réforme du quinquennat peu conforme à l’orthodoxie gaulliste et la rejette le 16 octobre 1973. Ayant beaucoup pratiqué Valéry Giscard d’Estaing quand celui-ci occupait la rue de Rivoli, Jean-Paul Palewski ne figure pas au rang de ses soutiens les plus enthousiastes lorsqu’il accède à l’Elysée au printemps 1974. Quoiqu’il approuve la déclaration de politique générale du Premier ministre Jacques Chirac (6 juin 1974), le député des Yvelines est en profond désaccord avec les réformes voulues par le nouveau chef de l’Etat en matière de mœurs. L’aîné des frères Palewski s’oppose dans l’hémicycle au projet de loi relatif à l’interruption volontaire de grossesse (28 novembre 1974) et vote contre la réforme du divorce le 4 juin 1975. Le 10 octobre 1974, il refuse de se prononcer sur l’extension de la saisine du Conseil constitutionnel –que son frère Gaston a présidé de 1965 à mars 1974-.
C’est à l’aube d’une ère nouvelle pour le gaullisme politique que s’éteint l’ancien président de la Commission des finances. Gaulliste de la fidélité malgré un atlantisme assez prononcé, il disparaît quelques jours après la création du Rassemblement pour la République. Jean-Paul Palewski a siégé au Palais-Bourbon pendant vingt-huit années sous les IV et Ve Républiques, soit plus du tiers de son existence.