Paul Rivet

1876 - 1958

Informations générales
  • Né le 7 mai 1876 à Wassigny (Ardennes - France)
  • Décédé le 21 mars 1958 à Paris (Seine - France)

Mandats à l'Assemblée nationale ou à la Chambre des députés

Régime politique
Gouvernement provisoire de la République française
Législature
Ire Assemblée nationale constituante
Mandat
Du 21 octobre 1945 au 10 juin 1946
Département
Seine
Groupe
Socialiste
Régime politique
Gouvernement provisoire de la République française
Législature
2e Assemblée nationale constituante
Mandat
Du 2 juin 1946 au 27 novembre 1946
Département
Seine
Groupe
Socialiste
Régime politique
Quatrième République - Assemblée nationale
Législature
Ire législature
Mandat
Du 10 novembre 1946 au 4 juillet 1951
Département
Seine
Groupe
Socialiste

Biographies

Biographie de la IVe République

RIVET (Paul, Adolphe)
Né le 7 mai 1876 à Wasigny (Ardennes)
Décédé le 21 mars 1958 à Paris (16ème)

Député de la Seine de 1945 à 1951

Fils d'un percepteur, c'est grâce à l'armée (Ecole de santé militaire de Lyon) que Paul Rivet devient médecin en 1897. Après trois ans d'exercice au 1er régiment de cuirassiers, il est désigné par le général Périer comme médecin de la Mission géodésique française chargée de mesurer un arc de méridien terrestre à Quito, en Equateur, de 1901 à 1906.
A son retour, il est détaché au Museum d'histoire naturelle dont il devient sous-directeur en 1909. Peu après, à l'issue d'une rencontre avec Jean Jaurès chez Lucien Levy-Bruhl, il adhère au Parti socialiste.
Mobilisé le 2 août 1914 à l'ambulance chirurgicale du 3ème corps d'armée, il participe aux batailles de la Marne, d'Artois, de Verdun et de la Somme. Affecté à Salonique, il devient, en mars 1918, chef du service d'hygiène des armées alliées en Serbie. Décoré de la Légion d'honneur, il rentre en France le 25 mars 1919.
Reprenant ses activités au Museum, il se distingue en refusant, au nom de l'internationalisme scientifique, de radier les chercheurs allemands de la Société des américanistes. Après avoir fondé, avec Marcel Mauss et L.Levy-Bruhl, l'Institut d'ethnologie de l'université de Paris en 1925, il devient, en 1928, titulaire de la chaire d'ethnographie du Museum et directeur du Musée du Trocadero. Réunissant les collections des deux établissements, il profite des travaux de l'exposition universelle de 1937 et de la construction du Palais de Chaillot pour créer, avec Georges-Henri Rivière et Jacques Soustelle, le Musée de l'Homme, inauguré en 1938 et conçu comme un centre d'éducation populaire.
Toujours socialiste SFIO et membre de la CGT, il est sollicité par Pierre Gérôme (François Walter) pour diriger, avec Alain et Paul Langevin, le Comité de vigilance des intellectuels antifascistes après le 6 février 1934. Il en préside la première réunion le 17 février. Il essaie d'éviter la rupture entre communistes et pacifistes, mais, après Munich, il démissionne du CVIA en janvier 1939, désillusionné quant aux procédés d'Hitler et de Staline.
Cette première collaboration avec les radicaux et les communistes le désigne à l'attention d'Henri Guernut, député de l'Aisne, pour faire tardivement barrage à la réélection de Lebecq, président de l'Union des combattants, au Conseil municipal de Paris (5ème). Le retrait des quatre candidats de gauche du premier tour permet l'élection de Paul Rivet, après trois jours de campagne, le 12 mai 1935. Il est dès lors reconnu comme l'emblématique " premier élu du Front populaire ". Il organise le 28 juin1935 une réunion publique à la Mutualité où se côtoient Blum, Thorez et Daladier. Très actif dans les campagnes du Comité de vigilance des intellectuels antifascistes, et de la Ligue des droits de l'homme, il ne sollicite pas d'autres mandats électifs et reste critique à l'égard de la SFIO (sur l'exclusion des "Pivertistes"). Les langues amérindiennes et l'évolution des peuples colonisés sont ses principaux centres d'intérêt.
Il réagit pourtant très vite à l'installation du régime de Vichy. Le 14 juillet 1940, il écrit à Pétain : "La France n'est plus avec vous". En octobre, il aide à la formation du réseau du Musée de l'Homme qui publie le premier numéro de Résistance le 15 décembre 1940. Destitué par Vichy depuis le 18 novembre, Paul Rivet quitte Paris en février 1941 et arrive en Colombie le 23 mai, à l'invitation du président Eduardo Santos. Ce choix semble avoir été influencé par sa correspondance avec Henri Laugier qui le convainc de l'intérêt de l'action résistante sur le continent américain. Le général de Gaulle le désigne comme représentant du CFLN puis comme attaché culturel pour toute l'Amérique latine, en résidence à Mexico, de juillet 1943 à septembre 1944.
C'est seulement à la Libération, à 66 ans, que Paul Rivet entre dans la vie parlementaire. Tête de liste SFIO dans la première circonscription de la Seine pour les élections à l'Assemblée nationale constituante, il est élu avec 90 469 suffrages (sur 429 633 exprimés), derrière trois MRP et deux communistes. En 1946, il est réélu à la deuxième Assemblée constituante, toujours tête de liste SFIO dans la même circonscription, avec 80 084 voix sur 434 358 suffrages exprimés. Aux élections législatives de 1946, il est élu avec 56 835 voix (sur 433 260 suffrages exprimés), en neuvième et avant-dernière position.
Outre ses fonctions de membre de la Commission des territoires d'outre-mer dans la première Assemblée constituante et de la Commission de la presse pendant la première législature, il est, dans les trois Assemblées, membre de la Commission des affaires étrangères, dont il est élu vice-président le 20 décembre 1946. Par ailleurs, il figure sur la liste des jurés à la Haute Cour de justice.
Ses nombreuses interventions traduisent son intérêt pour l'enseignement supérieur et la recherche scientifique ainsi que pour le développement de la radiodiffusion et de la télévision, mais ce sont les questions coloniales qui le préoccupent au premier chef. Opposé à la mise en accusation de trois députés malgaches devant la Cour de Justice de Tananarive, il démissionne du groupe parlementaire socialiste, partisan des poursuites, le 23 mars 1948. Le 12 janvier 1949 le comité directeur de la SFIO, unanime, décide son exclusion du parti pour indiscipline de vote. Paul Rivet rejoint alors l'Union républicaine et résistante et participe, l'année suivante, à la création de l'Union progressiste. Il trouve là des oreilles plus attentives aux propositions qu'il avance sur l'Indochine depuis 1946. Favorable, dès cette date, à des négociations avec Ho Chi Minh pour conserver l'Indochine dans l'Union française, il démissionne de la conférence de Fontainebleau (juillet 1946) destinée à préparer l'accession au trône de Bao Daï. En mai 1949, à propos du statut de la Cochinchine, il dépose, avec Pierre Cot et Gilbert de Chambrun, un projet de trêve, tel que souhaité par Ho Chi Minh et il défend cette thèse dans Action, dans Les Cahiers internationaux puis dans son "Testament politique" publié en mai 1950 dans Les Temps modernes.
Candidat neutraliste, il est battu aux élections législatives du 17 juin 1951 et renonce à la politique active. Il quitte l'Union progressiste quand, en juin 1954, elle ne vote pas l'investiture de Pierre Mendès France. Dès lors, il se préoccupe de l'avenir de l'Algérie. Signataire dans Le Monde du 21 avril 1956 de l'" Appel pour le salut et le renouveau de l'Algérie française ", il dénonce les influences islamistes dans le FLN et considère que l'inéluctable indépendance algérienne ne pourra être que progressive. Cela le conduit, à la demande de Guy Mollet et de Christian Pineau, à aller défendre à l'ONU et en Amérique latine la politique française en Algérie. Président du Conseil supérieur de la radiodiffusion et de la Commission française pour l'UNESCO, il meurt désillusionné : "Nous avons lutté pour l'égalité des peuples", écrit-il dans Esprit en 1955, "et partout nous sentons renaître le racisme".