Pierre, Narcisse Renaudel

1871 - 1935

Informations générales
  • Né le 19 décembre 1871 à Morgny-la-pommeraye (Seine-Inférieure - France)
  • Décédé le 1er avril 1935 à Soller - les baléares (Espagne)

Mandats à l'Assemblée nationale ou à la Chambre des députés

Régime politique
Troisième République - Chambre des députés
Législature
XIe législature
Mandat
Du 10 mai 1914 au 7 décembre 1919
Département
Var
Groupe
Parti socialiste
Régime politique
Troisième République - Chambre des députés
Législature
XIIIe législature
Mandat
Du 11 mai 1924 au 31 mai 1928
Département
Var
Groupe
Parti socialiste
Régime politique
Troisième République - Chambre des députés
Législature
XIVe législature
Mandat
Du 29 avril 1928 au 31 mai 1932
Département
Var
Groupe
Parti socialiste
Régime politique
Troisième République - Chambre des députés
Législature
XVe législature
Mandat
Du 1er mai 1932 au 1er avril 1935
Département
Var
Groupe
Parti socialiste de France

Fonds d'archives

Un fonds Renaudel de plusieurs mètres linéaires a été donné par ses ayants droit à la Fondation Jean Jaurès en 2014.
De plus amples renseignements sont disponibles sur le site Internet de la Fondation.

Biographies

Biographie extraite du dictionnaire des parlementaires français de 1889 à 1940 (Jean Jolly)

Né le 19 décembre 1871 à Morgny-la-Pommeraye (Seine-Inférieure), mort le 1er avril 1935 à Soller (Baléares, Espagne).

Député du Var de 1914 à 1919 et de 1924 à 1935.

Pierre Renaudel est né le 19 décembre 1871 à Morgny-la-Pommeraye, en Seine-Inférieure, où son père et sa mère étaient instituteurs.

C'est à Rouen où il fait ses études secondaires qu'il commence à s'intéresser à la politique. Il y fréquente les amis de son père qui, d'abord catholique pratiquant, est devenu libre penseur et radical ; parmi eux, il se lie particulièrement avec un blanquiste, Edmond Bazire, dont l'influence sur lui sera déterminante.

Son baccalauréat obtenu, il entre à l'école vétérinaire d'Alfort. C'est l'époque de l'affaire Dreyfus. Violemment dreyfusard, il lit avec passion les articles qui paraissent dans la Petite République sous la signature de Jaurès et voue dès lors à celui-ci une admiration qui ne se démentira jamais.

En décembre 1899, Edmond Bazire le fait assister au congrès du parti socialiste, salle Japy, dont les débats sont consacrés aux thèmes de l'unification du parti et de son éventuelle participation au gouvernement. Peu après, il adhère à la 9e section de la fédération de la Seine où son intelligence, sa puissance de travail et ses qualités d'orateur le mettent rapidement en valeur.

Après le congrès de Lyon, en 1901, qui marque l'échec des tentatives d'unification, il se range dans le parti socialiste français, derrière Jaurès. Parmi tous ses disciples, celui-ci le distingue et lui accorde sa confiance et son amitié.

Renaudel fait bientôt figure de leader de l'aile gauche de son parti, de tendance révolutionnaire, unitaire et antiministérielle. Nommé délégué à la propagande, il parcourt la France, diffusant les idées socialistes par la parole et par la plume ; par son activité inlassable, il est l'un des principaux artisans de « l'unité » qui se réalise en 1905 avec la naissance de la S.F.I.O.

En 1906, il entre au journal l'Humanité où il exerce les fonctions de rédacteur, puis d'administrateur délégué à la rédaction sous la direction de Jaurès. Il collabore simultanément à La France de Bordeaux, au Populaire de Nantes, à la Montagne de Clermont-Ferrand, au Petit Provençal, au Populaire (socialiste) de Paris ; il sera le conseil politique du Quotidien et le directeur-rédacteur en chef de l'hebdomadaire de documentation La vie sociale.

Avant d'être élu député du Var, en 1914, il subit à Toulon deux échecs successifs, l'un face à M. Petin, avec 5.828 voix contre 8.239, à l'occasion d'une élection partielle organisée en mars 1909, l'autre face à M. Coreil, avec 6.916 voix contre 7.547, lors des élections générales de 1910.

Il obtient son premier mandat législatif le 10 mai 1914. Candidat dans la 3e circonscription de Toulon, il l'emporte au second tour de scrutin sur M. Aiguier, avec 8.141 voix sur 21.640 inscrits et 16.921 votants, contre 7.930 à son adversaire.

Inscrit au groupe du parti socialiste, il appartient d'abord aux commissions d'assurance et de prévoyance sociales et de la marine marchande (1914), puis à la commission de l'armée (1916).

L'intérêt qu'il porte aux questions sociales et économiques apparaît dans ses propositions de résolution sur la révision des lois constitutionnelles (1916) ou sur la crise du papier (1917), dans sa proposition de loi sur l'application généralisée de la journée de 8 heures et de la semaine anglaise (1919), dans ses rapports sur divers textes concernant les allocations aux familles des mobilisés (1917) et dans ses interventions sur la politique générale du gouvernement, l'ajournement des élections, la censure appliquée aux journaux républicains de province, la Banque de France, la politique du gouvernement à l'égard de la classe ouvrière, la grève dans les chantiers de construction navale.

Mais les événements le conduisent à placer au premier plan de ses préoccupations les questions militaires. On l'entend dans les discussions concernant la politique de défense nationale du gouvernement, la répartition et l'utilisation des hommes mobilisés, la réorganisation du haut commandement, la conduite et les moyens des opérations militaires, la conduite diplomatique de la guerre. Ses considérations sur les armements et les forces sous-marines sont souvent décisives.

C'est pourtant au sein de son parti ou en qualité de directeur de l'Humanité (1915-1918) qu'il apporte à la défense du pays le concours le plus efficace. La mort de Jaurès, assassiné à ses côtés à la veille de l'ouverture des hostilités, a fait de lui l'un des chefs de la S.F.I.O. Il est de ceux qui déterminent les socialistes à faire passer le devoir patriotique avant les exigences internationalistes et à se rallier à la politique dite « d'Union sacrée ». Il contribue largement à apporter à la défense nationale l'adhésion et le plein appui des forces ouvrières.

A partir de 1915, il se heurte toutefois aux minoritaires pacifistes qui prônent la démission des ministres socialistes et le refus des crédits militaires. Cette tendance fini par l'emporter au congrès du parti socialiste d'octobre 1918 : la motion Longuet, contre la participation au gouvernement et pour la réunion d'un congrès socialiste international, est adoptée par 1.528 mandats alors que la motion Renaudel n'en recueille que 1.212. Marcel Cachin prend en main la direction de l'Humanité.

Lors des élections générales de 1919, Renaudel connaît un nouvel échec, la liste du bloc républicain obtenant les cinq sièges du département du Var.

En 1920, au congrès de Tours, il est, avec Léon Blum, l'un des leaders du groupe minoritaire des « Résistants » qui refusent l'adhésion à la IIIe internationale et qui, l'unité socialiste étant à nouveau rompue, conservent à leur fraction le nom de Parti socialiste français. Dans celui-ci, il animera jusqu'en 1933 la tendance favorable à la participation à des gouvernements de gauche à direction radicale.

Il retrouve en 1924 son siège de député du Var, la liste de « coalition rouge » dont il est le leader étant élue en totalité. Il est successivement réélu lors des élections générales de 1928, au second tour de scrutin, avec 5.925 voix sur 16.657 votants contre 5.581 à M. Gozzi et lors de celles de 1932, dès le premier tour, avec 7.192 voix sur 13.507 votants, contre 5.225 à M. Boyer.

Il appartient, au cours de ces trois législatures, aux commissions de l'armée (1924, 1928), des finances (1924, 1928, 1932), de l'aéronautique (1932), du règlement (1932) et du suffrage universel (1924, 1928, 1932). Il est élu en 1924 vice-président, puis en 1926 président de cette dernière commission. Il poursuit une activité très dense et très diverse dont on ne retiendra que les témoignages les plus durables : son importante proposition de loi sur la réorganisation des forces défensives de la Nation (1924) et ses contre-projets sur l'organisation générale et sur le recrutement de l'armée (1927 et 1928), sa proposition de loi sur l'abolition de la peine de mort en France (1927), sa proposition de résolution sur le suffrage des femmes (1927), ses rapports sur la réforme électorale (1925) et sur le budget du ministère de l'Air pour les exercices 1929 à 1935, ses interpellations sur les événements militaires du Maroc (1925 et 1929) et sur la politique générale du gouvernement (1932), ses interventions sur l'amnistie (1924), sur la politique financière (1926 et 1928) et extérieure (1930) du gouvernement, sur l'attitude de la France en matière de limitation des armements (1929), sur l'établissement du salaire national (1930), sur les retraites ouvrières et paysannes (1932), sur le pacte de non-agression franco-soviétique (1933), sur l'établissement d'un programme d'outillage national (1933).

En 1933, la condamnation au sein de la S.F.I.O. de la tendance à laquelle il appartient et qui se situe à la droite du parti autour de La Vie socialiste qu'il dirige depuis 1921, amène Renaudel à constituer, avec quarante-cinq autres députés socialistes et après fusion avec les républicains socialistes, un groupe indépendant qui prend le nom de groupe du « Parti socialiste de France ». On y trouve, à côté de réformistes comme Renaudel lui-même, qui cherchent une association permanente avec le parti radical, des néo-socialistes comme Deat et Marquet qui commencent à se laisser entraîner dans la voie du fascisme.

Ce groupe n'aura qu'une existence éphémère. D'autant que Renaudel, qui en est le président, atteint d'une grave maladie, part en 1934 se soigner aux îles Baléares. Il y meurt quelques mois plus tard, le 1er avril 1935, à l'âge de 64 ans.