Eugène Thomas

1903 - 1969

Informations générales
  • Né le 23 juillet 1903 à Vieux-condé (Nord - France)
  • Décédé le 29 janvier 1969 à Le quesnoy (Nord - France)

Mandats à l'Assemblée nationale ou à la Chambre des députés

Régime politique
Troisième République - Chambre des députés
Législature
XVIe législature
Mandat
Du 3 mai 1936 au 31 mai 1942 *
Département
Nord
Groupe
Socialiste
Régime politique
Gouvernement provisoire de la République française
Législature
Ire Assemblée nationale constituante
Mandat
Du 21 octobre 1945 au 10 juin 1946
Département
Nord
Groupe
Socialiste
Régime politique
Gouvernement provisoire de la République française
Législature
2e Assemblée nationale constituante
Mandat
Du 2 juin 1946 au 27 novembre 1946
Département
Nord
Groupe
Socialiste
Régime politique
Quatrième République - Assemblée nationale
Législature
Ire législature
Mandat
Du 10 novembre 1946 au 4 juillet 1951
Département
Nord
Groupe
Socialiste
Régime politique
Quatrième République - Assemblée nationale
Législature
IIe législature
Mandat
Du 17 juin 1951 au 1er décembre 1955
Département
Nord
Groupe
Socialiste
Régime politique
Quatrième République - Assemblée nationale
Législature
IIIe législature
Mandat
Du 2 janvier 1956 au 8 décembre 1958
Département
Nord
Groupe
Socialiste

* : Un décret de juillet 1939 a prorogé jusqu'au 31 mai 1942 le mandat des députés élus en mai 1936

Biographies

Né le 23 juillet 1903 à Vieux-Condé (Nord).

Député du Nord de 1936 à 1942.

Né à quelques kilomètres de la frontière franco-belge, à Vieux-Condé, où son père était douanier. Eugène Thomas est issu d'une famille de six enfants.

A sa sortie de l'école normale de Douai et après avoir obtenu son brevet supérieur, il est nommé instituteur à Louvigny-Quesnoy. Militant de l'action syndicale, il devient secrétaire général de la section nord du syndicat national des instituteurs.

Membre du Parti socialiste, il se présente aux élections de mai 1936 dans la 3e circonscription d'Avesnes. Il obtient 4.838 voix au premier tour, puis triomphe au second avec 7.667 voix sur son concurrent, Lacourt, député sortant radical-socialiste, qui obtient 6.719 voix.

Il entre donc au Palais Bourbon grâce à la conjonction Front populaire. Il a 33 ans. Il a la chance insigne de voir la Chambre adopter près de la moitié de son programme et de ses engagements électoraux dans les six mois de son arrivée. On peut citer notamment la semaine de 40 heures, les congés payés, la prolongation de la scolarité et l'interdiction pour les enfants de travailler jusqu'à 14 ans, le fonds national de chômage, la lutte contre la tuberculose, l'office du blé, l'abrogation des décrets-lois sur les traitements et retraites, la nationalisation des usines de matériels de guerre, des mines de potasses d'Alsace, des chemins de fer et de la Banque de France.

Il fait partie de la commission de l'Algérie, des colonies et des pays de protectorat, de celle d'Alsace-Lorraine et de celle des douanes et des conventions commerciales.

Il participe activement à la discussion de la loi de finance de 1937.

En 1937, il est élu conseiller général du Nord. Mobilisé en 1939, il se fait affecter à la 5e division d'infanterie nord-africaine et participe en 1940 à la campagne de Belgique et à la bataille de la Somme où il est fait prisonnier. Il s'évade au bout de trois mois, mais ne put évidemment participer au Congrès de Vichy le 10 juillet 1940.

THOMAS (Eugène) Né le 23 juillet 1903 à Vieux-Condé (Nord) Décédé le 29 janvier 1969 au Quesnoy (Nord) Député du Nord de 1936 à 1942 Membre de la première et de la seconde Assemblée nationale constituante (Nord) Député du Nord de 1946 à 1958 Ministre des PTT du 27 juin 1945 au 26 janvier 1946, du 16 décembre 1946 au 22 octobre 1947, du 28 octobre 1949 au 7 février 1950 et du 9 juin 1958 au 8 janvier 1959 Secrétaire d’Etat, chargé des PTT, du 22 octobre 1947 au 28 octobre 1949 Secrétaire d’Etat à l’intérieur, du 12 juillet 1950 au 11 août 1951 et du 1er février 1956 au 14 mars 1958 Eugène Thomas, membre du comité de direction du journal Agir pour la paix, pour le socialisme, écrit dans ce périodique socialiste antimunichois. Mobilisé en 1939 à l'école de cavalerie de Saumur, sur sa demande, il est affecté à la 5ème division d'infanterie nord-africaine comme sous-lieutenant. Il participe aux combats en Belgique, puis sur la Somme. Fait prisonnier dans la poche de Boulogne-sur-Mer en juin 1940, il s'évade en septembre et parvient à gagner la zone non-occupée. Il n'a donc pu prendre part au vote de Vichy du 10 juillet 1940. Il se replie à Jussat (Puy-de-Dôme), puis s’installe à Labarthe-Inard, enfin en février 1941 à Saint-Martory (Haute-Garonne) où sa femme, née Céline Quinchon, le 3 mai 1911 à Rieux-en-Cambresis, est institutrice. Son dernier acte politique légal consiste à écrire pour le quotidien de Clermont-Ferrand, La Montagne, un article hostile au gouvernement de Vichy que la censure refuse. Eugène Thomas est un des pionniers de la Résistance. Voyageant beaucoup, il se consacre tout d’abord à la reconstitution du mouvement socialiste, avec Daniel Mayer et d’autres anciens parlementaires socialistes, Pierre-Bloch, Froment, Philip, Malroux, Hussel, Augustin Laurent et Gouin. En mars 1941, à Nîmes, il est un des sept membres du premier Comité exécutif clandestin (CAS) du Comité d'action socialiste désigné par la zone sud et appartient par la suite à toutes les directions socialistes clandestines. Un rapport du Commissaire principal des Renseignements généraux de Toulouse aux autorités de Vichy le signale le 26 février 1943 comme responsable régional du CAS. Une enquête diligentée contre lui constate alors que les autorités qui l’avaient assigné à résidence à Laillaux ont perdu sa trace. Il participe par ailleurs à l'organisation d'un réseau de renseignements et d'action qui devient « La France au combat » dont il est le chef national. Il est encore un dirigeant du réseau « Brutus », auprès duquel il est délégué par le CAS en août 1941. Lors d'une mission à Paris, en avril-mai 1943, Eugène Thomas est arrêté par la Gestapo. Torturé, enfermé en cellule à Fresnes durant neuf mois, il est ensuite interné à Compiègne, puis déporté à Buchenwald où les armées américaines le délivrent le 11 avril 1945. Dès son retour de camps, son camarade Augustin Laurent, ministre des PTT, attribue à Eugène Thomas un bureau à son ministère où il établit un centre d'information sur les déportés. Puis, sur la demande de Laurent, le général de Gaulle remplace ce dernier par Eugène Thomas. Il lui succède donc au ministère des Postes, téléphones et télégraphes, du 26 juin 1945 à janvier 1946. Commence alors une longue carrière ministérielle : il appartient à douze gouvernements sous la IVème République. Cette carrière se fonde aussi sur un travail acharné d’implantation locale. A peine revenu de déportation en avril 1945, Eugène Thomas est élu maire du Quesnoy, puis il regagne le siège de conseiller général du canton du Quesnoy-Est en octobre et fonde une amicale des maires des deux cantons du Quesnoy, qu’il préside. Le ministre des PTT, par ailleurs élu membre du comité directeur de la SFIO par le congrès de 1945, est désigné en octobre 1945, comme tête de liste du Parti socialiste dans la 3ème circonscription du Nord. Elle obtient 133 674 suffrages sur 488 089 inscrits et 430 182 exprimés. Il est élu à la première Assemblée nationale constituante, avec Raymond Gernez et Madeleine Léo-Lagrange. Reconduit comme ministre des PTT dans le nouveau gouvernement de Gaulle le 22 novembre 1945, il intervient à ce titre dans la discussion du budget de 1946. Après le rejet du projet constitutionnel, qu’il approuvait pour sa part, Eugène Thomas est élu, le 2 juin 1946, à la deuxième Assemblée constituante, avec 126 770 suffrages, sur 503 908 inscrits et 439 159 exprimés. Avec lui entrent au Parlement Raymond Gernez et Robert Coutant. Désigné à la commission de la France d’outre-mer, il dépose une unique proposition de loi, tendant à modifier et à compléter la loi du 7 mai 1946 sur les jardins ouvriers (il est président des Jardins ouvriers de France). Victime du mécontentement des militants qui déplorent le recul du parti aux élections, il est l’un des battus du congrès SFIO de 1946 qui voit l'élection de Guy Mollet à la direction du parti et perd donc son siège au comité directeur socialiste. Pour la première législature de la IVème République, la liste conduite par Eugène Thomas rassemble 110 277 voix, sur 506 799 inscrits et 435 161 exprimés. Elle perd un siège, Robert Coutant n’étant pas réélu. Thomas est nommé à la commission des moyens de communication et reconduit à la commission des territoires d’outre-mer. Après avoir été l'un des vingt députés socialistes qui ont voté blanc pour l’investiture de Thorez le 4 décembre 1946, il est de nouveau chargé des PTT durant près de trois ans, comme ministre (cabinets Blum et Ramadier de décembre 1946 à octobre 1947, puis Bidault en 1949-1950) ou comme secrétaire d'Etat (dernier cabinet Ramadier, puis ministères Schuman, Marie, Queuille d’octobre 1947 à octobre 1949). Enfin, il devient secrétaire d'Etat à l'Intérieur dans les cabinets Pleven et Queuille (de juillet 1950 à août 1951). Aussi, son action parlementaire est réduite du fait de son action gouvernementale. Son rôle politique au sein de la SFIO, fait corps avec celui de la Fédération du Nord qui appuie sans faille la politique nationale du parti depuis 1947 et tous les gouvernements de Troisième force. Durant la guerre froide, il prend fermement position contre le caractère politique de la grève des mineurs de 1948, accusant les communistes « d’assassiner la France par amour de la Russie », en appelant aux Résistants et aux mineurs qui ont combattu les Allemands en 1940 : « J’espère que le gouvernement de la République mettra hors d’état de nuire l’Etat-Major insensé qui vous entraîne au crime, en vous mentant, en vous trompant. Je vous demande, chaque jour, autour de vous, courageusement, faisant front contre les terroristes aux ordres de l’étranger, de faire votre devoir, votre devoir de Français » (Nord Matin, 22/10/1948). Cette position intransigeante lui fait perdre sa mairie aux municipales d’octobre 1947, puis son siège de conseiller général du Quesnoy-Est en mars 1949 : il est battu au 2ème tour par un membre du RPF, Liot, qui reçoit l’appui indirect des communistes qui maintiennent leur candidat. L’élection est annulée, Liot étant inéligible comme inspecteur des finances. Thomas retrouve son siège à l'Assemblée départementale à l’élection partielle du 9 juillet 1950. Mais il ne change pas d’attitude, au contraire. En 1950-1951, secrétaire d’Etat à l’intérieur, il dénonce à vigueur « la Russie » comme source de danger principal, « menaçant de conquérir et dominer le monde », avec l’aide du PCF, « ennemi intérieur ». Et, rappelant son passé gaulliste, il explique qu’une victoire du RPF « serait inévitablement l’étape vers la prochaine victoire communiste ». Aux électeurs communistes, il dit, sans ménagement dans la campagne des législatives : « soyez logiques : faites vos valises pour accomplir votre STO en Sibérie ! » (Le Populaire, 16 avril 1951). Eugène Thomas et Gernez sont réélus à l'Assemblée nationale le 17 juin 1951 dans le 3ème secteur du Nord, avec 105 348 voix en moyenne sur 509 952 inscrits et 440 256 exprimés. Il est nommé membre de la commission des moyens de communication et du tourisme le 17 juillet 1951 (reconduit le 20 janvier 1953), puis de la commission de l’intérieur le 25 octobre 1952, où il est régulièrement réélu le reste de la législature. Il n’intervient que sur le vote sur la question préalable du général Aumeran, le 31 août 1954 qu'il vote contribuant ainsi au rejet du projet de Communauté européenne de défense. Après le refus de voter l'investiture à Thorez en 1946, c'est sa deuxième et dernière indiscipline parlementaire par rapport aux positions de son parti. Il prend enfin part à la discussion d’interpellation sur l’Algérie, dans le débat sur l’enquête sur les représailles, le 11 octobre 1955. Eugène Thomas consolide son implantation locale en reprenant en avril 1953 la mairie du Quesnoy – où il est par la suite réélu régulièrement jusqu'à son décès – et confirmé par ailleurs comme conseiller général en 1955, 1961 et 1967, il accepte des responsabilités dans l’Assemblée départementale, en présidant la commission départementale. Après la dissolution de l’Assemblée nationale par Edgar Faure en décembre 1955, la liste conduite par Eugène Thomas dans la 3ème circonscription obtient 114 601 voix sur 556 965 inscrits et 485 909 exprimés. Eugène Thomas est nommé à la commission de la justice et de législation, mais une nouvelle fois son action de parlementaire est limitée car il revient pour trois nouvelles années aux PTT dans les quatre derniers gouvernements de la IVème République de février 1956 à janvier 1959 (G. Mollet, M. Bourgès-Maunoury, F. Gaillard et C. de Gaulle). Durant la guerre d’Algérie, Eugène Thomas défend vigoureusement les positions de Guy Mollet. Symboliquement, il choisit Maurice Bourgès-Maunoury, connu pour son attachement à l’Algérie française, pour lui remettre la Croix de commandeur de la Légion d’honneur, soulignant leurs convergences de vues sur leurs « positions nationales ». Il récuse vigoureusement toute idée de parallèle entre la résistance française durant la Seconde Guerre mondiale et l’action des « rebelles algériens » et défend la pacification, comme la « continuation logique de l’effort fourni par les combattants » des deux guerres et de la Résistance. Eugène Thomas approuve l’établissement de la Vème République en juin 1958, affirmant que « c’est derrière de Gaulle que l’on peut le mieux défendre la République » (La Voix de l’Avesnois, juillet 1958) et, après être entré dans son gouvernement comme ministre des PTT, appelle à ratifier le référendum constitutionnel. En novembre 1958, il se représente dans la 23ème circonscription du Nord. Il obtient 11 927 voix au premier tour, sur 45 283 inscrits et 37 391 exprimés. Avec 11 083 voix au second tour, il est battu par le gaulliste Paul Bécue, en dépit de l’appel public en sa faveur de son collègue gaulliste Edmond Michelet. Avec Guy Mollet, il démissionne du gouvernement le 27 décembre 1958, mais reste en poste jusqu'à la formation du gouvernement Debré, en janvier suivant. Sa carrière régionale et locale n'en continue pas moins, de même que son action à la FNDIR dont il est successivement vice-président puis président d’honneur. En 1962, comme les autres responsables socialistes Eugène Thomas se prononce contre l’élection du président de la République au suffrage universel. Estimant malhonnête de continuer à administrer une population dont la majorité l'a désavoué sur ce terrain essentiel (elle s'est prononcée pour le « oui » au référendum), il donne sa démission en octobre 1962. Il n’est pas candidat aux législatives de novembre. Mais le 16 décembre 1962, il est réélu maire de sa ville à une écrasante majorité (1596 suffrages sur 1710 exprimés). Eugène Thomas siège au Conseil économique et social de 1959 à 1964, nommé par le gouvernement au titre des personnalités choisies pour leur compétence. En mai 1964, il fait savoir au premier ministre qu’il ne sollicite pas le renouvellement de son mandat. Diminué par la déportation, Eugène Thomas envisage à plusieurs reprises de se retirer de la vie politique active. Il veut le faire à l’occasion du renouvellement de son mandat de conseiller général en juin 1961. Il ne faut pas moins de deux congrès socialistes cantonaux pour qu’il accepte de se représenter. En 1964, selon les Renseignements généraux, il envisage de nouveau de passer le flambeau à son ancien collaborateur, Arthur André. Il tente pourtant de retrouver un mandat parlementaire en mars 1967 dans la 23ème circonscription du Nord, comme candidat de la FGDS : il est distancé par Paul Bécue et le communiste Eloy. Il renonce à la candidature en 1968, année où il préside le conseil général du Nord. Après la Libération, Eugène Thomas exerce de nombreuses fonctions de représentation dans des associations. Il préside en 1945 la Fédération nationale des déportés et internés de la Résistance, l’Amicale de la Résistance de la région quercitaine et il est délégué cantonal de l’éducation nationale. Directeur politique du périodique socialiste local, La Voix de l’Avesnois, il est encore à la veille de son décès administrateur du quotidien départemental Nord-Matin. Il reçoit de nombreuses décorations : commandeur de la Légion d'honneur, il est titulaire de la Croix de guerre avec palme, de la Croix de guerre belge, de la Médaille et de la Rosette de la Résistance. Eugène Thomas décède d’une crise cardiaque le 29 janvier 1969 à 66 ans, dans sa ville du Quesnoy. Une Société des amis d'Eugène Thomas, constituée le 18 septembre 1970, perpétue sa mémoire. Elle fait élever un monument au Quesnoy (3 juin 1972) et obtient l'émission d'un timbre-poste à l’effigie de l’ancien ministre des PTT, le 28 juin 1975.