Robert, Jean Verdier

1910 - 2009

Informations générales
  • Né le 28 novembre 1910 à Saint-girons (Ariège - France)
  • Décédé le 27 février 2009 à Meyrueis (Lozère - France)

Mandats à l'Assemblée nationale ou à la Chambre des députés

Régime politique
Gouvernement provisoire de la République française
Législature
2e Assemblée nationale constituante
Mandat
Du 2 juin 1946 au 27 novembre 1946
Département
Seine
Groupe
Socialiste
Régime politique
Quatrième République - Assemblée nationale
Législature
IIe législature
Mandat
Du 17 juin 1951 au 1er décembre 1955
Département
Seine
Groupe
Socialiste
Régime politique
Quatrième République - Assemblée nationale
Législature
IIIe législature
Mandat
Du 2 janvier 1956 au 8 décembre 1958
Département
Seine
Groupe
Socialiste

Biographies

Biographie de la IVe République

VERDIER (Robert, Jean)
Né le 28 novembre 1910 à Saint-Girons (Ariège)
Décédé le 27 février 2009

Membre de la deuxième Assemblée nationale constituante (Seine)
Député de la Seine de 1951 à 1958

Parlementaire durant huit années, Robert Verdier a une carrière politique et associative de près de soixante-dix années, se confondant souvent avec la vie du socialisme français, du Front populaire au début du 21ème siècle, où il est devenu l'un des derniers grands témoins de ce temps. A ce titre, il a souvent été sollicité par les historiens de la vie politique française.
Issu d’une famille protestante cévenole, Robert Verdier est né dans l’Ariège où son père exerce comme chef d’établissement scolaire. Mobilisé comme officier au début de la Grande guerre, celui-ci revient amputé d’une jambe. Le jeune Robert, âgé de quatre ans, marqué par cet événement, partage par la suite le pacifisme dominant de sa génération.
Après des études secondaires au lycée de Montpellier, puis des études supérieures à la Sorbonne, Robert Verdier suit la préparation à l’Ecole normale supérieure (ENS) au lycée Louis le Grand. Il s’inscrit aux Etudiants socialistes, sans militer, et s'y lie d’amitié avec Léopold Sédar Senghor. Premier recalé à l’entrée de l’ENS, il est reçu à l’agrégation de lettres en 1932 et fait ensuite son service militaire. Nommé professeur au lycée de Montpellier pour la rentrée de 1933, il s’engage résolument dans l’action politique et syndicale après le 6 février 1934, pour la préparation de la journée du 12 février où il est l’un des rares grévistes de son établissement.
Prenant progressivement des responsabilités, le jeune enseignant devient secrétaire académique de la fédération générale de l’enseignement et participe à la préparation de la campagne électorale du candidat socialiste local pour les législatives de 1936, puis, au deuxième tour, à celle du maire de Montpellier, le professeur Paul Boulet, obtenant de Léon Blum qu’il vienne soutenir le militant de la Jeune République qui est élu député de l’Hérault le 3 mai 1936.
Nommé au lycée Carnot avant la déclaration de guerre, l'ancien étudiant de Louis-le-Grand milite à la section SFIO du Vème arrondissement de Paris. Il rompt difficilement avec ses convictions pacifistes avant Munich, soutient les positions de Léon Blum et s’abonne au journal antimunichois Agir pour la paix, pour le socialisme, animé par Pierre Brossolette, Georges Monnet, Tanguy Prigent et son futur compagnon de Résistance, Daniel Mayer.
Robert Verdier, mobilisé le 2 septembre 1939 sur le front des Alpes, est démobilisé à la fin du mois de juillet 1940. Il retourne à Paris pour la rentrée de septembre. Peu après, il rencontre Gérard Jaquet et, avec quelques anciens camarades de la Vème section socialiste avec lesquels celui-ci est en contact, ils entreprennent dès octobre de reconstruire des structures socialistes clandestines. Constituant un simple cercle de discussion au début, ils résistent surtout sur le plan politique, par une action de propagande qui les conduit à publier des bulletins clandestins Socialisme et Liberté, puis le Populaire clandestin. Il participe par ailleurs au développement de Libération-Nord. Son activisme et la répression le conduisent à prendre des responsabilités de plus en plus importantes. Secrétaire adjoint du Comité d’action socialiste (CAS-Nord), Robert Verdier devient secrétaire général du comité central de la zone occupée puis, après la création du CAS unifié (Nord et Sud), remplace Amédée Dunois, déporté, à l’exécutif de celui-ci. Il supplée Jean Biondi comme responsable des liaisons (délégué permanent) avec les départements de l’est et du nord de la zone occupée, après l’arrestation et la déportation de ce dernier. Lorsque le CAS unifié se transforme en parti socialiste clandestin, il est désigné secrétaire général adjoint de l’organisation dirigée par Daniel Mayer.
Le congrès socialiste de novembre 1944 – durant lequel il préside la commission chargée d’étudier le cas des anciens parlementaires et qui décide d’exclure de la SFIO pratiquement tous ceux qui ont voté les pouvoirs constituants le 10 juillet 1940 – confirme Robert Verdier dans les mandats acquis durant la Résistance. Il est désigné pour siéger à l’Assemblée consultative provisoire de Paris, cette décision étant validée le 8 novembre 1944. Il est nommé membre de la commission de l’éducation nationale et de la commission de l’Alsace-Lorraine. Il dépose une proposition tendant à inviter le gouvernement à procéder à un reclassement général du traitement des fonctionnaires de l’enseignement par rapport à l’ensemble de la fonction publique et à procéder dans l’immédiat à un reclassement partiel des enseignants du second degré. Il intervient à la tribune sur le projet d’ordonnance portant statut des comités d’entreprises et contre le maintien des subventions à l’enseignement privé. Secrétaire adjoint de la SFIO, en dehors du Parlement, il participe à la mise en place du comité d'entente avec le Parti communiste en décembre 1944 et anime, à partir de 1946, les Cercles Jean Jaurès – l’équivalent des groupes socialistes d’entreprises tournés vers le monde enseignant – avec lesquels il lance la Revue socialiste.
A l’occasion des élections à la deuxième Assemblée nationale constituante dans la première circonscription de la Seine, le 2 juin 1946, Robert Verdier est placé en deuxième position sur la liste socialiste, derrière Paul Rivet. La liste obtient 80 094 voix sur 434 358 suffrages exprimés. Robert Verdier est élu à la plus forte moyenne, Rivet l’étant au quotient. Il est nommé à la commission de l’éducation nationale et des beaux-arts, de la jeunesse, des sports et des loisirs et rapporte, le 3 septembre 1946, au nom de cette dernière, la proposition de M. Devèze tendant à inviter le gouvernement à procéder rapidement à un reclassement et à une revalorisation de la fonction enseignante. Il participe par ailleurs à la commission Philip sur l’enseignement privé, nommée par le gouvernement Gouin.
La direction socialiste issue de la Résistance est mise en minorité au congrès de Montrouge d’août 1946 par le rejet du rapport moral de Daniel Mayer. Robert Verdier, secrétaire général adjoint s'est engagé totalement dans la défense de leur bilan commun. Il est reconduit au bureau du parti et, à la demande expresse de Léon Blum, devient l’adjoint de celui-ci à la direction politique du Populaire. Il entre aussi à son cabinet lorsque Blum est nommé ministre d’Etat en 1948. Auparavant, il a appartenu au cabinet de Robert Depreux, ministre de l’éducation nationale, de février à juillet de la même année. La collaboration quotidienne entre Robert Verdier et le vieux leader socialiste dure près de quatre années, jusqu’au décès de Léon Blum en mars 1950. Robert Verdier assume alors la direction politique du quotidien socialiste et collabore conjointement au Midi Libre.
Robert Verdier n’a pas été réélu le 10 novembre 1946 à la première législature de la Quatrième République. Alors que les militants du premier secteur de la Seine l’avaient placé en tête de liste de la SFIO, il préfère laisser celle-ci à Paul Rivet. La liste socialiste reculant brutalement, avec 56 835 suffrages sur 534 362 inscrits et 433 260 exprimés, Paul Rivet est le seul élu. Mais, celui-ci ayant démissionné de la SFIO en 1948, Robert Verdier conduit la liste socialiste aux législatives du 17 juin 1951. Elle obtient 37 255 suffrages sur 397 358 suffrages exprimés. Robert Verdier est le seul élu. Il est nommé à la commission des affaires étrangères, où il siège pendant toute la législature. Il est désigné par ce dernier aréopage pour l’examen des problèmes intéressant les Etats associés d’Indochine, le 1er février 1955.
Membre de la délégation exécutive du groupe socialiste de l'Assemblée nationale, Robert Verdier dépose une proposition de loi, trois propositions de résolution et un rapport. Ces initiatives parlementaires visent à la défense des fonctionnaires, à l’adoption d’une allocation d’études. Il demande encore une augmentation de la subvention de la Cité universitaire de Paris et présente, le 5 juillet 1955, le rapport de la commission des affaires étrangères sur le projet de loi tendant à autoriser le Président de la République à ratifier les conventions entre la France et la Tunisie, visant à installer l’autonomie interne. C’est l’aboutissement d’un long combat personnel à l’Assemblée.
Depuis qu’à la Libération il a été appelé à présider le congrès des fédérations socialistes d’Afrique du Nord, Robert Verdier est devenu, avec Alain Savary, l’un des correspondants privilégiés en France des fédérations des protectorats, surtout de celle de Tunisie. Après la note du gouvernement français du 15 décembre 1951 concernant la Tunisie et le ratissage du Cap Bon, Robert Verdier utilise la tribune parlementaire pour révéler la politique de répression qu’il juge colonialiste. Le 23 janvier 1952, il dépose une demande d’interpellation sur « les mesures à prendre pour rétablir entre la France et la Tunisie des relations confiantes » et, par la suite, multiplie les interventions au nom du groupe socialiste pour protester contre l’arrestation du cabinet Tunisien, demander des réformes et s’élever contre la censure, les sévices infligés par la police et les atrocités commises dans des camps. Il multiplie les missions et voyages en Afrique du Nord et rencontre Ahmed Bourguiba emprisonné. On le voit aussi demander des sanctions contre certains fonctionnaires de la Résidence française au Maroc qui ont fait arrêter des nationalistes marocains en présentant cette mesure comme un enlèvement. Il appuie la politique suivie par le gouvernement Mendès France et, dans le débat d’interpellation sur la situation en Afrique du Nord, le 10 décembre 1954, il fait publiquement « l’éloge » de sa politique tunisienne « comparée avec celle de ses prédécesseurs ». Mais, il fait toutefois des réserves sur son « immobilisme dangereux » au Maroc dans la question dynastique. Après la chute de Mendès France, il interpelle le cabinet Edgar Faure sur le Maroc, mais apporte le soutien du groupe socialiste lorsque celui-ci est menacé par le « caractère composite de l’opposition », alliant les communistes et les « colonialistes ». L’amitié et la complicité politique avec Alain Savary, qui se nouent à partir de la législature 1951-1956, durent jusqu’au décès de ce dernier. Au cours de la législature 1951-1955, il prend la parole à l’occasion de seize discussions différentes, déposant quatre demandes d’interpellation et en remplissant les fonctions de rapporteur du projet de loi portant ratification des conventions franco-tunisiennes, les 6 et 7 juillet 1955.
Atteint par une tuberculose, Robert Verdier demande à ne plus faire partie du bureau de la SFIO en 1952. Il joue un rôle important dans le rejet du traité instituant la Communauté européenne de défense (CED) l'année suivante. Les congrès socialistes ayant suivi la direction du parti et approuvé le principe de la CED, alors que les parlementaires y sont en majorité hostiles, avec Alain Savary, ils sont les principaux rédacteurs de deux brochures intitulées « contre le traité actuel de la CED », ratifiées par une majorité de députés socialistes. Robert Verdier vote contre le projet en commission des affaires étrangères et surtout vote la question préalable du général Aumeran qui entraîne le rejet du traité, le 30 août 1954. Sanctionné pour cette indiscipline à la règle de l’unité de vote du groupe, il doit alors abandonner, en mars 1954, la direction du Populaire qu’il assumait depuis la mort de Léon Blum.
Le 2 janvier 1956, Robert Verdier conduit la liste socialiste qui obtient 42 647 voix sur 457 266 suffrages exprimés. Seul élu, il est membre des deux commissions des affaires étrangères (1956-1957) et de l’éducation nationale (1957-1958) qu’il connaît déjà, mais aussi de la commission du suffrage universel, des lois constitutionnelles, du règlement et des pétitions (1956-1958) qui l’élit à sa présidence, le 10 février 1956. Le 20 février 1958, il est nommé membre de la commission chargée de la surveillance et du contrôle des publications destinées à l’enfance et à l’adolescence. Parmi les douze textes déposés, on relève une proposition de résolution tendant à rendre hommage au peuple hongrois victime de la répression soviétique le 6 novembre 1956. Il signe également deux autres propositions de résolution, deux propositions de loi, six rapports et un rapport supplémentaire.
Dans un groupe parlementaire qui tient à montrer son indépendance par rapport à la direction de la SFIO et au gouvernement Guy Mollet, l’ancien secrétaire général adjoint occupe une place stratégique. Mais Robert Verdier prend progressivement ses distances avec la direction de son parti et son engagement dans le combat minoritaire le marginalise progressivement. Vice-président du groupe socialiste à l’Assemblée, après le 6 février 1956, il se montre hostile à la politique algérienne du gouvernement Guy Mollet. Il est un des rédacteurs de la motion « pour la paix en Algérie » pour le congrès de Lille en juin 1956 qui demande la reconnaissance du « fait national algérien ». En octobre suivant, il accepte de succéder à Edouard Depreux, démissionnaire de la présidence du groupe parlementaire socialiste, mais se trouve confronté, dès sa nomination, à la question du détournement de l’avion conduisant les chefs du FLN à Tunis, puis à l’intervention franco-anglaise en Egypte qu’il désapprouve. Il est plus à son aise pour défendre à l’Assemblée la position du parti socialiste dénonçant l’intervention en Union soviétique, mais aussi l’incendie du siège du PCF par des manifestants. Au congrès de Toulouse, en juillet 1957, il présente la motion minoritaire qui reconnaît le droit à l’indépendance de l’Algérie. Il doit toutefois démissionner de la présidence du groupe parlementaire après avoir voté contre le renouvellement et l’extension des pouvoirs spéciaux en Algérie le 20 juillet 1957, rompant ainsi la discipline du groupe socialiste. Enfin, en mai 1958, il se prononce pour une politique de fermeté face aux insurgés d’Alger et vote contre l’investiture du général de Gaulle, le 1er juin 1958, puis contre les pleins pouvoirs au gouvernement le lendemain. Au cours de cette législature écourtée, il prend la parole à l’occasion de la discussion de vingt-huit questions différentes. Il défend notamment un sous-amendement, quatre ordres du jour, fait deux rappels au règlement et pose une question orale au ministre de l’intérieur, le 15 novembre 1957, au sujet de l’expulsion des locataires âgés.
Dans l'été 1958, Robert Verdier est l'un des hommes qui tentent de rapprocher les représentants de la gauche non communiste qui refusent les conditions d'installation de la nouvelle République. Avec Mayer, Depreux, Mendès France, Mitterrand et certains intellectuels, il fonde l’Union des forces démocratiques (UFD) en août 1958 et appartient à son bureau national. Au congrès national de la SFIO, les 11-14 septembre, avec Depreux et Savary, il représente une dernière fois la minorité du parti, puis participe à la scission. Ensemble, ils fondent le Parti socialiste autonome (PSA) et Robert Verdier est désigné secrétaire adjoint du nouveau parti. Il se représente sans succès aux législatives en 1958 et en 1962, dans la troisième circonscription de la Seine. Il est, sans plus de succès, candidat de la Fédération de la Gauche démocrate et socialiste (FGDS) en 1967 et 1968, dans son secteur habituel. Robert Verdier tente enfin une dernière candidature, au nom du Parti socialiste, en mars 1973 dans le Gard.
Il disparaît le 27 février 2009, à l’âge de quatre-vingt-dix-huit ans.