Pierre Ziller

1909 - 1971

Informations générales
  • Né le 9 février 1909 à Haguenau ( - District de basse Alsace - Empire allemand)
  • Décédé le 17 décembre 1971 à Grasse (Alpes-Maritimes - France)

Mandats à l'Assemblée nationale ou à la Chambre des députés

Régime politique
Cinquième République - Assemblée nationale
Législature
Ire législature
Mandat
Du 30 novembre 1958 au 9 octobre 1962
Département
Alpes-Maritimes
Groupe
Union pour la nouvelle République
Régime politique
Cinquième République - Assemblée nationale
Législature
IIe législature
Mandat
Du 25 novembre 1962 au 2 avril 1967
Département
Alpes-Maritimes
Groupe
Union pour la nouvelle République-UDT
Régime politique
Cinquième République - Assemblée nationale
Législature
IIIe législature
Mandat
Du 12 mars 1967 au 30 mai 1968
Département
Alpes-Maritimes
Groupe
Union démocratique pour la V° République
Régime politique
Cinquième République - Assemblée nationale
Législature
IVe législature
Mandat
Du 30 juin 1968 au 1er décembre 1971
Département
Alpes-Maritimes
Groupe
Union des démocrates pour la République

Biographies

Biographie de la Ve République

ZILLER (Joseph, Pierre)
Né le 9 février 1909 à Haguenau (District de basse Alsace - Empire allemand)
Décédé le 17 décembre 1971 à Grasse (Alpes-Maritimes)

Député des Alpes-Maritimes de 1958 à 1971

L’Alsace fait partie intégrante du Reich allemand lorsque Pierre Ziller voit le jour. Ses parents sont négociants. Pierre Ziller a presque dix ans au moment où les « provinces perdues » sont rendues à la France. C’est à Haguenau qu’il effectue ses études secondaires jusqu’au baccalauréat. Au début des années 1930, il travaille comme gérant d’une entreprise de traitement du houblon et vit à Strasbourg, où est installée sa famille.

Comme beaucoup de patriotes alsaciens, Pierre Ziller est indigné que sa région d’origine soit à nouveau annexée par l’Allemagne après la défaite de mai-juin 1940 et refuse de regagner le Bas-Rhin. Il s’engage très rapidement dans la Résistance après sa démobilisation. Il est arrêté le 21 novembre 1941 pour atteinte à la sûreté de l’Etat et dissidence gaulliste. Après plusieurs mois d’emprisonnement, il est placé en liberté provisoire en juillet 1942 mais ne renonce pas à l’action clandestine. Il entre en effet dans les réseaux de renseignement de la France Libre mais est arrêté par la Gestapo en mai 1943, et interné à Fresnes. Pierre Ziller subit alors la torture, puis la déportation. Il découvre l’horreur des camps de Buchenwald, Dora, et Bergen-Belsen. Les conditions de vie épouvantables et les humiliations subies au quotidien le marquent durablement. Il fait cependant l’expérience de la fraternité et de la solidarité entre déportés. Après la libération de Bergen-Belsen par les troupes du général Montgomery, Pierre Ziller est d’abord chargé de mission auprès de la Commission des crimes de guerre à Londres, puis au Tribunal militaire international des grands criminels de guerre à Nuremberg. Son courage pendant les années sombres lui vaut d’être décoré de la Légion d’honneur, de la croix de guerre1939-1945, de la croix du combattant volontaire de la Résistance et de la médaille des déportés.

Pierre Ziller s’installe à Grasse après la seconde guerre mondiale et y occupe d’importantes responsabilités dans l’industrie de la parfumerie. Dès la création du RPF en avril 1947, l’ancien résistant y adhère. Il consacre beaucoup de son temps à l’action politique et prend la tête d’une liste gaulliste à Grasse, à l’occasion des élections municipales d’octobre 1947. Les Alpes-Martimes, où ne vivent que 450 000 habitants environ, comptent alors plusieurs secteurs où l’influence communiste est particulièrement forte. La liste de Pierre Ziller obtient 3074 voix au second tour des élections municipales, soit 39,4%, contre 35,7% pour les communistes. L’attribution des sièges offre une majorité relative aux élus du RPF, qui élisent Pierre Ziller maire de Grasse à l’automne 1947. Pendant une année, l’industriel s’efforce de conduire les affaires municipales malgré l’opposition systématique de sept conseillers municipaux qui se réclament de la Troisième force et des neuf élus communistes. L’état des relations entre la SFIO et le PC interdit en effet toute majorité alternative, mais condamne Pierre Ziller à diriger la commune dans un climat de tensions. En décembre 1948, l’ensemble des élus RPF démissionne du Conseil municipal grassois, ce qui contraint le préfet à organiser de nouvelles élections en février 1949. Les résultats n’en satisfont pas complètement Pierre Ziller : les communistes se maintiennent en effet à un niveau élevé (2779 voix, soit 38,7% des voix). Quoiqu’elle frôle la majorité absolue avec 49,1% des suffrages exprimés au second tour, la liste gaulliste n’obtient à nouveau qu’une majorité relative au Conseil municipal de Grasse (13 sièges sur 27). Malgré ses occupations professionnelles, Pierre Ziller accepte à nouveau le mandat de maire, qu’il exerce jusqu’en 1953. Il ne se représente pas à cette date.

Le gaullisme de Pierre Ziller porte donc le sceau de l’engagement résistant et se nuance d’un anticommunisme vigoureux. Les dissensions qui ont éclaté au sein du RPF des Alpes-Maritimes dans les années 1950 et la mise en sommeil du RPF en 1955 ne l’ont pas convaincu de renoncer définitivement à la politique. Il reste en contact avec d’anciens compagnons comme le délégué cantonal de Grasse Charles Pasqua ou le délégué départemental Pierre Pasquini. En juin 1957, il prédit à ce dernier que « les temps ne sont pas loin où nous reverrons peut-être le Général » et affirme qu’il se tient « à l’entière disposition » de l’homme du 18 juin pour l’avenir.
Après que le général de Gaulle est revenu au pouvoir, Pierre Ziller s’engage en faveur de la Constitution de la Vème République, qui est approuvée par les Français à une large majorité le 28 septembre 1958. Il se présente ensuite aux élections législatives de novembre 1958 dans la 6ème circonscription des Alpes-Maritimes et reçoit l’investiture de l’UNR. Sa profession de foi critique une IVème République qui aurait « toujours fait passer l’intérêt particulier avant l’intérêt général, au détriment de l’intégrité et de l’indépendance de la Nation ». Pierre Ziller compare implicitement les « anciens de la IVe République » aux émigrés d’Ancien Régime en écrivant qu’ils n’on « rien appris ni oublié » : cette attaque s’adresse surtout à son principal concurrent, l’ancien Garde des Sceaux Emile Hugues. L’ancien élu RPF se présente au contraire comme un homme qui a refusé de se compromettre avec le « système ». Il propose aux électeurs de substituer « le principe de la justice sociale » et de « l’association fraternelle dans l’épanouissement du progrès scientifique » à la lutte des classes. Son anticommunisme affleure sous la proposition d’une « dépolitisation des comités d’entreprises et des syndicats ». Gaulliste de la fidélité, Pierre Ziller s’engage « sur l’honneur, à défendre le plan algérien de cinq ans proposé à Constantine » par le général de Gaulle et qui prévoit un effort considérable en matière d’équipement et de promotion des élites musulmanes. C’est son ancien « frère de misère » et camarade de déportation Auguste Rossignot, conseiller municipal de Saint-Laurent-du-Var, que l’ancien maire de Grasse s’est choisi comme suppléant. C’est Emile Hugues qui arrive en tête du premier tour de scrutin le 23 novembre 1958, avec 13490 voix (31,9%). Il devance Pierre Ziller (11843 voix, soit 28,02%). Ce dernier obtient son meilleur résultat dans le canton de Grasse (36,4%), le plus peuplé de la circonscription. Il bénéficie du retrait en sa faveur de Barthélémy Battesti, candidat de la Démocratie chrétienne de France, qui avait été élu au conseil municipal de Grasse sur la liste RPF en 1949. Au second tour, une majorité d’électeurs modérés semblent considérer Pierre Ziller comme le meilleur rempart au candidat communiste. Il est élu député des Alpes-Maritimes par 44,2% des électeurs dans le cadre d’une triangulaire et met fin à la carrière d’Emile Hugues à l’Assemblée nationale.

Pierre Ziller s’inscrit au groupe de l’UNR en décembre 1958 et demeure fidèle jusqu’en 1971 aux formations qui rassemblent les gaullistes à l’Assemblée nationale. Sous la première législature, il siège à la Commission de la production et des échanges de janvier 1959 à juin 1962, hors un bref intermède à la Commission des affaires culturelles, familiales et sociales en juin 1961. Le 13 juin 1962, le député des Alpes-Maritimes rejoint pour quelques mois la Commission des lois constitutionnelles, de la législation et de l’administration générale.
Il n’intervient qu’à trois reprises dans l’hémicycle entre 1958 et 1962, mais s’affirme comme un des meilleurs spécialistes des questions douanières ou de la réglementation des exportations et importations. Il est désigné à trois reprises comme rapporteur de projets de loi modifiant les tarifs de douane sur des produits divers sous la première législature de la Vème République. Le 16 novembre 1961, il justifie par exemple la réduction de 20% des taxes applicables aux tabacs importés en Corse en invoquant les dispositions du traité de Rome et le maintien des droits de douane frappant les produits des pays tiers.

Les votes de Pierre Ziller témoignent de son soutien aux gouvernements Debré et Pompidou. Il approuve le programme du premier gouvernement de la Vème République (16 janvier 1959), comme le règlement de l’Assemblée nationale (3 juin 1959) et la déclaration de politique générale de Michel Debré (15 octobre 1959). Il s’exprime en faveur de la loi Debré sur l’enseignement privé (23 décembre 1959), accorde les pouvoirs spéciaux au gouvernement pour rétablir l’ordre en Algérie après la semaine des barricades (2 février 1960), soutient le programme du gouvernement de Georges Pompidou (27 avril 1962) et accepte la levée de l’immunité parlementaire de l’ancien président du Conseil Georges Bidault (5 juillet 1962). Contrairement au maire de Nice Jean Médecin, Pierre Ziller ne s’associe pas à la motion de censure du 4 octobre 1962.

Après la dissolution de l’Assemblée nationale et l’approbation par une large majorité de Français de l’élection du président de la République au suffrage universel direct, Pierre Ziller se représente devant les électeurs de 6ème circonscription des Alpes-Maritimes. Il rend compte de son mandat en affirmant n’avoir été « ni parjure, ni transfuge » et dit avoir abordé les questions qui intéressent ses concitoyens « sans distinction de croyances, d’affinités politiques ou de personnalités ». Il se choisit un nouveau suppléant en la personne de Louis Noilou, médaillé de la Résistance comme lui. Outre son vieil adversaire communiste Jean Cuméro, Pierre Ziller affronte au premier tour l’ancien ministre des affaires étrangères Christian Pineau, qui fut élu socialiste de la Sarthe sous la IVème République. Largement en tête à l’issue du premier tour, Pierre Ziller fait face à une situation inédite le 25 novembre 1962. Les deux candidats les mieux placés –soit Jean Cuméro avec 27,4% et Christian Pineau avec 11,5% des suffrages exprimés- ne sont pas présents au second tour. Le seul concurrent du sortant est désormais l’avocat Claude Challiol, investi par le CNIP. De manière très paradoxale, ce dernier bénéficie d’une majorité des voix de gauche du premier tour. Pierre Ziller est cependant réélu député des Alpes-Martitimes grâce au soutien de 61,4% des électeurs.

Il se montre très actif au sein de la Commission de la production et des échanges sous la deuxième législature. Sa compétence reconnue lui vaut d’être désigné comme rapporteur de quatorze projets de lois portant modification des tarifs douaniers ou des conditions d’importation et d’exportation entre 1962 et 1967. L’intégration dans le Marché commun stimule en effet ce type de législation dans les années 1960. L’objectif en est de créer un espace économique où la fluidité des échanges conduirait à la prospérité commune. Les interventions de Pierre Ziller dans l’hémicycle portent donc sur des produits aussi divers que les substances chimiques utilisées pour la fabrication du caoutchouc synthétique (décembre 1963), le zinc et le plomb (avril 1964) ou le pétrole et le gaz (novembre 1966). Les dossiers dont il s’occupe conduisent Pierre Ziller à développer une excellente connaissance des mécanismes de décision au niveau européen. Il s’agit d’une compétence-là rare au Parlement français dans les années 1960.

Le député des Alpes-Maritimes ne s’interdit pas d’intervenir sur des sujets autres que douaniers dans l’hémicycle. Il évoque ainsi l’indemnisation des pertes en biens subies par ses compagnons déportés de la Résistance (janvier 1963) et propose la création d’une académie ayant son siège à Nice le 6 novembre 1963. Fidèle au général de Gaulle, il soutient sa politique de rapprochement franco-allemand en autorisant la ratification du traité de l’Elysée (13 juin 1963) ou l’encadrement du droit de grève dans les services publics (26 juillet 1963). Pierre Ziller vote la réforme du mode d’élection des conseillers municipaux (17 juin 1964) et celle du recrutement du service national (26 mai 1965).

En mars 1967, il sollicite le renouvellement de son mandat et rassemble 42,99% des suffrages exprimés dès le premier tour. Tous les cantons de la 6ème circonscription l’ont placé en tête. Il est réélu par 54,7% des voix le 12 mars 1967 et l’emporte notamment sur le nouveau candidat communiste, le conseiller général Romain Maurel (43,1%).

La troisième législature permet à Pierre Ziller d’être élu secrétaire de l’Assemblée nationale le 4 avril 1967. Ses nouvelles fonctions, qui recouvrent surtout des aspects administratifs, le contraignent à intervenir moins souvent en séance publique, d’autant que l’essentiel des dispositions en matière de modification des droits de douane au sein de la Communauté européenne sont désormais adoptées. Rapporteur pour avis du budget du Commissariat au tourisme, Pierre Ziller insiste sur l’importance de cette activité pour l’économie française et plaide en faveur d’une « propagande » touristique plus développée à l’étranger. Il ne vote pas la motion de censure déposée par l’opposition pour protester contre le choix du gouvernement de légiférer par ordonnance, au printemps 1967.

Après les événements de mai 1968, le général de Gaulle choisit de dissoudre l’Assemblée nationale. Comme beaucoup de ses collègues gaullistes, Pierre Ziller axe alors sa campagne sur le rejet du communisme et de l’anarchie. Il appelle les électeurs de la 6ème circonscription des Alpes-Martitimes à voter « contre le drapeau noir, contre le drapeau rouge ». Jean Médecin, maire de Nice et opposant au pouvoir gaullien, soutient la candidature d’Hervé de Fontmichel, qui est investi par le Centre progrès et démocratie. Malgré cette concurrence, qui s’ajoute à celle du communiste Romain Maurel au second tour, Pierre Ziller est réélu député par 50,2% des suffrages exprimés le 30 juin 1968.

Réélu secrétaire de l’Assemblée nationale, Pierre Ziller siège à la Commission des lois constitutionnelles, de la législation et de l’administration générale de juillet 1968 à avril 1969. Il retrouve alors la Commission de la production et des échanges et est chargé de deux rapports concernant des modifications à apporter au Code des douanes. La maladie contraint Pierre Ziller à être moins présent dans l’hémicycle sous la 4ème législature. Très affecté par la disparition en août 1971 de son fils unique et de ses deux petits-enfants dans un accident de la route, le député des Alpes-Maritimes meurt peu après, âgé de 62 ans. Le gaulliste Achille Peretti, président de l’Assemblée nationale prononce l’éloge funèbre de Pierre Ziller dans l’hémicycle le 20 décembre 1971, et salue en lui « un patriote admirable et un citoyen remarquable ».