Alphonse Le Gallo

1902 - 1965

Informations générales
  • Né le 7 mars 1902 à Basse-indre (Loire-Inférieure - France)
  • Décédé le 1er février 1965 à Boulogne-billancourt (Hauts-de-Seine - France)

Mandats à l'Assemblée nationale ou à la Chambre des députés

Régime politique
Cinquième République - Assemblée nationale
Législature
IIe législature
Mandat
Du 25 novembre 1962 au 1er février 1965
Département
Paris
Groupe
Socialiste

Biographies

Biographie de la Ve République

LE GALLO (Alphonse, Pierre, Camille).
Né le 7 mars 1902 à Indre (Loire-Inférieure, aujourd’hui Loire-Atlantique)
Décédé le 17 février 1965 à Boulogne-Billancourt (Hauts-de-Seine)

Député de la Seine de 1962 à 1965

Né dans une commune industrielle de la banlieue de Saint-Nazaire, Alphonse Le Gallo fréquente l’école puis le collège de cette dernière ville. Il obtient son baccalauréat mais ne peut continuer ses études trop dispendieuses pour sa famille. Son père, Alphonse, Clément Legallo selon l’état-civil, est un ouvrier syndicaliste très actif de Saint-Nazaire – il a été secrétaire de l’Union départementale CGT avant 1914 –, et un militant socialiste en Loire-Inférieure puis à Boulogne-Billancourt. Le jeune Alphonse travaille tout d’abord comme électricien à la centrale électrique de Saint-Nazaire. Il fait son service militaire à partir du 12 mai 1923 au 19ème escadron de train Hippo. La famille s’installe à Boulogne, alors commune du département de la Seine, en 1924. Libéré de l’armée le 7 novembre, Alphonse rejoint les siens et entre aux usines Farman. Mais, il est ouvrier câbleur au « Matériel téléphonique » lorsque le 20 novembre 1926, il se marie, dans le 14ème arrondissement de Paris, avec Simone Prudhon, couturière, avec laquelle il a un fils en 1934. Bien que travaillant alors soixante heures par semaines, il réussit le concours de commis de mairie le 21 octobre 1933 et est gradué de l’école d’administration municipale. Il exerce brièvement comme dans l’administration municipale de la ville de Paris, avant de rejoindre celle de Boulogne-Billancourt, comme commis, le 5 mai 1934. Il est titularisé le 30 septembre suivant, puis nommé secrétaire rédacteur le 1er juillet 1939, pour finir sa carrière d’employé comme sous-chef de bureau, secrétaire adjoint de mairie.
Alphonse Le Gallo, adhère à son tour en 1931 à Boulogne-Billancourt, dans une commune bastion du socialisme municipal administrée par le sénateur socialiste Morizet. Son père y exerce les fonctions de conseiller municipal de la ville depuis 1929. Alphonse fils prend des responsabilités politiques locales rapidement, tout en entrant dans l’administration communale. Désigné trésorier de la section locale SFIO en 1934, il devient secrétaire administratif l’année suivante, enfin secrétaire adjoint en 1936. Il se manifeste aussi dans le parti au plan départemental, il candidate sans succès pour figurer dans la commission exécutive de la fédération SFIO de la Seine, comme signataire de la motion Blum-Ziromsky au congrès fédéral de 1939 et est désigné comme délégué aux Amicales socialistes.
Classé dans les services auxiliaires, Alphonse Le Gallo est mobilisé le 24 août 1939 et se voit affecté à la 22e section de commis et d’ouvriers d’administration à l’intendance à Saint-Denis. Placé en affectation spéciale à la mairie de Boulogne-Billancourt le 1er janvier 1940, il est démobilisé le 20 septembre suivant. Il reprend sa place à la mairie toujours dirigée par André Morizet jusqu’à la fin 1941, puis, après la mort de ce dernier, demande sa mutation à la mairie de Choisy-le-Roi, puis réintègre Boulogne le 1er février 1943.
Durant l’Occupation, Alphonse Le Gallo, entre en résistance et appartient au réseau « Libération Nord ». Ses services ont été validés par le ministère des anciens combattants du 1er juillet 1943, au 25 août 1944. Déjà, en mars 1942, il a été signalé à la préfecture de police comme se livrant au trafic de tickets d’alimentation pour ravitailler des internés politiques. Il est l’objet d’une surveillance de la première Brigade spéciale de la préfecture et subit une perquisition à son domicile.
Secrétaire de la section du Parti socialiste dans la clandestinité puis à la Libération, muté à la mairie de Puteaux où il est nommé sous-chef de bureau le 1er septembre 1944, Le Gallo est porté à la présidence du comité de Libération de Boulogne-Billancourt et désigné ensuite à la tête de la délégation spéciale (conseil municipal provisoire) par l'arrêté préfectoral du 20 octobre. En congé sans solde, il fait fonction de maire d’une ville gravement sinistrée par les bombardements de mars 1942 et 1943 qui visaient l’usine Renault. Un des premiers actes du conseil municipal consiste à demander le 23 septembre la nationalisation de l’entreprise automobile. Elu conseiller municipal le 29 avril 1945 sur une liste « Républicaine patriotique et antifasciste » (il arrive en 11ème position, avec 22 603 voix, le premier élu en aillant 22 737), il est confirmé comme maire le mois suivant, puis constamment réélu jusqu’à son décès (les 26 octobre 1947, 5 mai 1953 et 20 mars 1959). Non sans mal, car la SFIO se voit prise en tenaille entre la puissance communiste dans la ceinture rouge et la poussée gaulliste notamment en 1947 où les deux grands partis obtiennent chacun deux fois plus de voix que les socialistes. Le Gallo conserve alors la mairie avec une alliance de troisième force appuyée par le MRP, le nombre d’élus socialistes étant de six seulement. Mais en 1953, ce nombre est porté à douze et les suffrages socialistes passent de 6 100 en moyenne en 1947 à plus de 11 000 en 1953, année où le Gallo obtient par ailleurs 1 623 signes préférentiels (sur 50 453 inscrits). En mars 1959, sa liste gagne encore 2 000 voix et au second tour emporte les 31 sièges de justesse dans une triangulaire. Son action municipale porte évidemment tout d’abord sur la reconstruction des infrastructures et surtout sur le problème crucial du logement au lendemain des hostilités.
Le Gallo est par ailleurs désigné, en février 1945, au titre des mouvements de résistance, pour siéger au conseil général provisoire de la Seine, comme représentant d’une commune suburbaine. Il est élu conseiller général de Boulogne le 23 septembre 1945 et, là aussi, reconduit à l’Assemblée départementale de la Seine les 17 mai 1953 et 15 mars 1959. Lors de cette ultime élection, il obtient 36,5 % des suffrages au premier tour, devançant le communiste Roger Boisseau (35,5 %) et l’UNR Marcel Calix, (23,9 %). Il l’emporte alors dans un duel avec son adversaire communiste au second tour avec 57,7 % des suffrages.
Désigné secrétaire puis vice-président du Conseil général en 1945-1947, le Gallo est porté à la présidence du conseil général de la Seine, de juin 1958 à mars 1959. Il est par ailleurs vice-président du syndicat intercommunal pour l’électricité (à partir de 1948), administrateur d’EDF et surtout administrateur délégué de l’Office départemental HLM.
Avec quelques autres élus SFIO de la banlieue parisienne, comme Coutrot à Bondy et Dardel à Puteaux, Alphonse Le Gallo s’est imposé sous la IVème République comme un des représentants du socialisme gestionnaire et comme un des élus de premier plan de la SFIO. Il siége dans les organisations regroupant les élus du parti et surtout représente ceux-ci dans les associations nationales d’élus. Délégué par le Comité directeur de la SFIO le 30 mai 1945 à la fédération nationale des élus municipaux et cantonaux socialiste, il est secrétaire de l’Union des élus de la fédération SFIO de la Seine à partir de décembre 1945. La place centrale de son parti dans le jeu politique et le nombre importants de ses édiles lui permettent d’être choisi comme secrétaire général de l’Association des maires de France, à partir du 11 novembre 1947 et président de l’union des maires de Paris et de la Seine en janvier 1948. Il siège encore au comité d’aménagement de la région parisienne. Il s’intéresse en particulier aux efforts d’équipement des collectivités, à leurs difficultés financières et à la situation des personnels communaux.
Durant la IVème République, Le Gallo ne réussit pas à obtenir un siège de parlementaire, d’autres élus issus de la Résistance étant mieux placés que lui dans le cadre du scrutin de liste. Il est candidat malheureux aux législatives de juin 1946 dans le 5ème secteur de la Seine (en 4ème position sur la liste SFIO (seuls Albert Gazier et Roger Deniau étant élus), puis en novembre 1946 (en 3ème position), enfin en 1951. Il se présente aussi en vain, le 7 novembre 1948, aux élections pour le renouvellement partiel des Conseillers de la République. Aux élections législatives des 23 et 30 novembre 1958, le Gallo se présente au scrutin majoritaire sans plus de succès : il obtint 14 794 suffrages au premier tour, sur 62 160 inscrits et 48 782 exprimés, puis 15 694 voix au second tour, mais le maintien du candidat communiste permet à l’UNR André Roulland de l’emporter.
Très anticommuniste, Alphonse Le Gallo est emblématique des socialistes élus dans le cadre de listes la Troisième force qui refusent la recomposition politique et la bipolarisation induite par la victoire du gaullisme. En 1959, la liste d’Union républicaine conduite par lui dans sa ville devenue la plus importante de la banlieue parisienne après la capitale, enlève 37 sièges, avec 18 socialistes, 11 centristes divers, 4 radicaux et 4 MRP. Les listes de droite se sont retirées au second tour pour ne pas faire le jeu du parti communiste.
Alphonse Le Gallo, représentatif des élus de terrain sur lesquels s’appuie alors le parti socialiste pour obtenir des sièges au parlement, est de nouveau présenté par la SFIO dans la 32ème circonscription de la Seine au lendemain de la dissolution de l’Assemblée consécutive au renversement du gouvernement Pompidou en octobre 1962. Candidat du « Front démocratique », appuyé par le Centre républicain, le parti radical socialiste, les Indépendants, le MRP et la SFIO, il se retrouve dans la position classique de la Troisième force. Il mène une campagne axée sur la sauvegarde de la démocratie et des libertés « républicaines », en défendant le programme du « Cartel du Non », face « aux factieux et aux inconditionnels de toutes obédiences ». Arrivé en troisième position au premier tour, avec 10 535 suffrages, il est placé derrière l’UNR André Roulland (16 276 suffrages) et le communiste Roger Rousseau (11 759 suffrages). Pourtant, en dépit de ses positions très anticommunistes, il est l’un des rares élus socialistes à bénéficier du retrait de son adversaire communiste pourtant mieux placé dans le but de battre le sortant UNR. Au deuxième tour, il mène une campagne résolument axées contre l’UNR, sans attaquer le général de Gaulle, appelant à l’union de tous les démocrates, contre les candidats « inconditionnels » du seul UNR cette fois. Il l’emporte, avec 21 812 voix contre 21 276 à Roulland qui a lui bénéficié du retrait d’un candidat du CNI qui avait recueilli 3 355 voix. Le Gallo est donc élu député le 25 novembre 1962. Il s’inscrit naturellement au groupe socialiste et est nommé membre de la commission des lois constitutionnelles, de la législation et de l’administration générale de la République. Tout naturellement, il se fait le défenseur des collectivités locales, intervenant très souvent à ce titre, notamment chaque année lors de la discussion du budget du ministère de l’Intérieur. Il prend activement part à la discussion du projet de loi portant réorganisation de la région parisienne en juin 1964. Administrateur d’une commune qui avait sur son sol le plus important site automobile français (Renault-Billancourt), il aborde aussi la question des difficultés de l’industrie automobile, dénonçant « les causes et les méfaits de la crise automobile ».
Le Gallo par delà son activité parlementaire poursuit son action dans les associations d’élus. A une large majorité, il est élu président de l’association des maires de France en mai 1964, succédant au MRP Pierre Trémentin, tout en étant vice-président de l’Union des villes et communes de France. Européen convaincu, il participe à la création du conseil des communes d’Europe. Il est par ailleurs vice-président de l’Office public d’HLM de la Seine et administrateur d’Electricité de France, jusqu’au 19 février 1963.
Déjà victime d’un infarctus en 1963, puis dans l’été 1964, Le Gallo décède subitement d’une crise cardiaque à 63 ans, au début de la campagne des élections municipales de 1965. Depuis quelques mois, il était en conflit ouvert avec la fédération socialiste de la Seine qui avait signé un accord électoral avec le PCF pour les l’ensemble du département de la Seine : il avait manifesté, peu avant, son refus d’une entente avec les communistes, sa volonté de maintenir l’alliance centriste et se voyait menacé de ce fait de se voir opposer une liste commune SFIO-PCF-PSU, conduite par son propre suppléant, Georges Germain. Ses obsèques rassemblent plusieurs milliers de personnes, avec de nombreuses personnalités et une délégation du Grand Orient conduite par l’ancien député et ministre Paul Anxionnaz.
Chevalier de la Légion d’honneur depuis, nommé 1947 sur la proposition du préfet de la Seine, Roger Verhomme, Le Gallo a été fait officier de la Légion d’honneur le 15 décembre 1957. Il était encore commandeur du Mérite civil, chevalier des Palmes académiques et titulaire de nombreuses autres décorations.