Auguste, Alexandre Ducrot

1817 - 1882

Informations générales
  • Né le 24 février 1817 à Nevers (Nièvre - France)
  • Décédé le 16 août 1882 à Versailles (Seine-et-Oise - France)

Mandats à l'Assemblée nationale ou à la Chambre des députés

Régime politique
Assemblée Nationale
Législature
Mandat
Du 8 février 1871 au 29 novembre 1872
Département
Nièvre
Groupe
Union des Droites

Biographies

Biographie extraite du dictionnaire des parlementaires français de 1789 à 1889 (Adolphe Robert et Gaston Cougny)

Représentant en 1871, né à Nevers (Nièvre) le 24 février 1817, mort à Versailles (Seine-et-Oise) le 16 août 1882, il sortit de Saint-Cyr comme sous-lieutenant, et alla servir en Afrique, au 17e léger, sous les ordres du duc d'Aumale. Promu lieutenant le 27 décembre 1840, capitaine le 11 février 1842, commandant le 27 septembre 1847, lieutenant-colonel le 8 avril 1851, colonel le 26 décembre 1853, et général de brigade le 13 mars 1858, il fit, en cette dernière qualité, la campagne d'Italie (1859). Le 7 juin 1865, il passa général de division. Comme il commandait à Strasbourg, en 1869, la 6e division territoriale, il écrivit au général Frossard des lettres, depuis rendues publiques, qui avaient pour but de signaler les préparatifs menaçants et l'organisation supérieure de la Prusse.

Au début de la guerre de 1870, le général Ducrot fut nommé commandant de la première division du premier corps d'armée, celui de Mac-Mahon ; il se trouva à la bataille de Reischoffen. Revenu à Châlons avec quelques bataillons, il marcha sur la Meuse lorsque fut décidée la tentative de jonction avec Metz : il prit part à la fatale journée de Sedan. On sait que le maréchal de Mac-Mahon fut blessé dès le début de la bataille ; il désigna alors le général Ducrot pour prendre à sa place le commandement en chef, que le général de Wimpffen, à son tour, revendiqua et obtint ; ce fut ce dernier qui signa la capitulation. Ducrot refusa d'accepter les conditions favorables faites aux officiers qui s'engageraient à ne pas servir pendant la durée de la guerre. Laissé libre momentanément, contre la promesse d'aller se constituer prisonnier à Pont-à-Mousson dans un délai fixe, il se conforma d'abord à cette clause ; mais une fois interné, l'occasion de s'évader s'étant présentée, il en profita, et s'échappa, déguisé en ouvrier, pour venir à Paris offrir ses services au général Trochu. La presse allemande l'accusa d'avoir manqué à sa parole, et le général Ducrot dut adresser, le 17 octobre 1870, au gouverneur de Paris, un rapport justificatif détaillé.

Appelé au commandement en chef des 13e et 14e corps, il joua dès lors, dans les opérations de la défense, un rôle considérable qui fut diversement apprécié, et qu'une grande partie de la population parisienne jugea très défavorablement.

Ce fut le général Ducrot qui prépara l'engagement du 19 septembre, qui se termina par la perte du plateau de Châtillon. Le 21 octobre, il livra aux Prussiens, du côté de la Malmaison, une bataille sanglante, mais sans résultat. A la fin de novembre suivant, placé à la tête de la deuxième armée destinée à opérer sur la Marne, il essaya vainement, pendant trois jours, de forcer les lignes ennemies. Il avait adressé, le 28 au matin, à ses soldats une proclamation qui se terminait par une phrase restée célèbre : « Pour moi, j'y suis bien résolu, j'en fais le serment devant vous, devant la nation tout entière, je ne rentrerai dans Paris que mort ou victorieux ; vous pourrez me voir tomber, vous ne me verrez pas reculer. Alors ne vous arrêtez pas, vengez-vous. » Les termes de cette proclamation qui n'eut pas le résultat qu'on pouvait en attendre, furent vivement reprochés, depuis, au général Ducrot, qui revint vivant et vaincu. Le 4 décembre, nos soldats durent repasser la Marne, et se concentrer dans le bois de Vincennes. Bientôt éclatèrent entre le général et ses collègues de graves dissentiments.

Lors de la grande sortie du 19 janvier 1871, sur Buzenval, le corps de Ducrot arriva en retard de deux heures sur le lieu de l'action, et ce retard fut donné par le commandant en chef comme une des principales causes qui amenèrent l'insuccès de la journée. Cette circonstance contribua fortement à augmenter l'impopularité du général Ducrot à Paris. Ses sentiments étaient, d'autre part, des moins sympathiques au gouvernement de la République.

Après la capitulation, il manifesta l'intention de se tenir à l'écart de toutes fonctions publiques, et commença par refuser la candidature à l'Assemblée nationale, tant à Paris que dans la Nièvre. Il revint cependant sur sa détermination et, au scrutin du 8 février 1871, il fut élu représentant par les conservateurs monarchistes de son pays natal, le 1er sur 7, avec 46,139 voix (64,512 votants et 97,485 inscrits).

Il prit place dans les rangs de la droite, et témoigna à plusieurs reprises de son hostilité contre l'ancien gouvernement de la Défense nationale. Dans la séance du 8 mars, à propos de l'élection de Garibaldi, il réclama « une enquête sérieuse sur les faits qui ont amené le désastre de notre armée de l'Est », et reprocha à Garibaldi d'être venu moins pour défendre la France que « sa République universelle ». Le 1er décembre 1871, anniversaire de la bataille de Champigny, le général Ducrot prononça un discours qui souleva dans la presse républicaine les plus vives polémiques. Dans les premiers jours de février 1872, il dénonça à la tribune deux représentants, ses collègues, qui avaient attaqué certains votes de l'Assemblée dans l'Indépendant des Pyrénées-Orientales et la Constitution. Il s'agissait de MM. Pierre Lefranc et Rouvier. Mais la majorité n'accorda point au général les poursuites qu'il demandait; elle préféra user, sur la motion du général Changarnier, de « l'amnistie du dédain ».

Adversaire de la République et des républicains, le général Ducrot vota constamment avec la droite, tant qu'il fit partie de l'Assemblée nationale. C'est ainsi qu'il s'associa à l'adoption des préliminaires de paix, des prières publiques, à l'abrogation des lois d'exil, à l'approbation de la pétition des évêques, et qu'il se prononça en faveur du pouvoir constituant de l'Assemblée, et contre le retour à Paris.

Mais ayant été nommé, le 1er septembre 1872, au commandement en chef du 8e corps d'armée, à Bourges, il envoya (29 novembre) sa démission de représentant. Il fut remplacé par M. de Bourgoing.

Son attitude dans son nouveau poste fut la même qu'à la Chambre. Dès son entrée en fonctions, il fit adresser par le colonel, chef de la 19e légion de gendarmerie placée sous ses ordres, une circulaire à ses officiers pour leur demander un rapport sur l'esprit des populations dans les localités « dangereuses », ainsi qu'une liste détaillée des « individus signalés eux-mêmes comme dangereux par leurs tendances et leur influence. » Ce fut lui qui suspendit, le 29 novembre 1872, le journal le Progrès de Saône-et-Loire, en vertu des pouvoirs que lui conférait l'état de siège. Il interdit de même (1873) la publication de l'Union républicaine, de Bourges. Ce fut aussi par son ordre que le général de Galliffet procéda, à Dijon, au renversement de la statue de la Résistance, du sculpteur Cabet, à cause du bonnet phrygien qu'elle portait. La déposition du général Ducrot devant la commission d'enquête sur le Quatre Septembre, parue vers la même époque, fit également beaucoup de bruit. Enfin, dans une revue passée en 1876, à Lamotte-Beuvron, des trois divisions placées sous ses ordres, la bénédiction du pape, officiellement donnée aux troupes, souleva les protestations de la presse démocratique. L'irritation du général contre les institutions existantes était si connue, que certains articles, publiés après l'acte du 16 mai 1877 par M. Saint-Genest dans le Figaro contre le général Berthaut, purent lui être attribués par le Moniteur universel. Un décret du 10 janvier 1878 retira à M. Ducrot le commandement du 8e corps.

Chevalier de la Légion d'honneur en 1846, officier du même ordre en 1854, commandeur en 1860 et grand-officier en 1870, le général Ducrot publia divers ouvrages militaires, notamment un livre sur l'Algérie, un récit de la journée de Sedan, et une histoire en deux volumes de la Défense de Paris.

Admis dans le cadre de réserve, il se retira à Versailles, où il mourut des suites d'une phlébite rhumatismale.