Yvan Blot

1948 - 2018

Informations générales
  • Né le 29 juin 1948 à Saint-mandé ( - France)
  • Décédé le 10 octobre 2018 à Paris (Paris - France)

Mandats à l'Assemblée nationale ou à la Chambre des députés

Régime politique
Cinquième République - Assemblée nationale
Législature
VIIIe législature
Mandat
Du 2 avril 1986 au 14 mai 1988
Département
Pas-de-Calais
Groupe
Rassemblement pour la République

Biographies

Biographie de la Ve République

BLOT (Yvan)
Né le 29 juin 1948 à Saint-Mandé (Seine)
Décédé le 10 octobre 2018 à Paris (Seine)

Député du Pas-de-Calais de 1986 à 1988


Yvan Michel Blot naît le 29 juin 1949 à Saint-Mandé dans le département de la Seine (actuel Val-de-Marne). Son père, Camille Blot, est officier de marine et un ancien résistant du réseau Combat. Sa mère, Adela Sophia Brys est d’origine polonaise. Il perd son père très jeune, alors qu’il n’a que sept ans. Il effectue sa scolarité au lycée Henri-IV, puis intègre en 1969 l’Institut d’études politiques de Paris, section Service public. A sa sortie de l’IEP de Paris en 1973, il entre à l’École nationale d’administration (ENA), promotion « François-Rabelais ». Il en sort administrateur civil au ministère de l’Intérieur. Enfin, il obtient en 1974 un diplôme d’études supérieures (DES) de sciences économiques, qu’il complète par un doctorat dans cette même matière en 2004. Il épouse, le 16 septembre 1978, Bernadette Boyer avec qui il aura deux enfants. Il épouse en secondes noces, en 1995, Chantal de Seguin. Le couple se sépare en 2004. Il épouse en troisièmes noces Cendrine Chéreil de la Rivière, ancienne femme de Jean-Marie Le Chevalier, figure varoise du Front national, maire de Toulon entre 1995 et 2001 et député de la 1ère circonscription du Var entre 1997 et 1998, jusqu’à l’annulation de son élection. Cendrine Le Chevalier est alors candidate à l’élection législative partielle, mais battue de 33 voix par la candidate socialiste Odette Casanova.

L’entrée d’Yvan Blot dans le monde politique s’effectue par une voie particulière. Ni par l’élection, ni par l’engagement dans un parti, mais via le monde des idées. En septembre 1968, il fonde le Cercle Pareto, destiné à regrouper les étudiants de l’IEP Paris hostiles au mouvement de Mai 68. Il intègre en 1971 le GRECE (Groupement de recherche et d’études pour la civilisation européenne), laboratoire d’idées de la « Nouvelle Droite », un courant d’inspiration nationale-européenne et ethno-différentialiste, fondé en 1969 et gravitant autour de plusieurs personnalités médiatiques et intellectuelles, dont Alain de Benoist. En son sein, il rédige de nombreux textes, autour de thèses darwiniennes et racialement biologistes. Mais il se trouve en désaccord avec Alain de Benoist. D’abord, sur la conception de l’engagement politique. En 1973, il tente avec d’autres personnalités du GRECE de convaincre Alain de Benoist de s’engager dans la vie politique active, ce que celui-ci refuse. Yvan Blot décide alors de quitter le GRECE, départ qu’il justifie également, ensuite, par l’anti-christianisme du laboratoire d’idées et par la personnalité d’Alain de Benoist. Le 10 juillet 1974, il cofonde à son domicile le Club de l’Horloge, dont l’objectif social est « l’étude des problèmes auxquels sont confrontées les sociétés modernes ». Très actif dans le débat intellectuel, avec l’organisation de nombreux colloques et la publication de nombreux ouvrages, le Club de l’Horloge gravite autour de l’aile droite des partis de la droite de gouvernement, avant de se rapprocher à la fin de la décennie 1980 de l’extrême-droite.

Yvan Blot est, en 1976 et 1977, chargé de mission au cabinet de Michel Poniatowski, ministre de l’Intérieur et proche du président de la République Valéry Giscard d’Estaing. Puis, il intègre brièvement en 1978 le cabinet du président du Sénat, le démocrate-chrétien Alain Poher, comme chargé de mission. Membre du RPR (Rassemblement pour la République, parti gaulliste), la même année, il devient le directeur de cabinet de son secrétaire général, d’abord Alain Devaquet, jusqu’en octobre 1979, puis Bernard Pons, d’octobre 1979 à novembre 1984. En 1979, il devient membre du comité central du parti. A partir de 1980, il dirige « Contrepoint », une revue d’inspiration néolibérale. Réputé l’une des « matières grises » du RPR, il rédige, notamment aux côtés d’Édouard Balladur et d’Alain Juppé, le programme de Jacques Chirac pour l’élection présidentielle de 1981, programme marqué par un tournant très caractéristique. En effet, alors que Jacques Chirac avait fondé fin 1976 le RPR en présentant le gaullisme comme le visage français de la social-démocratie, en exaltant un « travaillisme à la française » et en s’attaquant au « libéralisme classique », son programme présidentiel est axé sur un libéralisme économique très poussé, inspiré par la politique menée aux États-Unis par Ronald Reagan et au Royaume-Uni par Margaret Thatcher. Jacques Chirac arrive en troisième position au soir du premier tour, avec 18 % des suffrages exprimés, derrière le président de la République sortant, Valéry Giscard d’Estaing (28,32%) et le candidat socialiste François Mitterrand (25,85%). Pour le second tour, il indique qu’il votera à titre personnel pour Valéry Giscard d’Estaing, sans appeler précisément ses partisans à en faire autant. Certaines rumeurs feront même état de ce que la consigne de voter pour François Mitterrand aurait été diffusée dans quelques rangs du RPR. Le candidat socialiste l’emporte ainsi par 51,76 % des suffrages exprimés. De 1985 à 1988, Yvan Blot est chargé de mission auprès de Jacques Toubon, secrétaire général du RPR.

Yvan Blot s’efforce alors de s’enraciner dans un territoire. Président de la fédération RPR du Pas-de-Calais, il est tête de liste pour l’opposition à Calais lors des élections municipales de mars 1983. La ville est détenue par le Parti communiste depuis 1971, avec Jean-Jacques Barthe comme maire. Malgré la victoire de ce dernier, Yvan Blot intègre le conseil municipal. Au mois de juin, il est chargé, au sein du RPR, de la coordination des études législatives avec les présidents des groupes parlementaires. Puis, en avril 1984, il y devient chargé de la coordination des études législatives du comité juridique consultatif. Lors des élections cantonales de mars 1985, Yvan Blot parvient à conquérir le canton de Calais-Centre, fief communiste depuis 1973, d’abord avec Jean-Jacques Barthe, puis avec son adjoint à la mairie Roland Penin. Lors des élections législatives de 1986, au scrutin proportionnel départemental, Yvan Blot est second sur la liste RPR du Pas-de-Calais menée par Jean-Paul Delevoye. Celui-ci arrive en deuxième position avec 16,73 % des suffrages exprimés et obtient trois élus. L’alliance de droite RPR-UDF (Union pour la démocratie française, confédération de partis de droite et de centre-droit fondée en 1978 pour soutenir Valéry Giscard d’Estaing) obtient une majorité de sièges. François Mitterrand nomme Jacques Chirac Premier ministre, dans le cadre de la cohabitation.

A l’Assemblée nationale, Yvan Blot intègre le groupe RPR et est membre de la commission des lois constitutionnelles, de la législation et de l'administration générale de la République. Il est également vice-président du groupe parlementaire chargé d’évaluer les perspectives et les implications du futur lien Trans-Manche. Mais Yvan Blot se montre très rapidement critique envers la politique menée par le gouvernement Chirac, essentiellement sur les questions relatives à l’immigration. Alors qu’il avait contribué à rédiger pour le ministre de l’Intérieur, Charles Pasqua, dont il est très proche, un projet de loi très strict sur l’immigration, l’onde de choc provoquée par l’affaire Malik Oussekine (la mort d’un étudiant lors des manifestations contre le projet de réforme universitaire Devaquet), contraint le gouvernement à renoncer aux points les plus durs. Un recul qu’Yvan Blot dénonce. Il dépose alors, entre autres, une proposition de loi constitutionnelle visant à instituer le référendum d’initiative populaire, en vain. Il continue alors de défendre l’idée d’un tel référendum notamment pour permettre le rétablissement de la peine de mort ou des mesures contre l’immigration. Il fonde même une association en ce sens, l’A3D (l’Association pour le développement de la démocratie directe).

Après la dissolution de l’Assemblée nationale qui suit la réélection en mai 1988 de François Mitterrand à la présidence de la République, Yvan Blot se présente dans la 7e circonscription du Pas-de-Calais, qui englobe une grande partie de Calais. Il est battu par le socialiste André Capet, conseiller régional et adjoint au maire de Jean-Jacques Barthe.

C’est à ce moment que certains représentants de l’aile droitière du RPR haussent le ton contre les positions trop modérées de leurs partis. Plusieurs personnalités, comme Charles Pasqua, dénoncent ce qu’ils perçoivent comme une dérive du RPR, qui aurait trop tendance à s’aligner sur l’UDF et qui mettrait trop en avant une ligne centriste sur les sujets régaliens, dégageant ainsi un espace pour le Front national de Jean-Marie Le Pen. Certains mettent même en avant les supposées proximités idéologiques entre la droite de gouvernement et le FN. C’est le cas d’Yvan Blot qui appelle publiquement à une alliance entre son parti et le FN. Sous cette impulsion, le Club de l’Horloge appelle à une union de l’ensemble de la droite. Critique envers la ligne du RPR et le positionnement de Jacques Chirac, Yvan Blot quitte alors le parti gaulliste pour rejoindre les rangs du FN en 1989. Il dénonce notamment le fait que le RPR ait décidé pour les élections européennes du 15 juin de cette même année de faire alliance avec l’UDF au sein d’une liste commune conduite par Valéry Giscard d’Estaing. Selon Yvan Blot, par ce choix, le RPR renonce aux principes de politique européenne du général de Gaulle pour embrasser « une ligne de centre gauche favorable à une Europe centralisée à Bruxelles ». Affirmant que, désormais, le FN et son président Jean-Marie Le Pen, sont les seuls à défendre fidèlement les valeurs gaullistes, il est cinquième sur la liste FN conduite par Jean-Marie Le Pen qui obtient 11,73 % des voix et 10 sièges. Yvan Blot intègre par conséquent le Parlement européen. Il devient rapidement un membre éminent du FN. Membre du bureau politique, délégué national aux études, il supervise le Groupe d'action parlementaire (GAP) et le Centre d'études et d'argumentaires (CEA), dont la principale tâche est de sortir le FN de son image de parti contestataire pour tenter de lui donner la crédibilité d’un parti de gouvernement.

Yvan Blot décide également de changer de territoire. Il projette dans un premier temps de partir s’ancrer dans une terre très favorable au FN, à Hyères, dans le Var. Lors de la présidentielle de 1988, Jean-Marie Le Pen y est arrivé en seconde position, avec 25,09 % des suffrages exprimés, talonnant même François Mitterrand (25,46 %). Mais à la demande du patron du FN, Yvan Blot s’installe dans un autre secteur où le parti d’extrême-droite connaît une forte poussée : l’Alsace, et plus spécifiquement, le Bas-Rhin. Il y est chargé de co-présider la fédération FN. Jean-Marie Le Pen y était également arrivé en seconde position lors de la dernière élection présidentielle (21,84 % en Alsace et 21,94 % dans le Bas-Rhin).

L’année suivante, Yvan Blot est la tête de liste régionale du FN en Alsace lors des élections régionales du 22 mars, et numéro deux sur la liste du Bas-Rhin. Sa liste arrive en seconde position avec 17,19 %, derrière le président sortant du conseil régional, le démocrate-chrétien Marcel Rudloff (33,08%), et obtient 9 sièges. Yvan Blot devient alors vice-président du conseil régional. Il préside par ailleurs le groupe FN au conseil régional. Il figure à nouveau sur la liste de Jean-Marie Le Pen pour les élections européennes de juin 1994. Placé en huitième position, les 10,52 % des suffrages exprimés obtenus par la liste FN lui permettent d’être réélu député européen. Lors des élections municipales de juin 1995, Yvan Blot mène la liste du FN à Strasbourg. Avec 9,45 % des voix, il intègre le conseil municipal.

Pour les élections législatives anticipées de juin 1997, Yvan Blot est candidat du FN dans la 7e circonscription du Bas-Rhin. Il est notamment opposé au député sortant, le démocrate-chrétien Adrien Zeller, qui a pris la suite de Marcel Rudloff à la tête du conseil régional après son décès en 1996. Dans un contexte pourtant favorable à la gauche, Adrien Zeller arrive largement en tête avec 45,37 % des voix. Yvan Blot est second, avec 25,24 %. Au second tour, Yvan Blot est sévèrement battu par son adversaire, avec 31,76 % contre 68,24 % pour Adrien Zeller. En 1998, il intègre le « contre-gouvernement » du FN, piloté par Jean-Claude Martinez, comme chargé de l’Instruction publique et des universités. A nouveau tête de liste du FN lors des élections régionales du 15 mars 1998 en Alsace, sa liste arrive en seconde place avec 20,58 % et obtient 13 élus. Yvan Blot brigue en vain la présidence du conseil régional mais est battu au troisième tour par le démocrate-chrétien Adrien Zeller. Il est ensuite candidat lors de l’élection législative partielle organisée en juin dans la 7e circonscription du Bas-Rhin pour remplacer Adrien Zeller, démissionnaire mais il est battu par l’ancien suppléant de ce dernier, Émile Blessig.

La fin de l’année 1998 est très tumultueuse pour le FN. Les tensions deviennent insoutenables entre le président du FN, Jean-Marie Le Pen, et son numéro deux, Bruno Mégret. Le premier accuse le second de déloyauté à son égard ; le second reproche au premier son goût pour la provocation et les polémiques, ainsi que sa façon de diriger le parti. Pour Bruno Mégret, cette attitude de Jean-Marie Le Pen empêche le FN d’être autre chose qu’un parti de protestation qui préfère faire du bruit que conquérir le pouvoir. Le 13 décembre, les proches de Bruno Mégret convoquent un congrès national extraordinaire pour prendre le contrôle du parti. Mais, la justice, saisie par Jean-Marie Le Pen, rend caduque son résultat. Bruno Mégret, suivi par une majorité de cadres du parti et d’élus, dont Marie-Caroline Le Pen, la fille aînée de Jean-Marie Le Pen, rompt alors avec le FN. Ils organisent un congrès extraordinaire dissident les 23 et 24 janvier 1999 à Marignane, dont le maire Daniel Simonpierri, par ailleurs conseiller général des Bouches-du-Rhône pour le canton de Marignane, est un soutien de Bruno Mégret. Bruno Mégret y fonde le Front national-Mouvement national (FN-MN). Yvan Blot, proche de Bruno Mégret, est exclu du FN au lendemain de la fronde mégretiste. Au congrès de Marignane, il devient membre du Bureau national du nouveau parti et délégué national aux relations extérieures. Mais il ne reste pas longtemps au sein du FN-MN. Dès le printemps 1999, il critique la stratégie de Bruno Mégret, qu’il accuse de vouloir se rapprocher de la droite de gouvernement classique, notamment de Jacques Chirac. Il demande ainsi à réintégrer le FN, ce qui lui est refusé. Il n’est donc pas reconduit sur la liste FN pour les élections européennes de juin 1999 et perd ainsi son mandat de député européen.

Yvan Blot tente alors de retourner au sein de la droite républicaine. Après la fondation de l’Union pour la majorité présidentielle, renommée Union pour un mouvement populaire en novembre 2002, conçue pour rassembler au sein d’un même parti la droite et le centre-droit, Yvan Blot tente de rejoindre ses rangs. Mais la direction nationale s’y oppose. Ce n’est qu’en 2004, après que Nicolas Sarkozy a pris la tête de l’UMP, que l’adhésion de Yvan Blot est acceptée par la fédération parisienne.

En juillet 2010, Yves Blot fonde Agir pour la démocratie directe, une association dans la droite ligne de l’A3D. Puis en 2011, il intègre le Rassemblement pour l’indépendance de la France (RIF), un petit parti souverainiste et hostile à l’Union européenne, présidé par Alain Bournazel. Il en devient le vice-président et se présente sous cette étiquette, avec comme suppléante son épouse, Cendrine Chéreil de La Rivière, aux élections législatives de juin 2012 dans la 2e circonscription de Paris. Il obtient 0,17 %. En 2013, il suit Alain Bournazel dans sa rupture avec le RIF. Refusant d’entrer dans l’orbite du Front national dirigé à présent par la fille de Jean-Marie Le Pen, Marine Le Pen, Alain Bournazel fonde le Rassemblement, dont Yvan Blot devient vice-président. En 2015, il fonde avec Antoine Martinez, ancien général de brigade dans l’armée de l’air, le parti Volontaires pour la France. Arborant comme emblème fréquent la croix de Lorraine, le mouvement, essentiellement composé d’anciens militaires et policiers, est fondé sur une ligne anti-immigration, nationaliste, réactionnaire et opposée à l’Islam. Durant toutes ces années, Yvan Blot gravite autour de nombreux médias alternatifs, porte-paroles d’une propagande d’extrême-droite, qui s’illustre notamment dans la célébration et la défense du président russe Vladimir Poutine.

Yvan Blot meurt à Paris, dans le 16e arrondissement, le 10 octobre 2018. Lors de ses obsèques, la présence de nombreuses figures de l’extrême-droite, dans sa diversité, est remarquée.