Augustin, Thomas Pouyer-Quertier

1820 - 1891

Informations générales
  • Né le 2 septembre 1820 à Ettouteville-en-caux (Seine-Inférieure - France)
  • Décédé le 2 avril 1891 à Rouen (Seine-Inférieure - France)

Mandats à l'Assemblée nationale ou à la Chambre des députés

Régime politique
Second Empire - Corps législatif
Législature
IIe législature
Mandat
Du 21 juin 1857 au 7 mai 1863
Département
Seine-Inférieure
Groupe
Indépendant
Régime politique
Second Empire - Corps législatif
Législature
IIIe législature
Mandat
Du 31 mai 1863 au 27 avril 1869
Département
Seine-Inférieure
Groupe
Indépendant
Régime politique
Assemblée Nationale
Législature
Mandat
Du 8 février 1871 au 7 mars 1876
Département
Seine-Inférieure
Groupe
Centre droit

Mandats au Sénat ou à la Chambre des pairs

Sénateur
du 30 janvier 1876 au 7 janvier 1882
Sénateur
du 8 janvier 1882 au 3 janvier 1891

Biographies

Biographie extraite du dictionnaire des parlementaires français de 1789 à 1889 (Adolphe Robert et Gaston Cougny)

Député de 1857 à 1869, représentant en 1871, ministre, membre du Sénat, né à Ettouteville-en-Caux (Seine-Inférieure) le 2 septembre 1820, mort à Rouen le 2 avril 1891, il eut des commencements difficiles, mais, à force de travail, devint un des principaux manufacturiers de la Seine-Inférieure.

Maire de Fleury-sur-Andelle en 1854, membre du conseil général de l'Eure, de la chambre de commerce de Rouen, administrateur de la succursale de la Banque de France établie à Rouen, président du comité de secours pour les ouvriers cantonniers, il acquit dans la région une haute situation commerciale et industrielle qui le désigna, le 22 juin 1857, aux suffrages des électeurs de la 1re circonscription de la Seine-Inférieure ; élu, avec l'appui du gouvernement impérial, député au Corps législatif, par 9 083 voix (16 746 votants, 31 386 inscrits), contre 5 144 à M. Achille Lemasson, et 2 357 à M. Levavasseur, il prit place dans les rangs de la droite dynastique, dont il partagea les opinions en matière politique.

D'autre part, il se fit, à l'encontre des orateurs du gouvernement, le champion des idées protectionnistes : le traité de commerce conclu avec l'Angleterre n'eut pas d'adversaire plus déterminé que lui. M. Pouyer-Quertier se fit à cet égard l'interprète des vives réclamations des départements du Nord, et intervint dans toutes les grandes discussions économiques, pour combattre les privilèges des grandes compagnies de chemins de fer, et pour réclamer l'abaissement des tarifs dans l'intérêt du commerce national.

Réélu, le 1er juin 1863, par 10,907 voix (20 845 votants, 27 960 inscrits), contre 8 114 à M. Desseaux et 1 766 à M. Levavasseur, il poursuivit, dans la nouvelle législature, la campagne qu'il avait précédemment entreprise, porta plusieurs fois la parole au nom du commerce français, et se déclara partisan d'une réorganisation de la navigation intérieure, dont les monopoles entravaient l'exercice. Il attaqua avec persistance l'administration du chemin de fer du Midi et les entreprises des frères Péreire, adressa de vifs reproches à l'institution du Crédit foncier (mars 1869), et fut aussi opposé au régime économique établi par l'Empire qu'il s'était toujours montré fidèle à la politique du même gouvernement.

Aussi le bénéfice de la candidature officielle lui fut-il retiré, aux élections du 24 mai 1869 : il échoua alors avec 11 450 voix contre 11 936 à l'élu de l'opposition, M. Desseaux; puis il se porta candidat dans la 3e circonscription de Paris, au scrutin complémentaire de novembre suivant ; il eut 9 699 voix contre 20 781 à M. Crémieux, de l'opposition démocratique. Il ne perdit pas courage, multiplia les réunions, les meetings, dans l'intérêt des doctrines économiques qu'il représentait, et dut des succès oratoires assez vifs à l'animation familière qui colorait ses discours. Les défenseurs du protectionnisme au Corps législatif, en janvier 1870, à propos des traités de commerce, s'inspirèrent de ses idées et se réclamèrent de son autorité : la même année, un banquet lui fut offert par ses amis.

Le 8 février 1871, M. Pouyer-Quertier fut élu représentant de la Seine-Inférieure à l'Assemblée nationale, le 4e sur 16, par 80 287 voix (120 899 votants, 203 718 inscrits). Le 25 du même mois, Thiers lui confia le portefeuille des Finances. C'est en cette qualité qu'il concourut, avec Jules Favre, aux négociations du traité de paix définitif avec l'Allemagne : il se rendit à Francfort, puis à Berlin, et passa pour avoir facilité l'issue des négociations par la bonne humeur inaltérable dont il fit preuve dans ses relations avec l'empereur Guillaume et avec M. de Bismarck. De retour en France, il prépara l'émission de l'emprunt de deux milliards cinq cents millions, dont le succès fut tel, que l'ensemble des souscriptions dépassa huit milliards. Il présenta à l'Assemblée une série d'impôts, concernant les allumettes, le sucre, les tabacs, les postes, le papier timbré, l'enregistrement, les alcools, les licences des débits de boissons, les cartes à jouer, les billards, le thé, le café et les matières premières. De ces diverses mesures, celle qui visait les matières premières fut l'objet de la lutte la plus vive: Thiers y prit une grande part personnelle et n'obtint pas gain de cause, car, sur la proposition de M. Feray, l'Assemblée, le 19 janvier 1872, déclara qu'elle ne reviendrait à l'impôt réclamé par le ministre qu'après avoir épuisé toutes les autres matières imposables.

Un autre incident devait, à peu de jours de là, entraîner la démission du ministre : cité comme témoin dans le procès de l'ancien préfet de l'Eure, M. Janvier de la Motte, que le gouvernement avait traduit aux assises de la Seine-Inférieure, M. Pouyer-Quertier chercha à justifier le système des virements et des mandats fictifs; l'opinion publique et l'Assemblée s'émurent, et MM. Dufaure et Casimir Périer, ministres, mirent le chef du pouvoir exécutif en demeure de se séparer de M. Pouyer-Quertier, qui se retira en effet le 5 mars 1872, non sans avoir fait entendre à l'Assemblée sa propre apologie.

Il fut alors nommé vice-président du conseil supérieur de l'agriculture, du commerce et de l'industrie. M. Pouyer-Quertier, qui avait voté pour la paix, pour les prières publiques, pour l'abrogation des lois d'exil, pour le pouvoir constituant de l'Assemblée, prit place au centre droit, s'associa à la coalition qui devait renverser Thiers le 24 mai 1873, combattit le projet déposé en juillet 1872 par M. Casimir Perier, d'un impôt sur les bénéfices nets de la Banque, du commerce et de l'industrie, et ne perdit aucune occasion d'affirmer ses idées économiques. Il soutint le ministère de Broglie, et opina pour le septennat, pour la loi des maires, pour l'état de siège, contre l'amendement Wallon, contre l'ensemble des lois constitutionnelles.

Elu sénateur de la Seine-inférieure, le 30 janvier 1876, par 621 voix (867 votants), il s'assit au centre droit, refusant, malgré les avances qui lui furent faites, de s'inscrire au groupe de l'Appel au peuple, présida (décembre) la commission du budget, et après l'acte du 16 mai 1877, se prononça pour la dissolution de la Chambre des députés. Toutefois il ne fut pas de ceux qui partagèrent les espérances et les responsabilités de l'entreprise tentée au nom du maréchal de Mac-Mahon par les chefs de la droite, il n'accepta aucun portefeuille, et resta en dehors de la politique militante, se bornant à traiter, toujours dans le sens protectionniste, les questions purement économiques. Infatigable adversaire du libre-échange, il attaqua vivement la modification de l'impôt sur les chèques, et en obtint le rejet par le Sénat, (19 septembre 1878). À l'occasion de la discussion qui s'ouvrit ensuite sur le tarif général des douanes, M. Pouyer-Quertier, rapporteur de la commission, commença par provoquer dans les principales villes manufacturières de grands meetings protectionnistes, puis il engagea, avec sa verve accoutumée, la lutte devant la Chambre haute (janvier 1881). Il se prononça contre l'article 7 de la loi sur l'enseignement supérieur, opina avec la droite contre les divers ministères républicains qui se succédèrent au pouvoir, fut réélu sénateur, le 8 janvier 1882, par 527 voix (869 votants), soutint les nouveaux traités de commerce protectionnistes (mars 1882), critiqua (novembre 1883) les nouvelles conventions sur les chemins de fer, et vota :
- contre la réforme judiciaire,
- contre le rétablissement du divorce,
- contre les crédits de l'expédition du Tonkin,
- contre l'expulsion des princes,
- contre la nouvelle loi militaire,
et, en dernier lieu :
- pour le rétablissement du scrutin d'arrondissement (13 février 1889),
- contre le projet de loi Lisbonne restrictif de la liberté de la presse,
- contre la procédure de la Haute Cour contre le général Boulanger.

Aux élections législatives de 1885, il s'était porté candidat à la Chambre des députés en tête de la liste monarchiste de la Seine-Inférieure; mais il ne réunit que 62 983 voix (149 546 votants).

Conseiller général de l'Eure pour le canton de Fleury-sur-Andelle, grand officier de la Légion d'honneur (19 octobre 1871).

On a de lui : Meetings agricoles, industriels et maritimes.

Date de mise à jour: février 2017