Clément, Jacques, Léonard Thomas

1809 - 1871

Informations générales
  • Né le 31 décembre 1809 à Libourne (Gironde - France)
  • Décédé le 18 mars 1871 à Paris (Seine - France)

Mandats à l'Assemblée nationale ou à la Chambre des députés

Régime politique
Deuxième République
Législature
Assemblée nationale constituante
Mandat
Du 23 avril 1848 au 26 mai 1849
Département
Gironde
Groupe
Centre gauche

Biographies

Biographie extraite du dictionnaire des parlementaires français de 1789 à 1889 (Adolphe Robert et Gaston Cougny)

Représentant en 1848, né à Libourne (Gironde) le 31 décembre 1809, fusillé à Paris le 18 mars 1871, fit ses études à Paris, puis s'engagea dans l'armée, devint maréchal des logis au 9e cuirassiers, et, compromis dans le complot de Lunéville, fut impliqué dans le procès des accusés d'avril, et condamné à la détention (1835) ; mais il parvint à s'évader de Sainte-Pélagie, passa en Angleterre et n'en revint qu'à la faveur de l'amnistie de 1837. Il entreprit l'éducation de deux jeunes gens, et collabora au National.

A la révolution de février, qui porta ses amis au pouvoir, Clément Thomas fut envoyé comme commissaire dans la Gironde. Ce département l'élut, le 23 avril, représentant à l'Assemblée constituante, le 14e sur 15, par 51,433 voix sur 146,606 votants. De retour à Paris, il devint, à l'élection, colonel de la 2e légion de la garde nationale, puis, le soir du 15 mai, fut nommé commandant en chef de la garde nationale de la Seine, à la place du général Courtais arrêté. Quelques jours avant l'insurrection de juin, il fut remplacé lui-même dans ce poste par le général Changarnier: en réponse à la proposition de M. Rey sur la croix de la Légion d'honneur, il l'avait appelée un « hochet de vanité », avait été interrompu, insulté, et avait dû donner sa démission de commandant. A l'Assemblée, M. Clément Thomas vota avec les démocrates modérés,

- contre le rétablissement du cautionnement,
- contre les poursuites contre Louis Blanc et Caussidière,
- contre le rétablissement de la contrainte par corps,
- contre l'amendement Grévy,
- pour l'abolition du remplacement militaire,
- contre le droit au travail,
- pour la Constitution,
- pour l'ordre du jour en l'honneur de Cavaignac,
- contre la proposition Rateau,
- contre les crédits de l'expédition de Rome,
- pour l'amnistie des transportés.

Il ne fut pas réélu à l'Assemblée législative. Lors du coup d'Etat de 1851, il tenta vainement de soulever la Gironde et d'organiser la résistance. Exilé, il passa en Belgique, et de là dans le grand-duché de Luxembourg. Il refusa l'amnistie de 1859, et écrivit à cette occasion au National la lettre suivante :

« Moëstroff, 9 septembre 1859.

« Monsieur le rédacteur,
« Serait-ce trop réclamer de votre obligeance, dans le but de mettre fin aux questions qui me sont adressées de divers côtés, que de vous prier de vouloir bien reproduire dans votre journal les lignes suivantes?

« J'ai une foi trop vive en mon pays, pour ne pas préférer l'exil au spectacle de sa dégradation. A ceux qui me demandent si je rentrerai en France par une porte rouverte par l'homme du 2 décembre, je réponds: jamais!

CLÉMENT THOMAS ».

Il se trouvait en Suisse, lorsqu'il apprit la chute de l'Empire (4 septembre 1870); il vint aussitôt offrir ses services au gouvernement de la Défense nationale. Nommé chef du 148e bataillon de la garde nationale, et appelé au commandement du 3e secteur, il se montra très opposé au mouvement du 31 octobre, et devint, après cette journée (1er novembre), adjudant général de la garde nationale de Paris. Quelques jours après, il reçut le titre de commandant supérieur des gardes nationales de la Seine.

Le 19 janvier 1871, il fut à la tête de la garde nationale mobilisée dans la sortie de Montretout et Buzenval. Aux élections du 8 février, il réunit dans la Gironde, sans être élu, 35,170 voix sur 132,349 votants. Le 14 du même mois, il adressa sa démission au général Trochu et rentra dans la vie privée. Lors de l'insurrection du 18 mars, M. Clément Thomas, reconnu et arrêté sur la place Pigalle par plusieurs gardes nationaux, fut conduit au comité central de Montmartre, rue des Rosiers, et fusillé sans jugement. L'Assemblée nationale décréta, le 26 mars, qu'une pension viagère serait accordée à sa veuve et qu'un monument lui serait élevé au Père-Lachaise aux frais de l'Etat.