Albin de Berville

1788 - 1868

Informations générales
  • Né le 22 octobre 1788 à Amiens ( - Généralité d'Amiens France)
  • Décédé le 25 septembre 1868 à Fontenay-aux-Roses (Seine - France)

Mandats à l'Assemblée nationale ou à la Chambre des députés

Régime politique
Monarchie de Juillet - Chambre des députés
Législature
IVe législature
Mandat
Du 8 juin 1838 au 2 février 1839
Département
Seine-et-Oise
Groupe
Centre
Régime politique
Monarchie de Juillet - Chambre des députés
Législature
Ve législature
Mandat
Du 2 mars 1839 au 12 juin 1842
Département
Seine-et-Oise
Groupe
Centre
Régime politique
Monarchie de Juillet - Chambre des députés
Législature
VIe législature
Mandat
Du 9 juillet 1842 au 6 juillet 1846
Département
Seine-et-Oise
Groupe
Centre
Régime politique
Monarchie de Juillet - Chambre des députés
Législature
VIIe législature
Mandat
Du 1er août 1846 au 24 février 1848
Département
Seine-et-Oise
Groupe
Centre
Régime politique
Deuxième République
Législature
Assemblée nationale constituante
Mandat
Du 23 avril 1848 au 26 mai 1849
Département
Seine-et-Oise
Groupe
Droite

Biographies

Biographie extraite du dictionnaire des parlementaires français de 1789 à 1889 (Adolphe Robert et Gaston Cougny)

Fils de Pierre Joseph Berville qui avait été représentant aux Cent-Jours, député de 1838 à 1848, représentant du peuple à l'Assemblée constituante de 1848, né à Amiens (Généralité d'Amiens), le 22 octobre 1788, mort à Fontenay-aux-Roses (Seine), le 25 septembre 1868, il fit dans sa ville natale, en raison de sa mauvaise santé, de médiocres études qu'il vint compléter à Paris.
Reçu avocat en 1812, il ne tarda pas à se distinguer au barreau par son caractère autant que par son talent; il s'essayait en même temps à des travaux littéraires qui lui valurent plus d'une couronne académique. Mais bientôt les plaidoyers politiques allaient l'enlever à la littérature.

Berville, tout dévoué au « libéralisme », devint l'avocat attitré des causes libérales. La première affaire importante dans laquelle il plaida fut celle des Patriotes de 1816, où il obtint un vif succès personnel, bien que Me Mauguin eût dans le procès le rôle principal. Il défendit en la personne de MM. Simon Lorière et Gévaudan, la Société des Amis de la liberté de la presse, et le fit avec une puissance de dialectique qui fut plus tard retournée contre lui, et non sans à propos, quand il remplit les fonctions d'accusateur public contre le journal la Tribune. Il défendit encore M. Léon Thiessé, l'auteur des Lettres normandes, poursuivi pour une appréciation de la cérémonie expiatoire du 21 janvier ; plaida pour l'éditeur des Mémoires de Levasseur, et fut au premier rang parmi les avocats des accusés du 19 août 1820, devant la Chambre des pairs. Il y avait 29 prévenus; MM. de Peyronnet et de Vatimesnil soutenaient l'accusation, les défenseurs s'appelaient Odilon Barrot, Hennequin, Legoux, Chaix d'Est-Ange, Philippe Dupin, Persil, Berville, etc. Berville, qui plaidait pour le capitaine Delamotte, développa devant les juges un véritable traité ex-professo de la théorie de la loi pénale sur le complot et fit si habilement ressortir l'iniquité qui résulterait de l'application brutale du Code, qu'il obtint un acquittement. Dans l'affaire des carbonari, il sauva la tête du jeune avocat Baradère; il prêta aussi son concours à Paul-Louis et à Béranger. Le vigneron de la Chavonnière a raconté lui-même comment il eut recours à l'assistance de Berville. On en voulait à son Simple discours. Etant « à labourer un jour », il reçut « un long papier, signé Jacqueminot-Pampelune, dans lequel on l'accusait d'avoir offensé la morale publique en disant que la cour autrefois ne vivait pas exemplairement; d'avoir en même temps offensé la personne du roi, et de ce non content, provoqué à offenser la dite personne. A raison de quoi, Jacqueminot proposait de le mettre en prison. Si jamais homme tomba des nues, ce fut Paul-Louis, à la lecture de ce papier timbré. Il quitte ses boeufs, sa charrue, et s'en vient courant à Paris, où il trouva M. Berville, jeune avocat déjà célèbre, qui lui défendit de transiger, se faisant fort de le tirer de là, et de gagner sa cause qui était, disait-il, imperdable... » Pourtant l'écrivain fut, cette fois condamné à l'unanimité. Berville prit sa revanche dans maint autre procès, notamment celui de M. de Senancourt, qu'il gagna en appel. Ce vieillard avait été condamné par la police correctionnelle à neuf mois d'emprisonnement, en 1828, pour avoir réimprimé un Résumé des traditions religieuses. Berville ne soutenait pas seulement par la parole les idées libérales; il combattit la plume à la main, dans le Constitutionnel, le Journal de Paris, etc., la plupart des projets de lois de la Restauration; il collabora aussi à la Revue encyclopédique, à la Minerve littéraire, aux Mémoires sur la Révolution française ... etc.

Après la révolution de Juillet, qui devait avoir toutes ses sympathies, Berville, sur l'insistance de ses amis au pouvoir, accepta le poste d'avocat général à la Cour royale de Paris. Cette situation nouvelle mit parfois l'ancien défenseur de la liberté de la presse dans l'obligation de requérir contre des journalistes : le National, la Tribune, l'Avenir furent poursuivis par lui. Toutefois, les biographes s'accordent à reconnaître qu'il apporta à « fuir les occasions de paraître dans les procès politiques le même soin que d'autres mettent à les rechercher. » La carrière parlementaire devait tenter son talent.

Après avoir échoué, le 21 juin 1834, comme candidat à la députation dans le 3e collège de Seine-et-Oise (Pontoise), il fut plus heureux le 8 juin 1838; depuis cette date jusqu'en 1848, Pontoise lui renouvela constamment son mandat. A la Chambre, il siégea au centre, parmi les partisans de la monarchie constitutionnelle, mais ne craignit pas, en plus d'une circonstance, de s'associer aux votes de l'opposition dynastique. « Il lui arriva plus d'une fois, a-t-on dit, de donner en même temps, sur les marches de la tribune, des boules noires au ministère et des poignées de mains aux ministres, lesquels eussent peut-être bien préféré le contraire. » Il présenta, en 1840, les rapports sur la loi des fonds secrets, et sur la loi touchant l'organisation du tribunal de la Seine. On lui doit encore, comme député, une proposition relative aux droits des veuves et des enfants des auteurs dramatiques, ainsi que plusieurs discours sur la propriété littéraire, la question des sucres, etc. Berville proposa, enfin, de rendre au jury la compétence exclusive des délits de presse. Il fut moins net sur la question de la réforme électorale, et avoua à ce propos qu'il souhaitait bien moins l'extension du droit de suffrage qu'une meilleure distribution des électeurs ; les petits collèges lui apparaissaient comme le refuge de la corruption.
Partisan, au fond, de la monarchie de Juillet, Berville ne se rallia pas au gouvernement républicain de 1848. Elu le 23 avril, par le département de Seine-et-Oise, représentant à l'Assemblée constituante, avec 56,775 voix, il prit place à droite, vota le rétablissement du cautionnement, les poursuites contre Louis Blanc et Caussidière, la proposition Rateau, l'interdiction des clubs, et repoussa l'abolition de la peine de mort, l'amendement Grévy sur la présidence, le droit au travail, l'amnistie des transportés. Il ne prit, du reste, que très peu de part aux délibérations de la Constituante; et ne se présenta pas aux élections pour la Législative : la loi avait déclaré le mandat de représentant incompatible avec ses fonctions de magistrat.
Il resta premier avocat général à la Cour de Paris ; puis il fut, sous l'Empire, nommé président de Chambre, et mis à la retraite, le 20 avril 1859. Fait chevalier de la Légion d'honneur le 10 août 1833, il en était devenu officier le 31 octobre 1849.

Date de mise à jour: juillet 2014