Louis, Marie La Révellière-Lépeaux

1753 - 1824

Informations générales
  • Né le 24 août 1753 à Montaigu ( - Généralité de Poitiers France)
  • Décédé le 27 mars 1824 à Paris (Seine - France)

Mandats à l'Assemblée nationale ou à la Chambre des députés

Présidence(s)

Présidence de l'Assemblée nationale
du 20 juillet 1795 au 4 août 1795

Mandat(s)

Régime politique
Révolution
Législature
Assemblée nationale constituante
Mandat
Du 20 mars 1789 au 30 septembre 1791
Baillage
Anjou (Type : Sénéchaussée)
Groupe
Tiers-Etat
Régime politique
Révolution
Législature
Convention nationale
Mandat
Du 5 septembre 1792 au 26 octobre 1795
Département
Maine-et-Loire
Groupe
Modérés

Biographies

Biographie extraite du dictionnaire des parlementaires français de 1789 à 1889 (Adolphe Robert et Gaston Cougny)

Député en 1789, membre de la Convention, député au Conseil des Anciens, membre du Directoire, né à Montaigu (Généralité de Poitiers) le 24 août 1753, mort à Paris (Seine) le 27 mars 1824, il était fils cadet de « noble homme Jean-Baptiste de la Révellière, bourgeois de la ville d'Angers, licencié ès-lois, conseiller du roi, lieutenant-juge au siège royal des traites de Montaigu, et de demoiselle Marie-Anne Maillochau, son épouse ». Son père fut pendant trente ans maire de Montaigu, et son frère aîné périt sur l'échafaud à Paris pendant la Terreur, accusé de fédéralisme.

Louis-Marie fut élevé par un prêtre qui le traitait brutalement ; sa santé en souffrit, et ses parents le mirent alors au collège de Beaupréau (Maine-et-Loire), puis aux Oratoriens d'Angers. Licencié en droit de l'Université de cette ville, il alla prêter son serment d'avocat au parlement de Paris (1775), et entra chez un procureur qui le laissa s'adonner aux beaux-arts, à la musique, et à l'étude des sciences morales et politiques. Il eut un instant le projet de passer en Amérique pour soutenir les colons révoltés contre l'Angleterre, mais il en fut empêché et il revint à Angers (1776) ; puis il se maria, habita quelque temps Mantes, et, s'étant fait bâtir en Anjou une maison de campagne, vint s'y occuper de botanique ; il professa même quelque temps cette science à la Société de botanique d'Angers.

Il n'avait pas abandonné l'idée d'aller chercher la liberté en Amérique, quand la Révolution vint modifier ses projets ; nommé syndic de sa commune (Faye), et membre de l'assemblée bailliagère d'Angers, il fut élu, le 20 mars 1789, troisième député du tiers aux états généraux par la sénéchaussée d'Anjou. Le lieutenant de cette sénéchaussée, Milscent, qui avait été également élu député, écrivait confidentiellement à cette occasion, le surlendemain de l'élection, au garde des sceaux, Barentin : « Le 3e député est M. Revellière de Lépeaux, âgé d'environ 33 ans, d'une santé extrêmement faible, mais rempli d'esprit ; le plus parfait honnête homme, mais un peu fort dans ses idées, et préoccupé du grand système d'égalité entre les hommes. »

A l'Assemblée, La Révellière fut membre du comité de constitution (6 juillet 1789), fit un rapport (30 juillet 1790) sur les pensions des savants et des gens de lettres, se prononça (21 octobre) pour le pavillon tricolore, appuya (9 avril 1791) une dénonciation contre le ministre de la Marine, s'opposa (14 août) à ce qu'on donnât le titre de princes français aux membres de la famille régnante, se prononça pour la non-réélection des députés à la législature suivante, et fut élu (22 septembre) 2e haut-juré pour le département de Maine-et-Loire.

De retour en Anjou, il devint membre de l'administration départementale, puis (août 1792) adjudant-général des gardes nationales du district de Vihiers, et fut élu, le 5 septembre 1792, membre de la Convention par le département de Maine-et-Loire, le 4e sur 11, avec 547 voix sur 621 votants et 645 inscrits. Au moment où se préparait le soulèvement de la Vendée, il fit dans son département des « tournées patriotiques » ; à la Convention, dans le procès de Louis XVI, il parla contre l'appel au peuple, et vota pour la mort, et contre le sursis en disant : « J'ai voté contre l'appel au peuple, j'ai voté pour la mort de Louis ; mais ce n'est pas sans horreur que j'entends invoquer l'humanité avec des cris de sang. Mon avis n'est pas d'éloigner ma détermination définitive, mais il est incroyable qu'une question si importante, puisque la vie d'un homme et l'intérêt public y sont attachés, soit décrétée sans désemparer par une assemblée épuisée par la longueur de ses dernières séances, sans qu'on puisse savoir quel degré de force l'assemblée sera en état de conserver, pour suivre une question aussi délicate ; je demande donc que, sans rien précipiter, sans entendre ceux qui cherchent perpétuellement à porter la Convention à des démarches inconsidérées, on discute cette question importante, et que la discussion ne soit fermée que lorsque l'Assemblée se croira suffisamment éclairée. » En février il publia, dans la Chronique de Paris, un article, le cromwellisme, contre Robespierre ; le 10 mars, il réclama vainement l'appel nominal sur le décret instituant le tribunal révolutionnaire ; le 11, il combattit la motion de Danton tendant à ce que la Convention choisît le ministère dans son sein. Elu secrétaire de l'Assemblée (30 mars), il appuya (3 avril) la mise en accusation de Marat à qui il reprochait d'avoir demandé un dictateur ; au 31 mai et au 2 juin, il défendit les Girondins, protesta en particulier avec ses amis Pilastre, Leclerc et Lemaignan, contre l'arrestation des 22 ; puis il ne cessa, à chaque séance, de réclamer l'appel nominal, au milieu des cris et des menaces; cette lutte l'épuisa, et, en octobre, il déclara que, ne pouvant faire constater son vote au procès-verbal, il se retirait :
« Au tribunal révolutionnaire ! » cria en masse la Montagne.
« Ne vous gênez pas, répondit-il, un crime de plus ou de moins ne doit pas vous coûter beaucoup. »
On allait voter, quand un Montagnard dit :
« Eh ! ne voyez-vous pas que le b... va crever ! Il ne vaut pas le coup. »

Il put sortir. Le soir même, le comité de sûreté générale lança contre lui un mandat d'arrestation, puis le mit lors la loi. La Révellière se réfugia à l'ermitage de Sainte-Radegonde dans la forêt de Montmorency. De Bussy, député de Péronne à la Constituante, son ami, lui avait fait promettre de lui demander asile, s'il était jamais proscrit ; sommé de remplir sa promesse, La Révellière se rendit chez son ami, qui le cacha pendant un an.

Il revint à Paris après la chute de Robespierre, et, sur la motion de Thibault (du Cantal) reprit son siège à la Convention (18 ventôse an III). Il discuta (26 ventôse an III) les attributions politiques du comité de salut public, fut de nouveau (4 germinal) élu secrétaire de l'assemblée, et (4 floréal) membre de la commission des lois organiques (commission des onze), fit décréter (12 floréal) que les prêtres déportés, non sortis du territoire, seraient traités comme des émigrés, et insista (2 prairial) pour qu'on s'en tînt à la déportation contre Collot-d'Herbois, Barère et Billaud-Varennes. Président de la Convention (1er thermidor), il soutint (10 thermidor) l'utilité du nouveau calendrier, et fut nommé (15 fructidor) membre du comité de salut public.

Aux élections générales du 20 vendémiaire an IV, trente et un départements l'envoyèrent siéger au Conseil des Anciens ; il opta pour Maine-et-Loire, qui l'avait élu par 177 voix sur 204 votants. Porté le premier sur la liste des candidats au Directoire par le Conseil des Cinq-Cents, il obtint dans le Conseil des Anciens 216 voix sur 218 votants (10 brumaire an IV).

Le 15 thermidor suivant, il fut nommé président du Directoire. Des cinq directeurs, il ne fut pas le moins laborieux. Après les victoires de Lonato et de Castiglione, il envoya (18 août 1796) une lettre de félicitations à la citoyenne Bonaparte : « Permettez-moi, citoyenne, disait-il en terminant, de saisir cette occasion de vous dire que le général Bonaparte peut me compter au nombre de ses francs admirateurs, et que je fais les vœux les plus sincères pour que celle à laquelle il a lié son sort soit comblée d'autant de bonheur que lui-même est comblé de gloire. »

Le Directoire, ballotté entre les royalistes qui s'agitaient et les républicains, comptait sur l'épée du général Bonaparte pour lutter contre les premiers ; lorsque les élections royalistes de l'an V eurent rendu le danger évident, La Révellière fut un des instigateurs du coup d'Etat de fructidor.

Membre de l'Institut à sa réorganisation (classe des sciences morales et politiques), il seconda les efforts de l'abbé Haüy pour établir une religion simple, destinée à la fois à remplacer l'ancien culte, et à réveiller des idées religieuses dans le peuple. Mais de ce système, qui reçut le nom de Théophilanthropie, La Révellière ne fut ni le père, ni même l'apôtre ; il se contenta de l'approuver, sans même assister aux réunions de la secte.

La crise du 30 prairial an VII lui fit donner sa démission de directeur ; après une courte tentative de résistance, il se retira à la campagne ; les dénonciations l'y poursuivirent, car il avait beaucoup d'ennemis : Carnot l'appelait « puant et difforme, bilieux et naïf. » Mais le Conseil des Cinq-Cents rejeta toutes les dénonciations. Assidu aux séances de l'Institut, il y lut ses Recherches historiques et statistiques sur la Vendée, et refusa de paraître à la cour du premier Consul. Ne s'étant pas présenté avec ses collègues de l'Institut pour prêter serment de fidélité au nouvel Empereur, malgré l'injonction formelle qui lui avait été adressée, il partit avec sa famille pour la Rousselière, petite propriété qu'il avait achetée en Sologne, et envoya sa démission d'académicien. Là, il s'occupa d'histoire naturelle et de l'instruction de son fils, pour laquelle il revint à Paris en 1809. Fouché lui ayant fait offrir une pension, à la seule condition qu'il la demandât à l'Empereur, La Révellière refusa.

N'ayant rempli pendant les Cent-Jours aucune fonction publique, il ne fut pas atteint par la loi du 12 janvier 1816 contre les régicides; il fut cependant recherché par la police à laquelle son gendre, M. Maillocheau, avait donné l'éveil en demandant un passeport pour son beau-père. La Revellière donna lui-même les renseignements demandés, et déclara qu'il habitait à Paris depuis dix-huit ans, rue de la Vieille-Estrapade, n° 9. Il mourut d'une affection chronique de la poitrine, à soixante-dix ans et demi.

On a de lui : Réflexions sur le culte, sur les cérémonies civiles et sur les fêtes nationales (an V) Du Panthéon et d'un théâtre national (an VI) ; etc. Il a donné aussi des articles dans des journaux, dans les Mémoires de l'Académie celtique, et a laissé des Mémoires de sa vie politique et privée, qui n'ont pas été publiés, et qu'il acheva de dicter à son fils un an avant sa mort.

Date de mise à jour:novembre 2019