Charles, Laure, Hugues, Théobald de Choiseul-Praslin

1805 - 1847

Informations générales
  • Né le 29 juin 1805 à Paris (Seine - France)
  • Décédé le 24 août 1847 à Paris (Seine - France)

Mandats à l'Assemblée nationale ou à la Chambre des députés

Régime politique
Monarchie de Juillet - Chambre des députés
Législature
Ve législature
Mandat
Du 2 mars 1839 au 12 juin 1842
Département
Seine-et-Marne
Groupe
Majorité ministérielle

Biographies

Biographie extraite du dictionnaire des parlementaires français de 1789 à 1889 (Adolphe Robert et Gaston Cougny)

Député de 1839 à 1842, pair de France, né à Paris, le 29 juin 1805, mort à Paris, le 24 août 1847, il entra à la Chambre des députés, le 2 mars 1839, comme l'élu des conservateurs du 1er collège de Seine-et-Marne (Melun), avec 233 voix (465 votants), contre 228 à M. de Selves, député sortant. Il vota jusqu'en 1842 avec la majorité ministérielle.

Le 6 avril 1845, il fut nommé pair de France. Il était alors chevalier d'honneur de la duchesse d'Orléans,

Mais la triste célébrité acquise par le duc de Praslin ne lui vint pas de son rôle politique et parlementaire, qui fut très efface. Il avait épousé, le 18 octobre 1824, Mlle Altarice-Rosalba Sébastiani, née à Constantinople, le 14 avril 1807, fille unique du maréchal Sébastiani et de Françoise Franquetot de Coigny. Elle lui avait apporté en mariage du chef de sa mère plus de 100 000 francs de rente; différents héritages avaient élevé sa fortune à plusieurs millions de capital. Le duc de Praslin était fort riche lui-même. En 1841 il avait hérité de son père. De plus, les époux avaient à attendre la fortune du maréchal Sébastiani, du général Tiburce Sébastiani, qui n'avait pas d'enfant, et leur part dans l'héritage de la duchesse douairière de Praslin, sœur du comte de Breteuil. Dix enfants étaient nés à la duchesse de Praslin ; neuf vivaient, six filles et trois garçons. Mais la mésintelligence s'était mise assez vite dans le ménage. C'est dans les lettres laissées par Mme de Praslin qu'on a pu lire cette histoire intime. Bref, le duc cessa un jour toute relation avec sa femme, et lui retira ses enfants, qu'il confia à des gouvernantes. Une demoiselle Deluzy-Desportes entra en cette qualité dans la maison, le 1er mai 1841. La gouvernante devint bientôt souveraine maîtresse, et la duchesse, délaissée, eut avec son mari les scènes les plus violentes. Pourtant une terrible maladie nerveuse ayant atteint Mme de Praslin, son mari sembla se radoucir. De grandes dépenses qu'il avait faites au château de Vaux, illustré par Fouquet, dont il voulait égaler les magnificences, avaient gravement compromis sa fortune personnelle. Le déshonneur pouvait suivre la séparation dont le menaçait la duchesse; il fit tout pour l'éviter, et éloigna Mlle Deluzy. Mais il ne put se résoudre à cesser de la voir ; il conduisait même auprès d'elle ses enfants, qui la traitaient comme leur mère. Le 16 août 1847, au soir, il avait eu avec elle une entrevue. Une maîtresse de pension, chez qui elle habitait, demandait un certificat de la duchesse ; le duc promit de l'obtenir; sans doute la duchesse le refusa, la démarche du duc l'ayant exaspérée. Le lendemain, 17, entre quatre et cinq heures du matin, un violent coup de sonnette éveilla dans l'hôtel Sébastiani, occupé par les deux époux, rue du Faubourg-Saint-Honoré, 55, une femme de chambre qui couchait au-dessus de l'appartement de la duchesse. On entendit des cris ; on se précipita aux portes de la chambre à coucher, mais on ne put les ouvrir ; à ce moment la duchesse ne poussait plus que de sourds gémissements. Quand l'obstacle fut franchi, on aperçut la duchesse baignée dans son sang et frappée de plus de trente coups de couteau. Elle était appuyée sur une causeuse placée prés de la cheminée. Tous les secours des médecins furent inutiles. On eut la preuve que la victime, surprise dans son sommeil, avait opposé à son meurtrier une vive résistance.

Le crime produisit dans tout Paris une stupéfaction profonde. À la suite de la première information faite par les magistrats instructeurs, il fut décidé qu'à l'exception des enfants de la duchesse, toutes les personnes présentes dans l'hôtel, au moment de la perpétration de l'attentat, seraient gardées à vue jusqu'à nouvel ordre, avec interdiction d'en sortir. Bientôt après des soupçons d'une extrême gravité s'élevèrent contre le duc de Praslin ; une foule d'indices matériels se réunissaient pour l'accuser. On se décida à l'interroger catégoriquement. D'abord il fit mine de s'offenser, puis il tomba dans une sorte de torpeur stupide. Il fut alors confié à la garde du chef de service de sûreté, en attendant qu'une ordonnance royale convoquât la Chambre des pairs. Un scrupule arrêtait les magistrats.

La Charte disait bien qu'un député pouvait être arrêté dans le cas de flagrant délit sans l'autorisation de la Chambre ; elle ne contenait pas le même texte pour les pairs de France. On n'arrêta donc pas le duc de Praslin ; on se contenta de le surveiller de prés. Cependant une ordonnance du 19 août convoqua la Cour des pairs pour juger l'accusé ; elle venait à peine de se séparer après avoir prononcé la condamnation de deux anciens ministres, Teste et le général Cubières, convaincus de corruption et d'escroquerie.

Le chancelier duc Pasquier fut chargé de diriger l'instruction du nouveau procès, avec l'assistance de six autres pairs de France. Le 21 août, le duc de Praslin, transféré au Luxembourg, subit un long interrogatoire.

Mais on apprit tout à coup que le meurtrier, pour échapper au déshonneur d'un jugement public, avait attenté à ses jours en avalant le contenu d'une petite fiole saisie dans sa chambre, et qui renfermait de l'acide nitrique et de l'acide arsénieux. Le 24 août, le gouvernement fit annoncer sa mort : le docteur Rouget, médecin de la prison du Luxembourg et de la Chambre des pairs, et les docteurs Louis et Andral, auxquels furent adjoints MM. Orfila et Tardieu, reçurent la mission officielle de constater le décès et de faire l'autopsie du corps. Malgré tant de formalités, l'opinion publique s'obstina toujours à révoquer en doute le prétendu suicide du duc de Praslin, et à croire que la justice avait favorisé sa fuite. On prétendit même qu'il avait vécu longtemps à Londres, caché sous un nom d'emprunt.