René Boullier de Branche

1941 - 1981

Informations générales
  • Né le 17 février 1941 à Mende (Lozère - France)
  • Décédé le 15 avril 1981 à Brives (Mayenne - France)

Mandats à l'Assemblée nationale ou à la Chambre des députés

Régime politique
Cinquième République - Assemblée nationale
Législature
VIe législature
Mandat
Du 3 avril 1978 au 15 avril 1981
Département
Mayenne
Groupe
Union pour la démocratie française

Biographies

Biographie de la Ve République

BRANCHE (René, Maurice, Joseph BOULLIER de)
Né le 17 février 1941 à Mende (Lozère)
Décédé le 15 avril 1981 à Brives (Mayenne)

Député de la Mayenne de 1978 à 1981

René de Branche naît à Mende, en Lozère, moins d’un an après le début de l’Occupation. Ses origines familiales se situent en Mayenne, département qu’un de ses aïeux représenta à l’Assemblée nationale à la fin du XIXe siècle. C’est du reste en Mayenne que René de Branche effectue sa scolarité primaire, dans un établissement privé d’Ernée, avant de rejoindre le collège des jésuites du Mans. Après avoir obtenu son baccalauréat, il gagne la capitale. De brillantes études à la Faculté de droit et à l’Institut d’études politiques de Paris le convainquent de passer le concours de l’Ecole nationale d’administration (ENA). Reçu en février 1965, il est nommé à l’Administration centrale du ministère des affaires étrangères à l’issue de ses deux années de formation. Affecté à la direction des affaires politiques, il s’y occupe surtout des relations avec les pays du bloc communiste.

En février 1969, René de Branche est placé en service détaché pour entrer en qualité de chargé de mission au cabinet d’U Thant, secrétaire général de l’Organisation des Nations Unies (ONU), à New York.

Lorsque l’ancien diplomate birman démissionne de son poste en décembre 1971, René de Branche quitte l’ONU pour le monde des affaires. Il est en effet nommé chargé de mission à la direction de la trésorerie et des affaires internationales de la Banque nationale de Paris (BNP) en janvier 1972.

Entre cette date et son élection comme député en mars 1978, René de Branche conduit de front ses activités dans le secteur économique et financier et dans le cadre de mandats électifs locaux. Il entre en effet au conseil général de la Mayenne en septembre 1973 pour y représenter le canton de Chailland, et est élu adjoint au maire de la commune éponyme quelques années plus tard. Sous-directeur à la direction des grandes entreprises et du développement de la BNP en 1975, le jeune diplômé de l’ENA, conseiller des affaires étrangères depuis août 1974, siège à la section d’économie générale et de la conjoncture du Conseil économique et social (CES) à partir de mars 1976.


Proche des giscardiens, René de Branche adhère à la Fédération nationale des Républicains indépendants, puis au Parti républicain en mai 1977. Il aurait été proche du député de la troisième circonscription de la Mayenne, l’industriel Bertrand Denis, dès le milieu des années 1970. Bien que le canton de Chailland se situe dans la première circonscription de la Mayenne, c’est en effet dans la troisième, où le sortant, septuagénaire, ne souhaite pas se représenter, que René de Branche est investi par la majorité pour les élections législatives de mars 1978. Dans sa profession de foi, il rappelle qu’il appartient à « une famille mayennaise de la région d’Ernée », canton qui se situe dans la troisième circonscription, et se revendique du patronage de Bertrand Denis. Il plaide pour une réduction de « l’éventail des salaires » par une augmentation des revenus les plus faibles « afin d’obtenir une société plus juste ». Il envisage que les allocations familiales puissent être versées dès le premier enfant aux familles les plus modestes. Ses propositions font cependant écho aux préoccupations d’un électorat conservateur et modéré, qu’il s’agisse de la création d’un statut pour les épouses de commerçants et d’artisans, de la défense la liberté de l’enseignement ou de la promotion d’un modèle agricole fondé sur « l’exploitation familiale à responsabilité personnelle ». L’élu mayennais souhaite en outre une « réduction des importations de produits textiles et de chaussures afin de défendre les emplois de nombreux travailleurs » du département qui abrite, entre autres, l’entreprise Toiles de Mayenne, dirigée par la famille Denis. Son principal adversaire est le maire socialiste de Mayenne Claude Leblanc. Le 12 mars 1978, ce dernier ne parvient guère à inquiéter René de Branche, qui est élu député grâce au soutien de 61,8% des électeurs. Seule la ville de Mayenne place en effet en tête son maire, pour 49 voix (3095 pour le socialiste, soit 45,6% contre 3046 pour le candidat de la majorité, soit 44,8%). Le succès de René de Branche précède d’une semaine celui d’un autre ancien élève de l’ENA, le jeune François d’Aubert, élu député par la première circonscription de la Mayenne au second tour de scrutin, face au maire socialiste de Laval André Pinçon.


René de Branche s’inscrit au groupe de l’Union pour la démocratie française (UDF) à l’Assemblée nationale et siège d’abord à la Commission de la production et des échanges, dont il est élu vice-président dès avril 1978. Un an plus tard, il quitte cette commission pour celle des finances, de l’économie générale et du Plan, dont il devait rester membre jusqu’à sa mort. Il prend la parole à de très nombreuses reprises sous la sixième législature de la Vème République et figure parmi ces jeunes élus giscardiens qui incarnent une forme de « relève générationnelle » sur les bancs de l’Assemblée nationale. Alain Madelin, député d’Ille-et-Vilaine, François Léotard, député du Var, Gérard Longuet, député de la Meuse ou encore Pascal Clément, député de la Loire, ont également été élus pour la première fois en mars 1978.

Les interventions du député de la Mayenne abordent des questions très diverses, même si les problèmes du monde rural retiennent tout particulièrement son attention, qu’il s’agisse de réformer l’enseignement professionnel agricole (séance du 25 mai 1978) ou de participer à l’élaboration de la loi d’orientation agricole (séance du 11 décembre 1979). Lors du débat sur le projet de loi portant diverses mesures en faveur de la maternité, il appelle l’attention du gouvernement sur le statut des femmes d’agriculteurs, de commerçants et d’artisans. Il remarque « les lacunes de la protection sociale pour ce qui les concerne », alors que certaines professions salariées disposent de régimes d’aides à la maternité particulièrement avantageux. Il souscrit aux propositions formulées par d’autres membres de la majorité en faveur d’une allocation de maternité spécifique à l’intention des femmes exerçant une profession non salariée (séance du 26 juin 1978). Quelques semaines plus tard, il souligne l’intérêt, au regard de l’aménagement du territoire, d’un soutien à la rentabilité des exploitations agricoles de caractère familial (séance du 14 décembre 1978).

Rapporteur pour avis du budget du commerce extérieur pour 1979, René de Branche se réjouit de la situation d’équilibre atteinte par la balance commerciale française, malgré un déficit qu’il chiffre à 64 milliards de francs en matière d’énergie. Il observe cependant que les ventes d’armes pèsent d’un poids très grand dans ce rétablissement du commerce extérieur, ce qui peut s’avérer dangereux compte tenu du caractère aléatoire des marchés d’armement. Il s’inquiète du fait que la France exporte beaucoup de ses produits « aux pays en voie de développement non producteurs de pétrole » et ne vende pas assez « aux pays riches, notamment aux Etats-Unis, à l’Allemagne et au Japon ». L’élu mayennais suggère quelques pistes pour améliorer encore la balance commerciale française. La réduction des importations passe notamment, selon lui, par une modification de « la politique d’achat du secteur public » afin qu’elle prenne mieux en compte « la nécessité de favoriser notre industrie » ou par l’édiction de « normes techniques plus sévères » à l’entrée du marché français et européen. L’augmentation des exportations supposerait en outre de stimuler la production de produits tropicaux des départements et territoires d’Outre-mer (fruits exotiques, canne à sucre…) et d’augmenter les volumes de viande porcine vendus aux pays étrangers (séance du 19 octobre 1978). Rapporteur du budget des collectivités locales pour 1980 et 1981, il constate l’augmentation constante des budgets régionaux et s’inquiète du risque d’une tutelle des établissements publics sur les départements et les communes. Le député de la Mayenne appelle notamment à une réflexion globale sur le rôle des régions et l’organisation administrative française lors de la séance publique du 13 novembre 1979. L’examen de la loi de finances pour 1981 lui permet d’insister à nouveau sur la nécessité d’un débat annuel permettant au Parlement de contrôler effectivement la politique des régions (28 octobre 1980).

Haut fonctionnaire lui-même, marié à une ancienne élève de l’ENA –son épouse commence au printemps 1979 une carrière de magistrate auprès des tribunaux administratifs-, René de Branche s’intéresse tout naturellement aux réformes qui affectent les grands corps de l’Etat sous la sixième législature de la Vème République. Loin de défendre un monopole de la formation des « grands commis » de l’Etat par l’ENA, il souhaite par exemple que « pour le recrutement des magistrats à la Cour des comptes, les diplômes fassent place à l’expérience » afin d’ouvrir à des « fonctionnaires ou à des agents même de catégorie modeste » de nouvelles perspectives de carrière (27 juin 1978). L’élu mayennais se réjouit de l’élargissement du recrutement des membres des tribunaux administratifs et le justifie par l’engorgement de ces juridictions, faute d’effectifs (23 juin 1980).
René de Branche soutient avec constance l’exécutif entre 1978 et 1981. Il approuve la déclaration de politique générale du Premier ministre Raymond Barre (20 avril 1978), vote le projet de loi sur l’aide aux travailleurs privés d’emploi (5 janvier 1979) et s’exprime en faveur de l’aménagement de la fiscalité directe locale (18 décembre 1979) comme de la loi dite « sécurité et liberté » (18 décembre 1980). Il ne s’oppose au gouvernement que sur la question de l’interruption volontaire de grossesse, dont il refuse toujours la légalisation, cinq ans après le vote de la loi Veil. Il prend la parole dans l’hémicycle à ce sujet pour dénoncer les pressions exercées par voie de lettres anonymes sur la conscience des députés (29 novembre 1979).

Les trois premières années de mandat parlementaire de René de Branche font de lui un des espoirs de l’Union pour la démocratie française au début des années 1980. Il a quitté avec succès le canton de Chailland pour celui de Mayenne-Est à l’occasion des élections au conseil général de mars 1979. Sa mort, à l’âge de quarante ans, à la veille de l'élection présidentielle de mai 1981, surprend et attriste donc ses collègues. Après la dissolution de l’Assemblée nationale et la victoire des forces de gauche aux élections législatives, le président Louis Mermaz rend hommage à René de Branche dans l’hémicycle, le 15 juillet 1981. Il évoque alors un « député assidu, attentif et courtois », « alliant la compétence à la modestie », attaché à la « moralisation des circuits financiers » et avocat d’une orientation plus efficace de l’épargne vers le financement des entreprises, en particulier petites et moyennes.

Ancien collaborateur d’U Thant à l’ONU, René de Branche était Vice-président du groupe d’amitié France-Birmanie à l’Assemblée nationale. Son suppléant Roger Lestas, maire de Fougerolles-du-Plessis et conseiller général de Landivy, lui succède au Palais-Bourbon.