Philippe, Jacques de Bengy de Puyvallée

1743 - 1823

Informations générales
  • Né le 1er mai 1743 à Bourges ( - Généralité de Bourges France)
  • Décédé le 3 octobre 1823 à Bourges (Cher - France)

Mandats à l'Assemblée nationale ou à la Chambre des députés

Régime politique
Révolution
Législature
Assemblée nationale constituante
Mandat
Du 27 mars 1789 au 30 septembre 1791
Baillage
Berry (Type : Bailliage)
Groupe
Noblesse

Biographies

Biographie extraite du dictionnaire des parlementaires français de 1789 à 1889 (Adolphe Robert et Gaston Cougny)

Député à l'Assemblée constituante de 1789, né à Bourges (Généralité de Bourges), le 1er mai 1743, mort à Bourges (Cher), le 3 octobre 1823, il appartenait à une famille de magistrats et d'hommes de guerre, et descendait d'Antoine Bengy, seigneur de Puy-Vallée (1569-1616) qui succéda à Cujas dans la chaire de jurisprudence à l'Université de Bourges.

Entré comme sous-lieutenant dans le régiment de la Vieille-Marine en 1763, à la fin de la guerre de Sept ans, il quitta le service en 1775, consacra ses loisirs à l'étude, et à l'exploitation de ses propriétés, fut nommé, en 1778, administrateur de l'Hôtel-Dieu de Bourges, et enfin, le 27 mars 1789, député de la noblesse aux Etats généraux par le bailliage du Berry. Les trois ordres s'étaient réunis à Bourges le 16 mars, pour cette élection de députés ; le président de la séance, le comte de la Châtre, bailli d'épée du bailliage de Berry, maréchal de camp, inspecteur de cavalerie, premier gentilhomme de la chambre de Monsieur frère du Roi, était assisté de son lieutenant général, Claude de Bengy.

À l'Assemblée constituante, Bengy de Puyvallée siégea à droite et défendit l'Ancien Régime ; il opina en faveur du veto absolu, demanda que le droit de paix et de guerre fût dévolu au roi, et que les apanages des enfants de France fussent considérés comme domaines privés ; son discours le plus remarquable fut celui qu'il prononça, à la séance du 5 novembre 1789, sur la division territoriale de la France en départements. « Nul n'attaqua, a écrit Louis Blanc (Histoire de la Révolution française, tome III) le plan du comité de constitution par de plus sérieux arguments, par des considérations puisées dans une connaissance plus exacte de la situation géographique du pays, et ce fut probablement sous l'impression de ses paroles qu'on renonça à la division uniforme, invariable, fixée d'avance, de chaque département en neuf districts et de chaque district en neuf cantons. » Bengy de Puyvallée avait également insisté en termes précis sur les vices de la combinaison adoptée qui donnait comme base à la représentation nationale, la contribution directe. « Si l'on examine, dit-il, l'intérêt que chaque division du royaume peut avoir à la représentation nationale, il semble au premier coup d'oeil que plus un département contribue à l'entretien de la chose publique, plus il doit avoir d'influence sur la législation. Mais on ne fait pas attention que plus un pays est fertile, plus il a de richesses, plus ses habitants ont de jouissances, et plus ils sont redevables à la puissance qui les défend, à la force publique qui protège leurs propriétés. Le tribut qu'ils payent à la patrie est proportionné à l'avantage qu'ils en retirent et à la protection qu'ils en reçoivent; la contribution qu'ils acquittent est de leur part un devoir de justice rigoureux. Mais un devoir ne constitue pas un droit exclusif. La représentation ne peut donc avoir pour base la contribution. Quand il s'agit de défendre la patrie, chaque homme est soldat et doit payer de sa personne ; de même, lorsqu'il s'agit de représenter la nation, tout homme est citoyen et a le droit de faire représenter son suffrage. C'est donc par le nombre des citoyens qu'il faut calculer la représentation nationale. La population en est la base véritable. »

L'assemblée fut sourde à ce langage, et ne tint pas compte davantage des réflexions présentées par Bengy de Puyvallée sur l'inconvénient d'attribuer à des départements fort inégaux, soit en population, soit en richesses, un nombre égal d'administrateurs. « Le département de Berry, avait dit l'orateur, serait à celui de Flandre, égal en superficie, comme deux cent mille est à un million. Or, des frais d'administration qui, répartis sur un million d'hommes, peuvent être fort supportables, deviennent, repartis sur deux cent mille, un fardeau accablant.»

Après la session de la Constituante, Bengy de Puyvallée quitta la France et émigra ; pourtant, il ne resta pas au service des princes, et revint en France en 1792. Mais son attitude à l'Assemblée et son départ avaient suffi à le rendre suspect ; ses biens furent séquestrés, et il eut grande peine à se soustraire à la condamnation capitale dont il était menacé.

Rayé, sous le Directoire, de la liste des émigrés, puis replacé sur cette liste et frappé d'une mesure de proscription, il multiplia les démarches auprès des députés de Paris. Un d'eux, Guyot des Herbiers, finit par obtenir pour lui, de Merlin de Douai, la faveur de résider en France.

Redevenu, sous le Consulat, membre de la commission administrative des hospices de Bourges, il n'accepta point d'autres fonctions de Napoléon Ier, et ne dut qu'à la Restauration les titres et grades de chevalier de Saint-Louis (1814), de président (1820) du collège électoral du Cher, et de conseiller général de ce département.

Bengy de Puyvallée a laissé divers mémoires sur des questions politiques ou économiques :
- Réflexion sur le cadastre (1818) ;
- Essai sur l'état de la Société religieuse en France et sur les rapports avec la Société politique depuis l'établissement de la monarchie jusqu'à nos jours (1820), etc.