Jean-Louis Carra

1742 - 1793

Informations générales
  • Né le 9 mars 1742 à Pont-de-Veyle ( - Généralité de Bourgogne France)
  • Décédé le 31 octobre 1793 à Paris (Département de Paris - France)

Mandats à l'Assemblée nationale ou à la Chambre des députés

Régime politique
Révolution
Législature
Convention nationale
Mandat
Du 5 septembre 1792 au 31 octobre 1793
Département
Saône-et-Loire
Groupe
Gauche

Biographies

Biographie extraite du dictionnaire des parlementaires français de 1789 à 1889 (Adolphe Robert et Gaston Cougny)

Membre de la Convention nationale, né à Pont-de-Veyle (Généralité de Bourgogne), le 11 mars 1742, exécuté à Paris (Département de Paris), le 31 octobre 1793, il était d'une famille pauvre, qui lui fit commencer ses études. Une accusation de vol, qui ne fut jamais prouvée, l'obligea, tout jeune, à quitter son pays : il erra longtemps en Allemagne, et parvint à se placer comme secrétaire chez un hospodar de Moldavie ; puis il revint en France, et remplit les mêmes fonctions auprès du cardinal de Rohan qui obtint pour lui, du cardinal de Brienne, un emploi à la bibliothèque du roi, peu de temps avant la Révolution.

Il ne tarda pas à jouer un rôle politique. Après avoir coopéré, en 1789, à la rédaction du Mercure national, ou Journal d'Etat et du citoyen, il devint, avec Mercier, le principal rédacteur d'un journal intitulé : Annales patriotiques, qui eut un succès prodigieux, et valut à Carra dans toute la France, une rapide popularité. Nommé électeur du district des Filles-Saint-Thomas, il provoqua l'établissement de la commune, celui de la garde bourgeoise, et prit une part importante aux discussions du club des Jacobins : Carra fut de ceux qui contribuèrent le plus à faire adopter l'idée d'une déclaration de guerre à l'empereur Léopold, pour laquelle il ne demandait que cinquante mille hommes, douze presses et du papier (1790). Il parla et écrivit contre les « intrigants et les contre-révolutionnaires qui entravaient les efforts des réformateurs, » publia en 1792, une liste de proscription sous ce titre : Liste des députés ministériels, et proposa d'armer le peuple de piques. Il fut encore l'un des chefs de l'insurrection du 10 août, dont il avait tracé le plan. Le 8 septembre, il fit hommage à l'Assemblée d'une tabatière en or, présent du roi de Prusse, à qui il avait dédié un de ses livres, et demanda qu'elle fût employée à faire la guerre à ce prince.

Elu membre de la Convention non pas dans deux départements, comme l'ont répété jusqu'ici tous les biographes, mais dans six, il eut à opter entre :
- le département de Saône-et-Loire, qui l'avait élu le 5 septembre 1792 ;
- le Loir-et-Cher qui l'avait élu le même jour, par 243 voix sur 277 votants ;
- l'Eure, le 6 septembre (343 voix sur 570) ;
- la Charente, le 6 septembre (330 voix sur 510) ;
- les Bouches-du-Rhône, le 8 septembre (691 voix sur 706) ;
- et la Somme, le 8 septembre (348 voix sur 410).

Carra opta pour le département de Saône-et-Loire, siégea d'abord au côté gauche de l'Assemblée, dénonça les opérations du général Montesquieu, qui n'avançait pas en Savoie assez rapidement à son gré, défendit Westermann, et prit plusieurs fois la parole sur les questions militaires. Lors du procès de Louis XVI il s'exprima en ces termes, au 2e appel nominal :

« Citoyens, comme la mesure d'appel au peuple peut être un moyen dangereux, que l'ombre d'un roi m'a toujours paru dangereuse pour la liberté, comme nous avons quatre ou cinq cent mille citoyens sur les frontières qui ne pourront pas se trouver aux assemblées primaires ; comme je vois dans cet appel au moins un moyen de guerre civile, je dis non. »

Au troisième appel nominal, il vota la mort :

« En vertu de la déclaration faite par la Convention, que Louis Capet est convaincu de conspiration contre la liberté et d'attentat contre la sûreté générale de l'Etat; en vertu de la loi qui applique la peine de mort à ce genre de crime ; pour satisfaire aux principes qui sont la vraie politique des nations; pour l'instruction des peuples dans tous les lieux, et pour l'effroi des tyrans, je vote pour la mort. »

Malgré l'étalage quelque peu théâtral de ses sentiments démocratiques, sa liaison avec Roland, qui l'avait établi garde de la Bibliothèque nationale, et avec Brissot, ses relations avec le prince de Brunswick et avec Dumouriez, le rendirent des plus suspects au parti de la Montagne. Les dénonciations se multiplièrent contre lui. Marat, Couthon, Robespierre le firent rappeler d'une mission à Blois, le 12 juin 1793. Compris au nombre des quarante-six députés accusés par Amar, mis en jugement et condamné à mort avec les Girondins, par suite des événements du 31 mai, il fut exécuté le 31 octobre 1793.

Carra, qui avait surtout des visées diplomatiques, avait publié un grand nombre de travaux, parmi lesquels :
- Système de la raison ou le Prophète philosophe (Londres 1775) ;
- Essai particulier de politique, dans lequel on propose un partage de la Turquie européenne (1777) ;
- Histoire de la Moldavie et de la Valachie (1778) ;
- Histoire de l'ancienne Grèce (1787) ;
- Un petit mot de réponse à M. de Calonne (1787) ;
- Projet de cahier pour le tiers état de la ville de Paris (1789) ;
- Mémoires sur la Bastille (1790); etc.