René, Gaston Baco de la Chapelle

1751 - 1800

Informations générales
  • Né le 28 avril 1751 à Nantes ( - Généralité de Bretagne sud France)
  • Décédé le 29 novembre 1800 à Baie-mahault (Guadeloupe - France)

Mandats à l'Assemblée nationale ou à la Chambre des députés

Régime politique
Révolution
Législature
Assemblée nationale constituante
Mandat
Du 18 avril 1789 au 30 septembre 1791
Baillage
Nantes - Bretagne (Type : Sénéchaussée)
Groupe
Tiers-Etat
Régime politique
Révolution
Législature
Conseil des Cinq-Cents
Mandat
Du 16 octobre 1795 au 19 février 1797
Département
Loire-Inférieure
Groupe
Droite

Biographies

Biographie extraite du dictionnaire des parlementaires français de 1789 à 1889 (Adolphe Robert et Gaston Cougny)

Député à l'Assemblée constituante de 1789 et au Conseil des Cinq-Cents, né à Nantes (Généralité de Bretagne sud), le 28 avril 1751, mort à Baie-Mahault (Guadeloupe), le 29 novembre 1800, il était fils de Pierre Baco, négociant et capitaine de navire, et d'Anne de la Ville, qui appartenait à la famille de Pierre de la Ville de Chambardet, maire de Nantes en 1772. Le grand-père paternel de Baco de la Chapelle était « noble homme », Louis Baco, sieur de la Boulais, avocat au Parlement de Paris. Il commença par suivre lui-même cette carrière, fut substitut, puis procureur du roi au présidial de Nantes

À la fin de 1788, il devint un des principaux promoteurs des agitations du tiers état nantais. M. Kerviler (Revue historique de l'Ouest 1885) en a rapporté, d'après les mémoires inédits du greffier Blanchard, un curieux épisode. Le sénéchal de Nantes, Bellabre, voulant se signaler comme nouveau noble, donna en l'honneur du rétablissement du Parlement de Bretagne (octobre 1788) un grand banquet où il imagina de faire distribuer de petites « médailles en sucrerie » chargées des emblèmes du clergé, de la noblesse et du tiers état ; or, le tiers y était représenté par un balai, signe de la servitude. Baco, invité à la fête, se leva indigné de cet outrage et se retira brusquement. L'aventure, comme bientôt dans la ville, y produisit une profonde émotion. Vers la même époque, les chefs des corporations et de la bourgeoisie ayant établi, en face du conseil communal de Nantes, un comité ou conseil extraordinaire siégeant aussi à l'Hôtel de Ville et portant le nom de Commune, Baco devint l'orateur habituel de cette assemblée, et, de fait, le véritable maire, en attendant qu'il le fût plus tard de droit. L'influence très considérable qu'il avait prise dans le pays le désignait aux suffrages de ses concitoyens.

D'abord député de Nantes (décembre 1788) aux Etats de Bretagne, puis troisième électeur rédacteur (avril 1789) du cahier des doléances, il fut enfin élu député du Tiers aux Etats généraux par la sénéchaussée de Nantes, le 18 du même mois.

À la Constituante, son rôle fut assez modeste ; membre assidu du club breton dont il suivait les inspirations, il siégea à gauche, et prit la parole, le 13 novembre 1790, pour accuser l'abbé Maury d'être l'instigateur de l'émeute et du pillage de l'hôtel de Castries. En récompense de son civisme, il fut, le 28 août 1791, avec son collègue Giraud, élu haut juré à la Haute Cour nationale pour la Loire-Inférieure. Giraud, maire de Nantes, ayant donné sa démission, Baco le remplaça à l'Hôtel de Ville (décembre 1792). Il y resta dix mois, pendant lesquels il eut à défendre la ville contre les entreprises des Vendéens. Dès le lendemain de son installation, il fit prendre par le conseil de la Commune une délibération pour protester contre les « attaques de la Convention par les énergumènes», et fit envoyer à la barre de l'Assemblée deux délégués avec mission d'y prononcer un discours extrêmement hardi, dont Baco était l'auteur, et où il était dit : « Citoyens représentants, nous venons vous apporter la vérité ; mais faites plus que l'entendre, sachez en profiter. Vos divisions, vos débats scandaleux ont retenti dans tous les coins de la France. Le peuple en est affligé. Il vous avait envoyés pour faire des lois et vous ne savez pas vous en imposer à vous mêmes... etc. »

En mars 1793, les Vendéens s'étant pour la première fois présentés devant Nantes, Baco déploya de l'énergie et de la décision, institua un comité directorial de cinq membres chargé de présider aux mesures de défense, en même temps qu'un tribunal criminel extraordinaire pour juger sans appel les révoltés. Son esprit d'indépendance était tel, qu'il reçut fort mal, au mois de mai, les quatre commissaires envoyés par la Convention, Merlin, Sevestre, Gillet et Cavaignac, et qu'il eut avec eux de terribles démêlés. Dénoncé par eux comme fédéraliste, il fut mis hors la loi par la Convention dans la séance du 17 juillet, tandis que de son côté, il traitait publiquement de « calomniateurs » et de « traîtres a la patrie » les représentants Gillet et Merlin. Il fit plus : il eut l'audace de se présenter lui-même, le 2 août 1793, à la barre de la Convention ; il rappela, au milieu d'une grêle d'interruptions, les services qu'il avait rendus à la ville de Nantes, et, comme Fayau, après Chabot, Thuriot et Collot-d'Herbois, accusait l'ex-constituant d'avoir pactisé avec les Vendéens :

« Tu en as menti, j.... f...! » s'écria Baco. Sur la motion de Legendre, il fut décrété d'accusation, et envoyé à l'Abbaye ; mais on s'abstint de le traduire devant le tribunal révolutionnaire, et il bénéficia même bientôt d'une certaine liberté, et put sortir en surveillance dans les rues de Paris.

Mis en liberté en 1794, il revint à Nantes, et élu, le 24 vendémiaire an IV, député de la Loire-Inférieure au Conseil des Cinq-Cents, il y parut quelquefois à la tribune, parla sur la création des percepteurs intérimaires et sur l'organisation de la marine, puis fut envoyé, avec Burnel, comme agent du Directoire aux îles de France et de la Réunion pour surveiller l'exécution du décret relatif à l'émancipation des noirs. Là encore son humeur batailleuse lui attira de graves conflits avec les autorités militaires; le gouverneur de Malartie et le contre-amiral Sercey refusèrent de reconnaître sa mission et le firent déporter aux Manilles ; il s'en plaignit, dans une lettre écrite en décembre 1796, au Directoire, qui le rappela et lui confia quelque temps la direction de l'Opéra. Il échangea ce poste contre une nouvelle mission à la Guadeloupe ; c'est là qu'il termina, au moment du coup d'Etat de brumaire, son existence agitée.