Louis, Marie de Noailles

1756 - 1804

Informations générales
  • Né le 17 avril 1756 à Paris ( - Généralité de Paris - France)
  • Décédé le 6 janvier 1804 à La Havane (Cuba - Possession espagnole)

Mandats à l'Assemblée nationale ou à la Chambre des députés

Présidence(s)

Présidence de l'Assemblée nationale
du 26 février 1791 au 14 mars 1791

Mandat(s)

Régime politique
Révolution
Législature
Assemblée nationale constituante
Mandat
Du 16 mars 1789 au 30 septembre 1791
Baillage
Nemours (Type : Bailliage)
Groupe
Noblesse

Biographies

Biographie extraite du dictionnaire des parlementaires français de 1789 à 1889 (Adolphe Robert et Gaston Cougny)

Député en 1789, né à Paris (Généralité de Paris, France) le 17 avril 1756, mort à La Havane (Cuba, possession espagnole) le 9 janvier 1804, fils du célèbre maréchal de Mouchy, il passa son enfance au château d'Arpajon, près Paris, entra dans les armées du roi, devint colonel du régiment des chasseurs d'Alsace, grand bailli d'épée, épousa, à 16 ans, sa cousine, Mlle d'Ayen, et prit part à la guerre de l'indépendance américaine comme commandant en second du Royal-Soissonnais : d'Estaing écrivait à la comtesse de Noailles le 12 juillet 1779 : « Votre fils s'est déjà battu contre les Anglais sur terre et sur mer : un assaut et un combat naval sont un petit délassement dont il a joui en quatre jours de temps. »

Revenu en France à la paix, avec La Fayette, son beau-frère (ils avaient épousé les deux sœurs), il fit partie de l'assemblée des notables (février 1787), et fut élu, le 16 mars 1789, député de la noblesse du bailliage de Nemours aux états généraux. Tout d'abord, dans la chambre de son ordre, il vota contre la vérification en commun des pouvoirs (6 mai) ; le 30 juin, il déposa ses pouvoirs sur le bureau, en déclarant « qu'il gardera le silence dans l'Assemblée des trois ordres jusqu'à ce qu'il ait reçu de nouveaux pouvoirs de ses commettants ».

Le 14 juillet, il annonça à l'Assemblée « la nouvelle désastreuse » de la prise de la Bastille ; mais sous l'influence des événements qui suivirent, ce fut lui qui, dans la nuit du 4 août, proposa que l'impôt fût payé par tous dans la proportion du revenu de chacun, que tous les droits féodaux fussent remboursés, que les rentes seigneuriales fussent remboursables, que les corvées, main-mortes et autres servitudes personnelles fussent détruites sans rachat.

Membre du comité militaire, il présenta, le 13 août, tout un plan de réorganisation de l'armée, qu'il compléta, les 18 septembre 1789 et 1er février 1790 : « La nécessité, y disait-il, de se reposer sur un seul homme du sort d'un grand nombre d'individus est un des motifs qui doivent rendre aux nations libres l'état de guerre redoutable, parce que, outre la ruine des finances, il mène à la perte de la liberté. Ce fut en rendant les guerres longues et même continues, que les généraux de Rome, despotes de l'armée, parvinrent à se rendre les despotes de la République. »

Il parla en faveur de l'égalité civile des juifs, contre le monopole de la compagnie des Indes (31 mars 1790), pour la diminution du traitement des ministres, pour la suppression des titres de noblesse, et eut, à l'occasion de ce débat, un duel avec Barnave, dans lequel il tira en l'air ; il se plaignit un jour « d'avoir été forcé à faire une démarche toujours fâcheuse pour un député, à aller trouver un ministre, qui l'a envoyé valeter dans toutes les antichambres » (16 juin 90). Il marcha à la tête du comité militaire, le jour de la fédération (14 juillet) ; puis il ne cessa de dénoncer les dispositions hostiles de l'Autriche.

Président de l'Assemblée (26 février 1791), il se rendit, quelques jours après, en Alsace, pour calmer l'effervescence populaire. A son retour, il interpella le ministre des Relations extérieures sur les mouvements des armées étrangères, et se plaignit que, malgré ses ambassadeurs, ses agents et ses espions, le gouvernement fût mal renseigné. Le 29 mai 1791, il se rendit de nouveau en Alsace, où il eut à calmer, à Colmar, une importante sédition.

Après le départ du roi, le 21 juin, il prêta de nouveau serment de fidélité à la Constitution, protégea, avec M. d'Aiguillon, la reine séparée de son escorte, au retour de la famille royale, et, le 5 septembre, prononça un discours sur la situation politique et militaire de la France, où il conviait tous les citoyens à la concorde et à l'union pour la défense de la patrie.

Nommé maréchal de camp (novembre 1791) et gouverneur de Sedan, il se rendit après la session au camp de Valenciennes, d'où il adressa au roi une lettre très ferme pour engager ce prince à sanctionner les décrets sur les émigrés dont les troupes en armes menaçaient de toutes parts la France. Ayant été battu à Gliswell par le duc de Saxe-Teschen (mai 1792), et renonçant à commander à des troupes indisciplinées, il donna sa démission, émigra en Angleterre, et, en avril 1793, passa en Amérique, à Philadelphie, où il trouva, dit un biographe, « d'anciens compagnons d'armes et de belles amies », pendant que sa jeune femme, à 24 ans, montait sur l'échafaud à Paris. Il était parti, en 92, avec un passeport de la commune de Paris, et une permission du ministre de la Guerre, Servan. Cette précaution lui permit de se faire rayer de la liste des émigrés en 1800.

Sous le Consulat, il reprit du service dans l'armée française comme général de brigade, et fit partie de l'expédition de Saint-Domingue avec Leclerc et Rochambeau, comme adjoint surnuméraire à l'état-major général. Mais, lors de l'évacuation de l'île, son navire fut attaqué par les Anglais, dans les eaux de Cuba. Blessé à l'épaule par un boulet, il mourut quelques heures après, à La Havane.