Pierre, Nicolas Philippeaux

1756 - 1794

Informations générales
  • Né le 5 mars 1756 à Ferrières ( - Généralité de Soissons - France)
  • Décédé le 5 avril 1794 à Paris (Département de Paris - France)

Mandats à l'Assemblée nationale ou à la Chambre des députés

Régime politique
Révolution
Législature
Convention nationale
Mandat
Du 5 septembre 1792 au 5 avril 1794
Département
Sarthe
Groupe
Dantonnistes

Biographies

Biographie extraite du dictionnaire des parlementaires français de 1789 à 1889 (Adolphe Robert et Gaston Cougny)

Membre de la Convention, né à Ferrières (Généralité de Soissons, France) le 5 mars 1756, exécuté à Paris (Département de Paris) le 5 avril 1794, « fils de Pierre Philippeaux, mégissier, et de Marie Magdelaine Belière », il était avocat au présidial du Mans avant la Révolution.

Nommé, en 1790, juge au tribunal de district du Mans, il fut élu, le 5 septembre 1792, député de la Sarthe à la Convention, le 4e sur 10, par 208 voix (534 votants). Il prit une part active aux délibérations, demanda la rénovation des tribunaux et des administrateurs, l'institution d'un tribunal criminel sans jurés, proposa de décréter que Louis XVI serait jugé « sans désemparer », et, lors du jugement du roi, répondit au 2e appel nominal:

« J'ai proposé moi-même au comité de législation le recours au peuple. Je croyais y apercevoir une tranquillité morale et politique ; depuis, la discussion m'a éclairé sur les dangers de cette mesure: j'ai reconnu qu'elle est capable d'anéantir plutôt que d'affermir la souveraineté du peuple ; je dis non. »

Au 3e appel nominal :

« Comme juge, comme organe des lois, j'ai eu souvent la douleur de prononcer la peine de mort contre des malheureux qui n'étaient coupables que d'un seul crime que l'on pouvait attribuer aux vices de l'ancien régime. Les crimes de Louis sont beaucoup plus atroces que tous ceux contre lesquels la loi prononce la peine de mort. La seule politique des peuples libres, c'est la justice, c'est l'égalité parmi les hommes; elle consiste, dans les circonstances actuelles, à effrayer les rois par un grand coup. Je vote pour la mort. »

Attaché au parti de Danton, il fit la motion d'allouer 300,000 livres à quiconque livrerait Dumouriex, après la trahison de ce général. Il improuva la pétition des sections de Paris sur l'expulsion des 22 girondins, vota ensuite contre ceux-ci, et fut envoyé peu après en Vendée pour y réorganiser les administrations. De concert avec l'état-major de Nantes, il préconisa et inaugura un système de guerre en opposition avec celui des officiers et représentants réunis à Saumur : c'était le système dit des « colonnes mobiles » destinées à agir à l'improviste et à organiser contre les rebelles une véritable chasse à l'homme. Au contraire, la « cour de Saumur », comme l'appelait ironiquement Philippeaux, recommandait une action plus lente et plus prudente. Le comité de saint public donna la préférence au système des colonnes mobiles; mais les Vendéens redoublèrent d'ardeur et de rapidité dans leurs mouvements, et infligèrent plusieurs échecs aux colonnes, échecs qui provoquèrent le rappel de Philippeaux. Il prétendit alors que ses adversaires, Rossignol et Ronsin, généraux de l'armée de la Rochelle, l'avaient desservi et s'étaient efforcés de faire échouer ses mesures: il se plaignit également des commissaires de la Convention. Dénoncé par les jacobins, poursuivi par les accusations d'Hébert, de Levasseur, de Choudieu, de Vincent, il fut déclaré traître à la patrie par les clubs populaires, et le 30 mars 1794, sur le réquisitoire de Saint-Just, qui l'accusa de trahison, d'avoir écrit en faveur de Roland et de l'appel au peuple, d'avoir demandé le renouvellement de la Convention, il fut arrêté comme complice de Danton. La faction des Philippeautins était alors des plus suspectes à la Montagne. Traduit devant le tribunal révolutionnaire, le 5 avril suivant, Philippeaux reconnut qu'il avait dénoncé le comité de salut public et dévoilé les trames des intrigants, et fut condamné à mort comme coupable de complicité « avec d'Orléans, Dumouriez, et autres ennemis de la République ». Il mourut avec courage.

Après le 9 thermidor, la nouvelle majorité de la Convention décida, sur la motion de Merlin de Thionville, de réhabiliter sa mémoire (24 janvier 1795), et accorda des secours à sa veuve. Rossignol et Choudieu se sont appliqués l'un et l'autre à réfuter les considérations présentées par Philippeaux dans les Mémoires historiques qu'il publia sur la guerre de Vendée (1793).

Date de mise à jour: janvier 2020