Augustin, Bernard Le Goazre de Kervélégan

1748 - 1825

Informations générales
  • Né le 19 septembre 1748 à Quimper ( - Généralité de Bretagne sud - France)
  • Décédé le 24 février 1825 à Penhars (Finistère - France)

Mandats à l'Assemblée nationale ou à la Chambre des députés

Régime politique
Révolution
Législature
Assemblée nationale constituante
Mandat
Du 22 avril 1789 au 30 septembre 1791
Baillage
Quimper - Bretagne (Type : Sénéchaussée)
Groupe
Tiers-Etat
Régime politique
Révolution
Législature
Convention nationale
Mandat
Du 8 septembre 1792 au 26 octobre 1795
Département
Finistère
Groupe
Girondins
Régime politique
Révolution
Législature
Conseil des Cinq-Cents
Mandat
Du 16 avril 1799 au 26 décembre 1799
Département
Finistère
Groupe
Droite
Régime politique
Consulat et Premier Empire
Législature
Corps législatif
Mandat
Du 25 décembre 1799 au 4 juin 1814
Département
Finistère
Groupe
Majorité
Régime politique
Première Restauration
Législature
Chambre des députés des départements
Mandat
Du 4 juin 1814 au 20 mars 1815
Département
Finistère

Biographies

Biographie extraite du dictionnaire des parlementaires français de 1789 à 1889 (Adolphe Robert et Gaston Cougny)

Député en 1789, membre de la Convention, député au Conseil des Anciens et au Corps législatif de l'an VIII à 1815, né à Quimper (Généralité de Bretagne sud, France) le 19 septembre 1748, mort au manoir de Toulgoët, commune de Penhars, près Quimper (Finistère), le 24 février 1825, d'une ancienne famille de robe de Cornouailles, déboutée de ses prétentions à la noblesse à la réformation de 1669, il était fils de « Monsieur maître François-Guillaume Le Goazre de Kervélégan, conseiller en la sénéchaussée et siège présidial de Quimper, et de dame Marie-Bernardine Billy ».

Il fit ses études chez les Jésuites de Quimper, et son droit à Rennes, fut reçu avocat du roi au présidial de Quimper en 1768, et devint, avec dispense d'âge, en 1774, sénéchal et maire de Quimper. Député la même année aux Etats de Bretagne, il se montra, en 1788, un des plus ardents défenseurs des intérêts populaires contre le parlement de Rennes dans la question des grands bailliages, qu'il alla lui-même soutenir à Versailles; cette attitude énergique le rendit très populaire, et dès la fin de l'année 1788, il prit en main la cause des revendications du tiers-état, et réclama pour cet ordre un député par 10,000 habitants, un nombre de députés égal à celui des deux autres ordres réunis, le vote par tête, etc.

Copie de ces motions fut adressée par la communauté de Quimper à toutes les communautés de Bretagne, et Kervélégan fut élu, le 22 avril 1789, premier député du tiers aux Etats-Généraux pour la sénéchaussée de Quimper; il avait présidé cette assemblée électorale. A la Constituante, il prit place silencieusement dans la majorité réformatrice, fut nommé secrétaire de l'Assemblée (avril 1790), et, le 7 du même mois, commissaire à l'aliénation des domaines nationaux. Pétion l'accuse, dans ses Mémoires, se trouvant à la Ferté sous Jouarre, lors du retour du roi de Varennes, d'avoir crié à la portière de la voiture royale : « Pour une brute comme celle-là, voilà bien du train. »

Kervélégan fut envoyé à la Convention par le département du Finistère, élu, le 8 septembre 1792, le 6e sur 8, par 278 voix sur 417 votants. Il suivit le parti de la Gironde, dont les principaux membres étaient ses amis, et, dans le procès du roi, répondit au 3e appel nominal : « Même opinion que la précédente ; » or la précédente était celle de Queinec qui avait dit : « Je ne suis pas juge; je ne puis donc voter que pour la détention pendant la guerre et la déportation à la paix. » Le 9 mars 1793, Kervelégan se rendit à la caserne des fédérés brestois et les amena à la Convention, qu'il préserva d'un nouvel envahissement à la tribune, il dénonça le journal de Marat, mais se récusa lors de la demande de mise en accusation de ce dernier (13 avril). Le 10 mai, il écrivait à Goupilleau (de Montaigu) : « Je vous dirai que je trouve Robespierre au sentier où je l'ai laissé : celui de la folie. Si je parle ainsi, c'est que je cherche une cause à sa conduite, qui m'a toujours semblé équivoque, et je n'ai jamais pris de gants pour lui dire. » Nommé (21 mai) membre de la commission extraordinaire des Douze chargée « de l'examen des arrêtés de la municipalité de Paris et de la recherche des complots contre l'ordre et la liberté publique », Kervélégan remit sa démission de membre de cette commission, le 28, avec ses onze collègues, et fut décrété d'arrestation le 2 juin.

Gardé à vue par deux gendarmes dans son appartement de la rue des Saints-pères, il leur avait promis de les prévenir s'il se sauvait; en effet, le 29 juin au matin, il leur dit : « Je vous ai promis de vous prévenir quand je me sauverais. Adieu. » Et, fermant la porte à double tour, il gagna un cabriolet amené par son collègue Coupé, des Côtes-du-Nord, et se rendit à Caen, auprès des Girondins. Déclaré, le 28 juillet, traître à la patrie et mis hors la loi, il se réfugia dans le Finistère après l'échec de Vernon, reçut chez lui les Girondins en fuite, refusa de s'embarquer avec eux, et, sous l'habit de paysan breton, se tint caché tout près de Quimper. Ce fut en vain que le représentant en mission, Tréhouart, offrit 10,000 livres à qui le prendrait vivant et 5,000 à qui le livrerait mort, Kervélégan ne fut pas trahi; ses biens furent confisqués, sa femme arrêtée, bien qu'elle eût demandé le divorce, et emprisonnée avec ses cinq enfants à Carhaix, puis au château de Brest.

La chute de Robespierre permit à Kervélégan de reparaître; il fut réintégré à la Convention le 18 ventôse an II, malgré l'opposition de Merlin, devint membre du comité de sûreté générale, et fut un des trois commissaires délégués à la planche aux assignats. Blessé, à l'émeute du 1er prairial, en défendant la Convention à la tête des 900 Bretons qu'il avait fait appeler, il fut compris, le 15 vendémiaire an IV, au nombre des membres du nouveau comité de sûreté générale, et fut élu, le 23, député au Conseil des Anciens, par 14 départements, dont le Finistère, pour lequel il opta, et qui lui avait donné 129 voix sur 193 votants.

Il fut choisi pour secrétaire du Conseil le 1er brumaire an V, fut réélu au Conseil des Cinq-cents, le 27 germinal an VII, et, ne s'étant pas montré hostile au coup d'Etat de brumaire, fut choisi, le 4 nivôse an VIII, comme député du Finistère au nouveau Corps législatif ; il y siégea jusqu'en 1815, ayant eu son mandat renouvelé par le Sénat, le 4 mai 1811. Le premier consul lui fit offrir des fonctions largement rétribuées, à la seule condition que Kervélégan lui rendît visite : celui-ci s'y refusa : « C'est un vieil entêté, dit Napoléon; il n'aura jamais rien de moi. » Ce fut Louis XVIII qui nomma Kervélégan chevalier de la Légion d'honneur (2 novembre 1814).

Aux Cent-jours, Kervélégan renonça à la vie politique et se retira dans sa maison de Toulgoët, près de Quimper. Ruiné par la Révolution, il vécut modestement avec 1,500 francs de rente, fut maire de sa commune, et mourut à 77 ans, dans les sentiments les plus chrétiens, et justement honoré pour l'inflexibilité de son désintéressement et pour son inépuisable charité. La notice la plus étendue parue sur ce député est due à l'éminent biographe breton, M. R. Kerviler.