Marie, Charles, Isidore de Mercy

1736 - 1811

Informations générales
  • Né le 3 février 1736 à Maubec ( - Généralité de Grenoble - France)
  • Décédé le 10 février 1811 à Bourges (Cher - France)

Mandats à l'Assemblée nationale ou à la Chambre des députés

Régime politique
Révolution
Législature
Assemblée nationale constituante
Mandat
Du 1er avril 1789 au 30 septembre 1791
Baillage
Poitiers (Type : Sénéchaussée)
Groupe
Clergé

Biographies

Biographie extraite du dictionnaire des parlementaires français de 1789 à 1889 (Adolphe Robert et Gaston Cougny)

Député en 1789, né au château de Maubec (Généralité de Grenoble, France) le 3 février 1736, mort à Bourges (Cher) le 10 février 1811, puîné d'une famille noble du Dauphiné, il fut destiné à l'état ecclésiastique.

Des traits distingués et de belles manières lui facilitèrent ses débuts; conclaviste du cardinal de Luynes, il devint successivement vicaire-général et grand-archidiacre de Sens, chanoine de Saint-Pierre de Vannes, et fut nommé, le 17 novembre 1775, à l'évêché de Luçon.

Membre, pour l'ordre du clergé, de l'assemblée provinciale du Poitou réunie en vertu de l'édit royal du 12 juillet 1787, membre de l'assemblée d'élection de Fontenay, et spécialement du bureau intermédiaire de cette élection chargé d'administrer, dans l'intervalle des sessions de cette assemblée, il fut élu, le 2 avril 1789, le 6e sur 6, après ballottage avec le célèbre bénédictin dom Mazet, député du clergé de la sénéchaussée du Poitou aux Etats-Généraux. Son collègue Jallet (V. ce nom) lui reprocha plus tard de s'être fait donner tout pouvoir pour la rédaction des cahiers de son ordre; en tout cas, ces cahiers, fort remarquables, déclaraient le clergé du Poitou « jaloux de la loi de l'église gallicane », réclamaient contre « la portion congrue », demandaient l'amélioration du sort des curés et des vicaires, la suppression du « boisselage » comme « pesant également et dans la même proportion sur le plus pauvre comme sur le plus riche », un meilleur choix des évêques, le vote des impôts, leur unification et leur égale répartition, l'impôt sur les rentes payées par l'Etat, la simplification des lois et surtout de la procédure, la suppression de tous les tribunaux d'exception, la publicité de l'instruction criminelle, etc.

A l'Assemblée, l'évêque de Luçon assista régulièrement aux séances, comme en témoigne Ballard ( V. ce nom) dans une lettre du 4 août 1789; il fit partie du comité ecclésiastique (20 août), alla, au nom de l'Assemblée, féliciter le roi pour sa fête (24 août) et se retira du comité le 6 mai 1790. Il vota avec la minorité de son ordre sans prendre une part personnelle aux discussions, refusa de prêter serment à la constitution civile du clergé, signa « l'Exposition des principes » des évêques orthodoxes, et y donna, le 30 octobre 1790, son adhésion particulière. Le refus de serment l'ayant fait considérer comme démissionnaire, le département de la Vendée élut pour évêque Servant, supérieur de l'Oratoire de Saumur, premier vicaire général d'Angers (février 1791). Le 10 mars, Mgr de Mercy écrivit au nouvel élu pour l'exhorter à refuser, s'il voulait éviter les censures canoniques. Le 30, Servant adressa son refus d'acceptation au département. Cet incident fournit à Jallet une nouvelle occasion de prendre son collègue à partie; il le mit en demeure de prêter le serment, dans sa brochure: Pourquoi ne jurent-ils pas, puisqu'ils savent jurer? ou Lettre de Jallet à M. de Mercy, ci-devant évêque de la Vendée (5 avril 1791). Mais l'évêque répondit qu'il ne voyait dans les lois nouvelles « qu'une entreprise sacrilège, l'anéantissement de l'autorité de Jésus-Christ, la subversion de la hiérarchie. » Il signa, en septembre la protestation générale contre les décrets de l'Assemblée.

Il n'émigra pas immédiatement, ne s'échappa de Paris que le 11 juillet 1792, sous un déguisement, rejoignit sa famille à Chambéry, et, un mois après, à l'entrée de l'armée française en Savoie, gagna Soleure. En avril 1793, il se réunit à sa famille à Chiasso, non loin de Côme, et, le 26 septembre suivant, ils se fixèrent tous à Mindrisio. C'est de là qu'il adressa, le 1er janvier 1794, une instruction pastorale à son clergé, et que, ses ressources s'épuisant, il demanda asile au pape qui lui assigna l'abbaye de Saint-Vital de Ravenne; de là, le 20 janvier 1795, il délégua la plénitude de ses pouvoirs à son grand-vicaire, M. Brumeau de Beauregard. Les victoires de nos armées l'obligèrent encore (mai 1796) à se réfugier à Vicence dans la famille de Talleyrand, puis, en juin, à Venise, et enfin à la riche abbaye de Lilienfeld (Basse-Autriche) (février 1797). Il fut le seul à soutenir dans l'exil l'ancien archevêque de Bordeaux, Champion de Cicé (V. ce nom), à qui on ne pardonnait pas son rôle à la Constituante: « Il est toujours, écrivait M. de Mercy à l'abbé d'Auribeau le 4 juin 1796, l'objet de la plus acharnée et de la plus néfaste persécution. »

Le coup d'Etat de brumaire et l'avènement de Bonaparte au pouvoir suprême parurent à M. de Mercy une occasion favorable pour rentrer en France. Il dicta dans ce but, à son mandataire Voyneau, la lettre qui suit :

« Aux Consuls de la République française,

Au nom de Marie-Charles-Isidore de Mercy, évêque de Luçon, j'ai l'honneur de vous exposer, citoyens Consuls, que, résidant dans cette capitale à l'époque du décret qui ordonnait la déportation du clergé, il n'a pu, sans s'exposer à une mort certaine, après le massacre commis aux Carmes, se présenter à aucun bureau pour faire constater de la sienne. En raison de cette omission involontaire, il a été depuis inscrit sur la liste des émigrés, mais il ose se promettre de votre justice que prenant en considération la force des circonstances et sa lettre pastorale dont cy-joint coppie, vous daignerez, citoyens Consuls, ordonner que son nom soit rayé sur la liste des émigrés, lui permettre d'habiter, comme citoyen français, le sol de la République, et le rendre aux vœux de ses diocésains pour consolider la paix.

Salut et respect, VOYNEAU.

Paris, 21 messidor an 8e. »

La lettre pastorale visée dans cette lettre manque au dossier (Arch. Nat.), mais M. de Mercy, qui obtint la permission de rentrer « comme citoyen français », donna un gage de son dévouement au régime nouveau, en écrivant, le 22 août 1802, à M. Macé, curé des Herbiers (Vendée) :

« Je n'ai pas été longtemps à reconnaître que ce n'était ni l'amour de la religion ni le véritable amour de la patrie qui dirigeaient les soi-disant armées catholiques de la Vendée, mais l'égoïsme et toutes les passions humaines. »

M. de Mercy remit sa démission d'évêque de Luçon au moment du Concordat, et fut appelé peu après à l'archevêché de Bourges. Il mourut à ce poste, officier de la Légion d'honneur.