Jean, Joseph, André Montjallard

1740 - 1791

Informations générales
  • Né le 9 février 1740 à Simiane ( - Généralité de Provence France)
  • Décédé le 18 août 1791 à Paris (Seine - France)

Mandats à l'Assemblée nationale ou à la Chambre des députés

Régime politique
Révolution
Législature
Assemblée nationale constituante
Mandat
Du 7 avril 1789 au 18 août 1791
Baillage
Toulon (Type : Sénéchaussée)
Groupe
Clergé

Biographies

Biographie extraite du dictionnaire des parlementaires français de 1789 à 1889 (Adolphe Robert et Gaston Cougny)

Député en 1789, né le 9 février 1740 à Simiane (Généralité de Provence), mort à Paris (Département de Paris) le 18 août 1791, il était curé de Barjols lors de la Révolution.

Elu, le 7 avril 1789, député du clergé aux Etats-Généraux par la sénéchaussée de Toulon, il se montra d'abord favorable aux idées nouvelles, vota la vérification en commun des pouvoirs, et, le 28 décembre 1790, prêta le serment civique; mais il revint bientôt aux opinions de la droite, et désespéré, a-t-on dit, de son attitude précédente, il se jeta par sa fenêtre le 18 août 1791 et mourut au bout de trois quarts d'heure de souffrances, ainsi que le rapporte un curieux écrit du temps, intitulé : Détail de la mort tragique d'un député à l'Assemblée nationale, qui s'est tué lui-même rue Saint-Marc, avec la déclaration qu'il a laissée par écrit (De l'imprimerie de Laurent, rue Traversière, 1791), et dont voici la teneur:


« De tous les actes de démence et de frénésie auxquels l'homme peut se porter, le plus effrayant sans doute, le plus douloureux pour l'humanité, est sans contredit le suicide. Cet affreux délire, très peu commun autrefois en France, s'est propagé depuis quelque temps en France, avec les modes d'Angleterre, d'une manière effrayante. Des citoyens de tous les rangs, de toutes les classes, ont imité à l'envi l'horrible exemple que leur donnaient les habitants de Londres.

« Un ecclésiastique, un membre du Corps législatif, vient de renouveler, dans la capitale, ces scènes affligeantes. Ah! pourquoi ne peut-on ensevelir dans un profond oubli cet acte de désespoir! Qu'il est affligeant d'avoir à décrire des scènes semblables! Mais l'explosion faite, il est impossible d'ensevelir dans les ténèbres un événement pareil, et, au contraire, le tableau ne peut qu'en être utile, et les profondes réflexions qu'il doit faire naître peuvent tourner à l'avantage de la morale et de l'humanité.


« M. l'abbé de Montjallard, curé de Barjols, député du département du Var à l'Assemblée nationale, était du nombre de ces représentants de la nation, qui ne dictent des lois que par assis et levé et dont la hausse ou la baisse règlent les mouvements de l'Etat, ou plutôt ne règlent rien, car il était, à ce qu'on prétend, de cette minorité protestante, c'est-à-dire du côté droit, et tout le monde sait que ces messieurs ont peu influé sur les décrets de l'Assemblée. Quoi qu'il en soit, M. l'abbé de Montjallard n'avait rien fait voir jusqu'ici, dans sa conduite ni dans son caractère, qui pût annoncer le dégoût de la vie, au contraire, il passait pour n'avoir pas été ennemi de ses plaisirs, et jamais la noire mélancolie n'avait paru les empoisonner; la veille même de sa mort, il n'a donné aucun signe de désespoir, ni même de tristesse, et son visage n'annonçait que ce mécontentement ordinaire qui figure sur toutes les physionomies aristocratiques.

« Hier matin, vers les onze heures, son perruquier est arrivé chez lui, rue Saint-Marc, n° 8. Après les préliminaires de la toilette, ce barbier, causeur et questionneur de son métier, suivant l'usage, lui a demandé ce que l'on avait fait à l'Assemblée nationale ; M. l'abbé de Montjallard ayant répondu froidement à cette question, celui-ci a insisté et désiré savoir quand tout serait fini. - Bientôt, a répondu l'abbé. Oui, j'espère, a-t-il répété, que tout sera bientôt fini. - Et la conversation a cessé. Le perruquier ayant fini sa besogne, a couru chez ses pratiques. Mais à peine était-il sur le seuil de la porte cochère qu'il a vu celui qu'il venait de coiffer étendu à ses pieds et nageant dans son sang. Cet infortuné venait de se précipiter de sa fenêtre. Un instant plus tôt, un garde national qui passait devant la porte, et la perruquier lui-même, eussent été écrasés de sa chute.

« Cet affreux événement a consterné tous les spectateurs. Le malheureux abbé respirait encore et, quoiqu'il eût le corps et la tête brisés, il conservait un reste de connaissance. On l'a aussitôt transporté chez lui, et on s'est hâté de lui porter tous les secours nécessaires. Mais, hélas c'était bien en vain, il n'y avait aucun espoir, et on a appelé les secours spirituels. L'infortuné a vécu environ une heure, dans les souffrances les plus grandes, au milieu desquelles il a donné de véritables signes de repentir au ministre de la religion, des mains duquel il a reçu l'absolution et l'extrême-onction.


« Il est mort hier jeudi 18 août, à midi et demi, à l'Hôtel-Royal, rue Saint-Marc, où il logeait. Il s'est jeté du troisième étage. Des personnes qui le voyaient assez ordinairement, prétendent avoir remarqué que depuis trois mois il était extraordinairement affecté, et que sa tête s'altérait insensiblement. On dit qu'on a trouvé sur son secrétaire le commencement d'un brouillon de lettre, écrit de sa main et conçu en ces ter mes : « Je déclare que personne que moi n'a attenté à mes jours... Il m'est impossible de supporter plus longtemps le fardeau d'une si douloureuse vie... Que le ciel me pardonne, comme je pardonne aux hommes... »

« Puisse-t-il être exaucé! »