Jean-François Boursault-Malherbe

1750 - 1842

Informations générales
  • Né le 19 janvier 1750 à Paris ( - Généralité de Paris - France)
  • Décédé le 25 avril 1842 à Paris (Seine - France)

Mandats à l'Assemblée nationale ou à la Chambre des députés

Régime politique
Révolution
Législature
Convention nationale
Mandat
Du 22 mars 1793 au 26 octobre 1795
Département
Seine
Groupe
Modérés

Biographies

Biographie extraite du dictionnaire des parlementaires français de 1789 à 1889 (Adolphe Robert et Gaston Cougny)

Membre de la Convention et député au Conseil des Cinq-cents, né à Paris (Généralité de Paris, France), le 19 janvier 1750, mort a Paris (Seine), le 25 avril 1842, il descendait de Edmée Boursault, poète dramatique (1638-1701), et était fils d'un riche drapier du quartier des Innocents.

Il quitta sa famille pour suivre des comédiens ambulants, au milieu desquels il occupa vite le premier rang, sous le nom de guerre de Malherbe. Le 5 décembre 1778, il débutait avec succès à Paris dans le Philosophe marié et dans la Gageure imprévue, allait à Marseille prendre la direction du Grand-Théâtre, puis partait pour Palerme, où la protection du vice-roi Caraccioli assurait d'abord la fortune de son théâtre, mais pour peu de temps, puisque Boursault, ruiné, en était bientôt réduit à se jeter à la mer, au moment où le roi Ferdinand passait en voiture. Cette coïncidence lui valut l'intérêt du monarque, qui fit acquitter les dettes du malheureux directeur.

Rentré à Paris en 1789, il adopta avec enthousiasme les idées nouvelles, se lia avec le comédien Collot d'Herbois, dont il avait été l'ami de collège, fonda, en 1790, le Théâtre-Molière, passage des Nourrices, entre les rues Saint-Martin et Quincampoix, et y fit représenter, entre autres, les pièces révolutionnaires du général Ronsin. Mais le théâtre fut fermé après le 10 août 1792.

Boursault, sans emploi, se fit nommer électeur de Paris, et fut élu, le 20 septembre 1792, député suppléant à la Convention par le département de Paris, avec 320 voix sur 621 votants. Il ne fut admis à siéger que le 22 mars 1793, en remplacement de Manuel, démissionnaire; sous la Restauration, des journaux royalistes l'ayant accusé, à tort, d'avoir voté la mort de Louis XVI, Boursault leur fit un procès et le gagna.

A la Convention, il fut envoyé en mission en Vendée, fut accusé de concussion comme entrepreneur de charrois militaires (27 novembre 1793), contraria plus d'une fois, par son activité brouillonne et indépendante, les plans du général Hoche, dénonça le général Rossignol (27 juillet 1794), et passa à l'armée du Nord pour y rétablir l'ordre, mais sans y réussir. Au 31 mai 1793, il avait sauvé la vie à ses collègues Buzot, Savary, Lahaye et Lesage, en les déguisant en charretiers, et en les faisant conduire à Caen. Dénoncé à Robespierre, il fut sauvé par Collot d'Herbois qui lui fit donner la mission d'aller acheter des chevaux à Rennes.

Dans une seconde mission en Bretagne, il montra beaucoup d'humanité, fit sortir des prisons les Brestois et les prêtres, et fit enlever la guillotine. Le gouverneur anglais de Jersey écrivait alors à son gouvernement : « Depuis que le représentant Boursault parcourt la Bretagne, le système de clémence qu'il a adopté est plus nuisible à nos intérêts que la présente d'une armée de cent mille bleus. » A Nantes. il mit en liberté des nobles et la soeur de Charrette.

Une nouvelle mission lui fut donnée, avant le 13 vendémiaire, dans le comtat Venaissin; il y arrêta autant qu'il put l'effusion du sang, et, poursuivi un jour par la populace, il tendit son bras nu à un boucher, qui paraissait le plus exalté : « Tu veux du sang, lui cria-t-il, tiens, mords ! »

Le 23 vendémiaire an IV, le département de Vaucluse l'élut député au Conseil des Cinq-cents, mais étant en mission dans ce même département à l'époque, son élection ne fut pas validée.


Il racheta à Paris son ancien Théâtre-Molière, relevé par l'acteur directeur Lachapelle (guillotiné le 24 mars 1794) sous le nom de Théâtre des Variétés nationales et étrangères. Un peu désillusionné de la politique, Boursault n'y joua que des traductions de Shakespeare, Calderon, Lope de Véga, Schiller, etc.

Après le décret de 1807, il renonça au théâtre, et obtint la concession des boues et vidanges de Paris et d'une maison de jeu, qui furent pour lui l'origine d'une grosse fortune; il l'employa à réunir une célèbre galerie de tableaux, et à cultiver, dans ses magnifiques jardins, les plantes les plus rares. Après 1830, le goût du théâtre lui revint; il acheta, pour trois millions, la salle Ventadour, et prit la direction de l'Opéra-Comique. Mais cette fantaisie dura peu, et il la liquida au plus tôt sans trop de perte. Il vendit alors sa collection de tableaux et ses fleurs, et fit construire, peu de temps avant sa mort, sur l'emplacement de son parc, des maisons de rapport, dont la rue centrale a pris et gardé le nom de rue Boursault.