Pierre, Joseph Couinaud

1891 - 1967

Informations générales
  • Né le 28 octobre 1891 à Nevers (Nièvre - France)
  • Décédé le 20 avril 1967 à Argentan (Orne - France)

Mandats à l'Assemblée nationale ou à la Chambre des députés

Régime politique
Quatrième République - Assemblée nationale
Législature
IIe législature
Mandat
Du 17 juin 1951 au 1er décembre 1955
Département
Orne
Groupe
Rassemblement du peuple français - ARS
Régime politique
Quatrième République - Assemblée nationale
Législature
IIIe législature
Mandat
Du 2 janvier 1956 au 8 décembre 1958
Département
Orne
Groupe
Indépendants et paysans d'action sociale

Mandats au Sénat ou à la Chambre des pairs

Sénateur
du 1er janvier 1948 au 1er janvier 1951

Biographies

Biographie extraite du dictionnaire des parlementaires français de 1940 à 1958 (La documentation française)



Né le 28 octobre 1891 à Nevers (Nièvre)
Décédé le 20 avril 1967 à Argentan (Orne)

Sénateur de l'Orne de 1948 à 1951.
Député de l'Orne de 1951 à 1958
Secrétaire d'Etat à la Santé publique et à la Population du 10 janvier au 28 juin 1953.

Issu d'une famille du Limousin, Pierre Couinaud nait le 28 octobre 1891 à Nevers où son père, qui achèvera sa carrière comme président de la Cour d'assises de la Seine, est magistrat.

Reçu en 1913 au concours de l'internat des hôpitaux de Paris, il rejoint en 1914, en qualité de médecin-auxiliaire, le 40e régiment d'artillerie au sein duquel sa conduite, notamment à Verdun, lui vaudra la Croix de guerre et le grade de médecin-lieutenant.

Rendu à la vie civile, titularisé interne des hôpitaux en 1920 il obtient, en 1922, le poste de chirurgien de l'hôpital d'Argentan dans l'Orne et fort des grandes capacités professionnelles qui lui sont reconnues ouvre, dans cette ville, une clinique privée non sans porter un intérêt critique à la gestion municipale qu'assument, avant la guerre, des élus communistes.

Rappelé sous les drapeaux en 1939 avec la grade de médecin - capitaine puis de médecin-commandant, affecté à l'hôpital d'Argentan, il en assure le repli vers le sud de la France en juin 1940.

Démobilisé, il entre dans la Résistance aux côtés d'autres officiers de réserve de l'Orne et participe, au sein du réseau Centurie, à des actions de renseignement et de sabotage, à la réception d'armes et soigne dans la forêt de Silly en Gouffern, proche d'Argentan, les aviateurs alliés blessés.

Arrêté sur dénonciation le 13 mai 1944, emprisonné à Alençon puis à Compiègne, déporté à Neuengamme, Auschwitz et Ebensee, son courage lui vaudra la Croix de guerre 1939-1945 avec palmes, la Médaille de la Résistance, la Croix de chevalier de la Légion d'honneur en 1948 et la Rosette d'officier en 1961.

Elu au conseil municipal d'Argentan en avril 1945, alors qu'il n'est pas encore rentré des camps, il adhère au R.P.F. dès sa création, en préside le comité départemental, devient maire-adjoint de sa ville à l'occasion des élections municipales de 1947 puis, en novembre 1948, est désigné par les grands électeurs de l'Orne au Conseil de la République.

Manifestant une envergure certaine et beaucoup d'autorité il intervient, en sa qualité de sénateur, sur l'agriculture, la santé publique, la reconstruction et les dommages de guerre, dispose avec le Journal de l'Orne, dont il devient propriétaire, d'un organe de presse qui lui donne localement une large capacité d'expression et s'impose comme l'homme fort de son département.

A ce titre il conduit, en 1951, la campagne législative du R.P.F., dénonce le « bilan de faillite » du « régime des partis », le « scandaleux trucage » des apparentements et se fixe pour objectif de faire « barrage contre la cinquième colonne de l'impérialisme soviétique ».

Déjà membre du Parlement il confie la tête de liste au président de la Fédération départementale des exploitants agricoles, Paul Pelleraye, afin que celui-ci ait la certitude d'être député mais Paul Pelleraye avec 50 870 voix et lui-même avec 49 281 suffrages sont élus devançant de loin le chef de file des républicains populaires, Emile Halbout, crédité de 28 093 voix.

Laissant son siège de sénateur, le 18 août 1951, au président du Conseil général de l'Orne, Gaston Meillon, Pierre Couinaud rejoint l'Assemblée nationale, travaille au sein des Commissions de la reconstruction et des dommages de guerre, du travail et de la sécurité sociale et s'exprime à maintes reprises sur la crise du logement, la santé, la sécurité sociale et l'agriculture.

Fidèle aux positions du R.P.F. il se prononce, en décembre 1951, contre le pool charbon-acier que défend Robert Schuman mais décide bientôt, avec son ami Pelleraye, de rompre avec le général de Gaulle et fait partie des vingt-sept députés du R.P.F. qui accordent leur confiance, le 6 mars 1952, au gouvernement d'Antoine Pinay.

Inscrit désormais au groupe de l'Action républicaine et sociale, Pierre Couinaud assume, à compter du 10 janvier 1953, la fonction de secrétaire d'Etat à la Santé publique et à la population dans le cabinet René Mayer et c'est en cette qualité qu'il aborde, en mai 1953, les élections municipales et devient maire d'Argentan.

La chute du cabinet Mayer, le 28 juin, lui interdit de faire preuve des qualités d'homme de gouvernement qu'on vient de lui reconnaître mais elle lui permet, en revanche, de se consacrer à la reconstruction de sa ville, sinistrée lors des combats de 1944, et à une industrialisation qui assure l'essor d'une commune qui n'était avant lui qu'un grand marché agricole.

Parlementaire actif, intervenant souvent sur ses sujets de prédilection que sont le logement, la santé et l'agriculture il accorde, en juin 1953, sa confiance au gouvernement Joseph Laniel, la lui maintient au lendemain de la chute de Dien Bien Phu, s'abstient par contre lors du vote d'investiture de Pierre Mendès-France en juin 1954 puis à l'occasion des accords de Genève, se prononce le 30 août 1954 contre la C.E.D. puis s'abstient à nouveau, en mars 1955, lors de la ratification des accords de Paris relatifs au réarmement de l'Allemagne.

Candidats aux élections législatives du 2 janvier 1956 sur la liste du Centre national des indépendants et paysans et de l'Action républicaine et sociale, Paul Pelleraye et Pierre Couinaud confirment en termes vifs leur rupture avec le R.P.F. coupable, à leurs yeux, de vouloir soumettre les votes des élus « aux injonctions d'un comité de direction extraparlementaire irresponsable et non élu » et avec le général de Gaulle et « ses consignes autoritaires », condamnant de même « la solution Mendès-France... antichambre de la dictature ».

Aisément réélu, avec 35 907 voix, Pierre Couinaud puise dans cette nouvelle victoire une énergie qui le conduit à déposer, de mars 1956 à mars 1958, dix-sept propositions de loi et de résolution. En séance, il intervient toujours sur l'agriculture et la reconstruction et - en outre - se prononce pour le rétablissement du scrutin majoritaire d'arrondissement et contre les « atteintes à l'enseignement libre ».

S'abstenant lors de l'investiture du gouvernement Guy Mollet, en janvier 1956 mais favorable à la demande des pleins pouvoirs et à l'expédition de Suez, tenant à s'exprimer lors de 1'« arrestation » à Alger des « cinq chefs rebelles », il soutient en juin puis en novembre 1957 les gouvernements Bourgès-Maunoury et Félix Gaillard mais hostile, le 13 mai 1958, à la solution Pflimlin, renoue avec le général de Gaulle. Il lui accorde sa confiance le 1er juin et vote les pleins pouvoirs le 2 juin. Le même jour il se prononce en faveur de la révision constitutionnelle.

Ses anciens amis politiques n'ont pas oublié, toutefois, sa rupture avec le R.P.F. et c'est Emile Halbout qui bénéficie en novembre 1958 de l'investiture de la Ve République et l'emporte de peu face à Pierre Couinaud dans la troisième circonscription de l'Orne.

Souffrant des séquelles de sa déportation, Pierre Couinaud démissionnera de son poste de maire en 1960 et se retirera, en 1965, de toute vie publique.

Il décède à Argentan le 20 avril 1967 mais, selon sa volonté, ses restes seront transférés dans le petit village de Thiat dans la Haute-Vienne où il repose auprès de ses ancêtres.