Auguste, Léon, Isaïe Defrance

1901 - 1988

Informations générales
  • Né le 7 juillet 1901 à Le portel (Pas-de-Calais - France)
  • Décédé le 20 octobre 1988 à Boulogne-sur-mer (Pas-de-Calais - France)

Mandats à l'Assemblée nationale ou à la Chambre des députés

Régime politique
Quatrième République - Assemblée nationale
Législature
IIIe législature
Mandat
Du 2 janvier 1956 au 8 décembre 1958
Département
Pas-de-Calais
Groupe
Communiste

Mandats au Sénat ou à la Chambre des pairs

Sénateur
du 1er janvier 1946 au 1er janvier 1948

Biographies

Biographie extraite du dictionnaire des parlementaires français de 1940 à 1958 (La documentation française)



Né le 7 juillet 1901 à Portel (Pas-de-Calais)
Décédé le 20 octobre 1988 à Boulogne-sur-Mer (Pas-de-Calais)

Conseiller de la République de 1946 à 1948 (Pas-de-Calais)
Député du Pas-de-Calais de 1954 à 1958

La vie d'Auguste Defrance, né le 7 juillet 1901 au Portel (Pas-de-Calais), témoigne de sa fidélité à ses racines populaires. Fils d'un journalier, il exerce différents métiers avant d'être ouvrier-mareyeur. Le Parti communiste trouve dans ce fondateur de la cellule de Bréquerecque un militant actif, voire intransigeant, qui dirige l'union locale des syndicats de Boulogne-sur-Mer et la section du Secours rouge.

A partir de 1934 il s'éloigne du syndicalisme local qui est désormais dominé par les anciens confédérés peu favorables au communisme, pour aborder l'action politique directe. Il encadre les marches de chômeurs de 1934 suscitées par la grande crise économique. Il est un des animateurs des occupations d'usines en 1936. Candidat malheureux aux élections cantonales de 1934 et de 1937, il se présente en vain aux élections législatives de 1936. La guerre d'Espagne émeut Defrance qui voudrait s'engager dans les Brigades internationales mais renonce à son projet sur l'ordre du Parti. Il se borne à organiser la propagande en faveur de l'Espagne républicaine et l'aide aux combattants et à leurs familles. En 1938 il se prononce, comme son parti, contre la conférence de Munich et il organise la grève de novembre 1938 contre la politique de Daladier et les décrets-lois de Paul Reynaud.

Il participe à la guerre de 1939-1940 et il est fait prisonnier en juin 1940. Il s'évade dès l'automne mais il ne regagne pas le Pas-de-Calais où ses activités militantes antérieures le feraient rechercher et peut-être arrêter ; il se cache à Paris puis il participe à l'action clandestine dans plusieurs départements. Il est de ceux qui contribuent à la libération de la capitale en août 1944. Il est titulaire de la médaille de la Résistance. Le colonel de F.T.P. regagne Boulogne où il prend la direction de l'union locale de la C.G.T. Il est nommé puis élu premier adjoint au maire de Boulogne-sur-Mer (avril 1945-octobre 1947 puis à partir de 1953) mais échoue aux élections cantonales de 1945 et de 1955. Il n'est pas élu non plus aux deux Assemblées nationales Constituantes car il ne figure qu'en troisième position sur la liste du Parti communiste qui n'a qu'un seul élu.

Le 8 décembre 1946 il est élu Conseiller de la République. Il est membre de la Commission de la marine et des pêches et de la Commission du travail et de la sécurité sociale. Il demande des aides pour les populations du Pas-de-Calais frappées par les inondations de mars 1947 afin qu'elles puissent rebâtir leurs maisons, leurs hangars et remettre en état les terres saturées d'eau de mer. Les victimes des catastrophes de Thumeries et de Liévin trouvent aussi en lui un défenseur. La protection des travailleurs et des retraités lui inspire des interventions sur les inspecteurs de la navigation et du travail maritime dont il se plaît à souligner l'utilité en déplorant leurs rémunérations trop modestes pour attirer de nouveaux candidats. Il demande à plusieurs reprises la suppression des zones de salaires et le versement d'allocations familiales aux femmes de marins.

L'élu de Boulogne s'intéresse à l'organisation de la marine marchande, déplorant l'effacement de l'Etat et le poids excessif des armateurs dans les organismes représentatifs. S'il se félicite du déblaiement des ports français réalisé dans de difficiles conditions, il regrette les retards apportés à l'équipement et à la modernisation des ports de pêche ce qui gêne le travail des marins et freine le développement d'une activité d'un grand intérêt économique pour le pays. Il est le protecteur de la pêche artisanale qu'une augmentation des subventions du crédit maritime mutuel pourrait sauver. Il estime que la législation sur le commerce du poisson avantage seulement la pêche industrialisée capable d'assurer les fonctions de grossiste, et donc de vendre directement, en finançant de lourdes installations à terre. Il proteste enfin contre les importations de poisson congelé qui provoquent un effondrement brutal des cours du poisson frais préjudiciable, là encore, aux petits pêcheurs.

Auguste Defrance n'est pas réélu le 7 novembre 1948 et il se présente en vain aux élections législatives du 17 juin 1951 où le Parti communiste a toujours un seul élu avec 41 606 boix. Aux élections législatives de 1956 le député communiste Gaston Dassonville se retire pour raisons de santé et lance un appel aux électeurs communistes pour qu'ils reportent leur confiance sur Auguste Defrance qui est élu député avec 44 538 voix contre 74 194 voix à la S.F.I.O. qui a trois députés et 33 727 voix aux indépendants qui en ont un. Tout naturellement, le nouveau député de Boulogne prend place dans la Commission de la reconstruction, des dommages de guerre et du logement et dans la Commission de la marine marchande et des pêches. Il intervient régulièrement en faveur des sinistrés de guerre qui restent logés dans des baraquements très dégradés et dont il serait indécent d'augmenter les loyers. Il demande aussi que les indemnités des sinistrés qui ont opté pour un forfait soient revalorisées.

Auguste Defrance se fait l'écho des inquiétudes des pêcheurs du Crotoy à Boulogne devant la libération des échanges exigée par l'O.E.C.E. Son vote contre la Communauté économique européenne le 9 juillet 1957 manifeste son attachement au protectionnisme. Partisan résolu de la fin du conflit algérien selon le processus préconisé par son parti, il ne vote ni le projet de loi-cadre le 30 septembre 1957 ni la loi-cadre le 31 janvier 1958. Il refuse la confiance au général de Gaulle le 1er juin 1958 ainsi que les pleins pouvoirs et la révision constitutionnelle le 2 juin 1958.