Pierre Doutrellot

1902 - 1986

Informations générales
  • Né le 24 septembre 1902 à Amiens (Somme - France)
  • Décédé le 7 mai 1986 à Amiens (Somme - France)

Mandats à l'Assemblée nationale ou à la Chambre des députés

Régime politique
Gouvernement provisoire de la République française
Législature
Ire Assemblée nationale constituante
Mandat
Du 21 octobre 1945 au 10 juin 1946
Département
Somme
Groupe
Socialiste
Régime politique
Quatrième République - Assemblée nationale
Législature
Ire législature
Mandat
Du 10 novembre 1946 au 4 juillet 1951
Département
Somme
Groupe
Socialiste
Régime politique
Quatrième République - Assemblée nationale
Législature
IIe législature
Mandat
Du 17 juin 1951 au 1er décembre 1955
Département
Somme
Groupe
Socialiste
Régime politique
Quatrième République - Assemblée nationale
Législature
IIIe législature
Mandat
Du 2 janvier 1956 au 8 décembre 1958
Département
Somme
Groupe
Socialiste

Biographies

Biographie extraite du dictionnaire des parlementaires français de 1940 à 1958 (La documentation française)



Né le 24 septembre 1902 à Amiens (Somme)

Membre de la première Assemblée nationale Constituante (Somme)
Député de la Somme de 1946 à 1958

Pierre Doutrellot est né le 24 septembre 1902 à Amiens. Après ses études, il passe le Brevet supérieur, entre dans l'enseignement, et devient instituteur, puis professeur ; il exercera notamment au collège de Péronne.

Mais, proche de la S.F.I.O., il est bientôt attiré par un engagement politique actif. Ancien combattant de la Seconde Guerre mondiale, Pierre Doutrellot, au lendemain de la Libération, se présente en seconde position sur la liste de la S.F.I.O. conduite dans la Somme, par Max Lejeune aux élections du 21 octobre 1945 pour la première Assemblée nationale Constituante. Six sièges sont à pourvoir : la liste S.F.I.O., avec 69 995 voix sur 228 689 suffrages exprimés (30,6 % des voix) obtient directement un siège, et Pierre Doutrellot est élu à la plus forte moyenne. La liste M.R.P. et la liste communiste ont chacune deux sièges.

Dans le même temps, il est élu conseiller général du canton de Nesle (Somme), et président de la Commission des finances du Conseil général.

Nommé membre de la Commission de la reconstruction et des dommages de guerre, Pierre Doutrellot prend part, à l'Assemblée Constituante, à la discussion d'une interpellation sur le chômage et l'organisation de la reconstruction. Il approuve le processus de nationalisation des banques, puis de l'électricité et du gaz, la dévolution des biens des entreprises de presse (16 avril 1946) et le projet de Constitution (19 avril).

Le rejet de celui-ci par le référendum du 5 mai impose la convocation rapide d'une nouvelle Assemblée nationale Constituante. Pierre Doutrellot figure à nouveau en seconde position sur la liste du Parti socialiste S.F.I.O., toujours conduite par Max Lejeune dans la Somme, aux élections du 2 juin 1946. Mais la S.F.I.O. enregistre dans le département un certain tassement de son score : avec 60 851 voix sur 234 968 suffrages exprimés (26 % des voix), elle ne conserve qu'un siège, et Pierre Doutrellot perd le sien au profit d'André Godin, candidat du R.G.R.

Pierre Doutrellot figure à nouveau en seconde position sur la liste du Parti socialiste S.F.I.O., toujours derrière Max Lejeune, aux élections législatives du 10 novembre 1946 dans la Somme. Avec 53 847 voix sur 227 482 suffrages exprimés (23,6 % des voix), la liste socialiste se place en deuxième position, et réussit à prendre un siège au M.R.P., qui enregistre un net recul. Pierre Doutrellot est donc réélu député de la Somme pour la première législature de la IVe République.

A l'Assemblée, il est nommé membre des Commissions du travail et de la Sécurité sociale (1946), du suffrage universel, du règlement et des pétitions (1946), de l'éducation nationale (1948-1951), de la famille, de la population et de la santé publique (1949-1951). Il est également juré à la Haute Cour de justice (1948).

Au cours de cette législature, Pierre Doutrellot dépose quatre textes, tous relatifs à des problèmes scolaires : sa proposition de loi du 8 février 1950 tend notamment à instituer la double correction au baccalauréat. Mais, surtout, Pierre Doutrellot intervient fréquemment dans les débats, notamment comme rapporteur ou rapporteur pour avis de la Commission de l'éducation nationale sur des questions budgétaires ou des projets de loi. Enfin, élu d'un département où domine la grande culture intensive, il intervient également sur la question de la betterave et de la politique des sucres et de l'alcool.

Favorable à la confiance au gouvernement lors du vote du 4 mai 1947 à la suite duquel Ramadier se séparera de ses ministres communistes, Pierre Doutrellot soutient le projet de statut de l'Algérie (27 août), puis l'introduction du franc en Sarre (14 novembre). Partisan convaincu de la laïcité, il appuie la nationalisation des écoles des houillères (14 mai 1948). Il approuve le plan Marshall (7 juillet 1948), la constitution du Conseil de l'Europe (9 juillet 1949) et la formation du pacte de l'Atlantique (26 juillet). Enfin, il vote pour la réforme électorale instituant le scrutin de liste majoritaire départemental à un tour avec apparentements (7 mai 1951).

Lors des élections législatives du 17 juin 1951, Pierre Doutrellot sollicite le renouvellement de son mandat, toujours en deuxième position sur la liste S.F.I.O. emmenée par Max Lejeune dans la Somme. Ses engagements électoraux insistent sur l'expérience gouvernementale du Parti socialiste : « le Parti socialiste, parti des réalisations » et sur sa position médiane : « la République est menacée par les attaques convergentes des partis totalitaires : stalinien et néo-gaulliste ». La liste S.F.I.O. a conclu des accords d'apparentement, dans la Somme, avec les deux listes R.G.R. - U.I.P.R.N. et M.R.P. - Républicains démocrates. Avec 21,6 % des suffrages la liste de Max Lejeune réussit à conserver ses deux sièges, le M.R.P. perdant, avec seulement 8,3 % des suffrages exprimés, son dernier siège au profit du R.P.F. Pierre Doutrellot est donc à nouveau réélu député de la Somme, avec 50 252 voix sur 229 297 suffrages exprimés.

Il retrouve, à l'Assemblée, la Commission de l'éducation nationale (1951, 1953-1955) et dépose, au cours de cette législature, neuf textes tous relatifs, sauf un, à la politique de l'enseignement. Mais, surtout, il intervient à nouveau largement dans les débats, essentiellement sur la politique et les questions scolaires. En particulier, il s'exprime longuement, le 30 décembre 1953, à propos des conditions dans lesquelles s'est déroulée la manifestation étudiante du 15 décembre précédent : « J'étais rue Soufflot le 15 décembre un peu avant 13 heures. J'y étais venu, appelé comme de coutume par les organisations étudiantes (...). J'ai assisté à toute la préparation de ce rassemblement universitaire. J'ai pris part aux allocutions, au cortège, au défilé, aux premiers pourparlers avec la police à l'angle des boulevards Saint-Germain et Saint-Michel (...). Un seul désir, un seul souci animait cette foule : défendre et sauver l'Université... »

La question scolaire, précisément, domine les débuts de la législature, et Pierre Doutrellot s'oppose à la loi sur les allocations scolaires, dite « loi Barangé » (21 septembre 1951). Toujours partisan de l'intégration européenne, voire occidentale, il soutient la création du pool charbon-acier (13 décembre). Il vote contre l'investiture à Joseph Laniel (26 juin 1953), contre un cessez-le-feu en Indochine (9 mars 1954), contre la confiance au gouvernement après Diên-Biên-Phû (13 mai) et contre la confiance au cabinet Laniel (12 juin, scrutin qui entraîne la chute du gouvernement). Favorable à l'investiture de Pierre Mendès-France (17 juin), Pierre Doutrellot approuve les accords de Genève, qui mettent fin aux hostilités en Indochine (23 juillet).

Sa position sur l'intégration européenne devient peu à peu plus complexe : favorable à l'intégration, il approuve pourtant la question préalable opposée par le général Aumeran et Edouard Herriot à la signature du traité sur la C.E.D., question préalable dont l'adoption équivaut au rejet du traité, (30 août 1954). Fondamentalement opposé, en effet, au réarmement allemand, Pierre Doutrellot sera exclu de la S.F.I.O. en 1954, mais réintégré dans le parti en juillet de l'année suivante. Il ratifie en définitive les accords de Paris qui autorisent le réarmement de la R.F.A. et son entrée dans l'O.T.A.N. (29 décembre 1954).

Pierre Doutrellot soutient le gouvernement Pierre Mendès-France lors du scrutin du 4 février 1955 à la suite duquel celui-ci est renversé, et il refuse la confiance à Edgar Faure (23 février), puis s'oppose à la loi sur l'état d'urgence en Algérie (31 mars 1955). Enfin, il refuse à nouveau la confiance à Edgar Faure lors du scrutin du 29 novembre à la suite duquel le gouvernement est à nouveau renversé.

Le 2 décembre suivant, l'Assemblée nationale est dissoute. Pierre Doutrellot sollicite à nouveau le renouvellement de son mandat lors des législatives anticipées du 2 janvier 1956, où il figure toujours en seconde position sur la liste S.F.I.O. emmenée par Max Lejeune dans la Somme : des accords d'apparentement ont été conclus entre la liste S.F.I.O., la liste R.G. R et U.I.P.R.N., et la liste M.R.P. et Républicains démocrates.

De nouveau réélu, avec 62 112 voix sur 246 398 suffrages exprimés, Pierre Doutrellot retrouve, à l'Assemblée, la Commission de l'éducation nationale (1956-1957) et celle de la famille, de la population et de la santé publique (1956-1957). Il dépose, au cours de cette brève législature, deux propositions de loi, sur le statut des intendants et des économes, et sur l'institution d'une allocation d'études pour les étudiants. Rapporteur de la Commission des finances sur la première de ces propositions, il l'est également sur le projet visant à normaliser les représentations des étudiants au sein des établissements d'enseignement supérieur.

Pierre Doutrellot vote l'investiture de Guy Mollet (31 janvier 1956) et les pouvoirs spéciaux en Algérie (12 mars). Favorable à l'investiture de Maurice Bourgès-Maunoury (12 juin 1957), il approuve la signature du traité de Rome et la formation de l'Euratom (9 juillet) puis la loi-cadre sur l'Algérie (30 septembre, chute du gouvernement Bourgès-Maunoury). Il est partisan de l'investiture à Pierre Pflimlin (13 mai 1958) et vote l'état d'urgence sur le territoire métropolitain (16 mai) ainsi que le projet de révision constitutionnelle (27 mai), mais s'oppose à l'investiture du général de Gaulle (1er juin) et au vote des pleins pouvoirs (2 juin).

Enfin, il ne prend pas part au scrutin du même jour sur la révision constitutionnelle.