Adolphe, Léon, Gustave Aumeran

1887 - 1980

Informations générales
  • Né le 1er novembre 1887 à Philippeville (Algérie)
  • Décédé le 23 février 1980 à Paris (Paris - France)

Mandats à l'Assemblée nationale ou à la Chambre des députés

Régime politique
Quatrième République - Assemblée nationale
Législature
Ire législature
Mandat
Du 10 novembre 1946 au 4 juillet 1951
Département
Anciens départements d'Algérie
Groupe
Républicains indépendants
Régime politique
Quatrième République - Assemblée nationale
Législature
IIe législature
Mandat
Du 17 juin 1951 au 1er décembre 1955
Département
Anciens départements d'Algérie
Groupe
Républicains indépendants

Biographies

Biographie extraite du dictionnaire des parlementaires français de 1940 à 1958 (La documentation française)



Né le 1er novembre 1887 à Philippeville (Constantine, Algérie)

Décédé le 23 février 1980 à Saint-Mandé (Val-de-Marne)

Député d'Alger de 1946 à 1956

Adolphe Léon Gustave Aumeran naît le 1" novembre 1887 à Philippeville (Constantine), descendant de colons spécialisés dans les activités du liège. Orphelin de bonne heure, il est mis en pension à Djidjelli, puis, en 1899, entre au collège de Philippeville et, en 1902, à l'Ecole d'agriculture de cette ville. Avec l'aide de son oncle, imprimeur, il lance une revue agricole sous le titre Le Colon algérien, devenue plus tard la Revue agricole de l'Afrique du nord.

De 1905 à 1907, Adolphe Aumeran suit l'enseignement de l'Institut agricole de Maison-carrée, en sort avec le diplôme d'ingénieur agronome et devient adjoint du directeur départemental des services agricoles d'Alger.

Après avoir accompli son service militaire de 1908 à 1910 dans les zouaves à Sétif, il revient à la vie civile, travaillant d'abord comme agronome chez un viticulteur de Rovigo avant de diriger une grande exploitation agricole à Bouinan. Enfin, à partir de 1911, il entre comme chef des services techniques dans une entreprise d'exportation d'engrais, pour laquelle il crée, l'année suivante, une filiale à Oran.

Il avait épousé, le 18 novembre 1910 à Philippeville, Léa Jeanne Daruty.

Mobilisé comme sergent dans les zouaves le 2 août 1914, Adolphe Aumeran est à Verdun en 1916, et terminera la guerre avec le grade de capitaine, la croix de la Légion d'honneur et plusieurs citations. Démobilisé en mars 1919, il revient en Algérie, où il fonde le périodique Mercure africain, et reprend comme directeur général l'affaire dont il s'occupait avant la guerre, avant de s'installer à Paris à la tête d'une nouvelle entreprise commerciale. En 1925, il s'intéresse à la production de la laine, et crée une entreprise de commercialisation spécialisée dans cette branche à Alger.

Devant les menaces internationales croissantes, il est tout particulièrement attentif au problème des relations entre la métropole et l'Empire, estimant que celui-ci est le principal recours de la France en cas de guerre.

Mobilisé en Tunisie en 1939, Adolphe Aumeran fait la campagne de France en 1940, et la termine avec le grade de commandant. Revenu à Alger, il entre dans la Résistance, et fait deux voyages aux États-Unis, où il se trouve lors de l'attaque de Pearl Harbour. Après le débarquement en Afrique du nord, il fait, comme lieutenant-colonel puis colonel dans les zouaves, les campagnes d'Italie, de France et d'Allemagne, et termine la guerre comme général de brigade, commandeur de la Légion d'honneur et titulaire de la Silver star américaine. Adolphe Aumeran est également titulaire de la croix de guerre 1914-1918 et 1939-1945.

Au lendemain de la guerre, Adolphe Aumeran se présente sur la « liste souveraine française » aux élections du 21 octobre 1945 du département d'Alger (collège des citoyens français). Avec 14 725 suffrages, la liste n'obtient aucun député à la première Assemblée nationale Constituante. Adolphe Aumeran, qui a participé alors à la fondation du Parti républicain de la liberté (PRL), se présente à nouveau aux élections à la seconde Assemblée nationale Constituante, en 1946, en deuxième position sur la liste conjointe PRL et Union des républicains indépendants. Avec 32 985 voix, la liste n'obtient cependant qu'un seul député.

Figurant à nouveau en deuxième position sur la liste Rassemblement républicain et Union algérienne, Adolphe Aumeran se présente aux élections du 10 novembre 1946 devant le premier collège du département d'Alger : avec 103 668 voix pour la liste, sur 156 571 suffrages exprimés, il est élu député pour la première législature. Il est nommé membre de la Commission des affaires étrangères et juré à la Haute cour de justice. Ayant soutenu la candidature de Georges Bidault (5 décembre 1946), il vote contre la confiance au cabinet Blum (17 décembre 1946). Il soutient par son vote la candidature de Vincent Auriol à la présidence de la République (16 janvier 1947), et, probablement en souvenir du rôle des communistes dans la Résistance, s'abstient lors du vote du 4 mai 1947 sur la question de confiance, à la suite de laquelle Ramadier se sépare des ministres communistes.

Adolphe Aumeran intervient fréquemment dans les travaux de l'Assemblée, notamment lorsque ceux-ci portent sur les questions se rapportant à l'Algérie. Le 27 août 1947, il vote contre le statut de l'Algérie, projet de loi auquel il avait opposé une question préalable le présentant comme inconstitutionnel : en effet, selon lui, l'Algérie est formée de départements, à l'instar des départements métropolitains, alors que le projet de loi, par le statut spécifique qu'il prévoit, l'assimile de fait à un territoire d'outre-mer. La question préalable avait été repoussée, par 484 voix contre 47.

Le Général Aumeran se signale également comme un adversaire déterminé de tout rapprochement avec l'Allemagne.

A la tête de la liste d'Union algérienne, Adolphe Aumeran est réélu député d'Alger par le premier collège, le 17 juin 1951, avec 29 727 voix sur 153 017 suffrages exprimés. Il est nommé membre de la Commission des affaires étrangères. Il vote, le 20 septembre 1951, contre l'échelle mobile des salaires. Toujours opposé à un rapprochement franco-allemand, il combat le projet d'armée européenne, et oppose la question préalable à la ratification du traité instituant la Communauté européenne du charbon et de l'acier.

Il intervient également sur la politique de la France en Indochine, proposant notamment d'isoler les « rebelles » par l'établissement d'un barrage radioactif à la frontière chinoise (23 octobre 1953). Enfin, partisan déterminé de l'Algérie française, il intervient très souvent sur la politique de la France en Afrique du nord, et particulièrement en Algérie.

Il oppose à nouveau une question préalable à la ratification du traité de la CED, le 29 août 1954, question votée le 30 par 319 voix contre 264 et aboutissant au rejet du traité. Il déclarait notamment, dans la discussion du 10 août 1954 : « la France n'est pas qu'une puissance européenne, elle n'est pas qu'une voisine de l'Allemagne (...). Car tout se tient. Il n'y a pas une affaire indochinoise, une affaire tunisienne et marocaine, une affaire communauté européenne... ». La CED ne serait, pour lui, qu'une création américaine autour d'une Allemagne démocrate chrétienne. Adolphe Aumeran vote contre les accords de Londres (12 octobre 1954) et contre ceux de Paris (29 décembre 1954), puis contre les questions de confiance aux Gouvernements Mendès France (4 février 1955) et Edgar Faure (29 novembre 1955), à la suite desquelles ceux-ci sont renversés. Enfin, il dépose, le 21 juin 1955, une proposition de loi tendant à réformer les institutions parlementaires et à limiter les cumuls de fonctions.

A la suite des massacres de Philippeville, le gouverneur Soustelle reporte les élections de 1956 pour les quatre départements d'Algérie, et Adolphe Aumeran ne peut par conséquent se représenter. Il poursuit dès lors, surtout comme publiciste, une action politique parallèle : il avait déjà dirigé, après 1945, le périodique l'Africain paraissant à Alger, et avait publié, outre des études spécialisées, plusieurs ouvrages, notamment Mektoub (1923) et l'Homme nu (1925), ainsi qu'un recueil d'articles, Paix en Algérie.