Jean Durroux

1910 - 1964

Informations générales
  • Né le 6 juillet 1910 à Betchat (Ariège - France)
  • Décédé le 21 mai 1964 à Portet-sur-Garonne (Haute-Garonne - France)

Mandats à l'Assemblée nationale ou à la Chambre des députés

Régime politique
Gouvernement provisoire de la République française
Législature
Ire Assemblée nationale constituante
Mandat
Du 21 octobre 1945 au 10 juin 1946
Département
Ariège
Groupe
Socialiste
Régime politique
Gouvernement provisoire de la République française
Législature
2e Assemblée nationale constituante
Mandat
Du 2 juin 1946 au 27 novembre 1946
Département
Ariège
Groupe
Socialiste
Régime politique
Quatrième République - Assemblée nationale
Législature
Ire législature
Mandat
Du 10 novembre 1946 au 4 juillet 1951
Département
Ariège
Groupe
Socialiste
Régime politique
Quatrième République - Assemblée nationale
Législature
IIe législature
Mandat
Du 17 juin 1951 au 1er décembre 1955
Département
Ariège
Groupe
Socialiste
Régime politique
Quatrième République - Assemblée nationale
Législature
IIIe législature
Mandat
Du 2 janvier 1956 au 8 décembre 1958
Département
Ariège
Groupe
Socialiste
Régime politique
Cinquième République - Assemblée nationale
Législature
Ire législature
Mandat
Du 30 novembre 1958 au 9 octobre 1962
Département
Ariège
Groupe
Socialiste

Fonds d'archives

Le fonds Jean Durroux, qui représente 0,84 mètre linéaire, est conservé aux Archives de l’Assemblée nationale, sous la cote 5 J. Il a été donné par Jean-Paul Durroux en 2005. Les archives couvrent la période 1938-1951 et concernent notamment les activités de parlementaire de Jean Durroux. Elles sont décrites dans un répertoire numérique détaillé et sont désormais librement communicables.

Biographies



Né le 6 juillet 1910 à Betchat (Ariège)
Décédé le 21 mai 1964 à Foix (Ariège)

Membre de la première et de la seconde Assemblée nationale Constituante (Ariège)
Député de l'Ariège de 1946 à 1958

Originaire d'un village de l'Ariège dont il sera très longtemps le premier magistrat, Jean Durroux effectue ses études supérieures à Toulouse. Dès cette époque, il milite à la S.F.I.O. à laquelle il adhère en 1933 et fonde l'Union syndicale des étudiants de Toulouse. Nommé professeur adjoint au lycée de Foix, il s'engage, après la défaite de 1940, dans la Résistance et devient le secrétaire fédéral pour l'Ariège du Parti socialiste clandestin. Il conserve cette fonction jusqu'en 1947. A l'issue de la guerre, sa conduite lui vaut la Médaille de la Résistance. Après avoir conquis la mairie de Betchat aux premières élections municipales de 1945 (mandat qu'il conserve jusqu'à son décès), il est tout naturellement le chef de file de la liste S.F.I.O. pour les élections à la première Assemblée nationale Constituante de 1945. Dans ce département ancré de longue date à gauche, les deux partis de gauche, socialiste et communiste, font presque jeu égal et laissent peu de place à leurs concurrents. Jean Durroux, avec 24 896 voix, est distancé d'une courte tête par la liste communiste (25 265 suffrages) tandis que le Parti radical (14 725 voix) et le M.R.P. (10 373 voix) sont loin derrière. Les trois premières listes citées emportent chacune l'un des trois sièges à pourvoir. Le nouveau député socialiste siège à la Commission de la justice et à celle de l'éducation nationale mais il ne dépose aucun texte ni ne participe à aucun débat pendant ce premier mandat.

La même configuration électorale caractérise le scrutin pour la seconde Assemblée nationale Constituante, si ce n'est un effritement du score socialiste au profit des partis plus modérés, radical et républicain populaire. Jean Durroux ne recueille plus que 22 962 suffrages, soit près de deux mille voix de moins que Pierre Poumadère, chef de la liste communiste (24 942 voix), tandis que le Rassemblement des gauches républicaines obtient 16 335 voix et que le M.R.P. progresse encore plus (14531 suffrages). Jean Durroux choisit de siéger pendant son second mandat à la Commission de l'agriculture. A ce titre, il dépose une proposition de loi tendant à revenir à la structure donnée, par la loi du 15 août 1936, à l'Office national interprofessionnel des céréales. Le 12 septembre 1946, il dépose un rapport sur la proposition de résolution Baurens tendant à inviter le Gouvernement à assurer aux producteurs de blé la consommation familiale.

Pour les premières élections législatives de la IVe République, les rapports de force entre les quatre principales formations restent remarquablement stables, si ce n'est une montée, sensible également au plan national, des abstentions, qui entraîne une érosion du capital électoral de chaque parti. Jean Durroux et ses colistiers socialistes ne recueillent plus que 21089 suffrages contre respectivement 24 505 au Parti communiste, 14 383 au Rassemblement des gauches républicaines et 13 393 au M.R.P. Jean Durroux siège pendant toute la législature à la Commission de l'agriculture ainsi que, brièvement, à la Commission du ravitaillement, puis à celle de la production industrielle ; de 1949 à 1951, il opte pour la Commission des pensions et pour celle du travail et de la sécurité sociale. Les quatre rapports qu'il rédige sont liés aux problèmes des pensions tandis que la proposition de loi qu'il dépose concerne un projet de création d'un tribunal de commerce départemental pour les départements où le petit nombre d'affaires ne permet point l'existence d'un tribunal par arrondissement, cas de l'Ariège.

L'expérience parlementaire aidant, Jean Durroux participe plus fréquemment aux débats. En dehors de la défense de divers amendements à propos de questions agricoles, sa principale intervention orale est une explication de vote sur l'ordre du jour Moussu, le 24 février 1950. C'est l'occasion pour lui d'attirer l'attention du ministre sur l'insuffisance des méthodes d'indemnisation ou d'aide des paysans en cas de calamités agricoles. Il voit dans cette insécurité agricole permanente l'une des causes de l'exode rural.

Aux élections législatives du 17 juin 1951, deux nouveautés perturbent les résultats par rapport au scrutin précédent. Un accord d'apparentement a été conclu entre les trois partis centre-gauche, socialiste, radical et M.R.P., tandis que le R.P.F. présente une liste « d'Union anti-communiste et anti-troisième force des indépendants de l'Ariège pour le Rassemblement du peuple français ». Son score est néanmoins nettement inférieur à la moyenne nationale avec 6,7 % des voix. Les partis apparentés bénéficient en outre du recul absolu et relatif du Parti communiste puisque, pour la première fois, la liste de Jean Durroux arrive en tête (29,7 % des voix contre 29,5 % à la liste communiste). Aussi la liste socialiste recueille-t-elle deux sièges et la liste radicale un. Le M.R.P. et le Parti communiste sont donc les deux grands perdants du scrutin. Jean Durroux siège à la Commission de l'intérieur et à celle de la famille, de la santé publique et de la population dans la nouvelle assemblée. Il exerce en outre les fonctions de secrétaire de l'Assemblée nationale à partir du 13 janvier 1954. Pendant la législature, le député de l'Ariège dépose une série de propositions de résolution à propos de catastrophes naturelles ou de problèmes économiques affectant son département. Dans les débats, il intervient sous forme de brèves interventions lors du dépôt d'amendements au cours des discussions budgétaires du ministère de l'Agriculture ou de l'Intérieur. Fin 1953 et fin 1954 par exemple, il critique les effets de la politique d'austérité du Gouvernement sur le financement des collectivités locales. Enfin, le 31 mars 1955, il intervient sur le projet de loi établissant l'état d'urgence en Algérie à la suite de l'insurrection déclenchée à la Toussaint 1954 et déplore la non-application du statut de 1947, cause, selon lui, des difficultés et des troubles en Algérie.

Pour les élections du 2 janvier 1956, un apparentement a été conclu entre socialistes et radicaux au sein du Front républicain établi au plan national. Jean Durroux conforte sa position électorale avec un score personnel de 22 733 voix, très proche du meilleur score de son parti en 1945. Son nouveau mandat de conseiller général du canton des Cabannes obtenu le 14 octobre 1951 et son poste de vice-président du conseil général de l'Ariège y ont sans doute contribué. Le chef de file communiste, Pierre Poumadère, est également distancé pour la première fois par le député sortant radical, Georges Galy-Gasparrou, ancien ministre (20567 voix contre 20 825). Les listes marginales ou nouvelles venues, à la différence de ce qu'on constate dans d'autres régions pour ce scrutin ne séduisent que moins d'un électeur sur six.

Pendant la dernière législature de la IVe République, Jean Durroux siège successivement ou parallèlement dans les Commissions de l'intérieur (1956-1958), du suffrage universel (1956), des boissons (1956), de l'agriculture (1957) et des affaires économiques (1957-1958). Ses travaux écrits se limitent à un avis au nom de la Commission de l'intérieur à propos d'un projet de loi et d'une lettre rectificative au projet de loi de finances pour 1957, à une proposition de résolution d'aménagement de la Sécurité sociale pour les enfants placés dans les écoles de plein air et à un rapport sur un projet de loi aménageant les ressources des collectivités locales.

Comme précédemment, ses discours revêtent un caractère technique et sont liés aux débats budgétaires. Ils sont toutefois plus développés dans la mesure où Jean Durroux est plusieurs fois rapporteur pour avis de certains chapitres. Son examen attentif des chiffres va de pair avec le souci de montrer les insuffisances de certains articles du budget notamment celui des collectivités locales rurales, de plus en plus victimes des déséquilibres de la croissance industrielle. Lors de la crise finale de la IVe République, Jean Durroux fait partie des socialistes qui refusent la confiance au général de Gaulle lors de son vote d'investiture.



DURROUX (Jean, François, Etienne)
Né le 6 juillet 1910 à Betchat (Ariège)
Décédé le 21 mai 1964 à Toulouse (Haute-Garonne)

Membre de la première et de la deuxième Assemblée nationale constituante (Ariège)
Député de l’Ariège de 1946 à 1962

Ancien résistant, député SFIO de l’Ariège sous toute la IVème République, Jean Durroux était maire de Betchat depuis la Libération en 1944 et membre, depuis octobre 1951, du Conseil général de Les Cabannes, qu’il présidait depuis décembre 1955.
Le 1er juin 1958, avec la moitié du groupe socialiste, il vote contre l’investiture du général de Gaulle, mais il ne prend pas part au vote relatif à la révision constitutionnelle le lendemain. Il finit par se rallier à la position majoritaire de la SFIO qui, derrière son secrétaire général, Guy Mollet, favorise le retour du général de Gaulle au pouvoir. En novembre 1958, il fait donc campagne dans la 1ère circonscription de l’Ariège, qui comprend la ville de Foix où il est professeur de lycée. Il se déclare « à l’avant-garde de la Vème République » et se réclame de « l’œuvre de rénovation républicaine » entreprise par le général de Gaulle et Guy Mollet. Au premier tour, après une campagne très agitée, il obtient 9 644 voix contre 7 028 voix pour son adversaire communiste, Pierre Poumadère, et 6 037 pour un candidat sans étiquette, professeur de droit à Paris, Maurice Bye. Au second tour, il l’emporte avec 13 216 voix devant Bye (12 695 voix) et le communiste (7 680 voix). Jean Durroux est donc l’un des 18 députés socialistes sortants rescapés du nouveau régime sur 98.
À l’Assemblée nationale, il est successivement membre de deux commissions permanentes : celle des lois constitutionnelles, de la législation et de l’administration générale puis celle de la production et des échanges. Il est par ailleurs membre de la commission chargée de vérifier les comptes de l’Assemblée nationale, et de celle chargée d’examiner le projet de loi de finances pour 1961. Le 24 avril 1962, il est élu secrétaire de l’Assemblée, et le 11 juillet, vice-président de la Commission spéciale chargée d’examiner le projet de loi complémentaire à la loi d’orientation agricole.
En séance, Jean Durroux, représentant d’un département agricole, fut un député actif, qui eut à cœur de défendre sa région des Midi-Pyrénées et le monde agricole français face aux mutations imposées par le Marché commun. Le 29 octobre 1959, il intervient à propos du projet de loi de réforme fiscale pour défendre les intérêts des agriculteurs et le 23 novembre, il dénonce la baisse des investissements de l’État dans l’équipement agricole. Lors de la discussion générale sur le projet de loi d’orientation agricole, les 4 et 12 mai 1960, il défend la revalorisation des prestations sociales pour les agriculteurs et l’unicité de gestion par la mutualité sociale agricole, et plaide pour des mesures en faveur des régions agricoles sous-développées, de l’électrification rurale et de l’équipement en eau. En 1961, il demande que l’État aide les planteurs de tabac et qu’il défende les agriculteurs face aux partenaires du marché commun. Lors du débat sur le IVe Plan, le 21 juin 1962, il dénonce la disparité persistante entre les prix agricoles, trop bas, et les prix industriels.
Avec le groupe parlementaire socialiste, Jean Durroux, enseignant de profession, vote contre le projet de loi sur l’enseignement privé, dit Debré, au nom de la laïcité, le 23 décembre 1959. En revanche, il ne respecte pas la discipline de vote de son groupe en refusant les pouvoirs spéciaux au gouvernement Debré, le 2 février 1960, jugeant que la situation en Algérie ne peut justifier de passer sur les graves divergences économiques et sociales qui opposent les socialistes au général de Gaulle. Avec la SFIO, il participe au « Cartel des non », qui refuse la révision constitutionnelle par référendum sur l’élection du président de la République au suffrage universel. Et il vote donc la motion de censure du gouvernement Pompidou, le 4 octobre 1962.
À la SFIO, il est nommé à la Commission chargée d’étudier la politique économique, financière et sociale au Conseil national des 10-11 janvier 1959. Mais il est évincé de la Commission exécutive de la fédération de l’Ariège, lors du congrès fédéral du 5 juillet de la même année, et battu au Comité directeur au Congrès national quelques jours après.
En novembre 1962, en raison de son état de santé, il renonce à solliciter le renouvellement de son mandat de député et cède la place au maire socialiste de Mirepoix, Gilbert Faure, qui est élu. Il demeure toutefois maire de sa commune natale, Betchat, et également conseiller général du canton de Les Cabannes, où il est réélu en mars 1964. Il meurt prématurément, à 54 ans, le 21 mai 1964.
Jean Durroux était décoré de la Croix de guerre 1939-1945, médaillé de la Résistance et chevalier de la Légion d’honneur, au titre de la Résistance depuis le 14 janvier 1948.