Henri, Albert, André Duvillard

1910 - 2001

Informations générales
  • Né le 3 novembre 1910 à Luxeuil-les-Bains (Haute-Saône - France)
  • Décédé le 16 juillet 2001 à Paris (Paris - France)

Mandats à l'Assemblée nationale ou à la Chambre des députés

Régime politique
Cinquième République - Assemblée nationale
Législature
Ire législature
Mandat
Du 30 novembre 1958 au 9 octobre 1962
Département
Loiret
Groupe
Union pour la nouvelle République
Régime politique
Cinquième République - Assemblée nationale
Législature
IIe législature
Mandat
Du 25 novembre 1962 au 2 avril 1967
Département
Loiret
Groupe
Union pour la nouvelle République-UDT
Régime politique
Cinquième République - Assemblée nationale
Législature
IIIe législature
Mandat
Du 5 mars 1967 au 7 mai 1967
Département
Loiret
Groupe
Union démocratique pour la V° République
Régime politique
Cinquième République - Assemblée nationale
Législature
IVe législature
Mandat
Du 23 juin 1968 au 12 août 1968
Département
Loiret
Groupe
Union des démocrates pour la République
Régime politique
Cinquième République - Assemblée nationale
Législature
Ve législature
Mandat
Du 2 avril 1973 au 2 avril 1978
Département
Loiret
Groupe
Union des démocrates pour la République

Biographies

Biographie de la Ve République

DUVILLARD Henri
Né le 3 novembre 1910 à Luxeuil-les-Bains (Haute-Saône)
Décédé le 16 juillet 2001 à Paris
Député du Loiret de 1958 à 1967, puis en 1968 et de 1973 à 1978.
Ministre des Anciens combattants et victimes de guerre du 7 avril 1967 au 10 juillet 1968 et du 13 juillet 1968 au 5 juillet 1972

Henri Duvillard est né le 3 novembre 1910 à Luxeuil-les-Bains, station thermale de Haute-Saône où ses parents tiennent un hôtel. Il grandit dans une famille profondément républicaine et patriote marquée par la mort au combat, en 1915, de Joseph, l’un des neufs enfants.

Titulaire du diplôme de l’École supérieure de l’industrie hôtelière de Grenoble, Henri Duvillard commence sa vie professionnelle comme apprenti et accède par son travail à un poste d’encadrement dans un grand hôtel à Paris. En septembre 1939, il est mobilisé dès les premières heures de la guerre à la compagnie d’engins de la 23e demi-brigade de chasseurs à pied. Après avoir combattu dans la Sarre, il est grièvement blessé au cours d’un bombardement allemand, le 8 juin 1940, devant Amiens. Il est en conséquence décoré de la Croix de guerre avec cette citation : « Pour le magnifique exemple de courage qu’il a donné à ses camarades, alors que son unité depuis plusieurs jours, subissait la violence du feu de l’ennemi ». Guéri et démobilisé en août 1940, il doit abandonner son métier en raison des séquelles de sa blessure. Il pense alors servir sa confiance dans la jeunesse en fondant et dirigeant le Centre de formation professionnelle d’Arnouville, qui accueille des orphelins, de jeunes Juifs et, plus tard, des réfractaires au Service du travail obligatoire (STO). Dès janvier 1941, Henri Duvillard s’engage dans la Résistance. Il s’y investit de façon croissante et prend part à plusieurs réseaux. Il devient le chef des corps francs Vengeance d’Arnouville, rattachés en 1942 aux corps francs Vengeance du Loiret dont la devise est « Du cœur, du cran ». En lien avec le débarquement allié de juin 1944 en Normandie, Henri Duvillard fonde le maquis de la Juine. Devenu lieutenant des Forces françaises de l’Intérieur, le résistant est membre du comité départemental de libération d’Eure-et-Loir. Titulaire de la médaille militaire, il reçoit des mains du général de Gaulle la médaille de la Résistance.

À la Libération, dans le prolongement de son engagement dans la Résistance et de son soutien au général de Gaulle, Henri Duvillard se présente aux élections législatives en 1946 dans le département du Loiret. Il est battu. L’année suivante, il est en revanche élu conseiller municipal d’Orléans sous l’étiquette du Rassemblement du peuple français (RPF). Directeur de La Dépêche du Loiret de 1947 à 1952, l’ancien résistant brigue une deuxième fois un mandat parlementaire aux élections de mai 1951. Huit listes sont en présence, mais la sienne n’a aucun élu. Après avoir brièvement dirigé les relations publiques aux Papeteries de France, Henri Duvillard choisit résolument l’engagement politique et exerce des fonctions dans plusieurs cabinets ministériels : auprès du ministre de la Défense nationale et des forces armées, le général Koenig, de juin à août 1954, du ministre de l’Industrie et du commerce, Henri Ulver, de septembre 1954 à février 1955, puis, de nouveau dans le cabinet du général Koenig, ministre de la Défense nationale et des forces armées, de mars à octobre 1955, avant de rejoindre comme chef adjoint de cabinet, celui du secrétaire d’État à l’Industrie et au commerce, Maurice Lemaire, de février 1956 à juin 1957. Entretemps, Henri Duvillard connaît un nouvel échec lors des législatives de janvier 1956.

Sa carrière politique connaît un tournant en 1958 avec le retour au pouvoir du général de Gaulle et la Ve République. Candidat dans la première circonscription du Loiret, celle d’Orléans-Est-Nord-Est, il bénéficie de l’investiture de l’Union pour la nouvelle République (UNR) pour les élections législatives de novembre 1958. Face à cinq autres candidats, il arrive largement en tête au premier tour : il recueille 17 389 voix et 39,9 % des suffrages exprimés, contre 6 601 au communiste Jean Capdeville ; 6 174 au radical socialiste Jean Grosbois, médecin de profession et conseiller général du Loiret ; 5 899 au candidat du Mouvement républicain populaire (MRP), Roger Barnoux ; 5 235 à celui de la SFIO, Louis Fleurigeon et 2 277 au candidat poujadiste P. Lapauze. Au second tour, face à Jean Grosbois (9 159 voix) et Jean Capdeville (6 980 voix), il emporte l’élection avec 26 702 voix et 62,3 % des suffrages exprimés.

Henri Duvillard siège sur les bancs de l’UNR et au sein de la commission de la production et des échanges. Il est rapporteur pour avis du projet de loi portant approbation du IVe Plan pour les transports, le tourisme, l’hôtellerie et le commerce. Il intervient à ce titre, le 24 mai 1962, pour souligner l’insuffisance des efforts envisagés dans le domaine du réseau routier et la nécessité de développer les liaisons ferroviaires à l’heure où de nombreuses petites lignes de chemin fer disparaissent. À la suite de ses rapports et d’un de ses amendements, il obtient du gouvernement de prévoir la réalisation de la liaison fluviale Rhin-Rhône et les crédits d’études pour une liaison fluviale Ouest-Est par la Loire. En raison de son expérience militaire et de ses titres, Henri Duvillard se voit confier à l’unanimité la vice-présidence de l’Amicale parlementaire de défense des anciens combattants, dont il est l’un des trois fondateurs. Réélu chaque année à la vice-présidence du groupe parlementaire UNR, Henri Duvillard est membre du comité central de l’UNR de juin à novembre 1959.

Député gaulliste, Henri Duvillard approuve le programme du gouvernement de Michel Debré, le 16 janvier 1959, le nouveau règlement de l’Assemblée nationale, le 3 juin 1959, la déclaration de politique générale du Premier ministre, le 15 octobre 1959 quelques semaines après que le discours du général de Gaulle évoquant l’« autodétermination » de l’Algérie, le projet de loi « Debré » sur le financement de l’enseignement privé, le 23 décembre 1959, les pouvoirs spéciaux au gouvernement pour ramener l’ordre en Algérie après la semaine des barricades, le 2 février 1960, le programme du gouvernement Pompidou, le 27 avril 1962, et la levée de l’immunité de Georges Bidault, le 5 juillet 1962. Enfin, le député ne s’associe pas à la motion de censure du 4 octobre 1962.

Henri Duvillard sollicite le renouvellement de son mandat en 1962. Au terme d’une campagne très tendue, il recueille 17 729 voix et 46,2 % des suffrages exprimés dès le premier tour, devançant notamment très largement le communiste Paul Hatton (5 725 voix) et le radical Jean Grosbois (3 992), toujours conseiller général. Malgré le désistement du candidat du Parti communiste en faveur de Jean Grosbois, resté seul en lice au second tour, le candidat de l’UNR obtient un score similaire à celui de 1958 avec 62,14 % des suffrages exprimés et 24 430 voix, et retrouve son siège au Palais-Bourbon.

Inscrit au groupe UNR-Union démocratique du travail, dont il est l’un des vice présidents, Henri Duvillard siège alternativement à la commission des lois et à la commission de la production et des échanges dont il est pour quatre années de 1963 à 1966, le rapporteur pour avis sur les crédits du Commissariat général au Plan et aussi, à partir de 1964, de la Délégation à l’aménagement du territoire. Il est également élu, en octobre 1965, vice-président de la commission spéciale chargée d'examiner la proposition de loi tendant à faciliter l’évaluation, en vue de leur indemnisation, des dommages subis par les Français rapatriés d’outre-mer en cas de spoliation et de perte définitivement établies des biens leur appartenant. En outre, le 22 juin 1966, il pose une question orale pour avoir des précisions sur les conséquences territoriales de la fermeture des bases militaires américaines à la suite de la décision de retrait de la France du commandement militaire intégré de l’OTAN. Toujours vice-président de l’Amicale des parlementaires anciens combattants, Henri Duvillard est également secrétaire général de l’Amicale des médaillés militaires.

Lors des grands scrutins, Henri Duvillard respecte les consignes de vote de l’UNR, dont il est par ailleurs membre du comité central et vice-président. Il se prononce ainsi en faveur de la ratification du traité de l’Élysée, le 13 juin 1963, du projet de loi encadrant les grèves des services publics, le 26 juillet 1963, de la modification des dates des sessions parlementaires, le 20 décembre 1963, de la réforme du mode d’élection des conseillers municipaux, le 17 juin 1964, et de la réforme du service national, le 26 mai 1965.

En mars 1967, Henri Duvillard se présente une nouvelle fois devant les électeurs de la première circonscription du Loiret. Il se place largement en tête du premier tour avec 22 589 voix et 46,5 % des suffrages exprimés, devant le candidat de la Fédération de la gauche démocrate et socialiste (FGDS) Jean Grosbois, qui réunit 9 041 voix. Le second tour est en revanche plus serré : face au seul candidat de gauche Jean Grosbois, qui obtient 20 944 voix, Henri Duvillard recueille 26 237 voix et 55,6 % des suffrages exprimés, soit 6,7 points de moins qu’en 1962.

Nommé le 8 avril 1967 ministre des Anciens combattants et victimes de guerre dans le gouvernement de Georges Pompidou, Henri Duvillard est remplacé à l’Assemblée nationale par son suppléant, Jean Chassagne. Il intervient en séance publique à l’occasion de la discussion de la deuxième partie du projet de loi de finances pour 1968, le 19 octobre 1967, afin de présenter les crédits et l’action de son ministère.

Les événements du printemps 1968 et la dissolution de l’Assemblée par le général de Gaulle conduisent Henri Duvillard à se présenter une nouvelle fois aux élections législatives. Celles-ci se déroulent dans des conditions très favorables pour le ministre, élu dès le premier tour avec 27 459 voix et 56,2 % des suffrages exprimés, face à ses adversaires du Parti communiste, de Progrès et Démocratie Moderne, de la FGDS et du Parti socialiste unifié (PSU).

L’Assemblée prend acte de son élection le 11 juillet 1968, mais, dès le lendemain, Henri Duvillard est reconduit dans ses fonctions ministérielles au sein du nouveau gouvernement de Maurice Couve de Murville. Le changement de gouvernement en juin 1969 ne l’affecte pas : Henri Duvillard reste ministre des Anciens combattants et victimes de guerre dans le cabinet de Jacques Chaban-Delmas. Au cours de la législature, il dépose deux projets de loi, l’un relatif à la mise à parité des pensions des déportés politiques et des déportés résistants, le 24 avril 1970, et l’autre tendant à la reconduction de la législation sur les emplois réservés, le 2 avril 1971. Chaque année, ses interventions en séance publique à l’occasion de l’examen des projets de loi de finances, ainsi que ses réponses aux questions des parlementaires, témoignent de sa parfaite connaissance des dossiers et de sa volonté de régler les différents problèmes. Il s’intéresse en particulier à un rapprochement progressif des taux de pensions des deux « générations du feu », c'est-à-dire des anciens combattants de la Première et de ceux de la Seconde Guerre mondiale. Le 30 juin 1972, lorsqu’il répond à des questions orales, il se félicite de l’action menée depuis cinq ans par le gouvernement en faveur des anciens combattants. Par ailleurs, à la demande de la famille du général de Gaulle, dont il avait l’estime et l’amitié, Henri Duvillard préside, à partir de 1971, le Comité national du mémorial Charles de Gaulle réunissant les personnalités les plus représentatives de la Résistance et de l’action nationale du fondateur de la Ve République.

Le 5 juillet 1972, à la suite de la démission de Jacques Chaban-Delmas, Henri Duvillard perd son portefeuille ministériel. Il prépare alors les élections législatives de 1973 avec d’autant plus d’attention qu’il a échoué en 1971 à succéder au socialiste Roger Secrétain à la mairie d’Orléans, ville dont il est pourtant conseiller municipal depuis 1947.

Celles-ci se présentent, en effet, de manière assez ouvertes dans un département où la gauche a progressé sans parvenir, cependant, à présenter un front uni : quatre candidats la représentent. Cette dispersion des voix est favorable à Henri Duvillard, candidat de l’Union des républicains de progrès (URP). L’ancien ministre arrive ainsi en tête du premier tour avec 22 026 voix et 38,4 % des suffrages exprimés, devançant largement le candidat de l’Union de la gauche socialiste et démocrate (UGSD), le radical de gauche Jean Grosbois (19,7 %), le communiste André Merlot (15 %), le réformateur Roland Jeanniot (13,5 %), ainsi que le candidat du PSU (7,9 %) et celui de Lutte ouvrière (2,8 %). Au second tour, Henri Duvillard bénéficie d’un très bon report des voix du candidat centriste, ce qui lui permet de battre à nouveau Jean Grosbois. L’écart s’est cependant resserré au fil des élections : l’ancien député n’a réuni que 30 054 voix (contre 26 364 à son adversaire) et 53,7 % des suffrages exprimés.

De retour au Palais-Bourbon, le député du Loiret s’inscrit au groupe de l’Union des démocrates pour la République (UDR), qu’il quitte cependant en 1974. Trois ans plus tard, il s’apparente au groupe du RPR. Il est membre de la commission de la production et des échanges. Le 23 juin 1976, Henri Duvillard pose une question au gouvernement relative aux dommages causés par la sécheresse dans le Loiret.

Henri Duvillard soutient les trois déclarations de politique générale des premiers ministres : Pierre Messmer le 12 avril 1973, Jacques Chirac le 6 juin 1974, Raymond Barre le 28 avril 1977. Le 10 octobre 1974, le député se prononce en faveur de l’extension de la saisine du Conseil constitutionnel puis approuve la réforme du divorce le 4 juin 1975 (la loi du 11 juillet 1975 instituant notamment le divorce par consentement mutuel). En revanche, à l’image de Maurice Couve de Murville, Henri Duvillard juge la réforme du quinquennat peu conforme à l’orthodoxie gaulliste et la rejette le 16 octobre 1973. Enfin, il s’oppose aussi à la légalisation de l'interruption volontaire de grossesse, le 28 novembre 1974 (la loi « Veil » du 17 janvier 1975).

Élu conseiller régional en novembre 1973, Henri Duvillard ne se représente pas aux élections de 1978. Il se retire alors de la scène politique.

Henri Duvillard s’éteint le 16 juillet 2001 à Paris. Son engagement au service de la France lui a valu de nombreuses médailles, notamment la médaille militaire, la croix de guerre (deux citations), la croix du combattant volontaire de la Résistance, la croix du combattant de la guerre 1939-1945, la croix du combattant volontaire 1939-1945, la médaille des blessés de guerre et surtout la médaille de la Résistance, que le général de Gaulle lui avait remise personnellement en 1948. Chevalier de l’Ordre des Palmes académiques, il était aussi commandeur de l’Ordre national du Mérite.