Eugénie Éboué-Tell

1891 - 1972

Informations générales
  • Née le 23 novembre 1891 à Cayenne (Guyane - France)
  • Décédée le 20 novembre 1972 à Pontoise (Val-d'Oise - France)

Mandats à l'Assemblée nationale ou à la Chambre des députés

Régime politique
Gouvernement provisoire de la République française
Législature
Ire Assemblée nationale constituante
Mandat
Du 21 octobre 1945 au 10 juin 1946
Département
Guadeloupe
Groupe
Socialiste
Régime politique
Gouvernement provisoire de la République française
Législature
2e Assemblée nationale constituante
Mandat
Du 2 juin 1946 au 27 novembre 1946
Département
Guadeloupe
Groupe
Socialiste

Mandats au Sénat ou à la Chambre des pairs

Sénateur
du 1er janvier 1946 au 1er janvier 1952

Biographies

Biographie extraite du dictionnaire des parlementaires français de 1940 à 1958 (La documentation française)


Née le 23 novembre 1891 à Cayenne (Guyane)

Décédée le 20 novembre 1972 à Pontoise (Val-d'Oise)

Membre de la première et de la seconde Assemblées nationales constituantes (Guadeloupe)

Conseiller de la République, puis Sénateur de la Guadeloupe de 1946 à 1952

Eugénie Tell accomplit ses études secondaires en métropole, au lycée de jeunes filles de Montauban puis, titulaire du certificat d'aptitude pédagogique, elle regagne son département natal et exerce ses fonctions d'institutrice à Saint-Laurent du Maroni.

Après son mariage avec Félix Eboué, elle le suit au Tchad, où il est nommé gouverneur, en 1938. Dès l'armistice, alors que son mari, rallié au général de Gaulle, est gouverneur de l'AEF, elle s'engage dans les Forces françaises libres féminines, et sert comme infirmière à l'hôpital militaire de Brazzaville jusqu'en 1944.

Son action durant ces années difficiles est couronnée par la Croix de guerre et la rosette de la Résistance.

Après le décès de son mari, en 1944, elle s'engage dans la vie politique, dans les rangs de la SFIO, et siège aux deux Assemblées nationales constituantes : le 21 octobre 1945, elle est élue dans la première circonscription de la Guadeloupe, avec 14 441 voix sur 25 020 votants.

Elle est réélue le 2 juin 1946, avec 12 490 voix sur 18 815 votants.

Elle devient également en mai 1945, conseiller municipal de la commune de Grand-Bourg, dans le même département.

Elle est ensuite candidate, en deuxième position, sur la liste SFIO aux législatives du 10 novembre 1946, mais cette liste ne remporte alors qu'un des trois sièges à pourvoir en Guadeloupe.

Elle retrouve cependant un mandat national avec son élection au Conseil de la République, le 15 décembre 1946 : elle remporte alors 20 voix sur 30 suffrages exprimés, le deuxième siège à pourvoir étant remporté par l'autre candidat de la SFIO, Clovis Renaison.

Elle rejoint le groupe socialiste de la Haute Assemblée, et siège aux Commissions de l'Education nationale et de l'Intérieur.

Sa première intervention porte sur la situation à Madagascar (juillet 1947) ; elle s'était auparavant associée à la motion invitant le Conseil de la République à ne pas se prononcer sur la demande de levée d'immunité parlementaire des élus malgaches avant d'avoir entendu les intéressés (mai 1947).

Lors de la discussion du projet de loi d'amnistie préparé, suivant la tradition, après l'élection de Vincent Auriol à la Présidence de la République, elle déclare s'associer pleinement « à tous ceux qui considèrent que, par les mesures d'apaisement, il est temps de jeter un voile sur certains actes douloureux, dans la mesure où nous ne montrerons aucune faiblesse.

Je parle surtout ici de nos populations des nouveaux départements : Guadeloupe, Martinique, Guyane, Réunion. Je suis bien placée, me semble-t-il, pour prêcher la conciliation pour avoir d'autant plus souffert.

Si je considère que, malgré tout, dans nos départements d'outre-mer, c'est une minorité qui s'est inscrite au rang des adeptes de Vichy, je puis dire presque avec orgueil que l'application de la loi d'amnistie ne demandera pas un travail absorbant à ceux qui seront chargés d'en étudier les modalités, car chez nous aussi des condamnations ont été prononcées. »

En 1948, elle s'exprime, au nom de la Commission de l'Intérieur, sur le projet de loi portant prorogation des banques de la Guadeloupe, de la Guyane, de la Martinique et de La Réunion, et s'associe au projet de transfert au Panthéon des cendres de Victor Schœlcher.

Lors du renouvellement du Conseil de la République, le 7 novembre 1948, elle conduit en Guadeloupe la liste du RPF, qui remporte au deuxième tour les deux sièges à pourvoir, elle-même recueillant alors 231 voix sur 583 suffrages exprimés.

La fondation du RPF par le chef de la France libre a, en effet, rallié ses suffrages, et c'est sous cette étiquette qu'elle est réélue aux municipales d'octobre 1947. Elle rejoint donc le groupe d'Action démocratique et républicaine du Conseil de la République, où se regroupent les partisans du général de Gaulle, et siège à la Commission des douanes.

Toujours soucieuse de l'évolution de l'outre-mer, elle intervient dans le débat consécutif à sa question orale sur la liaison entre les îles Saint-Martin et Saint-Barthélemy et la Guadeloupe (mars 1949), ainsi que sur l'extension de la sécurité sociale aux territoires d'outre-mer (juillet 1949), le traitement des fonctionnaires dans les départements d'outre-mer, la réorganisation du régime de l'émission à Madagascar (février 1950), et dans le débat consécutif à sa question orale sur le régime fiscal des quatre nouveaux départements d'outre-mer (juin 1950).

Ses compétences, et son intérêt constant pour ces questions, la conduisent à la vice-présidence de la Commission de la France d'outre-mer, en janvier 1951 ; la même année, elle participe, en décembre, au débat sur les assemblées locales dans les territoires d'outre-mer.

Le 10 juillet 1952, elle quitte le Conseil de la République pour l'Assemblée de l'Union française, dont elle est vice-présidente jusqu'à la fin de l'année 1953. Elle assume ensuite la vice-présidence du groupe des Républicains sociaux de cette Assemblée.

La vie politique de la métropole suscite cependant toujours son intérêt, et, lors des législatives anticipées du 2 janvier 1956, elle est candidate en troisième position sur la liste présentée par les Républicains Sociaux dans la cinquième circonscription de la Seine, mais cette liste ne remporte alors qu'un siège sur les neuf à pourvoir. En revanche, elle est élue au conseil municipal d'Asnières en 1958.

Elle se consacre également à l'Alliance Internationale des Femmes, et siège à son comité directeur.

Lorsqu'elle disparaît en 1972, elle est commandeur de la Légion d'honneur, officier des palmes académiques, et commandeur de l'Ordre du Tchad, et de l'Ordre de la Côte-d'Ivoire.