Pierre Ferrand

1913 - 1996

Informations générales
  • Né le 19 mars 1913 à La saunière (Creuse - France)
  • Décédé le 25 janvier 1996 à Guéret (Creuse - France)

Mandats à l'Assemblée nationale ou à la Chambre des députés

Régime politique
Quatrième République - Assemblée nationale
Législature
IIIe législature
Mandat
Du 2 janvier 1956 au 8 décembre 1958
Département
Creuse
Groupe
Républicain progressiste

Biographies

Biographie extraite du dictionnaire des parlementaires français de 1940 à 1958 (La documentation française)


Né le 19 mars 1913 à La Saunière (Creuse)

Décédé le 25 janvier 1996 à Guéret (Creuse)

Député de la Creuse de 1956 à 1958

Pierre Ferrand est né le 19 mars 1913 à La Saunière, un petit village du canton de Guéret, fils de Jean-Baptiste Ferrand, receveur des contributions, et de son épouse née Renée Clément. Il est notamment le neveu du parlementaire Camille Ferrand, député de la Creuse de 1928 à 1936, puis sénateur de ce même département à partir de 1937.

Pierre Ferrand s'oriente, après ses études secondaires au lycée de Guéret, puis au lycée Gay-Lussac de Limoges, vers des études de médecine, et devient interne (1937-1939), puis assistant (1943-1944) de l'Institut du cancer de la Faculté de médecine de Paris. Le 6 avril 1940, il épouse à Saint-Pierre Bellevue (Creuse) Mademoiselle Nicole Desplas. Son activité professionnelle est cependant vite interrompue par la guerre et par son action dans la lutte anti-allemande, action qui lui vaudra la Croix de guerre 1939-1940 avec citation, la Croix du combattant et la Croix des services militaires volontaires.

Spécialisé dans l'électroradiologie, le docteur Ferrand occupe, à partir de 1944, le poste de chef de ce service à l'hôpital de Guéret, et il publiera deux ouvrages sur ce sujet. L'électroradiologue du médecin-praticien et Le cancer, maladie sociale. Chevalier de la Santé publique, il est en outre délégué animateur départemental de la lutte anticancéreuse, et présidera un temps aux destinées du Rugby club de Guéret. L'engagement très actif du docteur Ferrand sur le plan local explique qu'il ne s'oriente pas d'emblée vers l'action politique au niveau national. Il ne se présente pas aux élections des 21 octobre 1945 et 2 juin 1946 pour la première, puis la seconde Assemblée nationale constituante, ni aux élections législatives qui suivent, le 10 novembre 1946. De même, quoiqu'il ait été, d'après ses propres termes, « sollicité de façon pressante » pour se présenter aux élections législatives du 17 juin 1951, il ne sera pas non plus candidat à cette occasion.

Mais, à la suite de la dissolution de l'Assemblée nationale (2 décembre 1955), des élections législatives anticipées ont lieu le 2 janvier 1956 pour la troisième législature de la IVe République. Opposé au système des apparentements, le docteur Ferrand se présente comme « radical socialiste de gauche », devant les électeurs de la Creuse en seconde position sur la liste d'union des gauches et de défense républicaine, sociale et laïque soutenue par le Parti communiste français, liste conduite par Emile Tourtaud, député communiste sortant. Ses engagements électoraux explicitent sa position :

« Au lieu de me porter sur une liste homogène, et qui était d'ailleurs prête à être déposée, j'ai préféré accepter de participer à une liste d'union des gauches (...) et, ainsi, de couper aux insinuations malveillantes de ceux qui prétendaient déjà que ma liste séparée ferait élire deux députés communistes.

Le député sortant Auguste Tourtaud (communiste) était assuré de sa réélection. En acceptant la proposition du Parti communiste, faite sans restriction ni condition autre que le programme ci-dessous défini en commun, j'ai le sentiment d'accomplir une mission qui doit être salutaire au pays.

Aucune majorité de gauche n'est possible sans la participation du Parti communiste (...). J'insiste (...) auprès de mes amis afin qu'ils votent liste complète sans hésiter, leur geste permettant à notre liste d'avoir la majorité absolue et ainsi d'avoir les trois élus ».

Trois sièges sont en effet à pourvoir dans cette circonscription, où un accord d'apparentement a été conclu entre les listes radicale-socialiste, CNI et républicains sociaux. La stratégie du Parti communiste permet à la liste qu'il soutient d'approcher, avec 42 308 voix, la majorité absolue de 45 055 voix sur 90 109 suffrages exprimés et 124 756 inscrits. Auguste Tourtaud est réélu, et Pierre Ferrand, avec 42 351 voix, prend le siège d'Anselme Florand, maire de Clairavaux et député SFIO sortant. Le troisième siège est conservé par Olivier Harty de Pierre-bourg, au nom du Parti républicain radical et radical-socialiste. Le taux d'abstention, qui dépasse 26 %, est assez nettement supérieur à la moyenne nationale (20,4 %).

Le nouveau député de la Creuse se révèle particulièrement actif. Apparenté au groupe des Républicains progressistes, il devient membre de la Commission de la défense nationale (1956-1957) et de celle de la famille, de la population et de la santé publique (1956-1957). Il est en outre nommé secrétaire de l'Assemblée nationale le 25 janvier 1956, puis les 3 octobre 1956 et 2 octobre 1957.

Pierre Ferrand ne dépose, au cours de cette brève législature, pas moins de quarante-trois textes parmi lesquels on retiendra notamment, le 9 octobre 1956, une proposition de loi visant à améliorer la sécurité routière. Il suit également de très près les problèmes de gestion des hôpitaux, pour lesquels il dépose, le 28 novembre 1957, une autre proposition de loi tendant à organiser, dans les hôpitaux de première et de deuxième catégories des services d'électroradiologie à temps plein. Enfin, le 3 juin 1958, il dépose le rapport de la Commission de la famille, de la population et de la santé publique sur sa proposition de loi du 27 juin 1956 tendant à réunir dans un seul ministère tout ce qui intéresse la santé publique.

Le docteur Ferrand intervient également plusieurs fois dans les débats, notamment sur la situation et la politique des hôpitaux. Elu d'un département rural dans lequel les problèmes de dépopulation sont tout particulièrement difficiles, il prend en outre très longuement la parole le 6 mars 1957 dans la discussion des interpellations sur la politique agricole du gouvernement, à propos des problèmes de l'équipement rural et de l'action de la Caisse des dépôts et consignations. Il insiste notamment sur le problème de l'eau, « véritable problème n° 1 de l'équipement rural, puisque 25 000 communes sur 36 000 n'ont pas l'eau courante », sur l'amélioration de l'habitat rural et sur l'ampleur des difficultés financières rencontrées par les agriculteurs. La situation est tout particulièrement difficile dans la Creuse :

« Sous couvert de débudgétisations, les crédits mis à la disposition de l'agriculture ont été sérieusement réduits, certains sont même actuellement bloqués (...). Cette situation crée dans le milieu rural une inquiétude légitime. Une fois de plus, la paysannerie, déjà hantée par le spectre de l'insécurité, est découragée (...). Dans notre département (...), cette décision signifie l'arrêt des travaux en cours ; à distance, l'impossibilité de réaliser le programme prévu (...).

Notre région du Centre, particulièrement vulnérable, paye déjà un lourd tribut au bouleversement économique qui affecte le monde moderne. Il est urgent de définir et de défendre la place des petites exploitations agricoles dans l'agriculture française ».

Favorable à l'investiture du gouvernement Guy Mollet (31 janvier 1956), Pierre Ferrand approuve le programme de réforme en Algérie (12 mars), mais il s'abstient volontairement, le 5 juin 1956, lors de l'important scrutin sur la politique générale du gouvernement en Afrique du Nord. Opposé à l'investiture du gouvernement Bourgès-Maunoury (12 juin 1957), au plan de développement de l'énergie atomique (2 juillet) et à la ratification des traités instituant la CEE et la CECA (9 juillet), il refuse la confiance lors du vote de la loi-cadre sur l'Algérie, le 30 septembre suivant, à la suite duquel le gouvernement Bourgès-Maunoury doit démissionner. Le 13 mai 1958, le docteur Ferrand vote la confiance au gouvernement Pierre Pflimlin, puis il approuve l'état d'urgence sur le territoire métropolitain (16 mai) et la résolution tendant à décider la révision de certains articles de la Constitution (27 mai 1958). En revanche, il se prononce, le 1er juin 1958, contre la confiance au général de Gaulle, puis contre les pleins pouvoirs et contre la révision constitutionnelle (2 juin).