Paul, Jean Bacon

1907 - 1999

Informations générales
  • Né le 1er novembre 1907 à Paris (Seine - France)
  • Décédé le 6 décembre 1999 à Gimont (Gers - France)

Mandats à l'Assemblée nationale ou à la Chambre des députés

Régime politique
Gouvernement provisoire de la République française
Législature
Ire Assemblée nationale constituante
Mandat
Du 21 octobre 1945 au 10 juin 1946
Département
Seine
Groupe
Mouvement républicain populaire
Régime politique
Gouvernement provisoire de la République française
Législature
2e Assemblée nationale constituante
Mandat
Du 2 juin 1946 au 27 novembre 1946
Département
Seine
Groupe
Mouvement républicain populaire
Régime politique
Quatrième République - Assemblée nationale
Législature
Ire législature
Mandat
Du 10 novembre 1946 au 4 juillet 1951
Département
Seine
Groupe
Mouvement républicain populaire
Régime politique
Quatrième République - Assemblée nationale
Législature
IIe législature
Mandat
Du 17 juin 1951 au 1er décembre 1955
Département
Seine
Groupe
Mouvement républicain populaire
Régime politique
Quatrième République - Assemblée nationale
Législature
IIIe législature
Mandat
Du 2 janvier 1956 au 8 décembre 1958
Département
Seine
Groupe
Mouvement républicain populaire

Biographies

Biographie extraite du dictionnaire des parlementaires français de 1940 à 1958 (La documentation française)



Né le 1er novembre 1907 à Paris (18e)

Membre de la première et de la seconde Assemblée nationale Constituante (Seine)

Député de la Seine de 1946 à 1958 Secrétaire d'Etat à la Présidence du Conseil du 29 octobre 1949 au 7 février 1950

Ministre du Travail et de la Sécurité sociale du 7 février 1950 au 8 mars 1952, du 8 janvier 1953 au 19 juin 1954, du 23 février 1955 au 1er février 1956 et du 6 novembre 1957 au 4 octobre 1958

Paul Bacon est né dans une famille ouvrière. Son père Laurent était sellier-carrossier ; sa mère, d'origine paysanne, a été lingère, puis femme de chambre. En 1910, Laurent Bacon installe un atelier artisanal à Gimont dans le Gers. Il sera tué à Verdun en mai 1916. De 1910 à 1916, le jeune Paul Bacon fréquente les écoles primaires de Gimont et de Masseube. Cependant, il obtient son certificat de fin d'études à Pau en 1919. Pendant les trois années suivantes, il est élève de l'Ecole primaire supérieure Saint-Cricq à Pau. En 1924, il est reçu au brevet d'enseignement primaire supérieur dans la section arts et métiers. Il devient alors dessinateur d'ameublement à Pau jusqu'en 1926. Parallèlement, il continue des études par correspondance. En 1927, il connaît une période de chômage et retrouve un emploi à Paris, d'abord dans la comptabilité, ensuite dans le dessin de publicité.

Mais, depuis 1924, Paul Bacon a adhéré à la Confédération des travailleurs chrétiens, constituée en 1919 et, au moment de la création de la Jeunesse ouvrière chrétienne, en 1926, il devient un militant de cette organisation. A la fin de l'année 1927, il se voit confier un poste de permanent au secrétariat général de la J.O.C., avant d'en devenir secrétaire général adjoint. Il commence en même temps une carrière de journaliste, De 1928 à 1936, il est rédacteur en chef de la Jeunesse ouvrière, il collabore régulièrement aux hebdomadaires démocrates-chrétiens, Sept, Temps présent. En 1937, il fonde l'hebdomadaire Monde ouvrier, organe des anciens de la J.O.C. et du Mouvement populaire des familles dont il est un des créateurs. En 1929, il avait créé avec d'autres militants de la J.O.C. une maison d'édition, les Editions ouvrières. En 1932, il s'est marié avec Mademoiselle Rajaud, dont il aura deux enfants.

Mobilisé en 1939, Paul Bacon est radiotélégraphiste au 28e régiment du Génie. Rendu à la vie civile en 1940, il poursuit son activité syndicale. Ses liens avec la Résistance le font nommer délégué de la Résistance métropolitaine à l'Assemblée consultative provisoire. Au printemps de 1944, il a fondé et organisé les Equipes ouvrières du Mouvement républicain pour la Libération qui, au congrès constitutif de novembre, devient le Mouvement républicain populaire. En 1945, il est membre du Bureau national et du Conseil national du M.R.P. et il le demeurera jusqu'en 1958. Il est aussi rédacteur en chef de Forces nouvelles, organe politique du Parti. Il occupe encore d'importantes responsabilités syndicales. En 1945, il prend la direction du journal Syndicalisme, organe de la C.F.T.C. L'année précédente, il a participé à la fondation de l'Institut de culture ouvrière qui reprend le travail commencé à la veille de la guerre dans le cadre des Centres ouvriers d'études et d'information où Paul Bacon avait publié plusieurs brochures dont Les attitudes des travailleurs devant le salariat. Il est enfin membre du Bureau national des semaines sociales de France.

Les élections du 21 octobre 1945, pour la première Assemblée nationale Constituante, l'amènent à choisir la carrière politique, tout en gardant des liens et des relations précieuses avec le monde syndical chrétien. En effet, il est candidat M.R.P. dans la quatrième circonscription de la Seine. La liste qu'il mène, sur 376 209 suffrages exprimés, obtient 99 748 suffrages et a deux élus, la liste communiste conduite par Maurice Thorez, avec 150 567 suffrages, a quatre élus, la liste S.F.I.O., avec 84 272 suffrages, emporte les deux derniers sièges. Il est nommé membre de la Commission de la Constitution et est élu vice-président de l'Assemblée nationale Constituante. Le 8 avril 1946, il présente une proposition de loi tendant à la création d'une nouvelle forme de société dite « Société de travail et d'Epargne », dans laquelle il traduit l'idéal des socialistes chrétiens de 1946 qui voulaient « remplacer progressivement le salariat par l'association ». Il vote les nationalisations mais repousse le projet de Constitution qui sera rejeté par référendum le 5 mai 1946.

Le 2 juin 1946, pour les élections à la seconde Assemblée nationale Constituante, qui voient le M.R.P. devenir « le premier parti de France », Paul Bacon est réélu dans la même circonscription. Il est nommé membre de la Commission du règlement et des pétitions et de la Commission du travail et de la sécurité sociale. Il s'affirme comme le principal porte-parole du M.R.P. pour les questions sociales. Il s'attache, notamment, à donner au régime des allocations familiales une certaine indépendance par rapport au régime général de la Sécurité sociale. Il vote le projet de Constitution.

Lors des élections à la première Assemblée législative, le 10 novembre 1946, dans la même circonscription de la Seine, sur 371 575 suffrages exprimés, le Parti communiste, avec 154 696 voix, emporte quatre sièges sur les neuf à pourvoir, le M.R.P., avec 85 496 voix, a deux élus, la S.F.I.O., avec 60 831 voix, a un élu et une liste d'Union contre le tripartisme a les deux derniers sièges. Il est nommé membre d'importantes commissions, celles du travail et de la sécurité sociale, des finances, de la presse. Le 7 juin 1949, en outre, il est désigné comme juré à la Haute Cour de justice. En 1948 et 1949, il assure la suppléance de Georges Bidault à l'Assemblée européenne de Strasbourg.

Il entame alors une carrière ministérielle. Le 28 octobre 1949, Georges Bidault l'appelle comme secrétaire d'Etat à la présidence du Conseil. Le 7 février 1950, il devient ministre du Travail et de la Sécurité sociale dans le même gouvernement. Paul Bacon conserve la même responsabilité dans le ministère d'Henri Queuille, qui ne dure que jusqu'au 11 juillet, puis dans le gouvernement de René Pleven qui lui succède jusqu'au 28 février 1951 et, enfin, dans le troisième ministère Queuille. Au Congrès de Strasbourg du M.R.P., en 1949, il avait précisé les grands thèmes de la politique sociale qu'il a défendue comme député et tenté d'appliquer dans ses responsabilités ministérielles. Il a exercé un rôle de médiateur entre le patronat et les confédérations syndicales pour rétablir la liberté des conventions collectives. Le 8 mai 1950, il a aidé à constituer une Commission supérieure des conventions collectives. Les années 1950-1951 sont aussi importantes pour la mise en place du salaire minimum interprofessionnel garanti après composition d'un budget-type qui, à partir de 1952, est indexé sur les prix par application d'une échelle mobile. Dans le cadre de la Sécurité sociale, en mars 1951, il a proposé un plan de réforme pour limiter le déficit et a constamment agi pour établir la parité entre les différents régimes et pour améliorer les prestations.

Paul Bacon, ministre, mène évidemment la liste M.R.P. aux élections du 17 juin 1951, dans la quatrième circonscription de la Seine, où les apparentements ne jouent pas. Aussi, sur neuf sièges, le Parti communiste, avec 140 458 voix sur 366 132 suffrages exprimés, emporte quatre sièges, le Rassemblement du Peuple Français avec 99 429 voix, trois sièges, la S.F.I.O., avec 44 777 voix, un siège et le M.R.P., avec 33 097 voix, un seul siège. En 1955, Paul Bacon sera élu conseiller municipal de Saint-Maur-des-Fossés. Il est ensuite appelé par René Pleven à reprendre le ministère du Travail et de la Sécurité sociale. Il détient cette responsabilité dans cinq ministères de la législature, se tenant seulement à l'écart du gouvernement Pinay du 8 mars au 21 décembre 1952, et suivant l'abstention de son parti, du gouvernement de Pierre Mendès France du 19 juin 1954 au 5 février 1955. Il est encore ministre quand Edgar Faure dissout l'Assemblée nationale le 2 décembre 1955. Paul Bacon s'attache à faire vivre les conventions collectives. Durant les grèves d'août 1953, il use de ses relations privilégiées avec la C.F.T.C. pour rétablir les négociations. Il s'attache à vaincre la résistance du ministre des Finances pour obtenir un relèvement du salaire minimum. Dans le gouvernement Edgar Faure de 1955, il œuvre pour mettre en place le cadre d'une négociation contractuelle entre les partenaires sociaux. Le 6 mai, il publie au Journal officiel un décret instituant une procédure de médiation « tendant à favoriser la conclusion de conventions collectives et d'accords en matière de salaires ». Il insiste particulièrement sur les insuffisances du système de conciliation prévu par la loi de février 1950 sur les conventions collectives pour les conflits du travail.

Après la dissolution de décembre 1955, Paul Bacon conduit la liste M.R.P., qui a construit sa propagande électorale sur l'œuvre du ministre du Travail. Le 2 janvier 1956, il est réélu, avec 34 043 voix sur 465 075 suffrages exprimés. Le Parti communiste, avec 37,5 % des voix et quatre élus, demeure la force dominante de ce secteur de la Seine. Les quatre autres sièges vont à la S.F.I.O., au Parti radical, au Centre national des indépendants, à la Liste poujadiste. Paul Bacon est nommé membre de trois commissions, à nouveau, celle du travail et de la sécurité sociale, puis celles de la presse et du suffrage universel, des lois constitutionnelles, du règlement et des pétitions. Pendant le gouvernement Guy Mollet, il s'attache à son travail parlementaire en matière de droit social. Il fait paraître dans les premiers mois de l'année 1957, Vers la démocratie économique et sociale, qui reprend les thèmes développés depuis plusieurs années. Le 6 novembre 1957, il devient à nouveau ministre du Travail et de la Sécurité sociale dans le gouvernement Félix Gaillard. Il met alors en chantier plusieurs projets : une refonte des structures de la Sécurité sociale, une indexation des allocations familiales sur le coût de la vie, une réforme des prud'hommes et des comités d'entreprises. Pierre Pflimlin le maintient dans ses responsabilités ministérielles le 14 mai 1958. Le 1er juin, il figure dans le gouvernement du général de Gaulle comme ministre du Travail. Syndicaliste venu à la politique, Paul Bacon a été un des artisans majeurs de la politique sociale de la IVe République. Ministre, il a occupé les mêmes fonctions pendant plus de cinq ans, offrant ainsi un exemple remarquable de stabilité dans un régime dont celle-ci n'était pas la caractéristique essentielle.